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Les Massorèthes crurent rendre un service essentiel à letir nation et à la religion en comptant jusqu’aux lettres des livres sacrés. Ils trouvèrent, par exemple, dans le livre de la Genèse douze grandes sections, ou Paraschoth ; quarante-trois Sedarim, ou ordres ; quinze cent trente-quatre versets et soixante-dix-huit mille cent lettres. Ils distinguèrent le degré de certitude qu’ils donnaient à leurs corrections parces trois mots : Keri, lisez ; Cetib, écrivez ; Sbhir, conjecture. Quand dans le texte il y a une leçon manifestement vicieuse ou corrompue, ils lui en substituent une autre : voilà le Chetib. Si le mot est du nombre de ceux qu’on ne prononce pas par respect, par exemple, Jéhovah, ils en emploient un autre qu’il est permis de prononcer, comme Elohim ou Adonai ; tout de même, si c’est un terme hontepx ou obscur, qu’on ne prononce pas par modestie ; ils en mettent un autre qu’on prononce en sa place : voilà le Keri, lisez. Enfin si la leçon qu’ils trouvent dans le texte est douteuse, ils marquent Sbhir ou conjecture.
Autrefois toutes ces remarques critiques se mettaient à la fin des Bibles ; aujourd’hui, pour la facilité des lecteurs, on les met en marge ou au bas des pages, et on rejette à la fin ce qui n’y peut entrer. On a prétendu que l’invention des points-voyelles était aussi ancienne que Moïse, ou tout au moins qu’Esdras. Il s’est même trouvé des gens assez entêtés pour dire que l’original de la Bible réformée par Esdras se voyait encore aujourd’hui à Boulogne, dans le couvent des dominicains ; et les protestants, dans la crainte que les catholiques ne tirassent avantage de cette correction des Massorèthes en faveur des traditions dont ils font un principe de leur créance, ont cru qu’il était de leur intérêt de soutenir l’antiquité des points-voyelles, s’éloignant même en cela du senti. : ment de Calvin et de Luther, leurs principaux réformateurs. Mais nous avons tâché de montrer la nouveauté des points-voyelles ci-devant, sous l’article Massore ; et nous réfuterons ceux qui en soutiennent l’antiquité dans l’article points-voyelles.