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[D. Calmet écrivait Amalech, comme Simon le lexicographe et quelques autres ; mais c’était abusivement : l’Hébreu, les Septante, et la Vulgate, etc., écrivent Amalec ou Amalek]
Fils d’Eliphas et de Thamna, sa concubine, et petit-fils d’Ésaü. Il succéda à Gatham dans le gouvernement de l’Idumée (Genèse 36.12-16 ; 1 Chroniques 1.36) qui est au milieu de la tribu de Juda. Amalec fut père des Amalécites, peuple puissant qui demeura dans l’Arabie déserte, entre la mer Morte et la mer Rouge, ou entre Hévila et Sur (1 Samuel 15.7), tantôt dans un canton et tantôt dans un autre ; car on ne peut pas assigner l’endroit précis de leur demeure ; il ne paraît pas qu’ils aient eu beaucoup de villes, et peut-être n’en avaient-ils qu’une, dont il est parlé dans le premier livre de Samuel (1 Samuel 15.5). Du reste ils demeuraient dans des hameaux, dans des cavernes ou sous des tentes.
Les Israélites étaient à peine sortis de la mer Rouge que les Amalécites vinrent les attaquer dans le désert de Raphidim, et qu’ils mirent cruellement à mort ceux que la fatigue et la faiblesse avaient obligés de demeurer derrière (Exode 17.8). Dieu ordonna à Moïse de faire attaquer Amalec par Josué, et d’écrire en un livre que l’action d’inhumanité, qu’ils avaient commise, serait toujours devant ses yeux, et qu’il en tirerait une vengeance éclatante. Josué attaqua les Amalécites, et les battit, durant que Moïse monté sur la montagne, et accompagné d’Aaron et de Hur, élevait ses mains au ciel. Ceci arriva l’an du monde 2513, avant Jésus-Christ 1487, avant l’ère vulgaire 1491.
Observations (de Folard) sur la bataille de Raphidim entre Israël et les Amalécites (Exode 17). « Cette bataille est célèbre dans l’Écriture, elle fut des plus obstinées des deux côtés, et la victoire incertaine et longtemps balancée ; elle se donna près du mont Horeb, au pied d’une colline qui s’élevait au pied du mont, sur la pente de laquelle les Hébreux avaient apparemment leur camp. Je trouve l’écrivain sacré si abrégé dans la description de cette journée, qu’on me pardonnera le commentaire et les conjectures, ce qui vaut beaucoup plus que les imaginations folles et confuses qu’on trouve dans les figures des batailles de l’Écriture que nos peintres ont données, bien plutôt pour nous amuser et faire part de leurs fantaisies, que pour nous instruire de la milice des Juifs et nous en fournir quelque idée. La méthode des peuples de l’Asie, et par conséquent des Hébreux, était de combattre en phalange lorsqu’ils étaient en force égale, mais non pas unie et serrée sur tout son front comme celle des Grecs ; elle était coupée en plusieurs corps avec de très-petits intervalles entre eux, pour donner des retraites à leurs chars et à leurs troupes armées légèrement, c’est-à-dire, leurs frondeurs et leurs archers ; ils se rangeaient quelquefois par grands corps carrés à une distance raisonnable les uns des autres, lorsqu’ils ne pouvaient s’égaler au front de l’ennemi. Cette méthode de combattre par grands corps carrés était commune aux Asiatiques et aux Hébreux, qui l’avaient peut-être tirée des Égyptiens. Si on me demande des garants de cette opinion, rien de plus aisé que d’y satisfaire ; car si ce peuple n’avait rien changé dans sa façon de combattre depuis Moïse jusqu’à la bataille de Crésus contre Cyrus, comme il y a beaucoup d’apparence, on verra que quarante mille piquiers égyptiens, venus au secours du premier, formèrent quatre grands corps carrés, contre lesquels Cyrus reboucha plusieurs fois, encore capitulèrent-ils ; car il n’y en eut qu’un seul qui fut rompu. C’est Xénophon qui m’apprend cela dans sa Cyropédie, et même dans sa retraite des dix mille à la bataille de Cunaxa. Mais quand cette autorité ne serait pas recevable, l’Écriture me fournirait une infinité d’exemples, et Polybe lui-même, où je renvoie le lecteur. Ceux qui n’entendent pas le grec auront recours au commentaire sur Polybe, où ils trouveront cette manière de combattre dans la guerre d’Antiochus contre Ptolémée Philopator.
Non seulement ils combattaient par grands corps à leur infanterie, mais encore à leur cavalerie, laissant peu d’intervalle entre les escadrons et l’on verra cette manière de combattre connue chez les Hébreux ; car je ne doute nullement que Moïse n’eût imité les Égyptiens à l’égard de la guerre.
Sur cette connaissance j’ai rangé les Israélites sur plusieurs corps par tribus, avec des retraites ou divisions qui n’étaient pas peu nécessaires. Amalec fit le coup d’un capitaine sensé qui n’attend pas l’ennemi dans son pays, mais qui va au-devant pour le combattre et lui ôter l’envie d’y entrer. Le commentateur bénédictin cite Philon qui dit : « Que le roi des Amalécites, craignant que les Israélites ne fissent le ravage dans ses campagnes, à résolut de les prévenir, et que s’étant mis la tête de ses troupes, il vint pour s’opposer à leur passage, dans le dessein, s’ils voulaient lui résister, de les attaquer avec toutes ses forces. » J’aurais été fort satisfait qu’en cet endroit l’auteur sacré nous eût appris quel était le nombre et la nature des forces d’Amalec. Le livre de Judith (Judith 4.13-14) nous l’apprend en peu de mots, et nous dépeint cette armée des Amalécites comme une armée formidable, composée de beaucoup de cavalerie et d’un grand nombre de chariots, dont les soldats étaient munis de bonnes armes et pleins de confiance en leurs propres forces. Sur ce pied-là nous rangeons les Amalécites dans le même ordre que les Hébreux ; la cavalerie sur les ailes, et les chariots sur tout le front de la ligne et entre les distances des corps.
De la façon dont l’Écriture s’exprime, Moïse eut besoin de toute la vertu de sa verge miraculeuse et de ses prières les plus efficaces pour venir à bout d’un ennemi si redoutable ; si Dieu ne s’en fût pas mêlé et qu’il ne se fût point tourné du côté de son peuple, aux instantes prières de son serviteur, la bataille eût été perdue ; le nombre, la valeur et l’avantage des armes d’Amalec eussent fait pencher la balance de son côté.
La victoire que Dieu ôte et donne selon son bon plaisir, fut toute pour Israël ; elle n’eût pas manqué de s’envoler du côté des Amalécites, si Aaron et Hur, qui étaient sur la montagne loin du danger avec Moïse, n’eussent soutenu les bras et les mains étendus de ce grand législateur ; c’est un mystère que je laisse en propre aux commentateurs, car dans ces mains et ces bras étendus en croix gisait le salut ou la perte du peuple de Dieu. Ce qui lui fit gagner la bataille, qui fut telle, qu’Amalec fut entièrement défait et taillé en pièces. Cependant victoire ne fut jamais plus contestée ; elle dura toute la journée jusqu’à l’entrée de la nuit, puisque l’Écriture (Exode 17.12) dit que les mains de Moïse demeurèrent étendues jusqu’au coucher du soleil. Comme le succès de cette journée est le pur ouvrage de Dieu, il dit à Moïse : Écrivez cette action, dans un livre, afin que la postérité s’en souvienne. »
Sous les Juges nous voyons les Amalécites joints aux Madianites (Juges 6.3) et aux Moabites (Juges 3.13) pour opprimer Israël ; mais Aod délivra Israël d’Eglon et des Amalécites, et Gédéon les délivra de Madian et d’Amalec.
Plusieurs années après (An du monde 2930, Avant. Jésus-Christ 1070, Avant l’ère vulgaire 1074) le Seigneur dit à Samuel (1 Samuel 15.2-3) : Allez dire à Saül : Voici ce que dit le Seigneur des armées : J’ai rappelé en ma mémoire ce qu’a fait Amalec contre Israël, et de quelle sorte il l’attaqua dans son chemin, lorsqu’il sortait de l’Égypte. C’est pourquoi marchez contre Amalec, taillez-le en pièces, soumettez à l’anathème et dévouez à une perte entière tout ce qui est à lui. Ne lui pardonnez point, et ne désirez rien de ce qui lui appartient ; mais tuez tout depuis l’homme jusqu’à la femme ; n’épargnez pas même les enfants qui sont à la mamelle ni les bœufs, ni les ânes, ni aucun de leurs animaux de service.
Saül marcha donc contre les Amalécites, s’avança vers leur capitale, les tailla en pièces, depuis Hévila, vers l’embouchure de l’Euphrate, jusqu’à Sur, vers la mer Rouge. Il prit vif Agag, roi des Amalécites, et fit passer au fil de l’épée tout son peuple. Il épargna tout ce qu’il y avait de meilleur dans les animaux et dans les meubles, et viola ainsi l’ordre du Seigneur. Cette désobéissance de Saül fut la cause de sa réprobation et de son malheur, comme nous l’avons vu sur l’article d’Agag, et comme nous le verrons encore sur celui de Saül.
Depuis cette guerre, les Amalécites ne paraissaient presque plus dans l’histoire. Quelques années après cet événement (1051 av Jésus-Christ), une troupe d’Amalécites vint piller la ville de Sicéleg, qui appartenait à David, et où il avait ses femmes et ses biens ; mais David étant de retour d’un voyage qu’il avait fait avec le roi Achis, dans la vallée de Jezrael, les poursuivit, les atteignit, les dissipa et reprit tout le butin qu’ils avaient enlevé de Sicéleg.
Les Arabes tiennent qu’Amalec était fils de Cham et petit-fils de Noé, et qu’il fut père d’Ad et aïeul de Schedad. Ce sentiment n’est pas à rejeter. Il est mal aisé qu’Amalec, fils d’Éliphaz et petit-fils d’Ésaü, pût être père d’un peuple aussi puissant et aussi nombreux que l’étaient les Amalécites au temps de la sortie d’Égypte. Moïse, en (Genèse 14.7), raconte que du temps d’Abraham et longtemps avant la naissance d’Amalec, fils d’Éliphaz, les cinq rois ligués portèrent la guerre dans le pays d’Amalec aux environs de Cadès, et dans celui des Amorrhéens qui habitaient à Asasonthamar. [Il faut comprendre : le pays qu’occuperont les Amalécites].
Le même Moïse raconte (Nombres 24.20) que le devin Balaam ayant remarqué de loin le pays d’Amalec, dit dans son style prophétique : Amalec est le commencement, le chef, l’origine des nations, et sa fin sera exterminée. Cet éloge de chef ou de commencement des nations ne peut certainement pas convenir aux Amalécites qui étaient si modernes, puisque depuis Amalec ce n’était alors que la troisième génération qui vivait, savoir :
1re génération : Ésaü - Jacob
2e génération : Éliphaz - Lévi
3e génération : Amalec - Caath / Amram / Aaron.
Moïse ne reproche jamais aux Amalécites d’avoir attaqué les Israélites leurs frères ; circonstance aggravante qu’il n’aurait pas omise, s’ils eussent été descendants d’Ésaü et en ce sens frères des Israélites. Enfin dans l’Écriture on voit presque toujours les Amalécites joints aux chananéens et aux Philistins, et jamais aux Iduméens ; et lorsque Saül fit la guerre à Amalec et qu’il l’extermina, les Iduméens ne se donnèrent pas le moindre mouvement pour les secourir ni pour les venger. Il est donc vraisemblable que les Amalécites, dont il est si souvent parlé dans l’Écriture, étaient un peuple descendu de Chanaan et dévoué à l’anathème, de même que les autres Amorrhéens, et fort différents des descendants d’Amalec, petit-fils d’Ésaü.
Voici donc ce que les Arabes racontent d’Amalec détruit par Saül. Il fut père d’une ancienne tribu d’Arabie qui fut exterminée du temps de Saül. Elle ne contenait que des Arabes qu’ils appellent purs, et dont les restes se sont mêlés avec la postérité de Joctan et d’Adnan, et sont devenus ainsi Mosarabes, ou Mostaarabes, c’est-à-dire, Arabes mêlés avec des nations étrangères. De plus ils croient que Goliath vaincu par David était roi des Amalécites, et que les géants qui habitaient la Palestine au temps de Josué étaient de la même race ; qu’enfin une partie des Amalécites se retira dans l’Afrique au temps de Josué et s’établit sur les côtes de Barbarie, le long de la mer Méditerranée.
Le fils d’Amalec fut Ad, prince célèbre parmi les Arabes : Il commença des bâtiments superbes et une ville admirable, qui servit à sa demeure et à celle des géants de son temps. Quelques-uns le font fils d’Hus et petit-fils d’Aram, fils de Sem. Quoi qu’il en soit, les Musulmans disent qu’Ad fut père d’une tribu d’Arabes nommés Adites, lesquels furent, disent-ils, exterminés, pour n’avoir pas voulu écouter le patriarche Heber, qui leur prêchait l’unité d’un Dieu. Ad eut deux fils, savoir : Schedad et Schedid. C’est ce que disent les Arabes sur les Amalécites [Après tout ce qu’on vient de lire, l’histoire des Amalécites reste à éclaircir. Examinons ce qu’en dit la Bible. Et d’abord la Genèse (Genèse 14.5-7), nous apprend que Chodorlahomor et ses alliés, venus par le nord du pays de Chanaan, battirent les Choréens ou Horréens dans leurs montagnes de Séir, jusqu’à la vallée de Pharan qui est dans le désert. Or, le pays de Séir était au midi de Chanaan. L’historien, poursuivant son récit : Puis, dit-il, retournés sur leurs pas, ils vinrent à la fontaine de Misphat, qui est Cadès, et ravagèrent tout le pays des Amalécites, ainsi que celui du peuple Amorrhéen qui habitait Asason-Thamar ou Engaddi. Ces faits se passaient l’an 2279 avant Jésus-Christ., selon la chronologie de l’Art de vérifier les dates. Les commentateurs supposent que ces Amalécites étaient issus d’Amalec, fils d’Éliphaz et petit-fils d’Ésaü (Genèse 36.12) ; d’Amalec, dis-je, né environ 150 ans après l’invasion de Chodorlahomor, et ils interprètent le texte comme s’il portait : Tout le pays qui est maintenant celui des Amalécites. Mais cette interprétation ne me parait pas admissible ; le même chapitre fournit deux motifs de la rejeter :
1° Le premier, c’est que l’historien, partout où il mentionne le nom que portait une localité, halte, ville ou pays, quand s’accomplissait l’événement dont il parle, il y ajoute le nom qu’on lui donnait au temps où il écrivait. Ainsi, verset 2 (Genèse 14.2) : Le roi de Bala qui est (maintenant) Segor ; verset 3 : (Genèse 14.3) La vallée de Siddim (ou des Bois) qui est (maintenant) la mer salée. Les versets 7 et 17 (Genèse 14.7-17) fournissent deux autres exemples semblables. De même qu’existaient Bala et Cadès, et les vallées de Siddim et de Savé au temps de Chodorlahomor, il existait donc aussi un pays habité alors par les Amalécites.
2° Le second motif, c’est que les Amorrhéens étaient certainement alors un peuple, et puisque l’historien parle des Amalécites comme des Amorrhéens, il s’ensuit qu’ils existaient aussi comme eux. Il suit encore de son récit que le territoire occupé alors par les Amalécites était situé entre la fontaine de Misphat et le canton occupé par les Amorrhéens qui possédaient la ville d’Asason Thamar, c’est-à-dire vers le midi (Nombres 13.30) de Chanaan, suivant le rapport que firent à Moïse, alors dans le désert de Pharan, les espions qu’il avait envoyés explorer la terre promise. Voilà donc les Amalécites habitant le même territoire à près de sept siècles d’intervalle.
Entre ces deux époques, dans une circonstance voisine de la dernière, il est parlé des Amalécites. Les Hébreux sortirent d’Égypte l’an 1645 avant Jésus-Christ. 646 ans après l’invasion de Chodorlahomor ; comme ils étaient à Raphidim, leur onzième station, ou plutôt comme ils allaient y arriver, fatigués de la marche qu’ils avaient faite (Deutéronome 25.18), les Amalécites vinrent (Exode 17.8) et les attaquèrent par les derrières (Deutéronome 25.18). Alors les Amalécites habitaient vers la mer Rouge. Pendant que les Israélites étaient à Raphidim, Moïse reçut la visite de Jéthro, son beau-père, appelé le Cinéen (Juges 1.16), parce qu’il appartenait à la peuplade des Cinéens. D’où il suit que les Cinéens et les Amalécites étaient voisins. Ce dernier fait va être confirmé.
Plus tard, Moïse envoya douze espions pour explorer le pays de Chanaan ; ils revinrent lorsque les Hébreux étaient campés à Cadès, que plusieurs confondent à tort avec Cadès-Barné, et qui était plus près que cette dernière du pays de Chanaan. Or, les explorateurs, faisant leur rapport, dirent (Nombres 13.29-30) : Les habitants de ce pays sont puissants,… et les Amalécites habitent vers le midi. Ces mêmes émissaires, à l’exception de Caleb et de Josué, exagérèrent les dangers qu’il pouvait y avoir, humainement parlant, à tenter la conquête de la terre promise. Le plus grand nombre des Israélites, pris de peur, se révoltent : Etablissons-nous un chef, se disent-ils, et retournons en Égypte. Dieu, pour les punir, décrète qu’ils mourront tous dans le désert, excepté Caleb et Josué, et il dit (Nombres 14.25) : Les Amalécites et les chananéens, dont vous avez si peur, habitent dans les vallées ; décampez demain et retournez dans le désert par le chemin de la mer Rouge. L’arrêt qui les condamnait à mourir en fait passer un grand nombre à un autre excès : ils veulent aller combattre ces ennemis qui sont de l’autre côté de la montagne ; ils y vont malgré les représentations de Moïse, qui leur déclare que Dieu n’est pas avec eux, et (Nombres 14.45) les Amalécites et les chananéens les battent et les poursuivent jusqu’à Horma. Voilà donc les Amalécites joints aux chananéens et habitant la même localité que celle où ils furent attaqués autrefois par Chodorlahomor.
Nous allons les retrouver où ils étaient lorsqu’ils attaquèrent les Israélites à Raphidim. Balaam, dans l’année 1606 avant Jésus-Christ, 39 ans (?) après la sortie d’Égypte se rendant aux prières de Balac, roi de Moab, vint le trouver, et fut par lui conduit sur la montagne de Phogor (Nombres 23.28), d’où l’on voyait tout le peuple d’Israël (Nombres 24.2-5), qui était alors dans les plaines de Moab (Nombres 22.1). Et prophétisant les grandeurs de ce peuple, il dit, entre autres choses merveilleuses : Son roi sera plus élevé qu’Agag (Nombres 24.7), c’est-à-dire que le roi des Amalécites, qui l’avaient attaqué lorsqu’il sortait de la maison de servitude, lui, qui n’a plus maintenant que quelques pas à faire pour être dans la terre de la liberté. Une étoile sortira de Jacob, un rejeton s’élèvera d’Israël, il frappera les chefs de Moab… ; il possédera l’Idumée, héritage de Séir… Le dominateur sortira de Jacob (Nombres 24.17-19). Balaam promenait sa vue du camp d’Israël aux plaines de l’Idumée ; il la porte plus loin ; il voit les montagnes des Amalécites : Amalec, dit-il, est le premier des peuples, par sa position et sa puissance ; n’habite-t-il pas sur les bords de la mer Rouge et n’a-t-i I pas fait la guerre à Israël, qui venait de la traverser miraculeusement ? Amalec, à la fin périra entièrement. Et voyant les montagnes des Cinéens, peuplade voisine des Amalécites : Ta demeure est forte, dit Balaam (Nombres 24.21) ton nid est placé sur la pierre, mais, etc.
Plus de cent ans après le passage du Jourdain, c’est-à-dire, l’an 1514 avant Jésus-Christ, les Amalécites paraissent dans le voisinage des Moabites ; alliés à Eglon, roi de Moab, auquel étaient aussi alliés les Ammonites, ils l’aident à mettre les Israélites sous son joug (Juges 3.13-14).
Plus d’un siècle et demi s’écoule, et les Amalécites sont nommés dans le passage que voici : Après que les Israélites avaient semé, les Madianites, les Amalécites et les outres peuples de l’Orient venaient sur leurs terres et y campaient ; ils ravageaient les produits de la terre jusque vers Gaza (située sur la Méditerranée), et ne laissaient point de subsistance en Israël (Juges 6.3-4). On pourrait croire, à la rigueur, que les Amalécites envahissaient le pays d’Israël par le midi, tandis que les Madianites et les autres s’y introduisaient par l’Orient ; mais je vais rappeler un texte qui ne le permet pas, et va expliquer ce que le précédent a d’obscur. Le brigandage de ces peuplades dura sept ans consécutifs ; elles allaient le recommencer pour la huitième fois, quand Dieu eut pitié de son peuple, toujours infidèle dans la prospérité et toujours recourant à lui dans l’infortune. L’an 1349 avant Jésus-Christ, les Madianites, les Amalécites et les Orientaux se joignirent ensemble, dit l’historien sacré (Juges 6.33) ; puis ayant passé le Jourdain, ils allèrent établir leur camp dans la vallée de Jezrael, située dans la tribu d’Issachar. La réunion de ces peuplades était plus nécessaire au commencement de leurs invasions que dans la suite. Il semblerait que les Amalécites, à cette époque, demeuraient à l’orient, dans le voisinage des Madianites ; mais il est plus vraisemblable que chaque année ils partaient des bords de la mer Rouge, venaient se réunir aux Madianites et aux Orientaux, et rentraient dans leur pays après avoir traversé du nord au midi la terre d’Israël. On comprend alors comment ces peuplades, ainsi réunies, fortes (Nombres 7.12), par conséquent, ravageaient tout le pays d’Israël depuis le Jourdain jusqu’à la Philistie et à la Méditerranée. Gédéon délivra sa pairie de tous ces brigands, l’an 1349, et il n’est plus question des Amalécites avant la fin du règne de Saül.
Les Amalécites étaient un peuple puissant et redoutable, plusieurs textes de l’Écriture en témoignent (Nombres 24.7-20). Saül fit la guerre aux ennemis d’alentour : Moabites, Ammonites, Iduméens, Syriens, Philistins, tous lui avaient abandonné les champs de la victoire. Restaient, à ce qu’il paraît, les Amalécites. Saül assembla son armée et les battit (1 Samuel 14.48). Israël alors fut délivré, ajoute l’historien, de ceux qui le pillaient. Cela se passa l’an 1053 avant Jésus-Christ, 296 ans après la victoire de Gédéon dans la vallée de Jezrael. L’historien sacré ne dit pas dans quel endroit eut lieu le combat de Saül contre les Amalécites ; mais il semble, par la suite du récit, que ce fut ailleurs que sur les bords de la mer Rouge.
Cette victoire de Saül n’était que le prélude d’une victoire plus grande. Samuel vient trouver ce monarque : Voici, lui dit-il (1 Samuel 15.2), ce qu’ordonne le Seigneur des armées : Je me souviens de ce qu’Amalec fit à Israël… dans le chemin, lorsqu’il montait de l’Égypte ; maintenant donc, va, et frappe Amalec, etc. Saül, l’an 1052 avant Jésus-Christ, assemble à Télaïm ou Télem une armée de deux cent dix mille hommes ; marche jusqu’à la ville d’Amalec et met des embuscades dans la vallée. Il dit aux Cinéens : Retirez-vous, séparez-vous des Amalécites, de peur que je ne vous enveloppe avec eux ; car vous avez usé de bonté envers tous les Israélites, lorsqu’ils montaient de l’Égypte. Les Cinéens se retirèrent donc du milieu des Amalécites. Et Saül battit Amalec depuis Hévila jusqu’à Sur, qui est vis-à-vis de l’Égypte. Samuel, dans ce passage, nous montre les Amalécites occupant le même territoire que celui où ils étaient cinq cent quatre-vingt-treize ans auparavant, lorsqu’ils attaquèrent les Israélites à Raphidim. De Télaïm, Saül s’avance jusqu’à la ville d’Amalec, c’est-à-dire jusqu’au lieu alors habité par le roi des Amalécites. Il ne s’agit pas d’une ville forte, devant laquelle Saül mit le siège, mais seulement, peut-être, de l’endroit où leur roi, nommé Agag, avait dressé ses tentes (Voyez Amalec, ville), et situé près de la vallée dans laquelle il suffit à Saül de mettre des embuscades. Hévila, où il paraît que se donna la bataille, n’était peut-être aussi qu’un lieu, comme Sur n’était qu’un désert. D. Calmet croit que par cet Hévila, il faut entendre je ne sais quoi situé vers l’embouchure de l’Euphrate ; mais, comment comprendre que Saül, après avoir assemblé son armée à Télaïm, non loin de l’ancienne Gérare, et l’avoir conduite jusqu’à la ville d’Amalec, dans le voisinage des Cinéens, ait été chercher les Amalécites sur l’Euphrate ?
Dans cette guerre de Saül, tout Amalécite pris fut passé par les armes, à l’exception du roi Agag, qui fut emmené prisonnier en Israël et ne devait pas être épargné. Onze ans après, David persécuté par Saül et à qui le roi de, Geth avait donné Sicéleg, allait avec ses gens faire des excursions contre les Gessurites, les Gersites et les Amalécites, peuplades qui, depuis un temps immémorial, dit le texte (1 Samuel 18.8), habitaient le pays jusque vers Sur et l’Égypte. L’année suivante, c’est-à-dire l’an mil quarante, pendant que David était à la guerre d’un autre côté avec le roi de Geth, les Amalécites viennent piller et brûler Sicéleg ; ils font dans cette irruption un grand butin sur les Philistins et sur la tribu de Juda. David arrive, traverse le torrent de Besor, situé au midi de la Philistie et de la tribu de Siméon, et rejoint les Amalécites, qu’il taille en pièces pendant vingt-quatre heures. Tous furent tués, à l’exception de quatre cents jeunes hommes qui montèrent sur des chameaux et s’enfuirent (1 Samuel 30.1-9, 17). L’histoire ne parle plus des Amalécites, et ainsi fut accomplie, par Saül et par David, la prophétie prononcée contre eux plusieurs siècles auparavant.
Pour conclure, L’existence des Amalécites est constatée au temps de Chodorlahomor. Ce peuple, le plus nomade de ceux qui environnaient le pays de Chanaan, passait l’hiver dans un territoire près de la mer Rouge, et dont les limites sont difficiles à fixer ; mis en mouvement par le printemps, il s’étendait à l’est et montait vers le nord ; sous les Juges, durant les sept années qui ont précédé l’affaire de Jezrael et après, mais longtemps après (1 Samuel 19.47-48), il se réunit aux Madianites et aux peuples de l’Orient pour aller s’emparer des récoltes d’Israël ; chargés de butin recueilli depuis le nord jusqu’au midi, les Amalécites traversaient le torrent de Besor et arrivaient bientôt dans leur territoire.
Mais dans tout cela il n’est pas parlé des Amalécites sortis d’Amalec, fils d’Éliphaz. L’Écriture ne dit pas que cet Amalec ait fondé le peuple Amalécite dont il vient d’être question ; et loin d’autoriser la supposition que ce peuple est issu du fils d’Éliphaz, elle déclare qu’il existait longtemps avant que fût né ce personnage. D’ailleurs, il est certain que le territoire des Amalécites était sur les bords de la mer Rouge ; nous venons de le prouver. Et, en second lieu, il est certain que les descendants d’Éliphaz, sans en excepter ceux d’Amalech son dernier fils nommé, ont tous habité l’Idumée, l’ancien pays de Séir, auquel Ésaü, père d’Éliphaz, donna son nom. Voyez Éliphaz].
Ville capitale des Amalécites, disent Adrichomius, Simon, Calmet, Barbié du Bocage et tous ceux qui en parlent. Adrichomius la place dans le désert de Pharan, plusieurs l’y laissent, d’autres la mettent ailleurs, ici, là, où ils peuvent. Elle était peu éloignée sans doute de la frontière des Israélites, dit Barbié du Bocage, qui ne pouvait s’exprimer plus vaguement et qui, dans un autre article, dit que le peuple des Amalécites était établi dans l’Arabie-Pétrée, vers l’Égypte, au sud des terres d’Israël et sur la côte. Pour moi, je nie l’existence d’Amalec, ville capitale des Amalécites. Il est vrai que l’Écriture (1 Samuel 15.5) donne à Amalec le titre de ville, et même, par induction, de ville capitale, en supposant que le roi Agag y faisait sa résidence et que ce fut la raison pour laquelle Saül y conduisit son armée qu’il avait rassemblée à Télaïm, sans s’arrêter à une autre localité quelconque. Mais rapportons le texte : Saül vint jusqu’à la ville d’Amalec et mit des embuscades dans la vallée. L’art d’assièger les villes était bien connu du peuple Israélite ; il l’avait pratiqué assez souvent depuis qu’il était peuple. Cependant Saül ne mit pas le siège devant Amalec ; pourquoi ? c’est qu’Amalec n’était pas une ville. Mais si ce n’était qu’un lieu, pourquoi est-il appelé ville ? c’est qu’en ce lieu étaient assemblés les Amalécites en grand nombre, comme dans une ville, et que, située sur une colline, où leur roi avait fait dresser ses tentes, il était environné de rochers où ils avaient des habitations. Saül se présenta et, en attendant le jour de la bataille, il mit des embuscades dans la vallée située au pied de la colline (Voyez mon addition à l’article précédent). Amalec, comme localité habitée, n’est nommée qu’une fois, et on ne connaît aucune ville proprement dite, qui appartînt aux Amalécites.
Montagne dans le pays d’Éphraïm, sur laquelle était située la ville de Pharaton, où Abdon, fils d’Hillel, juge d’Israël, fut enterré (Juges 12.15), en l’an du monde 2848, avant Jésus-Christ 1152, avant l’ère vulgaire 1156. (Il est fait allusion à cette montagne d’Amalec dans le cantique de Debbora (Juges 5.14 ; 4.5). Voyez l’Hébreu et les Septante.