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C’est celle des rois grecs qui succédèrent immédiatement à Alexandre le Grand sur le trône l’Égypte, et qui l’occupèrent jusqu’à l’asservissement de ce royaume par Auguste. Cette dénomination de Lagides est prise du surnom que porta le père de Ptolémée, général d’Alexandre, le premier de cette famille qui parvint, au souverain pouvoir, et qu’on nomme aussi Ptolémée, fils de Lagus.
M. Champollion-Figeac a fait sur cette famille royale un ouvrage intitulé : Annales des Lagides, ou Chronologie des rois grecs d’Égypte successeurs d’Alexandre le Grand. C’est de cet ouvrage que nous tirons, le présent article.
Alexandre mourut le 30 mai 323 (Égypte le 24 mai 324) avant l’ère chrétienne ; ses généraux tinrent conseil le lendemain, et le gouvernement de l’Égypte, de la Libye et de la portion de l’Arabie limitrophe de l’Égypte fut déféré à Ptolémée, fils de Lagus. Ce gouvernement devint ensuite le royaume d’Égypte et n’éprouva aucun démembrement. Quelques possessions éloignées, telles que Chypre et la Cyrénaïque, y furent réunies par la guerre, et la guerre aussi les en détacha quelquefois. Mais le royaume proprement dit, et tel qu’il subsista pendant trois siècles, se trouva renfermé dans les limites naturelles de l’Égypte.
Au commencement de l’an 320 [321] avant l’ère vulgaire, Laomédon de Mitylène obtint le gouvernement de la Syrie. Ptolémée envoya contre lui, au printemps de cette même année, Nicanor, un de ses généraux, qui fit Laomédon prisonnier et conquit la Syrie, la Coelé-Syrie, la Judée et toute la Phénicie, qui furent dès lors réunies à l’Égypte. Antigone et Démétrius, son fils, conquirent à leur tour ces pays, et il y eut à ce sujet, pendant plusieurs années, guerre entre eux et Ptolémée.
L’an 306 (Égypte 307) avant l’ère vulgaire, Démétrius, fils d’Antigone, rend Athènes à liberté. Démétrius de Phalère, qui était gouverneur de cette ville depuis dix ans, se retire d’abord à Thèbes de Béotie, ensuite en Égypte auprès de Ptolémée.
L’an 304 (Égypte 305) les Rhodiens, en reconnaissance des services qu’ils ont reçus de Ptolémée contre Antigone, qui leur faisait la guerre, consultent l’oracle d’Ammon pour savoir s’ils ne doivent pas l’adorer comme un dieu, lui dédient un bois sacré, un portique, et lui décernent le surnom de Soter, qui signifie sauveur. Peu de temps après, dans la même année, à une date renfermée entre le 31 mai et le 1 novembre, Ptolémée prit le titre de roi d’Égypte ; il en revêtit les insignes, les consacra par les cérémonies de la religion, se fit couronner à Alexandrie, et sans doute intronises à Memphis, selon l’ancienne coutume des rois du pays ; il fit frapper des monnaies à son nom, à son image, et, rattachant à la mort même d’Alexandre l’origine d’un pouvoir dont elle avait été la source, il se considéra comme roi depuis cette époque mémorable, et l’année même où il prit la couronne fut comptée comme la vingtième de son règne : il l’inscrivit sur ses premières monnaies.
Ptolémée occupe la Syrie et la Coelé-Syrie. Il fait, sur un rapport sans fondement, une trêve de quatre mois avec Sidon, qu’il assiègeait, laisse des garnisons dans les villes qu’il a prises et revient en Égypte passer l’hiver de l’an 30 (Égypte 301).A la fin du printemps suivant, bataille d’lpsus en Phrygie, dans laquelle Antigone est défait et tué ; Ptolémée dès lors pense à s’assurer la possession de la Syrie. Par la Syrie il faut entendre en même temps la Coelérie, l’ancien royaume d’Israël, la Judée, la Phénicie.
Ptolémée, dans la trente-neuvième année de son règne, commence à s’occuper d’assurer à sa famille le trône d’Égypte et d’y placer lui-même le successeur qu’il voulait choisir. Il avait trois fils, un d’Eurydice, et deux de Bérénice. Il consulta ses amis sur le choix qu’il devait faire. L’usage désignait le fils d’Eurydice, parce qu’il était l’aîné des trois. Démétrius de Phalère le dit au roi ; mais le roi lui préféra le premier-né des enfants de Bérénice, qui était surnommé Philadelphe.
Au mois de novembre 284 [285] Ptolémée Soter, après avoir régné 39 ans cinq mois, abdique, et Ptolémée Philadelphe est proclamé roi. Philadelphe, an mois de janvier suivant (283. Égypte 284) célèbre son avènement par une grande pompe civile et religieese. Soter meurt à la fin de l’année 282 (Égypte 283). Philadelphe était né l’an 397 (Égypte 308) dans l’île de Cos.
Presque aussitôt après la mort de son père, Philadelphe, qui n’avait point oublié que Démétrius de Phalère, consulté par son roi sur le choix d’un successeur, n’avait pas hésité d’unir sa voix à ce que prescrivait l’usage qui appelait à la couronne Ptolémée Céraunus, son frère aîné, Philadelphe exila ce sage conseiller dans une province où il traîna quelque temps encore une vie languissante. Dans la même année, la 281e (Égypte 282e) avant l’ère vulgaire, Arsinoé, fille de Lysimaque, roi de Thrace, et d’Arsinoé, fille de Soter et de Bérénice, se rend en Égypte et devient l’épouse de Philadelphe, son oncle. Philadelphe, après en avoir eu trois enfants, la répudia en l’an 277 [278], la septième de son règne, pour épouser Arsinoé, sa sœur de père et de mère, et la mère de sa femme ; alors Lysimaque, mari de cette Arsinoé, était mort, et elle était restée veuve à la cour de Philadelphe, qui l’avait engagée à y venir l’année précédente.
M. Champollion Figeac place entre la septième et la douzième année du règne de Philadelphe ce qu’il dit à l’occasion de la traduction grecque des livres saints par les septante Juifs. Il adopte donc la date fournie par la chronique samaritaine d’Aboul-Phatach, qui attribue cette traduction aux Samaritains, et qui ajoute qu’elle fut faite dans la dixième année du règne de Philadelphe. Mais cette date est fausse ; et quant à la prétention des Samaritains touchant la version des livres saints, elle ne mérite aucune considération. Voyez Septante.
La douzième année de son règne, Philadelphe fait alliance avec les Romains. Dans l’année suivante, Tinaocharis s’occupait de deux observations de Vénus ; elles furent faites les 12 et 16 octobre de l’an 271 (Égypte 272).
La vingt-quatrième année du règne de Philadelphe, Antiochus Théos, succède à son père Antiochus Soter, sur le trône de Syrie (10).
Philadelphe, après un règne de 38 ans, meurt vers la fin de l’été de l’an 246 (Égypte 247) avant l’ère chrétienne. Antiochus Théos meurt peu après, dans la même année.
Fils unique de Philadelphe et d’Arsinoé, fille de Lysimaque, fut adopté par Arsinoé, sœur et seconde femme de Philadelphe, et succéda sans obstacle à son père.
Èvergète, poussé par un intérêt de famille, fait une grande expédition en Asie, parcourt la Babylonie, la Susiane, la Perse, et.jusqu’à la Bactriane. Il rapporte les images des dieux égyptiens enlevées par Cambyse ; offre des sacrifices au vrai Dieu dans le temple de Jérusalem, et rentre en Égypte dans la sixième année de son règne. Il y a des monnaies d’Èvergète qui furent frappées à Tripoli de Syrie, et qui portent la date de la septième année de son règne ; à cette époque son expédition en Asie était terminée.
Èvergète, après 25 ans de règne, meurt entre les mois de juillet et d’octobre de l’an 221 (Égypte 222) avant l’ère chrétienne.Vers la même époque Séleucus, surnommé Céraunus, roi de Syrie, mourut aussi (14).
Fils d’Èvergète, fut surnommé Tryphon par le peuple, qui le jugeait bien. Il se livra à la fougue des passions les plus criminelles et exerça d’horribles cruautés. Pendant qu’il se livrait à ses odieux penchants, Antiochus le Grand, frère et successeur de Séleucus Céraunus, s’occupait, dès la deuxième année de son règne et de celui de Philopator, à reprendre sur lui la Syrie.
Au printemps de l’an 217 [218], Antiochus se met de nouveau en campagne, bat Nicolas, général égyptien, qu’il jette dans Sidon, attaque et reprend un grand nombre de villes de l’Arabie et s’établit à Ptolémaïs, où il passe l’hiver suivant. Il y eut cette année, le 12 septembre 217 (Égypte 218), une éclipse de lune mentionnée par Polybe. Au printemps suivant, celui de l’année 216 [217], Ptolémée et Antiochus mirent leurs armées en marche : bientôt elles furent en présence, en vinrent aux mains entre Raphiaet Rhinocorura, et Ptolémée obtint sur Antiochus un succès qui lui conserva la Syrie et la Phénicie. Après avoir passé trois mois dans les provinces de Syrie et de Phénicie, pendant lesquels il fut empêché de profaner le temple de Jérusalem comme son impiété lui en avait inspiré le dessein, Ptolémée Philopator rentra vainqueur à Alexandrie. Antiochus, qui s’était enfui à Antioche, envoya demander la paix à Philopator ; ce dernier la lui accorda pour une année, et laissa Sosibe chargé d’en régler les conditions ; ce qui porte, pour la fin de cet événement, an commencement de l’automne de l’an 216 (Egyp. 217) avant l’ère vulgaire, et au commencement de la sixième année du règne de Philopator.
Naissance de Ptolémée Épiphane, fils de Philopator et d’Arsinoé, sa sœur et sa femme, le 9 octobre de l’an 211 (Égypte 212) avant l’ère vulgaire.
Mort de Ptolémée Philopator, le 29 mars 204 (Eyyp., 205., ce qui donne à sou règne dix-sept années presque complètes.
Âgé de cinq ans et demi, succède à son père. Antiochus, enhardi par la minorité de ce jeune roi, entreprend une nouvelle expédition contre ce royaume, et s’empare des villes de la Phénicie et de celles de la Syrie qui étaient soumises aux Égyptiens. Ceux-ci passent l’été et l’automne de l’an 201 (Égypte 202) à faire les dispositions d’une grande campagne contre Antiochus ; Scopas se met en marche pendant l’hiver, et prend aussitôt un grand nombre de villes de la Palestine et de la Coelé-Syrie. Au printemps suivant Antiochus reprend l’offensive, rencontre bientôt Écopas sur les bords du Jourdain, lui livre bataille près de Pania [Banias, Panéas] et le bat complètement.
Antiochus alla passer l’hiver en Asie, attaqua les possessions d’Attalus, y renonça bientôt sur l’invitation du sénat romain, et d’autant plus volontiers qu’il venait d’apprendre que Scopas avait profilé de ce temps pour reprendre la Coelé-Syrie.
Scopas se jette dans Sidon et est obligé de capituler. Antiochus soumet les principales villes de la Syrie, enfin Samarie et Jérusalem. Il publia un édit, accordant quelques priviléges à ceux qui habitaient cette dernière ville et à ceux qui viendraient l’habiter avant la fin de l’année. La Syrie fut réoccupée par Antiochus vers l’été de l’année 198 (Égypte 200), et dès l’automne de cette même année, il avait repris toutes les villes de la Coelé-Syrie et de la Palestine. Ce roi, engagé dans d’autres entreprises, consentit à traiter avec les tuteurs du roi d’Égypte ; il promit sa fille Cléopâtre pour femme au jeune Ptolémée, et pour dot lui assigna les provinces mêmes qui avaient été le sujet de la guerre, terminée par ce traité qui fut conclu, dit saint Jérôme, dans la septième année du règne d’Épiphane, c’est à -dire, dans l’année 198 (Eeyp., 199) avant l’ère chrétienne.
Le 22 septembre de l’an 200 (Égypte 201), le 19 mars 199 (Égypte 200), et le 12 septembre suivant, éclipses de lune observées par Hipparque en Égypte. Les deux premières appartiennent à la cinquième année du règne d’Épiphane ; la dernière arriva au milieu de la sixième année du règne de ce prince et avant le traité de paix conclu avec Antiochus l’année suivante, septième de ce règne.
Le 27 mars 196 (Égypte 197), dans la neuvième année de son règne, Épiphane est couronné.
Vers le mois de janvier 191 (Égypte 192), dans la dix-neuvième année de son âge et la treizième de son règne, il épouse Cléopâtre, fille d’Antiochus le Grand. Dès cette époque, Ptolémée reprend possession des provinces syriennes, qu’Antiochus lui rendait comme dot de sa fille.
Au printemps de l’année 190 (Égypte 191), Épiphane, sans égard pour ses liens de famille avec Antiochus, offre aux Romains des secours contre lui. Les Romains défont totalement le roi de Syrie près du mont Taurus, dans l’été suivant. Antiochus cesse de vivre et laisse la couronne à son fils, Séleucus Philopator, dans l’année suivante, la seizième du règne d’Épiphane.
Deux ans après, ou environ, Cléopâtre met au monde un fils qu’on croit étre celui dont parle Josèphe (Antiquités judaïques 12.4). À l’occasion de sa naissance, les villes de la Syrie envoient des députés à Alexandrie pour complimenter le roi et lui offrir des présents.
À la fin de l’hiver 180 (Égypte 181), Épiphane, à peine parvenu à la vingt-neuvième année de son âge et à la vingt-quatrième de son règne, devient la victime de ses propres fureurs et périt par le poison. Alors, dit saint Jérôme, in Daniel 11 il faisait des préparatifs de guerre contre Séleucus.
À peine âgé de cinq ans, succède à Ptolémée Épiphane, son père, sous une régence dirigée par Cléopâtre, sa, mère.
Antiochus le Grand s’était réservé la moitié des revenus des provinces syriennes ; Séleucus Philopator, qui ne s’en contentait pas, fait des préparatifs pour reconquérir ces provinces sur le jeune roi d’Égypte. Alors probablement la cour d’Alexandrie invoque et obtient la protection de Rome contre le roi de Syrie. Séleucus, surpris par la mort au milieu de ses projets, cesse de vivre la septième année du règne de Philométor. Antiochus Épiphane, qui lui succède, occupe aussitôt une portion de la Coele-Syrie. Le roi d’Égypte, dont la mère cesse aussi de vivre, se trouve confié à des tuteurs inhabiles. Ans, fiochus menaçait l’Égypte ; la onzième année du règne de Philornétor, dans l’été de l’an 170, le roi de Syrie livre une bataille entre Péluse et le mont Casius ; les Égyptiens y éprouvent une défaite qui met Philometor entre les mains d’Antiochus, et lui ouvre les portes de Memphis, de la plupart des villes de l’Égypte et même de Péluse. Antiochus s’établit à Memphis et y retient Philométor prisonnier.
Ptolémée Évergète II frère de Philométor, est proclamé roi par les Alexandrins, et règne à sa place pendant quatre ans. Antiochus attaque la basse Égypte, même Alexandrie ; mais, rappelé en Syrie, il renonce à l’occupation de l’Égypte, laissant Philométor à Memphis, Èvergète à Alexandrie, dans l’espérance que les deux frères se feront la guerre. Philopator revient alors à Alexandrie, et cotisent à partager le trône avec son frère ; ils règnent ensemble pendant deux ans, jusque dans la 17e année comptée du règne de Philométor, c’est-à -dire, jusqu’à la circonstance que nous allons dire. Antiochus, venant de nouveau attaquer l’Égypte et assièger Alexandrie, rencontre, à quatre milles de cette capitale, C. Popilius qui l’oblige, au nom du sénat, à retourner dans ses propres États. Alors Popilius règle les différends qui existaient entre les deux frères Ptolémée, et les juge selon les lois du royaume. En conséquence Philométor reste seul possesseur de la couronne, Èvergète reçoit le gouvernement de la Libye et de la Cyrénaïque.
À peine Antiochus fut-il de retour dans ses États qu’il y mourut, et la même année de sa malheureuse expédition contre les fils de sa sœur, année qui fut, comme le dit Porphyre, la onzième et la dernière de son règne.
La discorde renaît entre les deux Ptolémées ; elle engendre une guerre qui dura quatre années, et jusqu’à la 220 du règne de Philométor, laquelle commença au printemps de la 159° (Égypte 160) de l’ère vulgaire.
Philométor attaque sourdement Démétrius, roi de Syrie, et favorise les prétentions au trône de Syrie manifestées par Alexandre, fils d’Antiochus Épiphane, qui fut reçu à Ptolémaïs de Syrie comme roi, dans la 160e année de l’ère des Séleucides, laquelle répond à la 2e du règne de Philométor. Deux ans après, Démétrius ayant été vaincu et tué, ce même Alexandre fut reconnu et proclamé roi de Syrie la 162e année de l’ère des Séleucides, la 30° du règne de Philométor.
Philométor accorde à Alexandre Bala sa fille Cléopâtre en mariage.
Vers le même temps il accorde à Onias, fils d’un grand prêtre juif de ce nom, la permission d’affecter au culte des Juifs le temple de Bubaste.
Deux ans après que Philométor eut placé sa fille Cléopâtre sur le trône de Syrie, le fils alné de Dérnétrius entreprend de faire valoir ses droits ; Philopator vient eu Syrie pour secoùrir Alexandre, bientôt il tourne les armes contre lui, se déclare pour Déniétrius Nicator, lui donne en mariage sa fille qu’il avait rappelée de la cour de Syrie, et fait déclarer pour lui Antioche et l’armée. La guerre commence ; Alexandre, vaincu, se réfugie en Arabie, où il trouve la mort, et Démétrius règne. Ces événements prirent naissance dans la 165e année des Séleucides, et cette guerre dut se faire dès le commencement de la 35e année de Philométor et se terminer à l’automne de la même année, celle de l’an 14.6 (Égypte 14.7) avant Jésus-Christ.
La mort de Philométor se rattache à cette même époque ; car, ayant été blessé d’une chute de cheval pendant la bataille qu’il livrait à Alexandre, il en mourut sur les lieux mêmes quelques jours après. Tous les chronologistes lui donnent 35 ans de règne.
Frère de Philométor, apprenant sa mort, quitte Cyrène, vient en Égypte, entre dans Alexandrie avec le titre de tuteur du jeune roi, fils de Philométor et de Cléopâtre, épouse la reine mère, et le jour même de son union il fait égorger l’héritier du trône, dont il devient possesseur par ce crime. Il se fait inaugurer à Memphis, vers la fin de la première année de son règne ; la reine accouche dans cette ville d’un fils qui fut nommé Memphite. Èvergète répudie Cléopâtre, pour épouser la fille de son frère, fille aussi de sa femme répudiée. Cependant, effrayé par les murmures, il sort d’Alexandrie et lève des troupes étrangères. Le peuple renverse et détruit les images du roi. Présumant que Cléopâtre l’excitait à cette action, Èvergète marche contre Alexandrie et fait mourir son jeune fils sans autre motif que l’intention d’affliger sa mère, l’ayant emmené avec lui, craignant qu’en son absence les Alexandrins pussent le placer sur le trône. Cléopâtre, secondée par les sujets du roi, se prépare à lui résister ; elle lui oppose une armée qui est battue. Elle demande du secours au roi de Syrie, Démétrius Nicator, époux de sa fille. Alors Démétrius venait de triompher d’Antiochus Sidétès chez les Parthes, et il remontait sur son trône après un interrègne de neuf années, l’an 129 (Egyp. 130). Démétrius embrasse la cause de Cléopâtre, qui se retire en Syrie ; Èvergète favorise l’insurrection des villes syriennes, et le faux Alexandre (Alexandre Zébina) contre Démétrius, qui meurt. Èvergète se réconcilia d’abord avec Cléopâtre sa sœur et sa première femme, se déclare ensùite contre Alexandre et favorise aussi Antiochus Grypns, qui parvient au trône de Syrie, et épouse Tri phène, fille d’Èvergète, l’an 126 (Égypte 127).
Ptolémée Èvergète II approchait du terme de sa carrière, et la reine voulut prévenir les effets d’une mort inopinée. Des deux fils qui restaient à Ptolémée elle haïssait profondément le premier-né, que l’usage appelait à succéder à son père. Elle eut assez d’ascendant sur le roi pour le déterminer à le faire partir pour l’île de Chypre, avec sa femme qui était sa sœur, espérant que son éloignement donnerait à Alexandre, son second fils, le temps et l’occasion de prendre la couronne lorsque la fin du règne et de la vie de leur père serait arrivée. Elle eut lieu peu de temps après et dans la 29e année du règne d’Èvergète II c’est-à -dire entre le mois de novembre 117 [118}, et celui de septembre 116 [117] avant l’ère vulgaire.
Fils aîné d’Èvergète, succède à son père malgré les intentions de sa mère, vers l’an 117 avant Jésus-Christ. Il y fut appelé par la voix publique, seulement il dut, pour complaire a sa mère, répudier Cléopâtre, sa sœur, devenue sa femme, et épouser Sélène, son autre sœur.
Cléopâtre, répudiée, reste dans l’île de Chypre et la gouverne. Les princes de Syrie, Antiochus Grypus et Antiochus le Cyzicénien, frères, se disputent le trône les armes à la main. Le premier avait épousé Tryphène, fille de Ptolémée Èvergète et sœur de Cléopâtre, femme répudiée de Ptolémée Soter. Cette dernière quitte son gouvernement de l’île de Chypre pour épouser Antiochus le Cyzicénien, et, pour dot lui conduit une armée en Syrie. Ce fait se trouve fixé dans la 3e année du règne de Soter II. Chypre étant alors sans gouverneur, Ptolémée Alexandre, frère de Soter ou Lathyre, s’y rend, et y règne à commencer dès l’année suivante, la fo de Lathyre. Antiochus le Cyzicénien, après son mariage avec Cléopâtre, égal en force à sou frère Grypus, l’attaque et est cependant vaincu. Cléopâtre est égorgée dans un temple à Antioche par sa sœur Tryphène, femme de Grypus : Tryphène à son tour est égorgée par le Cyzicénien, mari de Cléopâtre. Ce prince obtient enfin des succès qui le rendent possesseur définitif du trône de Syrie. Tous ces événements arrivèrent dans la 5e année du règne de Soter II en Égypte. Les querelles de la Syrie, un montent apaisées, devinrent plus vives. L’Égypte y prit une double part. Le souvenir du massacre de Cléopâtre à Antioche attache Soter II aux intérêts d’Antiochus de Cyzique ; c’en est assez pour que Cléopâtre, sa mère, s’intéresse à ceux de Grypus. Elle fait plus, elle excite contre son fils la populace d’Alexandrie, le sépare de Sélène, dont il availdeuienranis, le force de chercher son salut dans la fuite et appelle au trône Ptolémée Alexandre, frère du roi. Ce triste règne de Ptolémée Soter, qui finit avec la 10e année, et dans l’été de l’année 107e (Égypte 108e) avant l’ère vulgaire, fut de dix ans entiers.
L’année suivante, 11° du règne de Soter, appelé de l’île de Chypre qu’il gouvernait, monte avec sa mère sur le trône d’Égypte, dans l’été de l’année 107 (Égypte 108) avant l’ère vulgaire. Soter, retiré à Chypre, y est poursuivi par la haine acharnée de sa mère ; il quitte cette île, et se rend en Syrie, avec une armée de trente mille hommes, vers le printemps de la 102e (Égypte 103e) année avant l’ère vulgaire. Il venait dans un double but ; 1° de soutenir Antiochus le Cyzicénien contre Grypus ; alors Cléopâtre fournit à ce dernier de puissants secours en hommes et en argent et lui fit épouser sa fille Sélène, qu’elle avait séparée de sou mari. Et 2° de secourir les habitants de Ptolémaïs, qui était assiégée par Alexandre Jannée, grand prêtre et roi des Juifs ; mais, ne doutant pas que Cléopâtre d’Égypte ne vînt les attaquer, parce que Soter venait les défendre, ils hésitèrent à recevoir les troupes de Soter, et refusèrent même son alliance. Alors les habitants de Gaza la recherchèrent, et le roi des Juifs fut contraint d’abandonner son entreprise contre cette ville. Ptolémée Soter entre ensuite dans la Judée, prend deux villes que Josèphe nomme Asachis di. Galilée et Semphorisdéfait complétement sur le Jourdain l’armée de Jannée, ravage la Judée, et occupe enfin Ptolémaïs et Gaza, et menace l’Égypte. Repoussé, il revient à Gaza, où il passe l’hiver, et la même année rentre à Chypre.
Peu d’années après les fils d’Antiochus Grypus disputaient à leur oncle, Antiochus le Cyzicénien, la couronne de Syrie. Ptolémée Soter favorise le quatrième fils de Grypus, Démétrius Eucaerus ; il l’emmène de Cnide à Damas et le proclame roi de Syrie.
De retour à Chypre, Soter y reste paisible, pondant que, depuis quelque temps déjà , de nouvelles catastrophes se préparent à la cour d’Alexandrie. La mésintelligence régnait entre Cléopâtre et Alexandre. Cléopâtre, qui fut surnommée Cocce, forma le projet de se défaire de son fils ; elle pensait à l’exécuter, lorsque Alexandre lui-même sut la prévenir, et la fit mettre à mort dix-huit ans après l’association d’Alexandre au trône d’Égypte. Alexandre, par cet attentat, reste seul maître de ce trône ; c’est à lui qu’on doit attribuer l’enlèvement du cercueil d’or qui renfermait le corps d’Alexandre le Grand. Cette spoliation dut avoir lieu dans le court espace de temps pendant lequel Ptolémée régna seul après avoir fait assassiner Cléopâtre, sa mère, et dans la 19° et dernière année de son regne. Car son crime ne resta pas longtemps impuni : le voyant découvert, il prit la fuite pour se soustraire à la fureur (lu peuple, et aussitôt les Alexandrins rappelèrent Ptolémée Soter.
Rétabli, reçoit du peuple le surnom de Désiré. Alexandre, retiré dans l’île de Cos, tente de se replacer sur le trône, et perd la vie dans un combat naval. Les Thébains s’étant révoltés contre Soter, sont obligés de se soumettre dans la 3e année de leur rébellion, la 86e (Égypte 87e) avant l’ère vulgaire, et la 31° du règne le Soter compté de son premier avénement.
Ptolémée Soter II après un nouveau règne de sept ans et six mois, ce garait un total de 35 ans et demi, meurt dans l’année 81e (Égypte 82e) avant l’ère vulgaire.
Seule fille de Ptolémée Soter et seule héritière légitime de la couronne d’Égypte, succède à son pèreaussitôtaprès sa mort. Il ne restait de Ptolémée Alexandre qu’un fils, encore jeune ; il était dans l’île de Cos lorsque Mithridate, roi de Pont, s’en était emparé. Fuyant ce guerrier, qui l’avait mis sous sa tutelle, il avait invoqué la protection de Sylla ; ce chef romain, qui l’avait emmené à Rome, apprenant que la couronne l’Égypte était sur la tête d’une femme, entreprend de la mettre sur celle du jeune Alexandre, son protégé, qui se rend en Égypte. Alexandre, pour prévenir les dissensions que sa présence et ses projets pouvaient faire naître, épouse Bérénice et est ainsi associé à la souveraine puissance ; mais bientôt, pressé d’en jouir seul, il assassine Bérénice, dix-neuf jours seulement après qu’elle l’eut rendu époux et roi. Le règne de Bérénice fut de six mois et dix-neuf jours.
Dans l’état où se trouvait alors l’Égypte, ne pouvait illustrer son règne par aucun événement mémorable ; au dedans, les intrigues et les ambitions de la cour épouvantaient les peuples, et les cruautés qui en étaient la suite préparaient pour l’histoire d’horribles souvenirs. Au dehors, l’Égypte, comme cernée par les forces romaines, qui occupaient la Syrie, la Grèce, la Libye et Cyrène, voyait se rétrécir aie plus en plus le cercle de son ancienne puissance, et refoulée sur elle-même par ces Romains qui l’honoraient de leur fatale amitié ; elle semblait ne pouvoir plus exister que sous leur protection. Au nom de Rome, Sylla lui avait donné un roi qu’elle ne cessa de repousser de tous ses vœux et de poursuivre de toute sa haine. Cette haine s’exhala, plus active encore, lorsque peu de temps après’ être monté sur le trône, le roi perdit le protecteur qui l’y avait placé, et cela arriva vers la fin de la troisième année de son règne. La mort de Sylla encouragea la résistance des Alexandrins aux volontés du roi, auquel ils ne pouvaient pardonner le meurtre de la reine Bérénice. Il parait même que ce crime ne fut pas le seul que l’on put justement reprocher à Alexandre II. L’histoire l’a peint comme cruel, et a expliqué par la férocité de son caractère l’insurrection du peuple et de l’armée, qui le chassa du trône d’Alexandrie. Il se réfugia par mer à Tyr, et il pensait à . réclamer du sénat de Rome les secours que le titre d’allié lui permettait d’espérer, lorsque, surpris par une grave maladie, et n’ayant point de successeur direct, il mourut après un règne de huit années complètes, et après avoir légué par un testament le royaume d’Égypte au peuple romain, l’an 72 (73] avant l’ère vulgaire.
Fils de Ptolémée Soter II et d’une concubine, et frère de l’infortunée Bérénice, mais considéré comme fils illégitime, est appelé au trône d’Égypte par les Alexandrins, qui donnent à son frère puîné le gouvernement de l’île de Chypre. Rome prend les trésors laissés à Tyr par Alexandre et reconnaît le nouveau roi d’Égypte. Les fils de Cléopâtre. Sélène, fille d’Èvergète II vont à Rome réclamer la couronne d’Égypte. On agite à Rome la légitimité du roi d’Égypte. Fort de la protection de Rome, Ptolémée Denys se livre aux plaisirs, s’adonne à jouer de la flûte, et reçoit, à cause de cela, le surnom d’Aulétès. Il paye des agents secrets à Rome. Jules César, édile, et M. Crassus, censeur, attaquent de nouveau sa légitimité ; mais ces tentatives de César auprès du peuple, comme celles de Crassus auprès du sénat, fixées à l’a nuée [Égypte 66] avant l’ère vulgaire, n’eurent aucun succès, et bientôt après César protégea lui-même de tout son crédit le roi qu’il voulait alors dépouiller. Deux ans après, Ptolémée court de nouveau le danger de perdre ses. États, la loi agraire, alors proposée, comprenant implicitement l’Égypte parmi les possessions romaines que cette loi devait livrer à l’arbitraire des décemvirs ; mais l’éloquence de Cicéron, alors consul, sauve Rome et l’Égypte de cette calamité : c’était la onzième année du règne de Denys.
Dans le Même temps, Pompée, ayant compiétement défait Mithridate, se rend en Syrie et marche sur Jérusalem ; il prend cette ville et quelques autres de la Syrie. Le roi d’Égypte lui envoie des présents, des secours et ce qui était nécessaire pour habiller son armée.
Les fortes contributions levées par Ptolémée Denys pour payer des suffrages à Rome deviennent de plus en plus intolérables. Il engage Pompée à entrer en Égypte avec sou armée, mais sans succès ; il obtient enfin, après les avoir longtemps sollicités à prix d’argent et dans le dessein de les opposer avec fruit à la malveillance de ses sujets, les titres d’ami et d’allié du peuple romain, l’an 58 [59] avant l’ère vulgaire, et la quinzième de son règne. Il les dut à Jules César, alors consul, qui ne mit pas moins d’empressement à le faire reconnaître pour légitime possesseur de la couronne d’Égypte, qu’il en avait mis à soutenir, pendant son édilité, que l’Égypte appartenait au peuple romain par le testament d’Alexandre II.
Dans l’année suivante, l’île de Chypre est réunie par une loi à l’empire romain ; Ptolémée, frère du roi d’Égypte, qui la gouvernait tente en vain de résister ; ne voulant pas survivre à la perte de son apanage, il se donne la mort.
Les Alexandrins, fatigués des exactions de Denys, qui n’avait pu prévenir l’envahissement de Chypre, se révoltent, et Denys, chassé de son trône, se rend à Rome. Celle insurrection eut lieu dans l’hiver de l’an 56 [57] avant l’ère vulgaire, à la fin de la seizième année du règne de Denys.
Pendant que Ptolémée Denys cherche des protecteurs, les Alexandrins, le croyant mort, reconnaissent pour reines ses deux filles, Cléopâtre ou Tryphène et Bérénice. Elles règnent ensemble une année ; Tryphène meurt, et Bérénice règne seule deux années encore.
Ptolémée Denys, après beaucoup de débats à Borne, est rétabli sur son trône par Gabinius, au commencement du printemps de l’an 54 (Égypte 55) avant l’ère vulgaire, et vers la fin de la dix-huitième uitième année ou au commencement de la dix-neuvième du règne de Denys. Ce monarque signale sa réintégration en faisant mourir sa fille Bérénice et les plus riches des partisans qui l’avaient secondée, afin de payer les siens aux dépens de leur fortune. Il continue de régner sans gloire pour lui, sans bonheur pour ses sujets, et même sans reconnaissance pour quelques-uns de ceux qui lui avaient été le plus utiles. Il meurt enfin trois années après son rétablissement sur le trône, et la vingt et unième de son règne compté depuis la fin du règne d’Alexandre II laquelle fut accomplie au printemps de l’an 51 [52] avant l’ère vulgaire. Ayant quatre enfants, deux filles, Cléopâtre et Arsinoé, et deux fils plus jeunes qu’elles, et voyant sa fin approcher, il fit un testament par lequel il institua l’aîné de ses fils et l’aînée de ses filles héritiers de la couronne, et les deux autres à leur défaut. Et l’exécution de ces volontés royales,était recommandée à la foi et à l’amitié du peuple romain.
Prend le titre de reine aussitôt après la mort de son père, et règne d’abord paisiblement avec l’aîné de ses frères, dont la minorité était confiée à l’eunuque Pothinus. Ptolémée devient majeur, et bientôt des intrigues, ourdies par ses tuteurs, font naître entre le frère et la sœur des dissensions qui contraignent Cléopâtre de fuir en Syrie. Là , Cléopâtre fait activement des dispositions pour attaquer son frère, et Ptolémée, qui portait comme son père le surnom de Denys, se rend à Péluse pour s’opposer à sa sœur ; cela se passe en l’année 48° [49°] avant l’ère vulgaire. En ce même temps Pompée, fuyant les champs de Pharsale, se dirige vers l’Égypte, et est mis à mort. Jules César arrive à Alexandrie, et veut régler les dissensions de la cour. Les tuteurs de Ptolémée et leurs partisans considèrent comme un outrage les prétentions de César et la présence d’une armée romaine en Égypte ; de là une bataille dans laquelle César défait l’armée de Ptolémée. Ptolémée périt lui-même dans le Nil, après un règne de trois ans et sept mois, c’est-à -dire, dans la quatrième année de son règne et de celui de Cléopâtre. Ces événements, qui retinrent César neuf mois en Égypte, étaient accomplis au mois de mars de l’an 47 (Égypte 48) avant l’ère vulgaire.
Jules César, maître de l’Égypte, au lieu de s’en emparer au nom du peuple romain, la laisse à Cléopâtre ob slupri gratiam ; paraissant en cela exécuter le testament du roi Ptolémée Denys, père de Cléopâtre, il appelle le jeune Ptolémée second, frère de cette reine, à laquelle il l’unit, les place sur le trône pour régner ensemble, et quitte l’Égypte. Cléopâtre ambitieuse et forte de la protection de Jutes César, gouverne par elle seule. Peu de temps après son second mariage, elle met au monde un fils, qui fut nommé Césarion, comme pour perpétuer le scandale de son origine. Il est vrai que les honneurs que César rendait à Cléopâtre, même à Rome, devaient naturellement exciter de plus en plus son orgueil et la rendre fière de ses torts. César en effet l’associait én quelque sorte au culte de la divinité, et lorsque, au jour de ses quatre triomphes, Cléopâtre étant alors à Rome avec le jeune Ptolémée, son mari, César consacra un temple à Vénus Génératrice, il fit placer une statue de Cléopâtre à côté de celle de la déesse. C’était l’année de son troisième consulat, au mois d’août de l’an 46 (Égypte 4.7), au commencement de la 6e année du règne de Cléopâtre.
Dans la huitième année du règne de Cléopâtre, cette femme, voulant posséder seule le trône, se débarrasse, par de criminelles menées de celui qui le partageait avec elle. Ptolémée, son frère et son mari, mourut empoisonné dans la quatrième année après qu’il lui eut été uni.
Maîtresse alors du trône, Cléopâtre règne sans partage et sans opposition. L’Égypte n’est bientôt plus qu’un camp romain. Octave, Antoine, Lépide, règlent leur triumvirat, et attaquent Brutus et Cassius. Cléopâtre seconde les triumvirs, qui triomphent à Philippes, en l’année 41° (Égypte 42) avant Père vulgaire, la onzième du règne de Cléopâtre. Les triumvirs, reconnaissants envers Cléopâtre, consentent que son jeune fils Ptolémée Césarion porte le titre de roi d’Égypte Ce jeune homme, fruit d’un crime, porta le titre de roi des rois ; cependant il ne régna jamais, et mourut sans honneurs.
Cléopâtre va en Cilicie se disculper auprès d’Antoine, revient triomphante en Égypte, et Antoine, épris de ses charmes, l’y suit pour y passer l’hiver de l’an 40 (Égypte 41) avant l’ère vulgaire.
Antoine va en Italie, épouse Octavie, sœur d’Octave, et vient avec elle à Athènes, où il passe l’hiver de l’an 39 (Égypte 40)avant l’ère vulgaire).
L’histoire n’a conservé le souvenir d’aucun événement relatif à l’Égypte pendant cette première absence d’Antoine, si ce n’est l’arrivée auprès de Cléopâtre de Hérode, fils d’Antipater, qui se rendit à Rome, et fut reconnu roi des Juifs par les soins et sous la protection d’Antoine.
Antoine attaque l’Arménie, et, après avoir distribué à ses troupes l’argent que lui avait envoyé Cléopâtre, il vient en Égypte passer l’hiver de l’an 37 (Égypte 38) avant l’ère vulgaire, la 14e année du règne de Cléopâtre.
Dès le printemps de l’année suivante, Antoine se rend à Nicopol is, où il attire le roi Artabaze ; il le charge de chaînes faites d’areent, par respect pour la majesté royale, s’empare du reste de l’Arménie, et revient en Égypte. Il proclame Cléopâtre reine des rois, il la confirme dans la possession de l’Égypte et Césarion dans celle de Chypre, donnant aux enfants qu’il avait eus de la reine le reste de ses conquêtes, depuis l’Égypte jusqu’à l’Indus. Cela se passait dans le courant de l’an 36 [37] avant l’ère vulgaire. Cette année, qui était la seizième du règne de Cléopâtre, fut la plus mémorable de sa vie. Toutes les passions de cette femme étaient exaltées ; n’étant plus satisfaite des hommages qu’elle recevait comme reine, Cléopâtre veut être honorée comme une divinité. Elle prend en public le nom avec les attributs d’Isis, et sur la monnaie faite à cette occasion le titre de nouvelle déesse Melle établit aussi une ère se rapportant à cette même occasion.
Antoine oublie Rouie en Égypte ; Octave, jaloux de ses succès, se déclare secrètement contre lui. Ils se préparent l’un et l’autre à la guerre. Cléopâtre et Antoine assistent aux jeux olympiques à Athènes, l’an 32 (Égypte 33) avant l’ère vulgaire.
Cn. Domitien Ænobardus et C. Sossius, intimes amis d’Antoine, parviennent au consulat dès le commencement du mùis de janvier suivant, l’an 31 (Égypte 32) ; et dès lors aussi Sossius demande au sénat un édit contre Octave ; mais Octave porte le sénat à déclarer la guerre à Cléopâtre. Antoine tente une invasion en Italie ; arrivé à Corfou, il retourne dans le Péloponèse. Il passe l’hiver de l’an 30 [31] à Patras. Le printemps arrive, Antoine court la nier Ionienne, et réunit toutes ses forces à Actium ; Octave s’y rend ; la bataille s’engage ; Cléopâtre et Antoine prennent la fuite, abandonnant la victoire à Octave, le 2 septembre de l’an 30 (Égypte 31) avant l’ère vulgaire, la vingt-deuxième année du règne de Cléopâtre.
Nouveaux préparatifs de part et d’autre. Cléopâtre et Antoine font proposer la paix à Octave et tentent de corrompre son armée avec de l’argent. En même temps Cléopâtre envoie secrètement son sceptre et sa couronne à Octave : elle sollicite sa bienveillance, et Octave la lui promet à la condition de se défaire d’Antoine. Il renvoie à celui-ci ses premiers députés sans réponse ; il reçoit avec le même dédain une seconde et une troisième ambassade, refusant de répondre à Antoine et renouvelant ses secrètes promesses à Cléopâtre, sous les mêmes conditions. Il envoie même à la reine l’affranchi Thyrsus pour la décider à ce qu’il souhaitait, et lui persuader même qu’il était tout épris de sa beauté. La campagne s’ouvre ; Antoine éprouve plusieurs échecs sur terre et sur mer ; Octave s’empare de Péluse le premier du mois d’août ; Antoine est abandonné de sa flotte.
Cléopâtre, occupée de sa conservation, s’enferme dans un tombeau avec ses trésors, et fait répandre à dessein la nouvelle de sa mort. Antoine, ne voulant pas lui survivre, se blesse lui-même assez dangereusement pour en mourir, mais non pas sans avoir eu le temps et le regret de connaître l’affreuse supercherie de Cléopâtre.
La reine, quoique seule avec son courage et sa renommée, croyait fermement qu’Octave lui laisserait la vie et la couronne ; elle demande des garanties pour l’une et pour l’autre, espérant soumettre par ses charmes celui qu’elle n’avait pu vaincre par ses soldats. Mais Octave voulait attacher Cléopâtre à son char de victoire, et bientôt elle reconnaît la vanité de ses espérances. Captive là où elle avait été souveraine, elle ne veut pas continuer de vivre après avoir cessé de régner, et se donne la mort, vers le 15 du mois d’août de l’an 29 (Égypte 30) avant l’ère vulgaire, après un règne de vingt-deux années entières.
Ce jour fut le dernier de la race royale des Lagides, qui régnèrent en Égypte depuis le 30 mai de l’an 323 jusqu’au 15 août de l’an 29 (Égypte 30) avant l’ère vulgaire. Cet intervalle se divise en seize rois ou renies qui occupèrent successivement le trône d’Égypte, et fournirent vingt et un règnes différents. Les fils de Cléopâtre et d’Antoine ne leur succédèrent pas. Athilus et Césarion furent mis à mort ; les autres furent confiés par Octave à Juba, roi de Mauritanie : l’histoire n’a pas rappelé leurs noms.
L’Égypte devint une province romaine dont Cornelius Gallus fut le premier préfet. L’époque de son asservissement fut pour l’Égypte même celle d’une ère nouvelle, comme si cet asservissement eût été un bienfait.