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Jugement
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Jugement (1)

En hébreu mischphat, en grec krisis, en latin judicium. Ces termes ont diverses significations dans l’Écriture lls se prennent,

1° Pour le pouvoir de juger absolument : (Deutéronome 1.17) : Le pouvoir de juger appartient à Dieu ; les juges ne sont que ses lieutenants (Jean 5.27) : Dieu a donné au Fils le pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme (Apocalypse 20.4) : Le pouvoir de juger a été donné aux apôtres.

2° Judicium se met pour la droiture, l’équité et les autres bonnes qualités du juge (Psaumes 72.2) : Seigneur, accordez à votre roi la droiture dans les jugements, donnez au fils du roi la justice et l’équité (Psaumes 99.4) : La majesté et la gloire du roi éclatent dans la droiture de ses jugements, et dans son amour pour la justice (Psaumes 89.15) : La justice et l’équité sont le soutien de votre trône.

3° Judicium signifie assez souvent la justice vindicative et la rigueur des jugements de Dieu. Par exemple (Exode 12.12) : J’exercerai ma vengeance, mes jugements, sur tous les dieux de l’Égypte (Psaumes 119.84) Quand me vengerez-vous de mes persécuteurs ? quand exercerez-vous contre eux vos jugements ? (Isaïe 26.9) : Lorsque vous aurez exercé vos jugements, votre sévérité sur la terre, les hommes apprendront à pratiquer la justice.

4° Facere judicium et justitiam marque l’exercice de toute vertu, la justice, l’équité, la vérité, la fidélité : (Abraham, Genèse 18.19) : Je sais qu’Abraham recommandera à ses enfants d’agir selon l’équité et la justice (Psaumes 119.121) : J’ai pratiqué la justice et l’équité (Isaïe 5.7) : J’ai attendu que ma vigne, mon héritage, mon peuple exerçât le jugement, l’équité, et je ne vois que des actions injustes ; qu’il pratiquât la justice ; et je n’entends que les cris de ses iniquités.

5° Judicium se met assez souvent pour les lois de Dieu, et surtout pour les lois judicielles (Lévitique 21.1) : Voilà les ordonnances que vous leur proposerez (Exode 24.3) : Moïse proposa au peuple tout ce que le Seigneur lui avait dit et tous ses commandements (Psaumes 148.20) : Il n’a pas traité de même toutes les nations, et il ne leur a pas fait connaître ses jugements, ses ordonnances, etc.

6° Judicium se met aussi pour la coutume, l’usage : (Psaumes 119.132) : Ayez pitié de moi et traitez-moi comme vous avez accoutumé de traiter ceux qui vous aiment. Cette expression, secundum judicium, selon la coutume, est bien plus fréquente dans l’Hébreu que dans la Vulgate, ou elle a été traduite par ut assolet, ut decet, pro more, etc. (Lévitique 5.10), hébreu : Il fera brûler l’holocauste selon la coutume, etc.

7° Judicium se met pour la discrétion, la sagesse, la prudence (Psaumes 112.5) : Il réglera ses discours avec sagesse (Jérémie 4.2) : Vous jurerez : Vive le Seigneur, dans la vérité, dans le jugement et dans la justice : c’est-à-dire, dans la vérité, pour ne rien dire de faux ; dans le jugement, pour discerner quand il convient de jurer ; dans la justice, pour éviter de faire tort au prochain. Mais, dans ce passage, in judicio peut très-bien marquer l’équité, la justice, etc.

8° On appelait le pectoral du grand prêtre (Exode 28.15-29) pectorale judicii, et quelquefois judicium (Exode 28.30) simplement. Aaron portera le jugement des enfants d’Israël ; c’est-à-dire, le pectoral, qui est la marque de son autorité sur les enfants d’Israël. Le grand prêtre était le chef de la justice de la nation des Hébreux.

9° Judicium se prend pour le jugement dernier (Hébreux 9.27) : Il est arrêté que les hommes meurent une fois, et qu’ensuite ils soient jugés. Dans Joël (Joël 3.2), le Seigneur dit qu’il rassemblera toutes les nations dans la vallée de Josaphat, et qu’il entrera en jugement avec elles pour venger son peuple qu’elles ont opprimé. Voyez ci-devant Josaphat, et ailleurs vallée de Josaphat. Salomon (Ecclésiaste 11.9) : Sachez que Dieu vous fera paraître en jugement pour toutes ces choses (Psaumes 143.2) : N’entrez point en jugement avec votre serviteur, parce que nul homme ne sera justifié devant vous. [4Esrdas, apocryphe] : Le jugement arrivera après notre mort, quand nous ressusciterons. On peut voir saint Matthieu (Matthieu 25.31-46), et la première Épître de saint Paul aux Thessaloniciens, et celle de saint Jude sur le jugement dernier et sur les signes qui doivent le précéder.

Jugement de Zèle

Les Juifs prétendent que dans certaines circonstances, où l’on voit un Juif qui blesse l’honneur de Dieu, qui viole impunément la loi, qui blasphème contre Dieu, contre son temple ou contre son législateur ; ou même lorsqu’on voit un païen qui veut engager le peuple dans le désordre, dans l’idolâtrie, dans la violation des lois du Seigneur, on peut impunément le mettre à mort, et, sans autre forme de justice, s’abandonner à son zèle et ôter ce scandale du milieu du peuple. Ils fondent cette jurisprudence sur l’exemple de Phinées, fils d’Eléazar, qui, ayant vu entrer un Israélite dans la tente d’une fille prostituée de Madian (Nombres 25.6-10), prit un javelot, le suivit et tua ces deux coupables dans le moment qu’ils commettaient le crime. Ils citent aussi l’exemple de Mathathias, père des Machabées, qui, emporté par son zèle (1 Machabées 2.24), mit à mort un Israélite qui voulait sacrifier aux faux dieux.

Les inconvénients de cette sorte de jugement de zèle sont sensibles : une multitude inconsidérée, un Israélite outré, un fanatique se croira permis de faire périr un homme qu’il croira contraire aux intérêts de Dieu et de la religion. Les exemples n’en sont que trop fréquents dans l’histoire. C’est par ce faux zèle qu’ils lapidèrent saint Étienne (Actes 7.58), qu’ils se saisirent de saint Paul, dans la résolution de le faire mourir (Actes 21.27 ; 22.22-23), et que plus de quarante hommes (Actes 23.12) firent vœu de ne boire ni manger qu’ils ne l’eussent mis à mort. Saint Jacques, évêque de Jérusalem, fut exécuté de la même sorte, et Jésus-Christ n’aurait pas évité la mort dans le temple un jour qu’ils s’imaginèrent qu’il blasphémait, s’il ne se fût caché et retiré du milieu d’eux (Jean 8.9).

Jugement (La fontaine du) (3)

(Genèse 14.7) est la même que la fontaine de Cadès, au midi de la terre promise. On donna aux eaux de Cadés le nom d’eaux de contradiction, parce que Moïse (Nombres 20.13 ; Psaumes 106.32) y fut contredit et irrité par les murmures des Israélites ; et celui de fontaine du Jugement, parce que Dieu exerça sa colère coutre Moïse, et lui dénonça qu’il n’entrerait point dans la terre promise, parce qu’il ne l’avait point honoré aux yeux des enfants d’Israël. Les rabbins veulent que le nom de fontaine du Jugement lui vienne de ce que les peuples voisins s’assemblaient en cet endroit pour recevoir la justice et pour terminer leurs différends.

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