Michas
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

De la tribu d’Éphraïm, fils d’une veuve riche et superstitieuse, devint un sujet de chute à Israël, par l’occasion que nous allons dire (Juges 17 ; Juges 18). La mère de Michas avait mis en réserve une somme de onze cents sicles, qui font environ dix-sept cent quatre-vingt-deux livres dix-sept sols huit deniers de notre monnaie, en prenant le sicle sur le pied de trente-deux sols cinq deniers. Cette somme s’étant trouvée perdue, la mère de Michas en fit grand bruit, et s’emporta jusqu’à proférer des imprécations contre celui qui lui avait volé cette somme. Michas, soit qu’il l’eût prise, ou qu’il l’eût recouvrée par quelque autre voie, vint dire à sa mère que cet argent était retrouvé et qu’il était entre ses mains ; en même temps il le lui rendit. La mère, apaisée, donna toutes sortes de bénédictions à son fils ; lui dit qu’elle voulait consacrer cet argent à Dieu, et en faire un éphod ; que son dessein était de mettre cet éphod chez lui et d’y établir une chapelle domestique. En effet, elle fit faire de cet argent un éphod ou ornement sacerdotal, avec quelques figures de métal, qu’elle plaça dans la maison de Michas. Celui-ci, pour répondre aux intentions de sa mère, établit prêtre un de ses propres fils ; et ensuite ayant trouvé un jeune lévite (Juges 18.30), il l’établit prêtre de sa chapelle domestique, en la place de son fils.

Or, en ce temps-là, il n’y avait point de roi dans. Israël, et chacun faisait ce qui lui semblait bon. On croit que ceci arriva dans l’intervalle qui suivit la mort de Josué et des anciens qui le suivirent, jusqu’à la judicature d’Othoniel. Pendant ce temps-là, la tribu de Dan, étant fort resserrée dans son partage envoya six cents hommes pour chercher quelque lieu pour s’y établir. En allant, ils passèrent chez Michas, qui demeurait dans les montagnes d’Éphraïm, et prièrent le lévite qui y était de consulter le Seigneur sur le succès de leur voyage. Il leur répondit que le Seigneur les favoriserait, et qu’ils pouvaient s’en aller en paix. À leur retour, ils vinrent donner avis à ceux de leur tribu qu’ils avaient trouvé une ville nommée Laïs, dont il leur serait aisé de Faire la conquête, et déterminèrent leurs frères à les suivre dans cette expédition.

Ils partirent et vinrent de nouveau dans la maison de Michas ; et ayant gagné le prêtre, ils enlevèrent l’éphod et les figures taillées en sculpture, et s’en allèrent. Michas courut après eux et commença à crier ; mais ces gens le menacèrent et l’obligèrent à se retirer chez lui. S’étant rendus maîtres de Laïs, ils y placèrent l’idole qu’ils avaient prise à Michas, et établirent prêtre Jonathan, fils de Gersarn, fils de Moïse ; et cette idole demeura en cet endroit tout le temps que la maison de Dieu fut à Silo, et jusqu’au temps de la captivité. du pays, ou, suivant une autre version de l’Hébreu, jusqu’au temps de la délivrance du pays. Les uns l’entendent de la délivrance procurée au pays par Samuel ; et les autres, de la captivité des dix tribus, emmenées au delà de l’Euphrate par les rois d’Assyrie Salamanasar et Théglathphalassar. Pendant tout ce temps, la ville de Lais, autrement nommée Dan, fut toujours un lieu de superstition. On y vit ou les théraphims de Michas, ou les veaux d’or de Jéroboam. [Voyez le Calendrier des Juifs, au 23 de sébath].