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Ou Jacime, ou Joachim, grand-prêtre des Juifs, établi en 3842, mort en 3844, avant Jésus-Christ 156, avant l’ère vulgaire 160. Il était de race sacerdotale, mais non pas d’une famille du premier rang, ni de celles dont les ancêtres eussent possédé la grande sacrificature. D’ailleurs il s’était souillé par des actes d’idolâtrie au commencement de la persécution d’Antiochus Épiphane (2 Machabées 14.3). Il entra dans cette souveraine dignité par des voies tout à fait irrégulières. Ce fut le roi Antiochus Eupator qui l’y établit, après la mort de Ménélaüs ; mais Alcime n’en fit les fonctions qu’après la mort de Judas Machabée. Voyant donc qu’il ne pouvait entrer dans l’exercice de sa dignité de grand-prêtre, il n’eut pas plutôt appris que Démétrius, fils d’Antiochus Épiphane s’était échappé de Rome, et était arrivé en Syrie, qu’il le vint trouver, et s’étant mis a la tête des Juifs apostats qui étaient à Antioche, il vint se jeter aux pieds de ce nouveau roi, et le supplier de les défendre contre les violences de Judas Machabée, qu’il accusait d’opprimer tous ceux qui étaient attachés au parti du roi, et de les avoir dispersés et chassés hors de leur pays. Il le pria en même temps d’envoyer quelqu’un en Judée, pour y voir les désordres et les maux que Judas Machabée y avait causés, et pour châtier son insolence.
Démétrius y envoya aussitôt Bacchides à la tête d’une armée, et, confirmant Alcime dans la charge de grand sacrificateur, il lui ordonna d’accompagner Bacchides, et les chargea tous deux du soin de cette guerre. Étant arrivés en Judée, ils essayèrent d’abord de surprendre Judas et ses frères, et sous prétexte de traiter avec eux, ils crurent les attirer par de belles paroles à une entrevue, où ils devaient se saisir de leurs personnes. Mais Judas et ses frères découvrirent ou soupçonnèrent le piège qu’on leur tendait, et l’évitèrent. D’autres qui ne furent pas si prudents y tombèrent et y périrent, entre autres soixante Assidéens, et plusieurs scribes ou docteurs de la loi, qui, ne pouvant s’imaginer qu’un prêtre de la race d’Aaron fût capable de les tromper, se contentèrent du serment de paix qu’il leur donna, et le vinrent trouver ; mais il ne les eut pas plutôt entre ses mains, qu’il les fit tous égorger. Après cette perfidie, personne ne voulut plus se fier à lui.
Bacchides ayant ainsi établi Alcime par force dans la Judée, sortit de Jérusalem avec son armée, et vint camper à Bethzécha, dans le dessein de s’en retourner en Syrie. De là il envoya prendre plusieurs de ceux qui avaient quitté son parti, et quelques-uns du peuple, et les ayant mis à mort, il les fit jeter dans un grand puits. Après cela ayant remis toute la province entre les mains d’Alcime, et lui ayant laissé des troupes pour le soutenir, il s’en retourna vers le roi Démétrius. Alcime se soutint quelque temps avec assez de bonheur ; il lui venait beaucoup de déserteurs, avec lesquels il fit de grands ravages dans le pays. Mais Judas reprit bientôt le dessus, et empêcha Alcime et ses gens de faire des courses dans le pays. Celui-ci ne pouvant plus résister à Judas, s’en retourna à la cour, porta au roi une couronne d’or, une palme et des branches d’or, qu’il avait apparemment enlevées du Temple, et ayant pris son temps, renouvela ses plaintes contre Judas, et fit entendre au roi, que pendant que cet homme vivrait, jamais son autorité ne serait bien établie dans la Judée. Tous ceux qui avaient l’oreille du roi lui insinuaient continuellement la même chose : enfin on l’anima de telle sorte, qu’il envoya contre lui une nouvelle armée sous le commandement de Nicanor, son ancien ennemi, avec ordre de se défaire de Judas, de disperser son parti, et d’établir Alcime dans la pleine possession de sa dignité.
Nicanor, qui connaissait la valeur de Judas, ne jugea pas à propos de l’attaquer par la voie des armes : il lui proposa un traité, et on convint des articles ; mais Alcime qui ne trouvait pas qu’on ménageât assez ses intérêts dans ces conférences, alla trouver le roi, et le prévint si fort contre le traité, qu’il ne le voulut pas ratifier, et envoya à Nicanor des ordres positifs de continuer la guerre, jusqu’à ce qu’il eût tué Judas, ou qu’il l’eût pris et envoyé prisonnier à Antioche. Nicanor fut donc obligé malgré lui de recommencer les hostilités contre Judas et ses frères.
Nicanor essaya de s’assurer de la personne de Judas dans une entrevue qu’il eut avec lui à Jérusalem ; mais Judas s’étant aperçu de la trahison, se retira et recommença la guerre. Nicanor fut battu à Capharsalama, et dans une seconde bataille qu’il livra à Judas, il fut mis à mort, et son armée mise en déroute. Démétrius, en étant informé, renvoya Bacchides et Alcime en Judée avec une puissante armée, qui était l’élite de ses troupes. Judas n’avait que trois mille hommes. La terreur s’étant mise dans sa petite armée, elle se débanda, et il ne lui en resta que huit cents. Avec ce petit nombre de gens il osa attaquer l’ennemi, lui tua bien du monde, et après avoir fait des prodiges de valeur, il mourut accablé par le nombre.
Par sa mort, Alcime et son parti se trouvèrent délivrés d’un ennemi redoutable. Les apostats et les mécontents commencèrent à lever la tête, et devinrent les plus forts. Ils se rendirent les maîtres dans tout le pays. Alcime commença alors à exercer les fonctions sacrilèges de la sacrificature, qu’il avait achetée à prix d’argent. Mais ayant entrepris d’abattre le mur du parvis intérieur bâti par les prophètes, apparemment le mur qui séparait l’autel des holocaustes du parvis des prêtres, Dieu l’en punit en le frappant de paralysie, dont il mourut après trois ou quatre ans de pontificat, l’an du monde 3844. Voyez notre Dissertation sur les grands-prêtres des Hébreux, à la tête de notre commentaire sur le livre de Judith.