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Onias
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Onias Ier

Grand prêtre des Juifs, fils et successeur de Jeddoa ou Jaddus, fut établi grand prêtre l’an du monde 3682, et gouverna la république des Hébreux pendant vingt ans, jusqu’en l’an du monde 3702, avant Jésus-Christ 298, avant l’ère vulgaire 302. Onias eut deux fils, Simon et Eléazar. Simon, surnommé le Juste, lui succéda.

Onias II

Fils de Simon le Juste, grand prêtre des Juifs, ne succéda pas immédiatement à son père, mort l’an du monde 3711, et cela à cause de son bas âge. Eléazar, son oncle paternel, succéda à Simon le Juste, et tint la souveraine sacrificature pendant près de trente ans. Il mourut l’an du monde 3744, et eut pour successeur, non Onias II son neveu, légitime héritier de cette dignité, mais Manassé, son grand oncle., établi en 3743, et mort en 3771. Alors Onias II jouit enfin de la grande sacrificature, et la posséda depuis l’an du monde 3771 jusqu’en 3785, avant Jésus-Christ 215, avant l’ère vulgaire 219. Josèphe dit que cet Onias était un homme d’un petit esprit, et tellement avare, qu’il faillit de perdre sa patrie ; car les grands prêtres ses prédécesseurs ayant accoutumé de payer du leur le tribut que le pays devait au roi d’Égypte, et qui n’était que de vingt talents, c’est-à-dire, de quarante-huit mille livres de notre monnaie, en prenant le talent sur le pied de deux mille quatre cents livres l’un ; il refusa de le faire.

Ptolémée Èvergètes, roi d’Égypte, irrité contre Onias, lui envoya un député avec menaces, s’il ne satisfaisait à ce qu’il devait au trésor du roi, d’abandonner la Judée à ses soldats, et d’y envoyer d’autres habitants en la place des Juifs. Le peuple fut effrayé de ces menaces : mais l’avarice du grand prêtre le rendait insensible à tout cela. Joseph, neveu d’Onias, et fils d’un nommé Tobie et d’une sœur du grand prêtre, obtint de lui la permission d’aller en son nom et au nom du peuple, faire ses remontrances au roi d’Égypte. Joseph y étant ahlé, sut si bien gagner l’esprit du roi et de la reine, qu’il en obtint tout ce qu’il voulut. Il prit la ferme des tributs du roi dans la Palestine et dans la Syrie, et en donna le double de ce que les autres en offraient.

Onias II eut pour successeur Simon II son fils, établi en 3785. Il yen a qui croient que c’est Onias II dont Jésus fils de Sirach, fait l’éloge, et qu’il appelle Simon au chapitre L de son ouvrage. On veut aussi que ce soit à lui que les Lacédémoniens écrivirent la lettre rapportée dans Josèphe, livre 12 des Antiquités, chapitre 5, mais d’autres la rapportent avec bien plus de raison à Onias III dont nous allons parler.

Onias III

Fils de Simon II grand prêtre des Juifs, fut établi dans la grande sacrificature l’an du monde 3805, avant Jésus-Christ 195, avant l’ère vulgaire 199. Josèphe l’historien raconte l’histoire de la succession d’Onias III d’une manière qui est assez différente de celle qui est racontée dans le second livre des Machabées. Voici comme cet auteur la rapporte. Le grand prêtre Simon eut trois fils, Onias 111, Jason ou Jésus, Onias, autrement Ménélaüs. Onias III en mourant, laissa un fils en bas âge, nommé Onias, Comme il n’était pas en état de pouvoir exercer la grande sacrificature, le roi Antioche, Épiphane la donna à Jason, frère d’Onias III. Il n’en jouit pas longtemps ; car ayant encouru la disgrâce du roi Antiochus, ce prince le dépouilla du sacerdoce, pour en revêtir Ménélaüs, autrement nominé Onias. Ainsi les trois fils de Simon le Juste jouirent tous trois l’un après l’autre de cette suprême dignité ; mais les deux derniers la possédèrent à l’exclusion d’Onias IV fils d’Onias 3.à qui elle appartenait par droit de succession. Voilà ce que dit Josèphe.

Le second livre des Machabées raconte la chose tout autrement. Il dit que ce fut sous le pontificat d’Onias III qu’arriva l’histoire d’Héliodore, lequel ayant été envoyé par le roi Séleucus pour enlever les trésors du temple de Jérusalem, on fut empêché par dos anges venus au secours des Juifs ; qu’ensuite de cela, Onias ayant été accusé par un certain Simon auprès du roi de Syrie, comme traître à sa patrie, et auteur des troubles qui étaient arrivés à Jérusalem lorsque Héliodore y vint, il jugea à propos de se transporter à Antioche, pour se justifier dans l’esprit de ce prince, et pour dissiper les mauvais bruits que l’on avait répandus contre lui. Sur ces entrefaites, le roi Séleucus mourut, et son frère Antiochus Épiphane du retour de Rome, lui succéda. Alors Jason, frère d’Onias, vint à Antioche, offrit de l’argent à Épiphane, pour avoir la souveraine sacrificature ; il l’obtint, et s’en revint à Jérusalem, pendant qu’Onias demeurait à Antioche, dépouillé de sa dignité, et sans pouvoir obtenir justice du roi.

Trois ans après, Jason ayant envoyé à Antioche Ménélaüs, frère de Simon (remarquez qu’il ne le qualifie pas frère de Jason ni frère d’Onias), pour porter de l’argent au roi, et pour le consulter sur des affaires importantes, Ménélaüs s’acquit la bienveillance d’Épiphane, et obtint de lui la souveraine sacrificature, dont il donna trois cents talents par-dessus ce que Jason en avait donné. Jason privé de cette dignité, fut obligé de se retirer dans le pays des Ammonites. Mais comme Ménélaüs ne put satisfaire assez tôt à ce qu’il avait promis au roi, Lysimaque, son frère, lui fut substitué dans cette charge. Cependant Antiochus Épiphane ayant été obligé d’aller promptement en Cilicie, pour y réprimer une rébellion de quelques villes qui s’étaient soulevées, laissa pour gouverneur à Antioche un nommé Andronique, qui, gagné par l’argent que Ménélaüs lui avait donné, fit mourir Onias III légitime grand sacrificateur des Juifs.

Voici comme cette affaire est racontée par l’auteur du second livre des Machabées. Ménélaüs, ayant su que le roi était parti pour la Cilicie, vint à Antioche avec quelques vases d’or qu’il avait dérobés au temple de Jérusalem, et avec l’argent de quelques autres vases qu’il avait déjà vendus à Tyr et dans les villes voisines. Il offrit une partie de ces vases à Andronique, à qui le roi avait laissé le gouvernement du pays, et le pria de le défaire d’Onias III qui ne cessait de lui faire des reproches de ces vols qu’il avait faits au temple de Jérusalem. Cependant Onias se tenait dans l’asile du bois de Daphné, craignant que ses ennemis n’attentassent à sa vie, après l’avoir fait dépouiller de sa dignité. Andronique vint lui-même à Daphné, parla à Onias, lui promit avec serment qu’on ne lui ferait aucun mal, l’attira hors de l’asile, et aussitôt le tua inhumainement. La mort injuste d’un si saint homme remplit d’indignation, non-seulement les Juifs, mais même les païens ; et aussitôt que le roi fut de retour de Cilicie, ils lui firent leurs plaintes de ce meurtre. Le roi, quoique naturellement peu affectionné aux Juifs, ne put retenir ses larnies, en se souvenant de la sagesse et de la modération qui avaient toujours paru dans Onias. Il fit dépouiller Andronique de la pourpre qu’il portait, le fit promener ignominieusement par la ville d’Antioche, et le fit mourir au même lieu où il avait tué Onias. Ainsi le Seigneur lui rendit la punition qu’il avait si justement méritée.

Il y a peu de personnes à qui l’Écriture donne de plus grandes louanges qu’à Onias III ; on croit que c’est lui à qui Arius, roi de Lacédémone, écrivit la lettre qui se lit au premier livre des Machabées, chapitre 12, v. 20, etc., en ces termes (1 Machabées 12.20-21) : Arius, roi des Lacédémoniens, au grand prétre Onias, salut. Il a été trouvé dans un écrit touchant les La cédémoniens et les Juifs, qu’ils sont frères et descendus de la race d’Abraham. Maintenant donc que vous avez su ces choses, vous ferez bien de nous écrire si tout est en paix parmi vous. Toutefois nous avons rapporté des raisons de douter que cette lettre ait été écrite à Onias III ; il est probable que c’est plutôt à Onias Ier. Voyez l’article Lecedemone. Jonathas Machabée ordonna aux ambassadeurs qu’il envoya à Rome l’an du Inonde 3860, de passer à leur retour par Lacédémone, et de renouveler l’alliance avec les Lacédémoniens, de même qu’ils avaient fait avec les Romains (1 Machabées 12.5-7) ; et dans la lettre qu’il écrivit aux Lacédémoniens il fait mention de celle d’Arius, et la rapporte tout entière. Josèphe la rapporte aussi ; mais, il en change le tour et les termes. Quant à la parenté des Lacédémoniens et des Juifs, on peut voir l’article des Lacédémoniens, et la dissertation que nous avons fait imprimer sur ce sujet, a la tête du premier livre des Machabées. Voici l’éloge que l’auteur du second livre des Machabées fait du grand prêtre Onias III. La cité sainte jouissait d’une paix parfaite, et les lois y étaient parfaitement observées, à cause de la piété du grand prêtre Onias, et de l’éloignement qu’il avait du mal. Il arrivait de là que les rois mêmes et les princes honoraient ce lieu, et ornaient le temple de grands présents : en sorte que Séleucus, roi d’Asie, fournissait de son domaine toute la dépense qui regardait le ministère des sacrifices. Voyez aussi ce qui en est dit au second livre des Machabées, chapitre 15.12-13, etc., où Onias s’apparut à Judas Machabée, accompagné du prophète Jérémie, qui fit présent d’une épée à Judas.

Onias IV

Fils d’Onias, dont nous venons de parler, ne jouit jamais de la grande sacrificature. L’ambition de ses oncles Jason et Ménélaüs, et l’injustice des rois de Syrie l’eu exclurent. Il s’était toutefois toujours flatté d’y pouvoir parvenir jusqu’à la mort de son oncle Ménélaüs : mais lorsqu’il vit que Ménélaüs avait été mis à mort, et qu’Antiochus Eupator lui avait donné pour successeur Alcime ou Jaame, qui était bien de la race d’Aaron, mais non pas de la famille d’Onias ; et que Lysias, régent du royaume de Syrie, conseillait au roi de ne pas laisser plus longtemps la souveraine sacrificature dans cette famille Onias IV jugeant bien qu’il n’avait plus rien à espérer de ce côté-là, se réfugia en Égypte auprès du roi Ptolémée Phiuméter, ou, ayant gagné les bonnes grâces de ce prince et de la reine Cléopâtre, son épouse, il obtint d’eux la permission de bâtir un temple au vrai Dieu dans la préfecture d’Héliopolis. Ce temple s’appela Onion, et nous en parlerons ci-après dans un article particulier. Voyez Onion.

Josèphe, dans son second livre contre Appion, page 1064., dit que Ptolémée Philométor et Cléopâtre, sa femme, prirent une si grande confiance dans Onias et dans Dosithée, Juifs, qu’ils leur confièrent le commandement de leur armée. Et après la mort du roi Philométor, comme la reine Cléopâtre voulait assurer le royaume à son fils, qui était le légitime héritier de Philométor, Ptolémée Èvergètes, autrement Physcon, voulant s’y oppeirr, la reine se servit d’Onias IV pour lui faire la guerre. Onias s’avança vers Alexandrie avec une petite armée de Juifs, et apaisa la sédition qui s’était émue dans la ville. Mais Ptolémée ayant contraint la reine de l’épouser, fit mourir ceux qui favorisaient le jeune prince, qu’il tua aussi le jour même de son mariage, entre les bras de sa mère, et au milieu de l’appareil des noces. On ne nous dit pas expressément si Onias fut mis à mort d’ans cette occasion ; mais la chose est très-vraisemblable.

Onias V

Nommé autrement Ménélaüs, que Josèphe fait fils de Simon le Juste, et frère d’Onias III dont nous avons parlé ci-devant, et que le second livre des Machabées (2 Machabées 4.23) fait frère d’un certain Simon, de la tribu de Benjamin, ennemi et accusateur d’Onias III. Ce Ménélaüs ou Onias V fut établi grand prêtre l’an du monde 3832, et fut mis à mort en 3842, avant Jésus-Christ 158, avant l’ère vulgaire 162. Voici ce que l’Écriture nous apprend de ce grand prêtre (2 Machabées 4.23-26). Jason, usurpateur de la souveraine sacrificature, ayant envoyé Ménélaüs à Antioche pour, porter de l’argent au roi Antiochus Épiphane, et pour savoir sa réponse sur des affaires importantes, Ménélaüs ménagea si adroitement l’esprit du roi, qu’il gagna son amitié, et se fit pourvoir de la grande sacrificature, à l’exclusion de Jason, parce qu’il en offrit trois cents talents de plus que Jason n’en avait donné, et ayant reçu les ordres du roi, il revint à Jérusalem tout fier de sa nouvelle dignité. Pour Jason, il fut obligé de se retirer dans le pays des Ammonites.

Mais Ménélaüs ne s’étant pas mis en peine d’envoyer au roi l’argent qu’il lui avait promis, quoique Sostrate, qui commandai : dans la forteresse, le pressât d’en faire le payement, ils recurent un ordre tous deux de se rendre auprès du roi ; et le roi donna la grande sacrificature à Lysimaque, frère de Ménélaüs. Cependant Antiochus ayant été obligé, vers le même temps, de partir avec précipitation, pour apaiser un soulèvement de quelques villes qui s’étaient révoltées contre lui en Cilicie, Ménélaüs profita de son absence, pour tâcher de rétablir ses affaires, en gagnant Andronique, qui gouvernait à Antioche en l’absence du roi, et en l’engageant à faire mourir Onias III qui l’accusait hautement d’avoir pris dans le temple des vases très-précieux, d’en avoir vendu une partie, et d’en avoir donné une autre pour se faire des protecteurs. Andronique, qui avait reçu une partie de ces vases, fit mourir Onias III de la manière que nous l’avons vu ; mais au retour d’Antiochus, ayant été accusé et convaincu de ce crime, il fut mis à mort d’une manière ignominieuse, et souffrit la juste peine de son crime.

Pour Ménélaüs, il se soutint encore quelque temps. Lysimaque, à qui Antiochus Épiphane avait donné la souveraine sacrificeture (2 Machabées 4.39-40), ayant, par le conseil de Ménélaüs, commis plusieurs excès et plusieurs violences dans le temple, le peuple se mutina, et il y eut plusieurs de ses gens blessés, quelques-uns de tués, et Iiii-marne demeura mort sur la place. On accusa Méuélaüs de tous ces désordres. Mais Antiochus étant venu à Tyr, Ménélaüs gagna par une grosse somme d’argent Ptolémée, fils de Dorimène, qui avait beaucoup de crédit à la cour ; et par son moyen, non-seulement il évita la mort qu’il méritait, mais même il y fit condamner les députés qui étaient venus de Jérusalem pour l’accuser devant Antiochus. Il retourna plus hardi que jamais à Jérusalem (2 Machabées 4.40), et il croissait tous les jours en malice, no cherchant qu’à tendre des pièges à ses concitoyens. Pendant ce temps-là,Antiochus étant allé en Égypte, le bruit se répandit qu’il y était mort. Jason, faux grand prêtre dont nous avons parlé, prit mille hommes avec lui, vint assièger Jérusalem, la prit, et força Ménélaüs de s’enfuir dans la citadelle, où étaient les troupes de Syrie. Mais le bruit de la mort d’Antiochus s’étant bientôt dissipé, Jason fut obligé de se retirer, et Ménélaüs fut établi dans Jérusalem avec une nouvelle autorité (2 Machabées 15.23). Il ne s’en servit que pour faire de la peine à ses concitoyens.

Après la mort d’Antiochus Épiphane (2 Machabées 12.2-3), Antiochus Eupator, son fils, conduit par Lysias, régent du royaume, marcha à la tête de ses troupes contre Jérusalem. Ménélaüs était dans l’armée, et par un esprit de dissimulation, faisait des prières à Eupator en faveur des Juifs et de sa patrie, se flattant de recouvrer bientôt son autorité dans Jérusalem. Mais Lysias ayant fait entendre à Eupator que Ménélaüs était l’auteur de tous les troubles de la Judée, le roi le fit arrêter et garder jusqu’à son retour. Alors, étant arrivé à Bérée, on le conduisit au haut d’une tour élevée de cinquante coudées, dans laquelle on avait amassé une grande quantité de cendre, et du haut de laquelle on ne voyait de tous côtés qu’un grand précipice. Ce fut là que Ménélaüs fut précipité, et où il mourut dans la cendre, qui lui servit de tombeau.

Onias (2)

Certain homme juste qui vivait dans la Judée au temps qu’Aristobule faisait la guerre à Hircan, prince et grand prêtre des Juifs. Il avait déj à auparavant obtenu, par ses prières, de la pluie dans le temps d’une extrême sécheresse ; et voyant la guerre civile allumée dans la Judée, il s’était retiré dans une solitude. Pendant qu’Arétas, roi des Arabes, qui tenait le parti d’Hircan, assiègeait Aristobule dans Jérusalem, les Juifs qui étaient dans le camp d’Arélas allèrent querir Onias, et le prièrent de maudire et de dévouer à tous les malheurs Aristobule et ceux de sun parti. Onias s’en défendit longtemps ; mais, forcé enfin par leurs.instances, il se mit au milieu d’eux, et fit à Dieu cette prière : Seigneur, Dieu de l’univers, puisque ceux avec qui je suis sont votre peuple, et que ceux que l’on attaque sont vos prétres, je vous prie de ne les écouter ni les uns ni les autres dans les prières qu’ils vous font contre leurs frères. À ces mots, quelques-uns des Juifs qui étaient présents l’assommèrent à coups de pierres.

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