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Locman
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Le nom de Locman ne devrait pas entrer dans ce dictionnaire, puisqu’il n’est pas parlé de lui dans l’Écriture ; mais comme quelques auteurs orientaux le font neveu de Job du côté de sa sœur, ou fils de sa tante, et par conséquent cousin germain de cet ancien patriarche, et que d’autres le font fils de Béor, fils de Nachor et petit-fils de Tharé, et par conséquent petit-neveu d’Abraham ; nous croyons que le lecteur ne le trouvera pas de trop en cet endroit,

En comparant tout ce que disent les Orientaux de ce fameux sage, il semble qu’il faut, ou lui donner une très-longue vie, ou reconnaître qu’il y en a eu deux ou trois de même nom ; car plusieurs enseignent que Lyman le Sage a vécu du temps de David et de Salomon. D’autres l’avancent jusqu’au temps de Jonas, et quelques-uns le font contemporain d’Esope, et le confondent même avec le fameux auteur des Fables.

La plupart des auteurs musulmans tiennent que Locman était de condition servile, tailleur ou charpentier, ou berger de profession, et Éthiopien de nation ; qu’il fut vendu dans les terres d’Israël, sous les règnes de David et de Salomon. Ils racontent qu’un jour, pendant le sommeil de midi, les anges étant entrés dans la chambre.de Locman, le saluèrent sans se faire voir. Locman ne voyant personne ne répondit point à leur salut. Les anges lui dirent que Dieu voulait le faire monarque et son lieutenant sur la terre. Il répondit que si Dieu le destinait à cet emploi, il ne manquerait pas de lui donner les secours nécessaires pour en remplir les devoirs ; mais que s’il voulait lui laisser le choix d’un état de vie, il le priait de le laisser en celui où il était, et de le préserver du péché, sans quoi toutes les grandeurs du monde lui seraient à charge.

Cette réponse fut si agréable à Dieu, qu’il lui donna sur-le-champ le don de sagesse, avec tant de profusion, qu’il se trouva capable d’instruire tout le monde par un très-grand nombre de sentences, de maximes et de paraboles, que l’on fait monter jusqu’au nombre de dix mille.

David lui ayant un jour demandé, Comment vous êtes-vous levé ce matin ? il répondit : Je me suis levé du milieu de ma poussière. Ce qui donna à David une grande estime de l’humilité de Locman.

Un jour étant assis au milieu d’une troupe de gens qui l’écoutaient, un Juif de grande considération lui demanda s’il n’était pas cet esclave qui gardait naguère les brebis d’un tel : Je le suis, dit Locman. Et continent, lui répliqua le Juif, es-tu si promptement parvenu à un si grand degré de sagesse et de vertu ? C’est, dit Locman, en accomplissant trois choses : disant toujours la vérité, gardant inviolablement ma parole, et ne me mêlant jamais de ce qui ne me regarde point.

On a vu un livre intitulé Giovaher altafsir, qui contient un abrégé des principales actions et des plus belles sentences de Locman, et l’auteur du Tarich Montekeb dit qu’on voyait encore de son temps son tombeau en Judée, près de la ville de Remla ou Rama, au couchant de Jérusalem ; qu’il était Abyssin ou Nubien de naissance, et juif de religion ; qu’il était du nombre des soixante et dix prophètes que les Juifs firent mourir de faim, et qui périrent tous en un jour ; qu’il vécut 300 ans, et qu’il est différent d’un autre Locman qui vivait du temps du patriarche Héber. C’est ce que dit cet auteur.

La sagesse de Locman est passée en proverbe parmi les Orientaux. Il y a beaucoup d’apparence que cet homme est le même qu’Esope, qui vivait du temps de Crésus, roi de Lydie, vaincu par Cyrus, et de Solon, législateur des Athéniens. Le nom d’Esope, en grec, signifie quelquefois un Éthiopien. Esope et Locman étaient esclaves ; l’un et l’autre a écrit des fables et des apologies ; on en trouve beaucoup dans le recueil de Locman qui se trouvent aussi dans celles d’Esope, et l’on attribue à Locman plusieurs traits qui sont de même attribués à Esope : par exemple, que la langue était la meilleure et la plus dangereuse partie de l’homme, et que Locman étant accusé par ses compagnons d’avoir mangé d’un certain fruit, pour se justifier, se fit premièrement vomir, et montra qu’il n’avait rien de pareil dans l’estomac ; il fit faire ensuite la même chose aux autres esclaves qui rendirent les morceaux du fruit dont ils l’accusaient d’avoir mangé.

Lod  
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