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Memphis
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

En hébreu Noph ou Moph, ville très-célèbre de l’Égypte, situéé environ à quinze mille pas au-dessus de la séparation du Nil, ou du commencement du Delta. Au-dessus de Memphis, vers le midi, étaient les fameuses pyramides, dont deux passaient pour des merveilles du monde. Memphis a été pendant un long temps la demeure des anciens rois d’Égypte, jusqu’au temps des Ptolémées, qui résidèrent ordinairement à Alexandrie. Cette ville, j’entends, Memphis, est aujourd’hui entièrement détruite. Les prophètes (Isaïe 19.13 Jérémie 44.1 ;46.14-19 Osée 9.6 Ézéchiel 30.13-16) parlent souvent de Memphis. Ils prédisent les malheurs qu’elle souffrit de la part des rois de Chaldée et de Perse, et ils menacent les Israélites qui se retirent en Égypte, ou qui ont recours aux Égyptiens, de les faire périr dans, ce pays. Ézéchiel dit que le Seigneur fera périr les idoles de Memphis. C’est dans cette ville qu’on nourrissait le bœuf Apis, que le roi Cambyse fit mourir.

Les Orientaux appellent Memphis Mesr ou Misr, comme étant capitale de l’Égypte, autrement Mezer ou Mizraim. Ils la nomment aussi Monf, du nom fort approchant de l’hébreu Mof ou Noph, dont les Grecs ont formé Memphis. Les anciens rois d’Égypte prirent plaisir à l’orner. Elle subsista avec éclat jusqu’à ce que les Arabes fissent la conquête de l’Égypte sous le calife Omar, l’an 18 ou 19 de l’hégire, de Jésus-Christ… Amrou Ben-as, qui la prit, fit bâtir tout auprès une autre ville qui fut nommée Fusthat, à cause de la tente de ce général qui demeura dressée fort longtemps en ce même lieu. Les califes Fatimites, qui se rendirent maîtres de l’Égypte, en ajoutèrent encore une autre, qu’ils nommèrent Caherah, c’est-à-dire, la Victorieuse, qui nous est connue aujourd’hui sous le nom de grand-Caire.

Les sultans Mammelus de la dynastie des Circassiens, ayant fait depuis bâtir un château fort élevé et bien fortifié sur la rive orientale du Nil, firent en sorte peu à peu que la ville du Caire changeât de place, et que l’on appelle encore aujourd’hui ce qu’avaient bâti les Fatimites, le vieux Caire. Or il faut remarquer que l’ancienne Mesr, ou Memphis était située sur la rive occidentale du Nil, et que tout ce que les Arabes y ont successivement bâti est placé du côté de l’orient.

Ainsi s’est accompli à la longue, et dans la suite des siècles, ce que les prophètes avaient prédit contre Memphis (Isaïe 19.11-13). Ces sages conseillers de Pharaon lui ont donné un conseil insensé : comment dites-vous à Pharaon ? Je suis le fils des sages, le fils des anciens rois. Que ces sages vous disent à présent ce que le Seigneur a résolu sur l’Égypte. Ils sont insensés, ces sages de l’Égypte ; ils sont sans sagesse, ces princes de Memphis ; ils ont trompé l’Égypte et tout son peuple. Le Seigneur a répandu au milieu d’eux l’esprit de vertige. Ils ont fait errer l’Égypte comme un homme ivre et plein de vin ; l’Égypte sera alors dans l’incertitude de ce qu’elle aura à faire. Les grands comme les petits ; ceux qui commandent comme ceux qui obéissent, seront dans le trouble et dans la confusion. Ils s’étonneront, ils trembleront comme des femmes. En ce temps-là la terre de Juda deviendra l’effroi de l’Égypte, etc. Nous croyons que tout cela regarde le temps de la guerre de Sennachérib contre l’Égypte, et les divisions qui suivirent la mort de Séthon, roi d’Égypte. Voyez le commentaire sur le chapitre 19 d’Isaïe.

Jérémie (Jérémie 43 Jérémie 44 Jérémie 45 Jérémie 46) décrit les maux que Nabuchodonosor devait faire au même pays d’une manière encore plus claire que ce que nous venons de voir. Je vais mander Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur : il placera son trône dans la ville même de Taphnis. Il viendra et il détruira le pays d’Égypte. Il portera la mort à qui est destinée la mort, et la captivité à qui doit souffrir la captivité, et l’épée à qui doit périr par l’épée. Il mettra le feu dans les temples de l’Égypte, et emmènera captifs les dieux de l’Égypte… Il brisera les statues, ou les colonnes, les obélisques qui sont dans le temple du apparemment à Memphis. Tout ceci arriva sous le règne de Pharaon Epbrée, roi d’Égypte, que Nabuchodonosor vainquit, et qu’il mit à mort. Ô fille d’Égypte, préparez-vous à aller en captivité ; car Memphis sera réduite en un désert, elle sera abandonnée, et deviendra inhabitable.

Ézéchiel raconte encore dans un plus grand détail les maux que Nabuchodonosor fit à l’Égypte. Il dit que le Seigneur a livré ce pays à Nabuchodonosor pour le récompenser des services qu’il lut a rendus dans le siège de Tyr (Ézéchiel 29.18-19 ; 30.13-14). Il parle en particulier de la ville de Memphis. J’exterminerai les statues, et j’anéantirai les idoles de Memphis. Il n’y aura point à l’avenir de prince du pays d’Égypte, et je répandrai la terreur dans toutes les terres. No-ammon sera ravagée, et Memphis sera tous les jours dans l’angoisse.

Longtemps après, Cambyse, roi de Perse, fils de Cyrus, se rendit maître de l’Égypte, après avoir pris Peluse, qui était comme la clef de ce pays ; Psamménite, roi d’Égypte, marcha a sa rencontre avec une puissante armée. Cambyse le défit, et ceux qui purent échapper se sauvèrent dans Memphis, où Cambyse, les ayant poursuivis, envoya vers la ville, par le Nil, un vaisseau de Mitylène pour les sommer de se rendre. Mais les Égyptiens, en fureur, se jetèrent sur le héraut qu’on leur envoyait, et sur ceux du vaisseau, et les mirent tous en pièces. Cambyse s’étant en peu de temps rendu maître de la place, fit exécuter publiquement autant d’Égyptiens, et de la plus haute noblesse, qu’il y avait eu de ses gens mis à mort dans le vaisseau de Mitylène. De ce nombre fut le fils aîné du roi, Psamménite. Pour le roi, Cambyse le conserva, et lui assigna même un entretien raisonnable ; mais il n’en jouit pas longtemps. On s’aperçut qu’il voulait exciter du trouble dans le royaume, et on lui fit avaler du sang de taureau qui le fit mourir sur l’heure même.

L’Égypte demeura sous la domination des Perses jusqu’au règne d’Artaxerxès. Alors ils secouèrent le joug et choisirent Inare, prince des Libyens pour leur roi. Ils appelèrent les Athéniens à leur secours ; Charidème fut chargé de la conduite de cette entreprise ; et Artaxerxès envoya Achéménides, l’un de ses frères, à la tête d’une avinée de trois cent mille hommes contre les rebelles. Les Perses furent battus, et perdirent dans un seul combat jusqu’à cent mille hommes. Ceux qui échappèrent se sauvèrent à Memphis. Les vainqueurs les y poursuivirent, et se rendirent maîtres d’abord de deux parties de la ville ; mais les Perses s’étant fortifiés dans la troisième, appelée la muraille blanche, qui était la plus grande et la plus forte des trois, ils y soutinrent un siège de près de trois ans, jusqu’à ce qu’ils Dirent délivrés par ceux qu’on envoya à leur secours.

Alexandre le Grand ayant conquis l’Égypte sur les Perses, et ayant bâti Alexandrie, les rois d’Égypte ses successeurs ne songèrent qu’à agrandir et à embellir Alexandrie, dont ils firent la capitale d’Égypte. Memphis fut peu considérée ; et, après plusieurs révolutions, fut enfin détruite par les Arabes, ainsi que nous l’avons dit. [Voyez Babylone d’Égypte, et Égypte, la Correspond d’Orient, leur. 128, tome 5 pages 343 ; lettr 139, tome 6 pages 17, l’une et l’autre écrites par M. Michaud ; et l’ouvrage de M. Champollion-Figeac, intitulé Égypte, et faisant partie de l’Univers pittoresque publié par F. Didot].

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