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Nabuchodonosor
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Nabuchodonosor I roi d’Assyrie, nommé autrement Saosduchin, commença à régner à Ninive l’an du monde 3335, avant Jésus-Christ 665, avant l’ère vulgaire 669. Ce prince, la douzième année de son règne, du monde 3341, vainquit en bataille rangée (Judith 1.5) dans les campagnes de Ragau, Arphaxad, roi des Mèdes. Alors Nabuchodonosor envoya à tous ceux qui habitaient la Cilicie, Damas, le mont Liban, la Phénicie, la Judée, et à toutes les autres nations qui s’étendent jusqu’aux confins de l’Éthiopie, pour les sommer de le reconnaître pour roi, et de se soumettre à son empire. Mais tous ces peuples renvoyèrent ses ambassadeurs, et méprisèrent ses menaces. Nabuchodonosor outré de colère, jura par son trône qu’il se vengerait de cette insulte ; et l’an treizième de son règne (Judith 2.1-2), il assembla les principaux officiers de ses armées, et leur déclara la résolution qu’il avait prise d’assujettir toute la terre à son empire. Il nomma pour généralissime Holopherne, lui donna ses ordres, lui mit en main de très-grandes sommes, et l’envoya à la tête d’une puissante armée, pour subjuguer tous les peuples qui ne l’avaient pas voulu reconnaître pour maître. Nous avons vu sous l’article d’Holopherne, le succès de cette guerre. Nabuchodonosor, autrement Saosduchin, eut pour successeur Sarac, ou Chynaladan, l’an du monde 3356, avant Jésus-Christ 644., avant l’ère vulgaire 648. [Voyez Ninive].

Nabuchodonosor II autrement Nabopolassar, père du grand Nabuchodonosor, dont le nom est si célèbre dans l’Écriture. Nabopolassar était Babylonien, et Saracus, roi d’Assyrie, lui avait donné le commandement de son armée. Il se ligua avec Astiagès, nommé autrement Assuérus, qui donna sa fille Atnyit en mariage à Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar. Assuérus et Nabopolassar ayant donc joint leur forces, se soulevèrent contre Saracus, roi de Ninive, l’assiégèrent dans sa capitale, la prirent, et établirent sur les débris de l’empire d’Assyrie, deux royaumes : celui des Médes, que posséda Astiagès ou Assuérus ; et celui des Chaldéens ou de Babylone, qui fut fondé par Nabopolassar, l’an du monde 3378, avant Jésus-Christ 622, avant l’ère vulgaire 626. Nabopolassar mourut.l’an du monde 3399, avant Jésus-Christ 601, avant l’ère vulgaire 605, et laissa le royaume de Babylone à son fils, le grand Nabuchodonosor, dont nous allons parler.

Nabuchodonosor III fils et successeur de Nabopolassar, succéda au royaume de Chaldée, l’an du monde 3399, avant Jésus-Christ 601, avant l’ère vulgaire 605. Quelque temps auparavant, Nabopolossar l’avait associé à l’empire, et l’avait envoyé pour réduire Carchémise que Néchao, roi d’Égypte, avait conquise quatre ans auparavant. Nabuchodonosor ayant heureusement réussi dans cette expédition, marcha contre le satrape de Phénicie, et contre Joakim, roi de Juda (2 Chroniques 36.6), qui était tributaire de Néchao, roi d’Égypte. Il prit Joakim, le chargea de chaînes, pour être conduit captif à Babylone ; mais ensuite changeant de résolution, le laissa eu Judée, sous la charge qu’il lui paierait un gros tribut. Il enleva plusieurs personnes de qualité de Jérusalem ; entre autres, Daniel, Ananias et Misael, qui étaient de race royale, et que le roi de Babylone fit élever à sa cour (Daniel 1.1-3) dans la langue et les sciences des Chaldéens, afin qu’ils pussent servir dans le palais.

Nabopolassar étant mort sur la fin de l’an du monde 3399, avant Jésus-Christ 601, avant l’ère vulgaire 605, Nabuchodonosor, qui était alors dans la Judée ou dans l’Égypte, se hâla de retourner à Babylone, et laissa à ses généraux le soin de ramener cil Chaldée les captifs qu’il avait faits en Syrie, en Judée, en Phénicie et en Égypte ; car, selon Bérose, il avait subjugué tous ces pays. Il distribua en différentes colonies tous les captifs qu’on lui avait amenés, et mit dans le temple de son dieu Bélus les vases sacrés du temple de Jérusalem, et les riches dépouilles qu’il avait faites sur ses ennemis.

Joakim, roi de Juda demeura trois ans dans la fidélité. a u roi Nabuchodonosor : mais enfin se lassant de payer tribut aux Chaldéens, il se souleva contre eux, et refusa de les reconnaître (2 Rois 24.1). Le roi de Chaldée ne jugea pas à propos de marcher en personne coutre lui, mais il y envoya des troupes de Chaldéens, de Syriens, de Moabites et d’Ammonites, qui désolèrent toute la Judée. Cette guerre dura trois ou quatre ans ; et enfin, Joakim ayant été assiégé et pris dans Jérusalem, fut mis à mort et jeté à la voirie, suivant les prédictions de Jérémie (Jérémie 22.18-19 ; 36.30). Voyez Joakim.

Cependant Nabuchodonosor étant à Baby lone la seconde année de son règne, eut un songe mystérieux (Daniel 1.1-44), dans lequel il vit une statue composée de divers métaux, ayant la tête d’or, la poitrine d’argent, le ventre et ; les cuisses d’airain, les jambes de fer, et les pieds moitié de fer et moitié d’argile ; une petite pierre détachée d’elle-même de la montagne, vint donner contre la statue et la réduisit en poudre. Le roi ayant eu ce songe, qui lui donna de l’inquiétude, l’oublia ensuite de telle sorte qu’il ne lui en resta pas, la moindre idée. Il fit venir les devins et les, interprètes des songes, et nul ne put lui dire ni quel était son songe, ni quelle en était l’explication. Nabuchodonosor en colère prononça contre eux tous un arrêt de mort, et out était près de l’exécuter, lorsque Daniel en fut averti. Il alla trouver le roi, et le pria de lui, accorder quelque temps pour chercher l’explication qu’il désirait. Daniel s’adressa a Dieu, et Dieu lui révéla pendant la nuit et le songe du roi, et son explication.

Le lendemain Daniel alla trouver Arioch, qui avait ordre de faire mourir les devins de Babylone, et lui dit qu’il était en état de satisfaire le roi sur le songe en question. Le prophète fut introduit en la présence de Nabuchodonosor, et lui dit que c’était du Dieu du ciel, et non des mages de Babylone, qu’il devait attendre l’interprétation de son songe. En même temps il lui raconta ce qu’il avait songé, ainsi que nous l’avons rapporté, et y ajouta cette explication : Vous êtes le roi des rois, et le plus puissant monarque du monde ; c’est vous qui êtes désigné par la tête d’or de la statue. Après vous, il s’élèvera un royaume moindre que le vôtre, figuré par la poitrine d’argent ; et après celui-là, encore un autre moindre que le premier, et qui est figuré par le ventreet les cuisses d’airain. Après ces trois empires, qui désignent celui des Chaldéens, celui des Perses et celui des Grecs, il én viendra un quatrième, qui est marqué par les jambes de fer, et qui désigne l’empire des Romains. Pendant le temps de ce dernier empire, Dieu eu doit susciter un nouveau plus fort, plus puissant et plus étendu que tous les autres. C’est celui du Messie, marqué par la petite pierre qui se détache de la montagne, et qui renverse le colosse.

Nabuchodonosor ayant entendu cette explication, se prosterna le visage contre terre, et adora Daniel. Il cornmanda qu’on lui offrît des sacrifices et de l’encens. Il reconnut que le Dieu de Daniel était le Dieu des dieux, et le Seigneur des rois ; qui seul connaît les choses les plus cachées, et qui les découvre quand il lui plaît. Alors le roi éleva en honneur Daniel, lui fit de magnifiques présents, l’établit sur tous les sages de Babylone, et lui donna le gouvernement de la Babylonie ; et, à sa prière, il accorda à Sidrach, Misach et Abdenago l’intendance des ouvrages de la même province de Babylonie.

Joachin ou Jéchonias, roi de Juda, s’étant révolté contre Nabuchodonosor (2 Rois 24.8-0 2 Chroniques 36.8-9), ce prince marcha contre lui et l’assiègea dans Jérusalem. Joachim fut obligé de se rendre, et de recourir à la clémence du roi de Babylone, mais ce prince le prit avec ses principaux officiers, et le mena captif à Babylone avec sa mère, ses femmes et les meilleurs ouvriers de Jérusalem, au nombre de dix mille hommes ; il prit aussi dans le reste du pays sept mille hommes portant les armes, outre mille ouvriers tant maréchaux que charpentiers. Entre les captifs étaient Mardochée, oncle d’Esther, et le prophète Ézéchiel ; enfin il enleva tous les vaisseaux d’or que Salomon avait faits pour l’usage du temple, et tout ce qu’il trouva de plus précieux dans les trésors du palais du roi. Nabuchodonosor établit en la place de Jéchonias, l’oncle paternel de ce prince, nommé Matlhanias, auquel il donna le nom de Sédécias. [Voyez Jéchonias].

Sédécias (2 Rois 35.1-2 Jérémie 34) après avoir été fidèle à Nabuchodonosor pendant neuf ans, se souleva contro lui et se ligua avec les rois voisins de la Judée, pour pouvoir lui résister plus aisément. Le roi de Babylone vint en Judée avec une puissante armée, et après avoir réduit les principales places du pays, fit le siège de Jérusalem. Mais Pharaon Eplirée ou Hophra, ou Vaphrès, étant sorti dé l’Égypte pour venir au secours de Sédécias, Nabuchodonosor quitta le siège pour un temps, alla à la rencontre du roi d’Égypte, le battit et le contraignit de se retirer dans son pays. De là, il revint au siège de Jérusalem, et il fut encore trois cent quatre-vingt-dix jours devant la ville, avant de la pouvoir réduire. Enfin, la onzième année de Sédécias, monde 3416, avant Jésus-Christ 584., avant l’ère vulgaire 588, la ville fut prise (2 Rois 25 Jérémie 34 Jérémie 52). Sédécias voulut se sauver, mais il fut arrêté et amené à Nabuchodonosor, qui était alors à Réblata dans la Syrie. Le roi de Babylone le condamna à mort, fit mourir ses enfants en sa présence, et après cela lui creva les yeux et le fit charger de chaînes, pour être mené à Babylone. Nabuzardan, général des troupes chaldéennes, eut, soin de Jérémie, suivant l’ordre qu’il en avait reçu du roi, lui laissa la liberté d’aller où il voudrait ; et ayant mis le feu à la ville et au temple, amena à Babylone les captifs que l’on avait faits dans la guerre. Il laissa dans le pays Godolias, pour gouverner le reste du peuple, que l’épée et les malheurs de la guerre avaient épargné (2 Rois 25.11-12 Jérémie 39.10-11 ; 40.5-7) [Les Juifs instituèrent un jeûne en mémoire du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor. Ils l’observaient le dix du mois de Thebet].

Trois ans après la guerre de Judée, Namichodonosor vint assièger la ville de Tyr. Le siège dura treize ans. Mais, pendant cet intervalle, ce prince fit aussi la guerre aux peuples voisins des Juifs, aux Sidoniens, aux Moabites, aux Ammonites, aux Iduméens, et il les traita à-peu-près comme il avait fait les Juifs (Jérémie 48 Jérémie 49 Ézéchiel 25). Josèphe dit que ces guerres arrivèrent cinq ans après la ruine de Jérusalem, et par conséquent l’an du monde 3421, avant Jésus-Christ 579, avant l’ère vulgaire 583. La ville de Tyr fut prise l’an du monde 3432, avant Jésus-Christ 568, avant l’ère vulgaire 572.

Lthobaal, qui en était roi, fut mis à mort, et Baal lui succéda. Le Seigneur pour récompenser l’armée de Nabuchodonosor, qui avait travaillé si longtemps à ce siège, lui abandonna l’Égypte et toutes ses dépouilles (Ézéchiel 29.17-20). Nabuchodonosor entra dans ce pays, en fit ia conquête sans beaucoup de peine, parce qu’alors elle était divisée par des guerres intestines, s’enrichit de ses dépouilles, et retourna triomphant à Babylone avec son armée, et une infinité de captifs.

Étant en paix dans Babylone, il s’appliqua à l’embellir, à l’agrandir et à l’enrichir par de superbes bâtiments. Ce fut alors qu’il entreprit ces fameux jardins qui étaient portés sur des voûtes, et qui ont passé pour une merveille du monde. Plusieurs lui ont aussi attribué les murailles de Babylone, dont quantité d’auteurs ont fait honneur à Sémiramis. On peut voir Bérose et Abidène cités dans Josèphe. Dans ce même temps (Daniel 4.1-3), Nabuchodonosor eut un songe d’un grand arbre, très-haut, et très-bien chargé de fruits. Tout d’un coup un ange descendu du ciel, ordonna que l’on coupât l’arbre, qu’on en abattît les branches, les feuilles et les fruits, qu’on en conservât en terre le tronc et la racine, qu’on le liât avec des chaînes de fer et d’airain, qu’il demeurât parmi les bêtes de la campagne, et qu’il fût réduit pendant sept ans dans l’état des animaux, broutant l’herbe de la terre, et exposé à la rosée du ciel. Le roi fit venir tous les plus habiles devins du pays, qui ne purent jamais lui en donner l’explication. Enfin Daniel étant venu, lui dit que ce songe était significatif de ce qui lui devait arriver. C’est vous, lui dit-il, qui êtes désigné par ce grand arbre ; vous serez abattu, réduit en l’état d’une bête, et chassé de la compagnie des hommes : mais après avoir été sept ans en cet état, lorsque vous aurez reconnu que toute puissance vient du ciel, vous rentrerez dans votre premier état. C’est pourquoi rachetez vos péchés par des aumônes, afin que le Seigneur vous pardonne vos offenses.

Un an après (Daniel 4.26), comme Nabuchodonosor se promenait dans son palais à Babylone, il commença à dire : N’est-ce pas là cette grande Babylone que j’ai bâtie dans la grandeur de ma puissance et dans l’éclat de ma gloire ? Mais à peine avait-il prononcé cette parole, que l’on entendit une voix du ciel, qui lui dit qu’il allait être privé du royaume, chassé de la compagnie des hommes, et réduit comme une bête à manger l’herbe de la campagne. Cette menace fut accomplie à la même heure. Nabuchodonosor tomba dans une maladie, qui lui altéra tellement l’imagination, qu’il crut être métamorphosé en bÅ“uf. Il en prit les inclinations et les manières ; et après avoir été sept ans dans cet état Dieu lui ouvrit les yeux ; il reconnut sa dépendance, et son esprit lui fut rendu ; il recouvra la dignité royale, et continua de régner avec le même éclat qu’auparavant. C’est ce qu’il reconnaît lui-même dans un édit qu’il donna quelques années après, à l’occasion de ce que nous allons raconter.

La pénitence de Nabuchodonosor ne fut ni solide ni sincère. L’année même de son rétablissement, il fit une statue d’or haute de soixante coudées, et large de six, et la lit mettre dans la campagne de Dura, de la province de Babylone ; et ayant marqué un jour pour la dédicace de cette statue, il fit assembler tous les principaux officiers de ses États, et fit publier par un héraut que tous ses sujets eussent à adorer cette statue, aussitôt qu’ils entendraient le son des instruments de musique ; sous peine, contre ceux qui y contreviendraient, d’être jetés dans une fournaise ardente. Dès que la cérémonie commença, on s’aperçut que les Juifs, et surtout les trois compagnons de Daniel, ne fléchissaient point les genoux, et n’adoraient pas la statue du roi, et on ne manqua pas de lui en donner avis. Nabuchodonosor fit donc venir Sidrach, Misach et Abdénago ; Daniel apparemment était alors absent ; et il leur demanda pourquoi ils n’avaient pas obéi à ses ordres. Ils lui répondirent qu’ils ne craignaient ni les flammes, ni aucune autre peine ; que le Dieu qu’ils adoraient saurait bien les en garantir ; mais que, si le Seigneur ne jugeait pas à propos de les tirer de ses mains, ils ne laisseraient pas de lui obéir préférablement aux hommes.

À ces mots, le roi les fit lier, et jeter dans la fournaise, avec leurs habits, leurs bonnets et leurs chaussures ; et comme la fournaise était extraordinairement enflammée, la flamme brûla les hommes qui les y avaient jetés ; mais elle épargna Sidrach, Misach et Abdénago. L’ange du Seigneur descendit du ciel, et, écartant les flammes, forma au milieu de la fournaise un vent frais et une douce rosée ; en sorte que le feu ne les toucha en aucune sorte, et ne leur fit aucune peine. Alors ces trois hommes glorifièrent Dieu, et invitèrent toutes les créatures à le louer avec eux.

Nabuchodonosor voyant cette merveille, fut frappé d’étonnement. Il se leva tout d’un coup, et dit aux grands de sa cour : N’avons-nous pas jeté trois hommes au milieu du feu ; d’où vient donc que j’en vois quatre qui se promènent au milieu dos flammes, et dont le quatrième est semblable au Fils de Dieu ? Alors Nabuchodonosor s’approchant de la porte de la fournaise, appella par leurs noms les trois Hébreux, lesquels sortirent sains et saufs du milieu es flammes, au grand étonnement de toute lit cour du roi, qui fut témoin que non-seulement ils n’en avaient point été brûlés, mais qu’il n’en paraissait même aucune trace sur leurs habits, et que l’odeur même du feu n’était pas venue jusqu’à eux.

Alors Nabuchodonosor rendit gloire eu Dieu de Sidrach, Misach, et Abdénago li reconnut sa puissance et sa majesté, et ordonna que quiconque aurait proféré un blasphème contre le Seigneur, le Dieu des Hébreux, serait mis à mort, et sa maison changée en un lieu souillé et impur. Il éleva en dignité les trois Hébreux dans la province de Babylone, et donna un édit dans lequel il publia la grandeur du Dieu des Juifs, et raconta ce qui lui était arrivé ensuite du songe (Daniel 4.1-3), où il avait vu un grand arbre, qui fut coupé et mis en pièces par le commandement de Dieu.

Nabuchodonosor mourut la même année, du monde 3442, avant Jésus-Christ 558, avant l’ère vulgaire 562, après quarante-trois ans de règne. Mégasthènes cité dans Eusèbe, dit que ce prince étant monté au haut de son palais, fut rempli d’un enthousiasme divin, et s’écria : Je vous annonce, Ô Babyloniens, un malheur, que ni Bélus, notre père, ni la reine Battis n’ont pu détourner. Il viendra un jour dans ce pays un mulet persan, qui, appuyé du secours de vos dieux, vous réduira en servitude. Il sera aidé du Mède, la gloire des Assyriens (Ce mulet persan, est Cyrus, né d’une mère mède et d’un père persan ; et le Mède qui aidera Cyrus, est Cyaxarès, ou Darius le Mède).

Nabuchodonosor ajouta : « Plût à Dieu que ce conquérant périt dans les abîmes ou dans la mer, ou dans quelque affreuse solitude, où l’on ne voit aucun vestige d’un homme ; et que vous ne voyiez pas les maux dont vous êtes menacés ; et plût à Dieu que moi-même j’eusse pu avoir un sort plus heureux, avant que cela lui fût venu dans l’esprit ! Â» Ayant dit ces choses, il disparut. On doute si ces mots, il disparut, marquent sa mort ; ou seulement sa fuite, ou sa retraite, qui suivit sa métamorphose en bÅ“uf. Le nom de Nabuchodonosor (Nabuchadrezer), peut marquer en chaldéen, trésor défendu par le dieu Nébo.

Les auteurs persans racontent que Lohorasb, quatrième roi de Perse de la dynastie des Caïanides, ayant succédé à Kaikhosrot, fit de grandes conquêtes dans le Levant, et porta ensuite ses armes victorieuses jusqu’au couchant de son empire ; car il envoya en Palestine un de ses généraux, nommé Raham, et surnommé Bakhtalnassar, c’est-à-dire le bonheur de la victoire, duquel les Hébreux ont formé le nom de Nabuchadnecar, et les Grecs, celui de Nabuchodonosor, sous la conduite duquel toute la Syrie fut réduite à son obéissance. Le roi de Judée de sa lignée de Salomon, qui régnait alors à Jérusalem, refusant de se soumettre, fut attaqué par Raham, qui battit les Juifs, prit la ville de Jérusalem, la saccagea et la ruina entièrement, après quoi il retourna en Perse, chargé de riches dépouilles, et d’un nombre presque infini de prisonniers.

D’autres historiens donnent à Nabuchodonosor le nom de Gudarz, et disent qu’il fut

Lieutenant-général du roi Lohorasb ; lequel ayant passé la plus grande partie de sa vie dans les parties les plus occidentales de son empire, est demeuré presque inconnu aux Hébreux et aux Arabes, pendant que Gudarz, nommé autrement Raham, ou Nabuchodonosor, a acquis une très-grande réputation, n’étant que subalterne, ou lieutenant général des armées de Lohorasb. Mais ils conviennent tous de sa valeur et de ses grands explois, et soutiennent que le roi Lohorasb fut contemporain des prophètes Jérémie, Daniel et Esdras. Il serait certainement fort malaisé de concilier tout cela avec ce que l’Écriture nous apprend de Nabuchodonosor, dont elle parle toujours comme d’un des plus grands rois du monde.

Il est bon de dire ici un mot de la métamorphose de ce prince en bÅ“uf. Il y a sur ce sujet plusieurs sentiments. Origène a cru la chose impossible, et l’a tournée en allégorie, Bodin a cru que Nabuchodonosor avait été réellement changé en taureau, et qu’il avait perdu non-seulement la forme et les sentiments, mais encore l’esprit de l’homme. D’autres soutiennent que ce changement ne se fit que dans le corps e dans la forme extérieure, mais non pas dans l’âme ; le prince ayant conservé sa raison au milieu de son malheur, comme Apulée durant sa métamorphose en âne, et comme ces hommes d’Italie dont parle saint Augustin, lesquels après avoir goûté d’un fromage que leur donnaient des magiciens de ce pays-là, se trouvaient tout à coup changés en bêtes de somme ; puis, après un certain temps reprenaient leur première forme, et rentraient dans leur premier état. Quelques rabbins ont prétendu que l’âme de Nabuchodonosor avait quitté le corps de ce prince, et avait fait place pour un temps à celle d’un bÅ“uf, qui lui avait communiqué ses sentiments, et avait imprimé à son corps les mêmes mouvements, le même goût, les mêmes inclinations que nous remarquons dans les bÅ“ufs. D’autres n’ont reconnu dans Nabuchodonosor qu’une imagination blessée, et dans ses sujets une fascination dans les yeux qui leur fit croire aux uns et aux autres que Nabuchodonosor était changé en bÅ“uf, et en avait la figure, quoique réellement il n’y eût rien de pareil. De même à-peu-près que cette jeune fille que l’on amena à saint Macaire, et que ses parents croyaient changée en jument, il n’en était rien, et saint Macaire les détrompa en faisant tomber le prestige qui trompait leurs yeux.

L’opinion la plus suivie est que Nabuchodonosor étant tombé, par un effet de la puissance de Dieu, dans une noire mélancolie, et dans la manie, s’imagina d’être devenu bÅ“uf ; comme dans la maladie qu’on appelle lycanthropie, un homme se persuade qu’il est changé en loup, en chien, en chat ; changement qui ne subsiste que dans son cerveau altéré, et dans son imagination échauffée, puisque tous ceux qui l’environnent ne voient aucun changement dans sa figure extérieure, mais seulement dans ses inclinations, dans ses mouvements, dans ses manières ; en sorte qu’il hurle comme un loup, qu’il mord, qu’il mange des viandes crues, qu’il court dans les champs, qu’il fuit la compagnie des hommes.

Ainsi Nabuchodonosor s’imaginant qu’il était devenu bÅ“uf, broutait l’herbe comme un animal, frappait des cornes, laissait croltre ses cheveux et ses ongles, meuglait, allait nu, et imitait à l’extérieur toutes les actions d’un bÅ“uf. Ses gens étonnés d’une telle métamorphose, le lièrent comme on lie les fous et les furieux ; mais enfin s’étant tiré de leurs mains, il se sauva dans les champs, y vécut nu comme un bÅ“uf, exposé à la rosée du ciel, et aux autres injures de l’air, en sorte que son poil devint comme les plumes d’un aigle, et ses ongles comme les griffes d’un lion. Il n’en faut pas davantage pour vérifier tout ce que l’Écriture dit de Nabuchodonosor. Il n’y avait en tout cela rien de miraculeux, sinon la prédiction de cette maladie, et son accès et sa fin, qui arrivèrent à point nommé comme le prophète l’avait prédit.

On dispute sur la durée de cette métamorphose. Les uns, comme Théodoret, soutiennent que les Perses distinguant leurs années en deux temps, l’hiver et l’été, il fallait compter de cette manière les, sept années de Nabuchodonosor, qui se réduisent par là à trois et demi. Dorothée, et le faux Épiphane disent qu’à la vérité Dieu avait condamné Nabuchodonosor à demeurer sept ans avec les bêtes ; mais qu’à la prière de Daniel, Dieu réduisit les sept années à sept mois. Le faux Épiphane ajoute que comme Daniel ne cessait de prédire aux grands de Chaldée que Nabuchodonosor remonterait sur le trône, et que les courtisans se moquant de ses prédictions ; afin qu’il pût les en convaincre, il obtint de Dieu par ses prières que ce terme fût abrégé. D’autres soutiennent que le prince dont nous parlons ne fut changé en bÅ“uf que pendant vingt-sept mois ; ils expliquent ces paroles de Daniel : Donec septem tempora mutentur super euin, de sept espaces de trois mois ; tempus, selon eux est un qùart d’année, ou trois mois. Pierre le Mangeur ne lui donne que sept mois, qu’il partage ainsi pendant les quarante premiers jours Nabuchodonosor demeura dans la manie, comme un insensé ; dans les quarante jours suivants, il pleura ses offenses, et pendant les quarante derniers jours, il fut rétabli de son incommodité. Il ne laissa pas, suivant le conseil de Daniel, de demeurer sept ans dans l’exercice de la pénitence, mangeant des légumes et des herbet pour expier son orgueil.

Mais il ne faut point chercher d’autre interprète à Daniel que lui-même. Il est certain que ce prophète sous le nom de tempos, entend un an. Par exempte, en voulant marquer un espace de trois ans et demi, il dit : tempus et tempora, et dimidium temporis. On trouve la même manière de parler, et dans le même sens dans l’Apocalypse (Apocalypse 12.14).

L’histoire de Nabuchodonosor a fourni plus d’un sujet à la hiéroglyphique chrétienne. Écoutons sur ce sujet M. Cyprien Robert a Parmi les images des persécutions, dit-il, la plus commune est Daniel exposé nu entre deux lions, emblème des démons qui incessamment cherchent à dévorer l’homme. À genoux ou debout, il étend les bras en croix, et ce signe dompte les lions, dit saint Grégoire de Nazianze : c’est pourquoi ils regardent d’un air si soumis ce prophète appelé dans l’Écriture l’homme des désirs.

Les trois jeunes héros, Ananie, Azarias et Mizael dans la fournaise de Babylone, caressés par les flammes qui perdent en les touchant leur faculté de consumer, signi fiaient la vanité de tous les efforts des tyrans pour étouffer le Christ. Ce symbole fortifiait les martyrs dans la dernière des Babylones antiques, où au milieu de tous les vices impurs, ils brûlaient du feu chaste de la passion divine, selon la pensée de saint Cyrille. Toutes les églises d’Espagne avaient l’usage, qui s’est conservé longtemps, de chanter chaque dimanche l’hymne où les trois martyrs invitent, du sein de la fournaise, la terre, le ciel, toute la nature, à célébrer leur auteur.

Les Césars persécuteurs furent exprimés dans Nabuchodonosor assis sur la chaise curule, en habit impérial, un satellite armé derrière lui et faisant adorer par an jeune homme son buste colossal comme celui des dieux, et placé au haut d’une colonne, tandis que dans le fond les trois martyrs juifs sont debout sur le brasier.

Ailleurs, sur une peinture, il est vêtu en général, debout, la lance ou le long sceptre antique à la main ; derrière lui est son bourreau avec le bonnet phrygien et la hache : on voit qu’elle va agir sur les deux jeunes gens garottés, qui sont sur le devant et n’adorent pas le buste de la colonne. Mais Pharaon enseveli dans la mer Rouge devint la prophétie du sort qui attend les tyrans ; car, dit l’Écriture, il ne craignait ni Dieu ni la société. Cours d’hiéroglyph chrét., par M. Cyprien Robert, dans l’Université catholique, tome 7 pages 201.

Un écrivain protestant parle en ces termes de Nabuchodonosor :

« Ce prince, dit-il, est un des personnages le l’antiquité sur qui l’on a fait courir le plus de fables ; son nom est devenu populaire, et c’est le sort de tous les noms qui le deviennent. L’histoire sainte, fidèle au système d’être celle seulement des Juifs, ne rapporte des événements de son règne que ceux où les Juifs sont intéressés ; ces faits s’y trouvent dispersés en plusieurs livres, et tantôt racontés, tantôt prophétisés ; ce désordre apparent, les difficultés chronologiques, les choses mémorables de ce roi, surtout ses prodigieux monuments, et plus encore des traditions fabuleuses, l’ont environné dans le lointain des âges d’une sorte de célébrité mystérieuse, qui semble en faire un être à part. Il ne faut que peu d’attention pour dissiper ce prestige, et alors il ne reste qu’un conquérant. Dans les voies de la Providence, Nébucadnetsar est l’homme choisi pour exécuter la sentence des 70 ans de captivité ; il était digne de cette tâche, pour laquelle il ne fallait employer qu’un homme et qu’un règne ; l’impression aurait été moins forte, si le trône de Juda était tombé sous les coups de plusieurs rois ; ce dominateur terrible, revenant sans cesse à la charge contre Jérusalem, selon que les temps et les crimes s’accomplissaient, représentait bien l’action de cette justice suprême, dont les condamnations s’exécutent sans obstacle et sans retard. Nous verrons comment Sédécias a comblé la mesure, comment les détails même de sa chute et de la ruine de sa capitale ont été à la fois des leçons et des châtiments, comment une captivité était la sentence la plus utile. Il suffit ici de reconnaître en ce Nébucadnetsar un de ces hommes à qui tout réussit, que la Providence ehvoie quelquefois au monde, comme elle jette un orage au milieu des airs pour les épurer, et qui disparaissent, laissant derrière eux quelques ruines, comme monuments de leur passage, comme avertissement aux générations futures.

Le songe des quatre monarchies est remarquable sous tous les rapports. L’arrêt de mort contre les mages, qui ne peuvent le deviner, n’offre point de difficultés, c’est un exemple de justice orientale ; mais est-il croyable que Nébucadnetsar oublie dès son réveil un songe aussi frappant, et ne s’en rappelle aucune circonstance, aucune image ? Il nous semble qu’on doit voir ici une ruse, une épreuve terrible, digne d’un tyran de l’Asie (Daniel 2.9), et ses discours appuient cette explication. Inquiet d’une vision qui semblait menacer son règne, il veut être sûr de l’interprétation qu’il demande ; il se défie, en ce grand intérêt, de la sagesse de ses mages ; il pense qu’ils sont en état de deviner le songe, s’ils le sont d’en expliquer le sens ; il n’en croira que ceux qui sauront faire l’un et l’autre : Cette prudence ne coûtait que quelques supplices, et ce n’était pas payer trop cher la certitude de comprendre un rêve. Ce songe, d’ailleurs, convenait à Nébucadnetsar plus qu’à tout autre monarque. C’est vers son temps que l’histoire profane commence à s’éclaircir ; c’est sous son règne que les Juifs commencent à se répandre hors de leurs limites, et à se mêler aux peuples étrangers. L’époque approchait, où les trois continents allaient contracter des relations plus intimes, où les nations devaient mieux se connaître et plus se lier, où les événements simultanés devaient embrasser plus d’espace, où l’empire, passant de peuple en peuple, des Babyloniens aux l’erses et aux Mèdes, de ceux-ci aux Grecs, et de ces derniers aux Romains, devait finir par envelopper dans le réseau de la domination romaine du monde connu ; alors le Christ devait paraître. Il était temps de montrer que la Providence dirigeait d’avance toutes ces vastes révolutions, et c’était préparer une grande preuve du christianisme, c’était montrer un admirable accord dans les voies divines envers les Gentils et celles envers les Juifs, que de charger le prophète qui devait compter les semaines de l’attente du Messie, d’expliquer un songe représentant les quatre empires qui s’établiraient avant ce Jésus, dont le règne ne serait pas de ce monde.

La dédicace de la statue que Nébucadnetsar fit élever dans les plaines de Dura, est considérée par plusieurs interprètes comme l’apothéose de son père, et cette conjecture parait la plus probable. Il est vraisemblable que la statue entière n’était pas faite d’or massif, et qu’elle était du moins en partie dorée ou revêtue de lames de ce métal. Les proportions dè largeur et de hauteur ne sont pas celles du corps humain. Cette ingénieuse observation est une preuve de plus en faveur de la vérité du récit ; la sculpture de l’Asie n’a jemais aimé les justes proportions. Le décret publié à cette occasion, et d’autres édits pareils rendus à l’honneur du Dieu des Juifs, sont, comme ceux des Artaxerce et des Darius, de frappants exemples du principe païen, que chaque nation a son dieu, et que le dieu d’un peuple peut être adopté par des peuples étrangers.

On s’est livré aux plus misérables objections contre ce que l’incrédulité prend plaisir à nommer le changement de Nébucadnetsar en bête : Il ne s’agit ici d’aucune métamorphose ; ce mot absurde a été inventé pour le paganisme ; il lui appartient et doit lui rester. Dans cet événement, attesté par l’histoire profane, les termes mêmes de Daniel prouvent qu’on doit voir seulement cette terrible maladie, connue sous le nom de lycanthropie, sorte d’aliénation mentale de la pire espèce, qui met à la place de la raison un vil instinct, ne laisse dans l’esprit aucun sentiment humain, et fait qu’un homme ainsi tombé ne s’occupe qu’à satisfaire ces honteux besoins qui nous sont communs avec les animaux. Cette maladie, heureusement très-rare, n’a point disparu, et s’il ne s’agit pas de cette sorte de dérangement d’esprit, que signifient les mots : mon sens me revint (Daniel 4.34-36) ? La difficulté la plus grave qu’offre ce point d’histoire est la durée de la maladie mentale du conquérant. On voit par le récit qu’elle eut lieu après toutes ses conquêtes et les immenses travaux qu’il fit exécuter à Babylone ; entre une époque si avancée de son règne et sa mort, on a peine à trouver place pour les sept années de la maladie. Mais le terme employé (Daniel 4.23, 32) est vague et peut s’entendre d’une durée quelconque ; il peut signifier ici l’espace d’environ deux de nos mois, manière de diviser l’année en six parties alors en usage dans l’Asie, et d’après ce compte l’aliénation de Nébucadnetsar ne se serait prolongée que pendant quatorze mois. Le but de la Providence, en envoyant au roi de Babylone cette humiliation profonde, a été de soutenir le courage et la confiance des captifs, et de rappeler aux Juifs que leur Dieu était plus puissant que leur vainqueur ; quel Hébreu, pendant la durée de cette punition, ne préférait son exil au trône de Babylone, et ne devait naturellement conclure que le même bras qui, d’un seul coup, avait abattu Nébucadnetsar au rang des brutes saurait ouvrir au jour fixé, les portes de la seconde maison de servitude ? Aussi, c’est un Israélite qui interprète le songe menaçant. Il faut se souvenir aussi que les deux prophètes de cette époque, Jérémie et Ézéchiel avaient prédit a ce roi tant de conquêtes, de puissance et de grandeur, et si formellement annoncé qu’il serait protégé par Dieu même dans toutes ses entreprises, que la Providence, en quelque sorte, semblait être passée de son côté. Tant d’oracles en sa faveur pouvaient ébranler la foi des Juifs, et les faire douter que le Dieu d’Abraham fût encore leur Dieu. À toute cette protection apparente, l’affreuse maladie a servi de contre-poids ; il ne fallait pas moins pour que la balance fût égale.

Que dire du caractère de ce prince ? Il est remarquable que les divers conquérants de l’Asie, même jusqu’à nos jours, ont été peu différents de caractère. Dans leurs conquêtes, on voit la même ardeur, la même rapidité, la même barbarie ; dans leur tyrannie, les mêmes caprices ; dans leur orgueil, le même aveuglement ; nous l’avons déjà remarqué, il semble que dans cette partie du monde, les monarques ne changent pas plus que les peuples. Nébucadnetsar, malgré sa réputation de cruauté, ne parait pas avoir été plus cruel que tant d’autres ; il avait le génie de son temps ; la prudence avec laquelle il choisit parmi les Hébreux ses captifs, montre un conquérant qui veut tirer parti de ses guerres. Dans ses édits, tels que Daniel tes rapporte, perce une brusque franchise qui n’a rien d’affecté. On peut être franc, quand on est tout-puissant, quand on n’est jamais obligé de se contraindre, et la pire espèce des despotes est cale des tyrans hypocrites.

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