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Madianites
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Descendants de Madian, fils d’Abraham. Le Seigneur, voulant punir les Madianites de ce que leurs filles avaient engagé les Israélites dans le crime et dans l’adoration de Phégor, dit à Moïse (Nombres 31.1) : « Prenez mille hommes de chaque tribu, et les envoyez sous la conduite de Phinées, fils du grand prêtre Eléazar, pour exercer ma vengeance contre les Madianites. » Phinées marcha donc à la tête des douze mille hommes, ayant avec lui l’arche d’alliance, selon quelques commentateurs, et les trompettes du tabernacle. Il livra le combat aux Midianites, les défit, et mit à mort cinq de leurs rois, Evi, Reeem, Sur, Hur et Rebé, qui régnaient chacun dans une ville du pays de Madian, situé à l’orient de la mer Morte ; et Dieu permit que le méchant prophète Balaam fût enveloppé dans leur malheur, et y perdit la vie. Ou prit les femmes, les enfants, les troupeaux et tout ce qui appartenait aux Madianites ; on brûla leurs villes, leurs villages, leurs forts, et les Israélites amenèrent au camp tout le butin qu’ils avaient fait dans cette expédition.

Observations sur la défaite entière des Madianites par les Israélites (Nombres 31.3) et suivants L’auteur est plus succinct dans le récit de cette grande bataille, que dans aucun autre : il n’en dit qu’un mot ; ainsi on me permettra d’y ajouter quelques conjectures assez convaincantes. Le Seigneur ordonne cette guerre contre les Madianites : Vengez, dit-il à Moïse, les enfants d’Israël des Madianites. Ces paroles assuraient déjà la victoire aux israélites : quand le Seigneur combat pour nous, il ne faut pas beaucoup de monde pour vaincre. On choisit donc mille hommes de chaque tribu ; c’est-à-dire, douze mille hommes prêts à combattre, qui furent envoyés par Moïse, ayant à leur tête Phinées, fils du grand-prêtre Eléazar, auquel il donna encore les vases saints et les trompettes pour en sonner. Ces vases saints n’embarrassent pas peu les commentateurs ; cependant ils sontclairement distingués des trompettes. Il ne faut done pas s’imaginer que ce sont les trompettes qui sont ici appelées vases saints. Ainsi il paraît probable que l’arche fut portée par les lévites dans cette expédition, comme dans quelques autres (Josué 6.1 ; 1 Samuel 4). Remarquez encore que Moïse ne risquait rien d’envoyer l’arche à cette expédition, puisque Dieu avait assuré son peuple qu’il tirerait une vengeance complète des Madianites.

La principale fonction des prêtres était de sonner la charge dans les batailles, et de défendre l’arche quand on l’y portait. L’Écriture ne parle pas de l’ordre de bataille des deux armées : elles étaient rangées, selon toute apparence, suivant la méthode des anciens peuples de l’Asie. Ainsi je suppose les Israélites rangés sur une seule ligne formée de douze corps, de mille hommes chacun ; l’arche d’alliance est environnée des prêtres et des lévites, ayant en tête les trompettes. Les Madianites devaient être aussi rangés en phalange sur une seule ligne ; et comme les israélites se trouvèrent sans doute très-inférieurs en nombre à leurs ennemis ; ils donnèrent de plus grands intervalles entre les corps de mille hommes, pour percer en différents endroits sur tout le front de la ligne. Cette méthode était la ressource des Juifs, presque toujours inférieurs en nombre à leurs ennemis, et particulièrement du temps des Machabées.

Il n’est point fait mention de cavalerie : elle était rare dans ce temps-là. Est-ce qu’ils voyaient plus clair que nous, et qu’ils disaient, comme Xénophon, que dix mille chevaux ne font que dix mille hommes, puisque les chevaux ne se battent point ? Sans doute qu’ils pensaient ainsi dans ces temps reculés ; mais dans la suite la cavalerie devint très-nombreuse dans tes armées : les peuples d’Occident, comme les Grecs et les Romains (quand leur discipline vint à se corrompre), en curent un fort grand nombre ; et il augmenta à mesure qu’ils approchèrent de leur décadence.

Pour revenir aux Israélites, ils livrèrent le combat aux Madianites, et les ayant vaincus, ils firent passer tous les mdles au fil de l’épée, sans épargner leurs rois Evi, Recem, Sur, Hur et Relié ; cinq princes de leur nation, avec Balaam, fils de Béor. Ce mauvais prophète, qui était le premier auteur de cette guerre, par le pernicieux conseil qu’il avait donné aux Moabites et aux Madianites (Nombres 24.14 ; 31.16), se trouva enveloppé dans cet horrible carnage. Les suites de cette victoire furent des plus affreuses : la désolation se répandit dans tout le pays ; les villes, les villages, les forts furent détruits, pillés et brûlés ; et tout le butin fut porté au camp, dans la plaine de Moab, le long du Jourdain, vis-d-vis de Jéricho, pour être partagé entre les Israélites. Celte guerre est terrible et bien cruelle, et si Dieu ne l’avait commandée, on ne pourrait qu’accuser Moïse d’injustice et de brigandace.

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