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Marches
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Marches et campements des Israélites dans le désert (Nombres 10).

Quand Moïse nous raconte les marches et les différents campements des Israélites dans les déserts, il ne faut pas s’imaginer que ce fut toujours dans des lieux arides, sans eau, sans pâturages, sans arbres, sans culture, et enfin des lieux inhabités et absolument déserts. Il est vrai qu’ils en trouvèrent de tels, où ils furent quelquefois contraints de s’arrêter, mais Dieu, pour les contenir dans la soumission et le devoir, y fit éclater sa puissance infinie par les miracles qu’il fit en leur faveur. Au reste, il paraît que Moïse campa toujours ou presque toujours dans des lieux habités, qui n’étaient pas éloignés des villes et des villages, et dont le territoire, étant cultivé, pouvait fournir de quoi subsister. Je fais remarquer ceci, afin qu’on ne s’imagine pas (en prenant ce mot de Désert à la lettre) que ce peuple innombrable marchât toujours dans ces sortes de lieux, et qu’il ne fût nourri que par un miracle perpétuel, comme de la manne, et ensuite des cailles qui coûtèrent beaucoup à ceux qui s’ennuyèrent de manger toujours la même chose. Combien d’autres prodiges ne fallut-il pas pour fournir à une si grande multitude tout ce qui est nécessaire pour son entretien, pour celui des équipages et des autres choses dont une armée ne saurait se passer sans périr ? Moïse ne nous en dit rien. Mais quand je vois ce peuple sortir presque nu et sans armes de l’Égypte, et après le passage de la mer Rouge e manquer de rien dans le désert, j’ai lieu d’en être surpris s’ils ont vécu de pillage, il faut donc qu’ils aient traversé des pays capables de fournir abondamment les choses nécessaires pour l’entretien et la nourriture d’un peuple aussi nombreux ; mais ce qui me surprend, davantage, c’est que Moïse ait pu discipliner ce peuple de telle sorte qu’il en forma d’excellents soldats, et les fit marcher, camper et combattre avec un tel art, que je ne vois rien de plus admirable.

Les zélés de l’antiquité, je parle ici de ceux qui n’admirent que les Grecs et les Romains dans l’art de la guerre, s’imaginent qu’on ne peut aller plus loin qu’eux dans la discipline militaire : je les croirais assez, s’ils entendent par ce mot de discipline tout ce qui a rapport à l’art d’instruire et de former de bons soldats ; mais de croire qu’ils soient les premiers qui aient marché, campé et combattu avec un plus grand ordre et plus de méthode, ce serait se tromper grossièrement ; cependant la plupart des savants, pour ne pas dire tous, nous assurent qu’excepté les Grecs et les Romains, tous les autres peuples étaient sans discipline, sans science et fort ignorants dans l’art de la guerre.

Nous n’avons point de livres plus anciens que ceux de Moïse, cela ne prouve pourtant pas qu’à l’égard des mouvements, des campements des armées, de l’art de les ranger, et de les faire combattre, les Hébreux soient les premiers auteurs et les inventeurs d’une science si sublime et si profonde que celle de la guerre. Je suis très-persuadé qu’il n’en faut pas chercher l’origine dans Moïse ; il est à présumer qu’il l’avait apprise et vu pratiquer chez les Égyptiens, je n’en doute nullement, quoi qu’en dise M. Basnage. Pour peu qu’on fasse attention, dit-il, à la loi de Moïse, et que sans préjugé on considère ce qu’elle contient, on ne saurait disconvenir que la politique et l’art de gouverner ne tiennent leur origine de cette loi divine. Bien plus, continue-t-il, je crois que l’art militaire vient à-peu-près de la mdme source. Il serait aisé de le faire voir si le temps me le permettait, etc. Avec tout le respect que je dois à un si savant homme, on me permettra de dire qu’il serait fort embarrassé, s’il vivait, de nous prouver ce qu’il a osé avancer ici. L’Écriture en fait-elle mention ? Ne sait-on pas que l’Égypte était un grand royaume, où la politique et l’art de gouverner et de policer un peuple pour y entretenir l’ordre, et l’assurer contre les entreprises de ses voisins, n’était pas ignoré de ceux qui le gouvernaient ? L’Écriture (Exode 14.6-9) ne dit-elle pas formellement que Pharaon marcha contre les Israélites à la tête d’une puissante armée, composée d’infanterie, de cavalerie et d’un grand nombre de chariots de guerre : cet appareil nous fait assez connaître qu’il ne faut nullement chercher l’origine de cet art dans ce grand législateur, qu’il était fort bien connu des Égyptiens, et qu’il ne faut pas même chercher l’invention des chariots de guerre chez eux, puisque l’Écriture en parle comme d’une chose qui n’était pas nouvelle ; de plus, Moïse n’a-t-il pas trouvé en son chemin des ennemis qui se sont opposés à son passage, et qui l’ont même attaqué avec tout l’ordre et la méthode pratiqués en ces temps-là ; et même en plusieurs occasions ne s’est-il pas trouvé dans de tels embarras, qu’il a fallu des miracles pour empêcher la déroute et même la ruine totale de son armée ?

Ce grand législateur est fort succinct dans la description de ses marches, il ne s’est point assujetti à les marquer toutes, encore moins ses campements, sinon ceux qui ont produit quelques événements remarquables : à dire vrai, il n’eût jamais fini son histoire, s’il se fût assujetti à marquer tout, puisqu’il a mis trente-neuf ans à faire un assez court voyage par les latfinis tournoiements et les détours qu’il a pris, qui ont beaucoup allongé ses marches et multiplié ses campements, et par le long séjour qu’il a fait dans certains camps où il a quelquefois passé des années entières, sans compter les obstacles qu’il a rencontrés dans son chemin, qui nè servirent pas peu à aguerrir son peuple, et le mirent en état, en faisant des conquêtes, de fournir à la guerre par la guerre même ; de s’établir dans la terre promise et de se l’assurer avec beaucoup de peines et de travaux, du moins à celui qui lui succéda ; car ce favori du Seigneur ne vit que de loin cette terre si désirée, c’était à Josué que la conquête en était réservée : il était grand capitaine, prudent et courageux, c’est pourquoi Dieu le choisit pour successeur de Moïse. Cela doit apprendre aux princes ou à ceux qui sont chargés du gouvernement des peuples, que la force, la puissance et le bonheur d’un État consistent dans le choix des sujets habiles et courageux que l’on met à la tête des affaires sait politiques, soit militaires.

On voit partout dans l’Écriture, et cela est trop remarquable pour n’y pas faire attention, que Dieu a toujours choisi des hommes de grand courage et de grande vertu, pour humilier l’orgueil des princes que les trop grandes prospérités ont précipités dans les desseins les plus injustes et dans les plus grands crimes, ou pour châtier les vices de leurs peuples, ou enfin pour élever les uns sur les ruines des autres. Moïse n’avait pas été choisi de Dieu pour la conquête de la terre promise et pour la punition des crimes de ses habitants ; il l’avait uniquement destiné pour être le conducteur de son peuple et le distributeur de ses lois, sans lui accorder les qualités nécessaires à un grand capitaine, comme on en peut juger par sa conduite ; car ce n’était pas le dessein de Dieu d’en faire un homme de sang, il voulait le recevoir dans son sein avec des mains pures et sans tache.

Mais revenons à présent à notre sujet. Les anciens avaient tellement pour maxime de ne rapporter que le gros et la substance des choses, qu’ils ne nous fournissent guère de lumières dans bien des pratiques et des usages qu’il nous importerait fort de savoir. Pas un seul ne nous a donné un détail un peu circonstancié des marches et des campements des armées, où nous puissions connaître leur ordre et leur méthode. Les modernes sont-ils exempts de ce défaut ? Il ne faut donc pas s’étonner si les auteurs sacrés ont négligé ces sortes de choses : j’entrevois bien cependant en différents endroits de l’Écriture l’ordre des marches des Hébreux et leur discipline dans leurs divers campements et décampements ; ils usaient de trompettes dont les différents sons auxquels ils étaient accoutumés leur marquaient le temps de se préparer, de plier bagage, de se rendre chacun à son drapeau et de marcher ; s’ils usaient de cette méthode pour les décampements, ils s’en servaient aussi pour les différentes évolutions militaires, pour le combat et pour la retraite. Voyez le chapitre 4 des Nombres, on y voit comme on pliait le tabernacle et en quel ordre marchaient les lévites qui le portaient, etc.

Il ne faut nullement douter que les Hébreux ne marchassent avec beaucoup d’ordre : ils avaient à leur tête la colonne de nuée ; elle leur était de plusieurs usages ; car outre qu’elle était un signe tout à fait sensible de la présence du Seigneur, elle était claire et lumineuse pendant la nuit, pour les éclairer dans les ténèbres, et pendant le jour elle était sombre et épaisse, pour les garantir des chaleurs excessives des déserts d’Arabie où ils marchaient ; elle servait aussi à les avertir par ses mouvements de camper ou de décamper (Nombres 9.15-17 ; 10.34-35 Exode 40.34-35) ; car lorsqu’elle s’arrêtait, on campait, on tendait le tabernacle ; lorsqu’elle s’éloignait, on le détendait, on le pliait, on le chargeait sur les chariots et on marchait en ordre : leurs marches ne différaient presque en rien des nôtres, et cela ne pouvait être autrement. Le sentiment des rabbins est qu’ils marchaient dans le même ordre qu’ils campaient : c’est peut-être le seul sentiment où ils me paraissent raisonnables ; ils marchaient sur plusieurs colonnes selon la nature des lieux, ils ouvraient des routes à travers les campagnes pour marcher sur un plus grand nombre de colonnes, chaque tribu au poste qui lui était destiné, de sorte que l’armée arrivait au camp sans nulle confusion.

Les gros et les menus bagages marchaient séparément pour ne pas embarrasser ni retarder la marche ; les tribus de Dan, d’Aser et de Nephtali faisaient l’arrière-garde et couvraient la marche d’une partie du peuple, c’est-à-dire, des traîneurs, des malades, des impotents, des vieillards, des femmes et des enfants c’était là leur poste, à cause de la marche lente qu’une arrière-garde est obligée de faire, plus ou moins, selon le chemin que l’on a à faire, et selon le nombre de colonnes sur lesquelles une armée est obligée de marcher.

M. Basnage prétend que cette grande armée ne faisait guère plus d’une lieue de chemin en un jour et demi ; il se fonde sur ce que l’Écriture (Nombres 11.3-4) dit que les Israélites partis de Sinaï, vinrent en trois jours à Kiberothaba, c’est-à-dire, aux Sépulcres de concupiscence, où il n’y a pas plus de deux lieues de l’un à l’autre : ce savant homme me permettra de répondre que cela ne prouve pas que cette armée marcha toujours si lentement qu’il le dit ; peut-être qu’elle se trouva engagée dans un défilé de montanes où l’on ne pouvait marcher qu’à la file ; car, dans un pays ouvert, une armée de six cent mille hommes peut faire trois et quatre lieues en un jour, et même beaucoup davantage.

L’ordre et la marche que le même auteur nous donne est très-propre à nous persuader qu’une armée de six cent mille hommes pouvait facilement faire quatre lieues en un jour. À dirç vrai, je crois le dessein un peu imaginaire ; car l’Écriture ne dit pas que cette armée marchait sur plusieurs corps de front, par lignes redoublées, avec des intervalles entre ces corps et ceux qui suivaient vis-à-vis les intervalles de ceux qui les précédaient. Ils marchaient en colonnes, ce qu’on peut vraisemblablement avancer, et dans les plaines même les plus rases ils marchaient toujours par colonnes en fort grand nombre, à moins qu’on n’allât à l’ennemi ; et lorsqu’on sentait que l’on en était proche, on marchait en bataille rangée quand le terrain le permettait : telle fut la marche de Cyrus contre Croesus dans la plaine de Tymbraïa.

À l’égard des marches dans les pays de montagnes, ils ouvraient différentes routes sur les hauteurs et dans les vallées gui versaient dans d’autres vallées et dans les plaines ; ils en usaient de même dans les pays couverts, marchant toujours dans un grand ordre et avec toutes les précautions imaginables.

Je ne vois rien de plus admirable que leur méthode dans les campements et dans la forme de leur camp ; j’y remarque un art merveilleux. Il y a apparence, à l’égard des campements, que les Grecs les ont imités, et les Romains les Grecs ; mais les camps des Romains étaient encore plus semblables à ceux des Juifs ; car je n’y remarque aucune différence : les uns et les autres fortifiaient leurs camps d’un retranchement, d’un Fossé et d’une palissade. Voyez Tribus.

Les commentateurs ont été singulièrement embarrassés, lorsqu’il s’est agi pour chacun d’eux d’expliquer les marches et les stations des Israélites, depuis leur départ du pays de Gessen jusqu’à leur entrée dans la terre de Chanaan. Ce serait une tâche assez difficile que celle d’examiner en quoi ils s’accordent et en quoi ils diffèrent dans les systèmes qu’ils ont inventés ; on aurait plus tôt fait d’en inventer de nouveaux, et c’est, sans doute, ce que l’on continuerait de faire si M. Léon de Laborde n’eût été sur les lieux, suivi pas à pas le peuple de Dieu, et livré au public le résultat de ses recherches, de ses observations et de ses études.

Trois livres de Moïse parlent des marches et campements des Israélites, l’Exode, les Nombres et le Deutéronome. M. de Laborde en a établi la concordance, sur ce sujet, dans un tableau synoptique qui se trouve dans son Commentaire géographique sur l’Exode et les Nombres, pages 113-116 ; in-folio, Paris 184.1. Nous allons reproduire ce tableau, pour lequel l’auteur a cru devoir se servir du latin, mais nous ne voyons pas d’inconvénient à en donner une traduction.

L’Exode contient une partie du récit des faits arrivés pendant le voyage, mais tous les lieux de station n’y sont pas nommés ; les Nombres offrent une autre partie du récit des faits, et au chapitre 33 un journal où tous les lieux sont notés ; le Deutéronome ne présente, par occasion, que des réminiscences. La réunion de tout cela forme un ensemble bien complet.

Ce tableau est accompagné d’une carte du voyage, c’est-à-dire, des marches et des campements qui y sont bien marqués. C’est, sur ce sujet, la seule carte qui nous ait satisfait. On y lit, sous le titre d’Observations générales, les lignes suivantes :

L’itinéraire des Israélites n’offre d’incertitude qu’entre Rethma et Cadès ; toutes les autres stations se retrouvent sans difficulté, et la route que le peuple de Dieu a suivie est d’une exactitude géographique dont on ne s’est étonné que parce qu’on a l’habitude de comparer le récit de la Bible aux renseignements fournis par les traditions humaines, et qu’on n’a pas toujours eu présent à l’esprit qu’il n’était réservé qu’à ce livre, seul entre tous, de ne pouvoir manquer d’exactitude.

L’incertitude qui existe, pour nous, dans la position des stations entre celle de Rethma (qui est la quinzième) et celle de Cadès [qui est la trente-troisième] provient d’une erreur. Quelques mots suffiront pour en détruire la cause. Moïse envoie de Rethma des espions examiner la terre promise, et il va attendre leur retour à Cadès. Pendant les quarante jours que ces envoyés mettent à parcourir le pays jusqu’à Emath (aujourd’hui Hamah sur les bords de l’Oronte), un peuple nomade suivi de ses troupeaux nepouvait rester stationnaire ; et dans un désert aride, desséché par les ardeurs de l’été, il devait épuiser rapidement les faibles ressources du sol. Dix-huit campements ne sont donc pas trop pour quarante jours. Tous les commentateurs de la Bible ont cherché dans ces dix-huit stations ou plutôt dans ces dix-huit campements d’attente l’indication des lieux où les Israélites séjournèrent pendant les trente-huit ans qui leur furent imposés pour parfaire les quarante années de leur séjour dans le désert. C’est une grave erreur qui a produit les itinéraires les plus invraisemblables. Moïse nous dit bien que les Israélites restèrent quarante ans dans le désert, mais il garde un silence complet sur les événements qui se passèrent pendant ces longues années d’épreuves, sur les lieux que les Hébreux visitèrent, sur la marche qu’ils suivirent, et la liste des stations ne peut suppléer à ce silence.

C’est à propos du chapitre 33 des Nombres que M. de Laborde présente son tableau. « Ce chapitre, dit-il, est le véritable journal du voyage, le document authentique des stations, la pièce la plus importante pour étudier et déterminer topographiquement la marche des Israélites. C’était la conclusion naturelle et logique du récit, le résumé de l’itinéraire, dégagé du détail des événements et de la promulgation des lois qui accompagnent l’Exode, le Lévitique et les Nombres. Trois chapitres seulement suivent celui-ci : ce sont des instructions pour l’entrée dans la terre promise ; elles se rangent après le journal du voyage accompli. »

Cette liste des stations présente quelques différences avec le récit de l’Exode et des Nombres, ainsi qu’avec les réminiscences du Deutéronome. J’ai eu soin d’en indiquer les raisons aux différents versets que j’ai fait suivre d’un commentaire.

Ici j’exposerai, dans un tableau synoptique, l’itinéraire du voyage,

1° Selon l’Exode ;

2° Selon le récit des Nombres ;

3° Selon le journal du voyage (Nombres 33) ;

4° Selon les réminiscences du Deutéronome.

On verra que la concordance la plus parfaite existe dans ces différents récits d’un même voyage.

Nous allons maintenant puiser dans le Commentaire de M. de Laborde quelques notions sur les campements.

I. Soccoth, Socoth ou Soucoth, premier campement des Israélites quittant le pays des Pharaons (Exode 12.37 ; Nombres 33.35). C’était le lieu du rendez-vous général ; ils s’y réunirent de divers points du royaume qui avaient été indiqués pour rendez-vous particuliers.

« Tous, au premier ordre du Seigneur qui leur avait été transmis par Moïse, durent se préparer au départ et, à l’explosion de chaque nouvelle plaie, s’attendre à se mettre en route. Quel qu’ait été leur nombre, ils ne pouvaient subsister dans un même lieu avec leurs troupeaux ; ils durent donc s’assembler sur plusieurs points, aux extrémités du pays, et là attendre, comme le font aujourd’hui les pèlerins qui se réunissent au Birkelel-Hadgi et campent plusieurs jours jusqu’à ce qu’ils reçoivent le signal du départ. Il est dit, il est vrai, dans le texte que le peuple de Dieu partit de Ramessès ; mais on sait que le nom de Ramessès désignait la capitale (c’est ici le cas), comme c’est l’habitude dans les anciennes dénominations. » Page 67, col. 2, et 68, col. 1. Il Faut observer aussi que le pays de Ramessès est le même que le pays de Gessen ou Goshen, aujourd’hui El-Charkiéh, au nord d’Héliopolis, aujourd’hui Maiériéh.

De ces divers points de réunion, les Israélites se rendirent donc à Soucoth. Or « Soucoal signifie des tentes et ne désigne qu’un campement. Nous en avons la preuve par analogie dans la Genèse. Lorsque Jacob quitte Laban et se dirige vers les montagnes de Galaad, il arrive à un lieu où il n’y avait pas d’habitations ; il y bâtit une cabane (comme les Bédouins font encore sur la lisière des terres cultivées), et y dressa ses tentes (Genèse 33.17). Il est donc bien évident que ce n’était pas le nom du lieu, mais le nom qu’on lui donna après y avoir dressé ses tentes et parce qu’il signifie tentes. Il en est de même ici ; seulement dans le premier cas le nom s’est conservé, parce que, la contrée étant habitable, il s’éleva dans ce même lieu une ville qui fut plusieurs fois citée (Josué 13.27 ; Psaumes 60.8 ; 107.8), tandis que dans ce désert les pas des Égyptiens suffirent pour effacer les traces des Israélites. »

II. Étham, deuxième campement (Exode 23.20 ; Nombres 33.6). Voyez Étham, addition.

III. Près ou vis-à-vis de Phinahiroth devant Magdalum ou Migdol et vis-à-vis de Beelsephon, troisième campement (Exode 14.2 Nombres 14.7)

IV. Le bord de la mer rouge (Exode 14.1-9, 21 ; Nombres 14.8). Voyez mer rouge.

V. Mara, cinquième campement (Exode 15.22-23 ; Nombres 14.8). Le texte dit que les Israélites ayant passé la mer Rouge, Moïse les fit partir ; qu’ils entrèrent dans le désert de Sur ou d’Etham, y marchèrent trois jours, et campèrent à Mara. M. de Laborde a indiqué sur sa carte la voie suivie par les Israélites et deux endroits où ils se reposèrent, mais dont ne parle pas Moïse. Il dit ensuite ce qu’est Mara, et en fixe la position. Voyez Mara, addition.

VI. Élim, sixième campement (Exode 14.27 ; Nombres 14.9). M. de Laborde ayant cherché cette station dans Ouadi-Garandel ou à Tor, où la plaçaient communément les voyageurs et les commentateurs, et n’ayant pu l’y reconnaître, il a dirigé ses recherches sur un autre point. Il a trouvé « dans le haut de Ouadi-Ossaita, » un lieu « près d’une source assez bonne et de palmiers nombreux. » C’est dans ce lieu qu’il reeonnaît, Elim. Il dit ses raisons, et réfute l’opinion commune qui place ailleurs cette station, et les ohjections qu’on pourrait lui faire. Voyez son ouvrage, pages 85, col. 1 et suivants, et pages 89, col. 1.

VII. Près de la mer rouge, septième campement (Exode 16.1 ; Nombres 16.10). Les Israélites partirent d’Elim, disent ces deux textes, et vinrent dresser leurs lentes près de la mer Rouge, dit seulement le journal du voyage. « Jusqu’à Elim ou Ouadi-Ossaita, dit M. de Laborde, les Israélites ont suivi la seule routé qui s’offrait à eux ; à partir de cette station ils devaient choisir entre deux routes, celle d’en haut et celle d’en bas. La première passe par une plaine (El-Debbe) et d’assez larges vallées (Ouadi-Nasseb, Barak et Cheick) : Elle n’a que deux passages difficiles, escarpés et étroits. L’une traverse une vallée pénible (Ouadi-Taibé) et suit un rivage qui n’est praticable qu’à la marée basse ; mais elle conduit au Sinaï par les vallées les plus fertiles et les plus larges de la presqu’île (Ouadi-Feyran, Ouadi-Cheick). Elle n’a qu’un défilé (Nakb-Badera).Moïse n’avait donc point à hésiter, il conduit les Israélites par Ouadi Taibé et les arrête au bord de la mer, où ils campent dans une vaste plaine qui offre dans cette saison une verdure assez abondante. » Page 89, col. 1.

VIII. Sin, huitième campement (Exode 16.1 Nombres 16.11. Le désert de Sin « s’étend entre Elim et le Sinaï. » C’est dans ce désert où les Israélites, ayant quitté leur station d’auprès de la mer, vinrent dresser leurs tentes.

IX. Daphca, neuvième campement (Nombres 16.12). Voyez Daphca.

X. Alus, dixième campement (Nombres 16.13). Voyez Daphca.

XI. Raphidim, onzième campement (Exode 17.1 ; Nombres 16.14). Voyez Raphidim

XII. Sinaï, douzième campement (Exode 19.2 ; Nombres 16.15). Voyez Sinaï.

XIII. Kiberoth-Taava ou Sépulcres de concupiscence, treizième campement (Nombres 10.12, 33 ; 11.34 ; 33.16). Voyez Kiberoth.

XIV. Haseroth quatorzième campement (Nombres 11.34 ; 22.16 ; 33.17). Voyez Haseroth.

XV. Rethma, dans le désert de Pharan, quinzième campement (Nombres 23.1 ; 33.17). Voyez Rethma. C’est de cette station que Mese envoya les douze espions examiner le pays de Chanaan, et c’est à Cadès qu’ils lui rapportèrent le résultat de leur mission.

XVI. Remmon-Pharez, seizième campement (Nombres 33.19). De cette station, y comprise, à celle de Cadès, non comprise, il y en a dix-sept. Cependant les espions ne mirent que 40 jours à explorer le pays de Chanaan et à venir rendre compte de leurs observations à Moïse, alors à Cadès. Il suit de là que les Israélites passèrent fort peu de temps dans chacun de ces dix-sept campements. M. de Laborde, va nous expliquer comment cela se fait.

« Les espions, dit-il, sont partis de Rethma dans le désert de Pharan,… affreux désert, selon la Bible. Les descriptions des voyageurs et notre propre expérience confirment cette expression. Il est, donc naturel que les Israélites n’attendent pas dans le même lieu, avec leurs nombreux troupeaux, tout le temps qui est nécessaire aux envoyés peur accomplir leur mission, c’est-à-dire près de deux mois. Ils changent de campement, comme les Arabes le font de nos jours, aussitôt que la verdure manque, et moins une partie du désert est fournie de pâturages, plus les changements de campement sont fréquents ; ce n’est plus pour ainsi dire qu’un voyage où la distance parcourue chaque jour fournit sa prairie clair-semée pour la pâture des troupeaux. » (Page 12 1. col. 2).

Comprises dans ce sens, qui me semble le plus juste, puisque seul il donne une solution facile et naturelle, les dix-sept stations se plaçent sans difficultés ; elles laissent au voyage son itinéraire, à la topographie du pays et à la marche de toute peuplade vers un but déterminé.

Les commentateurs, depuis les premiers et les plus anciens jusqu’aux derniers et aux plus récents, dont les travaux viennent de paraître ont été induits en erreur par ces dix-sept stations, qu’ils ont voulu forcément introduire dans le voyage, ou qu’ils ont rejetées comme autant d’interpolations, ou bien enfin qu’ils ont voulu considérer comme les lieux de halte des trente-huit ans de séjour dans le désert, sur lesquels la Bible ne donne aucun éclaircissement.

Ces systèmes ne soutiennent pas la discussion. Placées entre le mont Sinaï et Ca-dès, espace qui ne comporte pas plus de onze journées selon l’affirmation bien positive du Deutéronome (Deutéronome 1.1), ces dix-sept stations, réunies aux trois que nous venons d’examiner, en forment vingt ; il y a donc neuf stations ou quatre-vingt-dix lieues, dont on ne sait que faire, et qui ont fermé sur les cartes des zigzags et des contours, les moins en rapport avec l’état du pays et la situation particulière du peuple hébreu.

L’un des derniers commentateurs, M. Raumer, a adopté, dans l’intention la plus louable de çoncilier les difficultés, une hypothèse bien faite pour les augmenter, ainsi que le prouvent et son texte explicatif et surtout l’itinéraire tracé sur sa carte, qui promène les Israélites, on ignore sous quel prétexte, trois fois dans toute la longueur de Ouadi Arab. Cette hypothèse consiste à considérer Moseroth (Nombres 33.30) comme le lieu où mourut Aaron, et comme étant le même nom au pluriel que Mosera, près du mont Hor (Nombres 33.30) [il y a erreur dans cette indication ; il faut peut-être (Deutéronome 10.61). Je discuterai plus loin ce système.

Quelques pieux commentateurs, avides de détails, que n’offre pas le texte de la Bible, pour expliquer la marche des Hébreux pendant les trente-huit années de séjour dans le désert, ont supposé que ces dix-sept stations pouvaient coïncider avec leurs changements de demeures pendant cette longue série d’années. Goethe et tous les rationalistes ont trouvé plus commode d’accuser d’interpolation le texte qui s’en est le plus miraculeusement préservé ; ils ont supposé que ces dix-sept stations n’avaient été irrégulièrement intercalées dans le texte que pour rendre vraisemblable la fable des quarante années, de séjour dans le désert. Ces deux opinions, dont l’une est au moins respectable dans son intention, manquent de solidité. Le Deutéronome dit positivement que les trente-huit, années s’écoulèrent depuis Cadès jusqu’à l’entrée dans la terre promise (Deutéronome 2.14), et il était plus exact ou plus précis de dire depuis Cadès jusqu’au mont Hor, puisqu’on arrive à cette station, qui suit immédiatement l’autre, le 1° du 5° mois de la quarantième année (Nombres 33.31). Or les dix-sept stations dont il est ici question précèdent celle de Cades, et si elles avaient été introduites, interpolées par fraude, on les aurait, mieux placées. Si Moïse avait cru utile de nous retracer les événements du séjour des Hébreux dans le désert pendant ces trente-huit années, nous trouverions, dans les Nombres ou le Deutéronome, de ces détails précis, de ces peintures naïves, qui remplissent la Genèse et l’Exode ; mais cette suite d’années est passée sous silence, et les dix-sept stations de la nomenclature des Nombres ne sauraient, par la place qu’elles occupent, ainsi que par la brièveté de leur rédaction, servir à combler une si importante lacune. Page 122, col. 1.

XVII. Lebna, dix-septième campement (Nombres 33.20). M. de Laborde fait ici une observation qui s’applique à chacun des campements suivants, jusqu’à Cadès. « Il y a bien peu d’espoir, dit-il (pages 122, col. 1), de retrouver ces lieux, et bien peu de fond à établir sur quelque analogie de consonnance avec les noms de lieux modernes ; d’ailleurs ces stations d’attente perdent tout leur intérêt dès qu’elles ne se rattachent plus d’une manière directe à l’itinéraire du voyage. » En conséquence M. de Laborde ne s’arrête pas à fixer leur position. Nous passerons aussi, à plus forte raison, sur Ressa, Ceelatha, le Mont Sepher, Arada, Maceloth, Thahath, Thare.

XXV. Methca, vingt-cinquième campement (Nombres 33.28). Dans son commentaire sur ce verset, dom Calmet se demande si Methca ne serait pas Moca, ville de l’Arabie Pétrée, connue par une médaille d’Antonin le Pieux. » Sur quoi M. de Laborde (pages 122, col. 1) fait l’observation suivante que nous aurions trop souvent l’occasion de répéter : « C’est ainsi qu’on entendait alors le commentaire géographique, et qu’on se conteur tait d’une douteuse ressemblance entre deux noms pour bâtir une hypothèse. » Nous verrons ci-après au mot Methca que dom Calmet a bâti une autre hypothèse.

XXVI. Hesmona, vingt-sixième campement (Nombres 33.29).

XXXVII. Moseroth, vingt-septième campement (Nombres 33.30). Voyez Moseroth. Nous passons avec M. de Laborde sur Béné-Jaacan, Gadgad, Jetebattia, Hébrona.

XXXII. Esiongaber, trente-deuxième campement (Nombres 33.35). Voyez Esiongaber.

XXXIII. Cadés, trente-troisième campement (Nombres 23.26-27 ; 20.1 ; 33.36 ; Deutéronome 1.19-25, 46). Les commentateurs et les géographes m’ont paru avoir créé des systèmes si différents et si pleins de difficultés à l’occasion de Cadès, et avoir environné cette localité de tant de ténèbres, que, quand j’ai eu à m’en occuper, je n’ai jamais pu y voir un peu clair ; aussi, n’approuvant pas l’article que dom Calmet avait consacré à Cadès, et devant me faire une opinion sur un sujet rendu si difficile, ai-je laissé de côté les commentateurs et les géographes, et me suis-je borné à réunir les textes où se trouve le nom de Cadès, à les examiner, à les conférer, en un mot, à les étudier selon mon habitude. C’est ainsi, par exemple, que je crois avoir débrouillé l’histoire des Amalécites, et expliqué le 36e chapitre de la Genèse. Voyez Amalec et Éliphaz. Je trouvai donc, par ce moyen, qu’il n’y avait, au midi du pays de Chanaan, qu’une seule localité nommée Cadès, et je pus en fixer la position. Voyez Cadès. Je suis heureux aujourd’hui de voir ces résultats confirmés par M. de Laborde. Écoutons ce savant.

« Cadès est-il dit dans le Deutéronome, 1.2, est à onze journées du mont Horeb. Ceci doit s’entendre d’une distance générale : il y a en effet 70 à 75 lieues, et en admettant les difficultés des chemins et la marche lente des Israélites, en faisant attention surtout au tracé de ces 11 journées sur une route qui passe par Eziongaber et Ouadi-Araba, le long de la montagne de Seir, on peut compter 11 journées de près de 8 heures chacune. Quelques commentateurs ont admis que ce Cadès ne pouvait être le même que celui des Nombres, ou les Israélites n’arrivent qu’après 21 stations. M. Raumer a commis cette faute, et, de ce moment, il n’a pu sortir des difficultés qu’il s’était créées ; il a marqué ces 21 stations sur une ligne droite qui s’avance directement sur la terre sainte, et elles l’ont conduit à l’extrémité méridionale de la mer Morte, où il a placé Cadès. D’autres ont cru que dans les 11 journées indiquées dans le Deutéronome comme distance générale, on devait retrouver, en tirant une ligne par Cadès, tout l’espace qui sépare le mont Horeb des plaines de Moab, où Moïse écrivait ses souvenirs : cette explication n’est pas admissible.

Cadès est donc à 11 journées du mont Horeb ; il est dans le désert de Pharan, ou sur sa limite (Nombres 13.1), puisque Cadorlahomor, en revenant du désert de Pharan, s’arrête à Cadès (Genèse 14.7). Il est aussi dans le désert de Sin ou sur sa limite (Nombres 33.36 Deutéronome 32.51), c’est-à-dire entre les deux déserts, prenant le nom de l’un ou de l’autre selon que les voyageurs venaient d’un cité ou d’un autre, selon qu’ils accordaient plus d’importance au premier qu’au second. Le désert de Pharan est au sud, puisqu’on le traverse en venant du Sinaï à Cadès (Nombres 13.1) ; le désert de Sin s’étend au nord, puisque les espions, en montant du côté du midi vers Hébron, considèrent le pays depuis le désert de Sin (Nombres 13.22).

En outre, Cadès était situé à la frontière d’Édom, ainsi que Moïse le fait dire au roi par ses envoyés (Nombres 20.16) : « Voilà l’extrême limite » qui arrive dans la ville de Cadès, qui est sur vos extrêmes limites, » près de la ville dé Pétra, si l’on veut associer le rapport d’Eusèbe à l’autorité de la Bible, car il dit qu’on montrait de son tetnps, à Cadès, dans les environs de Pétra, le tombeau de Marie (qui fut enterrée à Cadès). Il faut aussi chercher Cadès plus au nord que le mont Hor, puisque c’est en descendant par Ouadi Araba que les Israélites s’arrêtent devant cette montagne, où mourut Aaron, plus au sud cependant et plus près d’Eziongaber, puisqu’ils s’y rendirent en une journée (Nombres 33.35). Mais il y a peut-être une distinction à établir entre Cadès et Cadès-Barné : l’un est la source, le lieu de halte, la ville, comme l’appelle Moïse (Nombres 20.16) ; l’autre la vallée, l’emplacement des pâturages, le lieu des longs séjours et la limite dans les descriptions du pays. D’après mes calculs, l’un serait placé dans Ouadi Dierafi, l’autre occuperait toute la longue Ouadi-Araba, depuis la mer Rouge jusqu’à la mer Morte, et répondrait au verset de Josué, quand il est dit qu’après s’être emparé d’Esdud et d’Hebron, il soumit tout le pays depuis Cadès-Barne jusqu’à Gaza (Josué 10.41).

La position que j’ai donnée à Cadès dans Ouadi-Djerafi me paraît répondre à toutes les exigences, bien que quelques-unes semblent entre elles contradictoires. Ainsi, j’ai placé ce lieu sur la frontière de l’Idumée, qui était ftinnée à l’ouest par Ouadi-Araba, et il se trouve sur la frontière du désert de Sin ou de la Syrie, qui en effet, à cette latitude, se sépare du désert de Pharan, aujourd’hui de Tyh ou de l’Arabie Pétréè, d’une manière aussi précise du moins que peut l’être une limite dans les sables. Le désert de Pharan, qui avoisinait le désert de Sin, était au sud, celui-ci au nord, mais il est dit : « Depuis le » désert de Sin jusqu’à E dom (Nombres 34.3). » Cette position sur la limite des deux déserts, devait étre sous la latitude de Pétra : c’est ainsi que se présente à nous Ouadi-Djerafi.

La Syrie s’étendait jusqu’à cette latitude. À une époque où le désert avait moins empiété sur les terrains fertiles, où la culture et les populations formaient comme un barrage contre les sables, la limite du pays de Chaman (Nombres 21.1-34.4, Isaïe 47.19), et de la Judée devait atteindre également cette position et offrir de gras pâturages, car nous y trouvons une ville de Gerare et des champs qu’Abraharn préféra pendant quelque temps à ceux de la Syrie. Ce séjour d’Abraham à Gerare entre Cadès et Sur nous servira à mieux établir la position méridionale que nous avons donnée à Cadès ; le Chaldéen, au lieu de Codés et Sur, place le séjour d’Abraham entre Rekem et Agara (Gerare) ; le Syriaque, entre Recem et Gedar (Gerare) ; l’Arabe, entre Racun et Algiesar, c’est-à-dire entre Pétra, aujourd’hui Ouadi Mousa, position connue, et un Gerare indéterminé, mais qui, de toute manière, est à l’ouest ou au sud-ouest de Pétra, ce qui place Cadès plus au sud que cette ville. Différentes expressions’du texte peignent le site de Cadès comme escarpé, entouré de montagnes, description à laquelle répond convenablement la vallée de Djerafi, qui est resserrée entre des rochers escarpés.

Cadés était à une journée d’Eziongaber, et quoique à une distance à-peu-près égale du mont for, il fallait cependant, pour descendre par Ouadi-Araba, le chemin de la mer Rouge, passer devant le mont for. Ouadi-Djerdfi va du sud au nord ; comme toutes les vallées qui écoulent leurs eaux dans Ouadi-Araba, à partir du versant qui a sa pente vers la mer Morte ; les Israélites faisaient donc un détour obligé pour descendre vers la mer, et passaient forcémentdevant le mont Hor, et, Aaron étant mort, ils durent s’en rapprocher pour édifier son tombeau sur ce point élevé qui dominait toute la contrée.

Cette vallée est en même temps la seule position qui convienne à la description du combat que les Israélites livrent aux Amorrhéens, et dans lequel ils succombent. « Et voilà que, se levant de grand matin, ils montèrent sur le sommet de la montagne, et dirent : Nous sommes prêts à monter au lieu dont le Seigneur a parlé, car nous avons péché. Et Moïse leur dit : Pourquoi transgressez-vous le commandement du Seigneur ? Cela ne vous sera point favorable. Ne montez point, car le Seigneur n’est pas avec vous ; de peur que vous ne succombiez en la présence de vos ennemis.

Les Amalécites et les chananéens sont devant vous, et vous tomberez sous leur glaive, parce que vous n’avez pas voulu obéir au Seigneur, et le Seigneuree sera point avec vous. Mais eux, frappés d’aveuglement, montèrent sur le sommet de la montagne. L’arche d’alliance du Seigneur ni Moïse ne sortirent point du camp.

Les Amalécites et les chananéens qui habitaient la montagne descendirent, et, les frappant et les tuant, ils les poursuivirent jusque dans Horma (Nombres 14.40).

Le Deutéronome, dans ses réminiscences, présente le même tableau.

Voilà donc les Hébreux qui se croient obligés de monter sur la hauteur et d’en chasser leurs ennemis. Des commentateurs ont cru qu’il s’agissait d’une montagne, d’un pic isolé ; mais, de quelque manière qu’on décrive, dessine ou construise une montagne, on n’expliquera jamais comment, pour pénétrer dans un pays, il est nécessaire de s’emparer d’une montagne ; comment, sur cette montagne, trois peuplades différentes peuvent être en armes et attendre un combat. Si, au contraire, on place les israélites au fond d’une vallée, on comprendra sans peine la nécessité où ils se trouvent, pour attaquer leurs ennemis, de monter et par conséquent de lutter avec désavantage. Le plateau élevé qui s’étend entre la mer, l’Egypse, les montagnes de l’Arabie Pétrée et celles de la Syrie, était habité par les Amalécites au sud, les Amorrhéens du côté de la mer, et les chananéens à l’extrémité méridionale de la Syrie. Ce plateau déversait ses eaux dans des vallées qui se sont creusé un lit profond en coulant vers Ouadi-Araba, du sud-ouest au nord-est ; c’est dans l’une de ces vallées qu’une source (peut-être même la vallée entière) portait le nom de Cadesch c’est de ce campement encaissé que les Hébreux s’élancent contre leurs ennemis, qui les attendent sur les hauteurs.

On a placé Cadès, sur les cartes, dans différentes positions. Je discuterai quatre opinions qui ont été appuyées d’arguments dignes d’une réfutation.

1° Au sud de la mer Morte, près de son rivage ;

2° Dans Ouadi-Araba, entre le mont Hor et l’Accabah ;

3° À l’embouchure de Ouadi-Garandel ;

4° Vers le 30° 5’ de latitude, et le 32° 30’ de longitude, dans la plaine et au milieu des sables.

1. M. Raumer a établi cette position en savant et en géographe ; son ami, M. Schubert, a précisé le lieu en voyageur ; c’est donc une opinion qui mérite l’attention ; mais les raisons de l’un et de l’autre de ces hommes consciencieux sont établies sur une erreur.

En plaçant Cadès comme ils l’on fait, l’un dans le lit de Ouadi-Araba, à deux lieues au sud de la mer Morte sur la rive gauche du torrent Zared (Ouadi-El-Ahsa), l’autre plus à l’ouest, ils se trouvent en contradiction avec les distances, aussi bien qu’avec les faits ; quant aux distances, sans les citer toutes, nous rappellerons seulement les onze journées jusqu’au mont Horeb, et la seule station d’Eziongaber à Cadès, qui serait de 36 lieues. Quant aux faits, pourquoi demander aux Édomites la permission de passer à travers leurs possessions, quand ce sont les Moabites qu’on a sur son chemin, ou Sehon, ce roi des Amorrhéens, qu’on bat plus tard avec tant de facilité ?

2. Le géographe Berghaus, qui par sa carte de Syrie a pris rang parmi les plus habiles critiques dans la géographie comparée, admet que le Cadès de l’Écriture occupe toute la Ouadi-Araba de nos jours. Ce résultat de ses réflexions n’est pas satisfaisant, car il n’aide en rien le lecteur de la Bible, qui recherche les traces de l’itinéraire des Israélites.

3. Burkhard a suivi Ouadi-Gharandel, et, comme un voyageur qui a plus vite fait de s’impressionner que de réfléchir, il a conclu que c’était Cadès. J’ai reposé quelques heures dans cette vallée, près de la fontaine, à l’ombre de ses palmiers doums ; mais je n’ai pas trouvé que cette position, près de laquelle les Israélites passent plus tard, pût convenir au Cadès où ils séjournèrent si longtemps. Si les Hébreux étaient dans Ouadi-Gharandel, ils n’avaient, que faire de demander au roi d’Édom l’autorisation de passer à travers son pays, car ils étaient sur la frontière ; ils n’avaient aucune raison de remonter vers le mont, Hor ; Cadès ne se trouvait alors ni à l’extrémité de Pharan, ni à l’extrémité de Sin, etc.

4. Chercher Cadès dans la plaine, ce n’est point une manière d’expliquer l’attaque contre les Amorrhéens ; c’est d’ailleurs s’attacher à une opinion qui ne s’appuie sur aucun tracé topographique précis, c’est adopter aveuglément un nom placé au compas sur une feuille de papier ou jeté sur une carte. Aussi Reichard, dans sa carte de la Palestine (publiée en 1818), s’est fait un système qui lui est propre. Édom, ou l’Idumée, se trouve transportée entre la mer Méditerranée et la mer Morte, au sud d’Hébron ; Cadès-Barnéa est à quelques lieues à l’est de Gaza, ainsi que le mont Hor, Salmona, Phunon : c’est tout un système géographique nouveau, mais sans consistance.

» La difficulté apparente qui a engagé plusieurs commentateurs et à leur suite quelques géographes à adopter deux Cadès ou deux passages à Cadès, c’est le miracle de la source que Moïse fait jaillir du rocher. On a l’habitude de dire : Il y a un Cadès où les Hébreux restèrent longtemps sans se plaindre du manque d’eau, puis tin Cadès où il n’y a pas d’eau, et c’est alors que le peuple murmure et que Moïse fait un miracle : donc il y a deux Cadès. C’est une erreur ; car, de même qu’il y a une saison où l’eau est abondante dans le désert, et une autre où elle tarit dans les trois quarts des sources qui en fournissent aux mois de décembre, janvier, février, mars, avril, mai et même juin ; de même aussi il y eut à Cadès de l’eau de la source naturelle qui, de tout temps, existait dans cet endroit, puisque dans la Genèse elle porte le nom de Masphat (Genèse 14.7), mais qui tarit vers cette époque de l’année qui succède aux grandes chaleurs de juillet et d’août, et qui précède les pluies de décembre et janvier.

Remarquons bien que le peuple ne se plaint pas de ne pas trouver d’eau ; ses murmures ne participent en rien de l’étonnement ou de l’inattendu. Le texte est simple et clair (Nombres 20.2) : « L’eau vient à manquer pour un si grand nombre d’hommes et de troupeaux ; » Moïse en fait sortir d’un rocher et répète à Cadès le miracle du mont Horeb, lors de la station de Raphidim (Nombres 20.11).

À la suite des expéditions de nos croisés, on se préoccupait moins d’antiquités que dans l’institut d’Égypte, mais beaucoup plus des souvenirs bibliques : lorsque Baudoin, en 1101, pénétra dans Ouadi-blousa ousa (Vallis Moysi), on crut voir dans l’admirable source qui traverse ses ruines l’eau que Moïse fit sortir du rocher à Cadès. C’était plutôt une pieuse illusion qu’une observation exacte.

Cadès me semble, dans toute l’émigration des Israélites, former avec le Sinaï les deux points importants, ceux qui se fixèrent davantage dans leurs souvenirs, tant par le long séjour qu’ils y firent que par les miracles qui s’y manifestèrent, les séditions et les murmures qui y éclatèrent. Codés avà it, plus que le Sinai, des droits à l’attention des Israélites, car ce lieu se rattache à l’histoire de leurs pères et à leurs traditions ; ils ne pouvaient ignorer que Hagar erra dans ce désert entre Cadès et Bared (Genèse 16.44), et qu’Abraham poussa ses troupeaux entre Cadès et Sur (Genèse 20.1).

Comme position géographique, le Sinaï et Cadès sont aussi les deux seules localités qui permettent à une grande multitude de séjourner, et à de nombreux troupeaux de trouver les pâturages qui leur sont nécessaires ; le Sinaï, dans les vallées voisines, Codés dans la longue Ouadi-Araba, qui forme encore aujourd’hui un caractère tout particulier de la configuration du pays.

De même que les Israélites séjournèrent près d’une année au Sinai, de même aussi ils purent, avec l’assistante de la manne, subsister un long temps, 40 ans peut-être si l’on veut regarder ce chiffre comme précis, à Cadès et dans Ouadi-Araba. Il faut bien considérer que la première année révolue, rien ne les empêchait, dans leur état nomade, de séjourner indéfiniment dans la même localité qui, douze mois durant, leur avait fourni le nécessaire. La vie nomade se compose d’habitudes périodiques qui suivent le cours des saisons, et qui, comme elles, se renouvellent chaque année d’une façon aussi invariable.

Il est dit positivement (Deutéronome 2.14) quoi depuis Ca-dès jusqu’au torrent de Zared, il se passa 38 années ; comme le voyage une fois entrepris n’indique aucune halte, et qu’au contraire la nature des précautions que les Hébreux doivent prendre pour diminuer les inquiétudes des peuples près desquels ils passent implique une marche hâtive, on est donc obligé de reporter à Cadès le séjour de 38 années ; d’ailleurs nous trouvons une autre indication plus précise encore. Arrivés au mont Hor en venant de Cadès, Aaron meurt, et il est dit : « Il y mourut la 40e année de la sortie des fils d’Israël de l’Égypte, le 5e mois, le 1er jour du mois (Nombres 33.38). » C’est donc entre Cadès et le mont Hor que s’écoulèrent ces 38 années, ou plutôt, c’est à Cadès même ut dans la grande va ;lée Arabe, qui les sépare, et qui de Cadès prenait le nom de Caelès-Barnea. Cette date, qui coïncide avec la précédente, est d’autant plus ceitainè, cette indication d’autant plus positive, qu’elle se armee dans le journal du voyage, où la nomenclature n’est interrompue que pour insérer les faits les plus importants où les plus nécessaires à l’explication du voyage.

La position de Cadès une fois fixée, je ne m’appesantirai que sur un point important, là durée du séjour des Israélites dans le désert. C’est à Cadès que l’Éternel, irrité contre les enfants d’Israël, jure qu’ils ne verront pas la terre sainte, et qu’ils erreront en pasteurs pendant quarante ans dans le désert. Ni le récit des Nombres., ni les souvenirs du Deutéronome, ni la liste des stations, ne fournissent la moindre indication sur les 38 années. Ce seul passage : « Vous séjournerez à Cadès Borné un long espace de temps (Nombres 33.38), » exprime cette période de temps et rend compte de ce long séjour dans le désert. Un tel silence a donné lieu à divers commentaires, aux opinions les plus bizarres, aux suppositions les plus déraisonnables.

Le plus grand nombre des commentateurs, en adoptant deux Cadès, l’un dans le désert de Pharan (selon le chapitre 10 des Nombres), l’autre dans le désert de Sin (selon le Deutéronome), ont trouvé moyen d’appliquer les 17 stations du chapitre 33 des Nombres, dont il n’est pas fait mention dans le récit, aux 38 ans de séjour dans le désert. De là sur leurs cartes les plus singuliers itinéraires. Ce système est entièrement contraire à ce même récit, qui place la malédiction du Seigneur et le long séjour dans le désert après l’arrivée à Cadès. Or nous avons prouvé qu’il n’y avait qu’un Cadès. »

XXXIV. Le mont Hor, trente-quatrième campement (Nombres 20.25 ; 33.37-38). Il y a dans le texte latin :Castranietati sunt in monte Hor, que l’on traduit par : Ils campèrent sur la montagne de Hor ; il faut entendre près de la montagne. Voyez Hor.

XXXV. Salmona, trente-cinquième campement (Nombres 21.4 ; 33.41 ; Deutéronome 2.1-3). Voyez Salmona.

XXXVI. Phunon trente-sixième campement (Nombres 21.6 ; 33.42). Voyez Phunon.

XXXVII. Oboth, trente-septième campement (Nombres 21.10 ; 33.43. En quittant Phunon, les Israélites avaient à choisir ou la route qui les conduirait dans la direction que prit plus tard la route romaine ; ou celle qui, à droite, lui est parallèle à une distance de deux ou trois lieues, mais qui leur ferait faire un détour et les exposerait à de nouveaux dangers. Ils prirent donc la première, et arrivèrent à Oboth, que M. de Laborde place dans les décombres de Butaiéh. « Butaiéh, à la vérité, est un site sans importance, mais qui a en sa faveur sa position sur la limite immédiate des possessions édomites, et qu’on peut atteindre sans traverser la plaine sablonneuse du désert, qui aurait excité les murmures des Israélites. » Page 134.

XXXVIII. JIE-Abarim, trente-huitième campement (Nombres 21.11-33.44). Partis d’Oboth, les Israélites vinrent, dit le texte, à Jié-Abarim. Sur quoi M. de Laborde s’exprime en ces termes : Igim, sur la montagne Abarim et sur les limites des Moabites. Je crois qu’il faut chercher cette station à l’est des montagnes, d’où découlent les ravins de Ouadi-Ghoeier, près du château ruiné d’Ancika. L’interprétation du nom, monceaux, monticules isolés d’Abarim, conviendrait même à la localité qui présente des monticules accumulés et l’apparence de cratères. C’est encore aujourd’hui la frontière des Gébalènes… » Page 134, col. 1.

Après cette station, nous devons intercaler celle du passage du Zared, qui n’était peut-être qu’une halte, et qui n’a point été considérée comme station. On en trouve l’indication dans le récit des Nombres (Nombres 21.12 Deutéronome 2.13). Ce torrent ne peut être que El-Asha, le plus méridional de ceux qui se précipitent dans la mer Morte, par conséquent le premier ravin important que les Israélites rencontrent en venant du sud. » Page 134, col. 2.

XXXIX. Dibongad, trente-neuvième campement (Nombres 21.13 ; 33.45). Voyez Dibongad.

XL. Helmon de Blathaïm, quarantième campement (Nombres 21.19, 33.46).« J’ai placé cette station, dit M. de Laborde,. entre Dibongad et Abarim. Le pays offre tant de ressources par sa fertilité qu’on est embarrassé pour le choix des lieux favorables au campement des Hébreux… » Page 135, col. 1.

XLI. Abarim, quarante et unième campement (Nombres 21.19-20 ; 33.47) ; Ce dernier verset porte : Ils vinrent vers les montagnes d’Abarim devant Nébo. Voyez au mot Abarim, comment s’explique, d’après M. de Laborde, dans un passage que j’ai emprunté de lui, a la position, ou plutôt la justa-position de ces montagnes et de ces noms. »

XLII. Près du Jourdain, quarante-deuxième campement (Nombres 33.48-49) : Partis des monts Aharim, ils passèrent dans les plaines de Moab, près du Jourdain, vis-à-vis de Jéricho ; ils y campèrent, depuis Beth Simoth jusqu’à Abel-Satim, dans les plaines de Moab. C’est la plaine du Jourdain au sud-est de Jéricho. » Page 135, col. 2]

Marche de l’armée d’Israël autour de Jéricho.

Observations sur le renversement des murs de Jéricho, après la septième marche des Israélites autour de cette ville. Josué 6.

La prise et la destruction de Jéricho ne fut pas une conquête dont Josué ait pu se féliciter et se faire gloire. Un général qui ferait cent conquêtes de cette sorte ne passerait pas sans doute pour un grand capitaine ; et s’il n’avait fait que cela, l’on pourrait dire hardiment qu’il n’a triomphé que de six promenades, et qu’à la septième, Dieu, par un effet de sa toute-puissance, voulut donner à ce général et à tout son peuple le spectacle miraculeux d’une ville dont les murs redoutables sont renversés par une main invisible, à la vue d’une armée qui n’environne ses murailles que pour être spectatrice d’une si grande merveille pour y entrer ensuite de toutes parts, en exterminer les habitants et reduire en cendres cette ville anathème.

On ne doit point douter que l’armée d’Israël, conduite par un capitaine si expéri menté, ne marchât autour de Jéricho dans un très-grand ordre, sur deux ou trois colonnes environnantes et circulaires avec quelques espaces entre elles., à cause du grand nombre des troupes, et sans doute hors de la portée des traits des ennemis. Josué suivait, accompagné des anciens ; ensuite venait l’arche portée, par les lévites et précédée des prêtres, qui sonnaient des sept trompettes. L’arche était gardée par les lévites, qui l’entouraient en armes ; le reste du peuple suivait à la queue et fermait la marche.

Masius soutient que dans cette marche l’armée était rangée dans le même ordre qu’elle marchait dans le désert, et avec tout l’appareil du tabernacle. Je veux croire qu’elle marcha dans le même ordre qu’elle gardait dans le désert ; mais de dire que ce fut avec le tabernacle et tous ses ustensiles, c’est ce que l’Écriture ne dit pas et ce qui n’est pas même vraisemblable, puisque l’armée, chaque jour après la marche, retournait dans le camp, où il restait sans doute quelque détachement pour garder le tabernacle, etc.

Le commandement que Josué fit à tout le peuple de ne jeter aucun cri et d’observer un grand silence pendant les six premiers jours, n’est pas une chose difficile à expliquer ; cependant je m’étonne que les commentateurs aient passé par-dessus et ne l’aient pas cru digne de remarque, il me semble qu’il en valait la peine. En voici la raison, et Josué ne l’ignorait pas : c’est que le peuple s’accoutumant aux cris à forer de tourner, la plus grande partie eût été moins attentive a tourner les yeux du côté de la ville, au bruit subit des cris, pour voir la chute surprenante et miraculeuse de ses murailles. Josué savait bien que le septième jour déciderait du sort de cette ville ; mais il ne paraît pas que le peuple en fût informé. Je conjecture de là que le cri que les Israélites avaient ordre de faire (après un silence de six jours, lorsque les trompettes sonneraient d’un son plus long et plus coupé) ne leur était ordonné que pour les obliger dans ce moment à tourner la tête vers cette malheureuse ville.

L’Écriture ne nous apprend pas quels furent les crimes qui attirèrent à ses habitants un châtiment si terrible ; mais il fallait qu’ils fussent montés à leur comble, puisqu’elle dit (Josué 6.17) : Que cette ville et tout ce qui s’y trouvera soit dévoué comme un anathème au Seigneur. Que la seule Rahab courtisane ait la vie sauve, avec tous ceux qui se trouveront dans sa maison, parce qu’elle a cache ceux que nous avions envoyés pour reconnaître le pays. Ce qui prouve que ce peuple s’était rendu digne d’un plus grand châtiment que les habitants du pays de Chanaan puisqu’il fut entièrement dévoué à l’anathème du Seigneur, qui ordonne l’entière destruction de Jéricho, de faire tout passer au fil de l’épée, de tuer tout ce qui a vie jusqu’aux animaux, de mettre le feu partout, de ne rien conserver du butin, que les métaux que l’on consacre au Seigneur ; au lieu que l’on conserva le butin et les villes du pays de Chanaan.

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