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Ce terme se prend ou pour l’étoile du matin, ou pour Jésus-Christ, qui est la lumière du monde ; ou enfin pour le démon, qui est souvent appelé Lucifer dans les écrits des Pères. Sophar dit à Job (Job 11.17) : Si vous êtes innocent, lorsque vous vous croirez perdu, vous brillerez comme l’étoile du matin. Et Dieu parlant à Job, lui dit (Job 38.32) : Produisez-vous l’étoile du matin au temps où elle doit paraître ? Et le Père éternel en parlant du Verbe (Psaumes 109.3) : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore. Saint Pierre parlant aux fidèles leur dit (2 Pierre 1.19) : Vous faites bien de vous arrêter aux oracles des prophètes, comme à une lampe qui luit dans un lieu d’obscurité, jusqu’à ce que le jour commence à paraître, et que l’étoile du matin s’élève dans nos cœurs. Il compare la lumière des prophéties à celle d’une lampe qui luit dans un lieu d’obscurité, et la lumière de l’Évangile et de la foi, à l’aurore et à l’étoile du jour. Isaïe (Isaïe 14.12) parle de la chute de Lucifer du haut du ciel, dans cet endroit : Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi qui paraissais si brillant au point du jour ? C’est en ce sens que plusieurs anciens Pères l’ont expliqué, et que l’expliquent encore aujourd’hui plusieurs commentateurs. Mais d’autres croient que cela regarde à la lettre le roi de Babylone, qui déchut de son état de gloire et d’élévation, et qui fut précipité dans l’enfer. Ce qui n’empêche pas que l’on ne puisse aussi l’expliquer allégoriquement de la chute de l’ange rebelle.
Saint Pierre, dans sa seconde Épître (2 Pierre 1.19), dit aux fidèles qu’ils ont les oracles des prophètes, auxquels ils font bien de s’arrêter, comme à une lampe qui luit dans un lieu d’obscurité, jusqu’à ce que le jour commence à paraître, et que l’étoile du matin (Lucifer) se lève dans leur cœur. Cette étoile du matin et ce soleil opposés aux oracles des prophètes auxquels ils succèdent, et sur lesquels ils l’emportent par leur clarté, marquent visiblement l’Évangile et la doctrine de Jésus-Christ. Saint Pierre veut marquer par ce passage trois degrés de lumière :
1° Les oracles des prophètes, qui luisent dans l’obscurité : c’est l’état des Juifs ;
2° L’étoile du matin, qui marque l’aurore, et ceux qui cherchent sérieusement Jésus-Christ dans les livres de l’Ancien Testament ;
3° Le soleil, qui est l’état de ceux qui ont embrassé la foi.
Quelques-uns traduisent le grec, jusqu’à ce que le jour paraisse, et que le soleil se lève dans vos cœurs. Ils prétendent que phosphoros ou lucifer signifie quelquefois le soleil.
Les Arabes donnent à Lucifer le nom d’Eélis qui est un diminutif ou une corruption de Diabolos ; ils lui donnent aussi le nom d’Azazel, qui est le nom du bouc émissaire que l’on chassait dans le désert, chargé des péchés et des malédictions du peuple juif. Ils racontent que les anges ayant ordre de Dieu de se prosterner devant Adam immédiatement après sa création, ils y satisfirent, à l’exception d’Eblis, qui le refusa avec opiniâtreté, disant qu’ayant été tirés, lui et ses compagnons, de l’élément d’un feu beaucoup plus pur et plus excellent que celui de la terre dont Adam avait été formé, il n’était pas juste de les obliger à rendre des soumissions à leur inférieur. Alors Dieu lui dit : Sors d’ici, car tu seras privé pour toujours de ma grâce, et tu seras maudit jusqu’au jour du jugement. Eblis demanda à Dieu qu’il lui donnât délai jusqu’au temps de la résurrection générale ; mais il l’obtint seulement jusqu’au son de la première trompette, qui est celui où tous les hommes mourront, pour ressusciter au second son de la trompette, c’est-à-dire, quarante ans après. Eblis mourra donc, selon les mahométans ; mais il ressuscitera ensuite avec tous les hommes pour être précipité dans les flammes. Je ne rapporte toutes ces vaines traditions des Orientaux que pour faire voir que leur théologie n’est qu’une corruption de la religion chrétienne, dont ils ont altéré toutes les vérités.