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Mendier, Mendiants ; Mendicare, Mendicus.
Moïse (Deutéronome 15.4-7) exhortant les Israélites à faire l’aumône, dit : Il n’y aura ni indigent, ni mendiant parmi vous, afin que le Seigneur vous bénisse dans la terre qu’il vous doit donner. Et un peu plus bas : Si un de vos frères qui demeure dans quelqu’une de vos villes, tombe dans la pauvreté, vous ne retirerez point de lui votre main, et vous n’endurcirez point votre cœur ; mais vous lui donnerez. Le texte hébreu de cet endroit ne parle point de mendiant. D’ailleurs on sait assez que parmi les Juifs, comme parmi les autres peuples, il y a toujours eu des pauvres et des mendiants. Dieu même dans le même chapitre (Deutéronome 15.11) ne dit-il pas : Non deerunt pauperes in terra habitationis vestroe? Et ne voit-on pas par l’Évangile qu’il y avait plusieurs mendiants dans Jérusalem, et dans les autres endroits du pays (Marc 10.46 Luc 18.35 Jean 9.8 Luc 16.20). Le pauvre Lazare ne mendiait-il pas, aussi bien que l’aveugle-né guéri par Jésus-Christ, et quelques autres aveugles qui étaient à Jéricho ? Le vrai sens de l’endroit de Moïse est donc que Dieu versera une bénédiction si abondante sur les terres des Hébreux la sixième année, qu’encore qu’ils ne fassent ni moisson ni récolte en l’année sabbatique, toutefois il n’y aura point de pauvres parmi eux, pourvu qu’ils soient fidèles à observer ses préceptes ; ou bien, il veut leur recommander la charité et l’aumône, en telle sorte qu’il n’y ait point de pauvres parmi eux. Soyez si charitables et si grands aumôniers, qui : l’on ne voie personne dans l’indigence dans Israël. Les Juifs encore aujourd’hui observent une grande discipline, pour empêcher, autant qu’il se peut, qu’il n’y ait des pauvres parmi eux. Ils font des aumônes et des cueillettes en public et en particulier pour les pauvres, et il est très-rare que l’on voie des mendiants de leur nation dans les lieux où ils sont nombreux et puissants.
Quelques-uns ont cru que Jésus-Christ et ses apôtres s’étaient réduits à une telle pauvreté, qu’ils avaient même mendié. L’auteur d’un sermon sur le dimanche dans l’octave de l’Epiphanie, imprimé sous le nom de saint Bernard, mais qui est d’Ælrède, abbé de Riéval, de l’ordre de Cîteaux en Angleterre, qui vivait au douzième siècle, dit expressément que Jésus-Christ mendia de porte en porte pendant les trois jours qu’il demeura à Jérusalem, lorsqu’il y resta étant âgé de douze ans, à l’insu de ses parents. Saint Thomas, répondant à Guillaume de Saint-Amour, qui avait attaqué la mendicité des frères prêcheurs, et qui avait soutenu que ni Jésus-Christ ni ses apôtres n’avaient jamais mendié, s’efforce de prouver que Jésus-Christ avait vraiment mendié ; par exemple à Jéricho, lorsqu’il dit à Zachée (Luc 19.5) : Descendez promptement, parce que je dois aujourd’hui demeurer dans votre maison. Mais il faut avouer que ce passage ne prouve nullement que Jésus-Christ ait mendié dans cette occasion ; et l’opinion d’Ælrède n’est d’aucune conséquence, puisqu’elle n’est fondée que sur une conjecture et un fait très-incertain. Mais l’on sait indubitablement que le Sauveur avait des personnes qui le suivaient, et qui fournissaient à ses besoins (Luc 8.3). Il avait une bourse commune, Où l’on mettait ce qui lui était offert volontairement (Jean 12.6). Enfin Jésus-Christ, avant sa prédication, avait un métier dont il travaillait avec son père saint Joseph (Marc 6.3). Les disciples aussi avaient des métiers, et ils les exerçaient même pendant leur prédication. On peut voir ce que dit saint Paul (Actes 20.34). Voyez aussi (1 Corinthiens 4.12 ; Éphésiens 4.28 ; Actes 18.2-3), etc. Voyez ci-après l’article pauvre.