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Fils de Matthatias, succéda à son père dans la charge de chef du peuple fidèle (1 Machabées 2.49-70), durant la persécution d’Antiochus Épiphane (162 av Jésus-Christ). Dès auparavant il avait donné des marques de sa valeur, de sa conduite et de son zèle pour la loi de Dieu, en s’opposant à ceux qui abandonnaient le Seigneur pour sacrifier aux idoles. C’est ce qui obligea Matthatias, son père, à le déclarer son successeur, et à le mettre à la tête de ses frères. Une des premières expéditions de Judas Machabée fut contre Appolonius, général des troupes syriennes qui étaient dans la Palestine. Judas marcha contre lui, le tua, le tailla en pièces, ou mit en fuite son armée ; il prit l’épée d’Apollonius, et s’en servit d’ordinaire dans les combats toute sa vie. Séron, capitaine syrien, croyant acquérir de la gloire par la défaite de Judas, ne fit au contraire qu’augmenter celle de Judas par sa propre défaite.
Antiochus, étonné de la valeur de Judas, envoya contre lui trois capitaines de réputation, Nicanor, Gorgias et Ptolémée, fils de Dorimène. Judas assembla son armée à Maspha, se prépara au combat par la prière, marcha contre l’ennemi, attaqua Nicanor seul, et, en l’absence de Gorgias, le battit, et mit son armée en fuite. Ensuite Gorgias étant venu, et ayant vu le camp de Nicanor en feu, se retira promptement, sans oser en venir aux mains. L’année suivante, Lysias, régent du royaume en l’absence d’Antiochus Épiphane, qui était allé au delà de l’Euphrate, Lysias, dis-je, vint en Judée avec une armée de soixante mille hommes choisis et de cinq mille chevaux. Judas alla au-devant d’eux jusqu’à Béthoron ; et ayant fait sa prière, il les attaqua, en tua cinq mille sur la place, et mit le reste en fuite. Lysias fut obligé, de s’en retourner à Antioche pour y lever une nouvelle armée.
Judas, se voyant ainsi maître de la campagne, monta à Jérusalem avec son armée. Ils virent les lieux saints tout déserts, l’autel profané, les parvis remplis d’épines, et les chambres joignant le temple toutes détruites. Judas partagea ses gens, en, occupa une partie à nettoyer les lieux saints, et posta les autres entre la citadelle et le temple, afin qu’ils empêchassent les troupes syriennes, qui occupaient la forteresse, d’incommoder ceux qui travaillaient à purifier le saint lieu et à le remettre en état pour pouvoir y offrir des sacrifices. Ils mirent à part les pierres de l’ancien autel qui avait été profané, en bâtirent un nouveau de pierres brutes, rebâtirent le saint et le sanctuaire, firent de nouveaux vases sacrés, et le 25 du neuvième mois, nommé casleu, la Cent quarante huitième année des Grecs, qui revient à l’an du monde 3840, avant Jésus-Christ 160 ; avant l’ère vulgaire 164, ils offrirent le sacrifice du matin sur l’autel des holocaustes, et rétablirent dans le temple le culte public, qui avait été interrompu pendant trois ans entiers. Ils firent une nouvelle dédicace du temple avec toute la pompe qu’ils purent, selon l’état présent de leurs affaires, et célébrèrent cette fête pendant huit jours. C’est la mémoire de cette dédicace dont il est parlé dans l’Évangile, où il est dit que Jésus vint au temple de Jérusalem à la dédicace pendant l’hiver (Jean 10.22). [Voyez le Calendrier des Juifs, au 25 de casleu].
Peu de temps après, et apparemment la même année, Judas défit encore deux capitaines syriens, Timothée et Bachides, et fit porter à Jérusalem le butin qu’il avait pris sur eux. Il fit aussi fortifier Bethsura, qui était une espèce de barrière qui mettait Jérusalem à couvert du côte de l’Idumée. Judas attaqua les Iduméens, ceux de l’Acrabatène, les fils de Béan, les Ammonites, et Timothée, qui était entré en Judée, et fit partout des prodiges de valeur ; il battit, tailla en pièces et dissipa tous ses ennemis. [Voyez le Calendrier des Juifs, au 15 de sivan].
Les peuples de Galaad ayant conspiré contre les Israélites qui étaient dans leur pays, et ayant résolu de les exterminer, les Israélites se retirèrent dans la forteresse de Dathéma. Judas, en étant informé, accourut à leur secours, et en même temps il envoya son frère Simon au secours des Israélites de Galilée, qui étaient menacés d’une ruine entière par les peuples de Tyr et de Sidon, et autres étrangers qui s’étaient jeté dans leur pays. Il donna à Simon trois mille hommes, et il en prit avec lui huit mille.
Simon battit les ennemis, leur tua près de trois mille hommes ; et ayant pris avec lui les Juifs de Galilée, il les amena de la Judée pour y demeurer plus en sûreté. Judas passa le Jourdain, prit Bosor, et y mit le feu. Il arriva à Dathema dans le temps qu’on y donnait l’assaut ; mais les ennemis ne l’eurent pas plutôt reconnu, qu’ils abandonnèrent leurs entreprises, et prirent la fuite. De là il alla à Maspha, à Hésébon, à Maget, à Bosor, et prit toutes ces villes. Timothée ayant de nouveau assemblé quelques troupes, Judas marcha contre lui, et le défit ; il prit ensuite Astaroth-Carnaïm, et la réduisit en cendres.
Alors Judas, ayant assemblé tout ce qu’il trouva de Juifs dans le pays de delà le Jourdain, les amena dans la Judée. En passant il prit, et pilla la ville d’Ephron, qui lui avait refusé le passage. Étant heureusement arrivés à Jérusalem, ils montèrent au temple, et y offrirent des sacrifices d’actions de grâces. Judas fit ensuite la guerre aux Iduméens ; il leur prit Hébron, entra dans le pays des Philistins, prit Azoth, et parcourut toute la Samarie, et revint dans le pays de Juda chargé de riches dépouilles. Cependant Lysias vint une seconde fois en Judée à la tête d’une puissante armée ; il s’avança jusqu’à Bethsure, environ à six lieues de Jérusalem. Judas marcha contre lui, et lorsqu’il sortit de Jérusalem, il parut à la tête de ses troupes un ange sous la forme d’un cavalier, qui les remplit de joie et de courage. Ils se jetèrent sur les ennemis, et tuèrent onze mille hommes de pied et seize cents chevaux, mirent le reste en fuite, et Lysias lui-même fut obligé de se sauver honteusement et de faire la paix avec Judas. Eupator, qui avait succédé à Antiochus Épiphane, permit aux Juifs de vivre selon leurs lois, et de faire dans le temple de Jérusalem toutes leurs fonctions avec toute sorte de liberté.
Ce traité ayant été conclu, Lysias s’en retourna à Antioche. Mais Timothée, Apollonius, Jérôme, Démophon et Nicanor, qui étaient demeurés dans le pays, ne laissaient point les Juifs en repos et ne cherchaient qu’à troubler la paix. Et ceux de Joppé, ayant invité les Juifs qui demeuraient dans leur ville à entrer dans des vaisseaux, comme pour se divertir sur la mer, les noyèrent tous, avec leurs femmes et leurs enfants. Judas, pour venger cette perfidie, marcha contre eux, brûla leurs barques et mit le feu à leur port ; il en aurait fait autant à leur ville, sans la nouvelle qu’il reçut que ceux de Jamnia voulaient de même exterminer les Juifs de leur ville. Judas les prévint, et brûla leur port et leurs vaisseaux. De là il alla au delà du Jourdain, où il fut attaqué par une troupe de cinq cents Arabes ; il les battit et les contraignit de lui demander la paix. Il attaqua Chasbin ou Esébon, la prit, la saccagea ; et il y eut un si grand nombre de morts, que l’eau de l’étang qui était près de là fut teinte de leur sang. Il s’avança vers Characa, dans le pays des Tubiéniens ; mais n’y ayant pas trouvé Timothée, qu’il cherchait, il le rencontra qui était à la tête de cent vingt mille hommes de pied et de deux mille cinq cents chevaux. Quoique Judas n’eût que six mille soldats, il dissipa cette armée et en tua trente mille hommes. De là il alla à Carnion ou à Carnaïm, et y fit périr vingt-cinq mille hommes. Il passa ensuite à Ephron, prit la ville et y tua encore vingt-cinq mille hommes. Il arriva à Jérusalem avant la Pentecôte.
Après cette fête, il marcha contre Gorgias d’abord les Juifs eurent quelque désavantage ; mais Judas, ayant invoqué le Seigneur, mit en fuite l’armée ennemie : Gorgias lui-même ne s’échappa qu’avec assez de peine. Judas rassembla ses gens à Odollam, pour y célébrer le sabbat ; et le jour suivant, lorsqu’on vint pour enterrer les Juifs qui avaient été tués dans le combat, on trouva sous les habits de ceux qui étaient morts des choses qui avaient été consacrées aux idoles dans Jamnia. Et tout le monde imputa leur mort à ce vol qu’ils avaient fait des choses impures et profanes. Judas fit faire une quête de douze mille drachmes d’argent, qu’il envoya à Jérusalem, afin qu’on y offrît des sacrifices pour l’âme de ceux qui étaient morts, ayant de bons et saints sentiments sur la résurrection ; car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Antiochus Eupator ayant appris ces succès de Judas Machabée vint lui-même en Judée, accompagné de Lysias, à la tête d’une armée de cent mille hommes de pied, de vingt mille chevaux et de trente-deux éléphants. Il assiègea Bethsure. Judas marcha au secours de ses frères ; du premier choc, il défit six cents hommes des ennemis, et son frère Eléazar tua de sa main le plus beau des éléphants de l’armée, croyant que le roi le montait. La petite armée de Judas ne pouvant tenir tête aux troupes du roi se retira à Jérusalem. Eupator les suivit et vint assièger la ville et principalement le temple, que Judas avait fortifié et où il s’était retiré. Le siège tirant en longueur, et Lysias craignant que Philippe, qui avait été déclaré régent du royaume par Antiochus Épiphane, ne se rendit maître d’Antioche, fit la paix avec Judas et s’en retourna promptement en Syrie.
Démétrius, fils de Séleucus, oncle d’Eupapator et légitime héritier du royaume de Syrie, ayant mis à mort Eupator et Lysias, et s’étant fait reconnaître roi de Syrie, donna la grande sacrificature des Juifs à Alcime, et envoya avec lui Bacchides eu Judée, avec une armée, pour réprimer les entreprises de Judas. Bacchides entra dans Jérusalem et mit Alcime en possession de la grande sacrificature. Cependant Judas, s’étant retiré, demeura quelque temps sans rien entreprendre ; mais voyant les excès et les violences que commettait Alcime, il amassa quelques troupes et fit mourir ceux qui avaient abandonné son parti. De sorte qu’Alcime, voyant qu’il n’était pas le plus fort dans la province, se retira à Antioche et accusa Judas de plusieurs crimes. Démétrius envoya Nicanor en Judée avec des troupes. Avant que d’entrer à Jérusalem, il envoya des députés à Judas pour lui faire des propositions de paix : Judas les ayant exposées au peuple et aux sénateurs, tous furent d’avis de les accepter : c’est pourquoi ou prit jour pour leur ratification. Judas et Nicanor se virent à la campagne ; et Judas, crainte de surprise, fit tenir des gens armés dans des lieux avantageux. La conférence se passa comme elle devait. Nicanor demeura ensuite à Jérusalem dans la citadelle, et Judas dans la ville. Nicanor était pénétré d’estime pour Judas ; il l’aimait d’un amour sincère ; il le pria même de se marier, et il se maria ; et ils vivaient ensemble familièrement.
Mais Alcime, voyant la bonne intelligence qui était entre eux, vint trouver Démétrius, et lui dit que Nicanor trahissait ses intérêts. Le roi, aigri par ces calomnies, écrivit à Nicanor qu’il trouvait fort mauvais qu’il eût ainsi fait amitié avec Judas, et il lui ordonna de l’envoyer au plus tôt chargé de chaînes à Antioche. Nicanor, ayant reçu ces ordres, cherchait l’occasion de les exécuter. Judas, s’étant aperçu de quelque refroidissement de sa part, s’en défia ; et ayant ramassé quelques troupes, il se déroba à Nicanor et se tint à la campagne avec ses gens. Nicanor marcha contre lui et l’attaqua à Caphar-Salama ; mais il fut repoussé avec perte de plus de cinq mille hommes, et contraint de se retirer à Jérusalem. Il menaça de détruire le temple si on ne lui remettait Judas entre les mains ; et étant parti pour aller à Béthoron, où l’armée de Syrie le vint joindre, Judas l’alla attaquer avec tant d’impétuosité, qu’il défit ses troupes et que Nicanor lui-même fut tué le premier. Le reste de son armée ayant pris la fuite, fut taillé en pièces par les habitants du pays, sans qu’il en restât un seul. La tête et la main droite de Nicanor furent pendues vis-à-vis de Jérusalem, et l’on institua une fête au 13 d’adar pour célébrer la mémoire de cette victoire. Ce fut dans cette occasion que Judas vit en esprit le grand prêtre Onias, qui priait pour tout le peuple, et ensuite le prophète Jérémie, qui lui présenta une épée d’or, en lui disant qu’avec elle il renverserait les ennemis d’Israël.
Démétrius, ayant appris que Nicanor avait été tué dans le combat et son armée défaite, envoya de nouveau en Judée Bacchides et Alcime, avec l’aile droite de ses troupes. Ils vinrent d’abord à Jérusalem et de là à Bérée ou Béroth, ville de la tribu de Benjamin. Judas était à Laïs ou Béthel, avec trois mille hommes choisis. Ses gens, voyant une si grande armée, furent saisis de frayeur, et plusieurs se retirèrent du camp : en sorte qu’il n’y en resta que huit cents. Judas, se voyant ainsi abandonné, en eut le cœur abattu, et dit à ceux qui restaient : Allons combattre l’ennemi, si nous pouvons. Comme ses gens l’en détournaient et lui remontraient qu’il fallait attendre quelque renfort, il leur dit : Dieu nous garde d’en user ainsi. Si notre heure est venue, mourons courageusement pour nos frères et ne souillons point notre gloire par une telle tache. Ils marchèrent donc à l’ennemi. Judas ayant remarqué que l’aile droite, où commandait Bacchides, était la plus forte, il l’assaillit, la rompit, et la poursuivit jusqu’à la montagne d’Azot. Mais ceux qui étaient à l’aile gauche suivirent par derrière Judas et l’enveloppèrent : de sorte qu’après un combat long et opiniâtre, où plusieurs de part et d’autre furent blessés ou tués, Judas lui-même tomba mort, et tous les autres prirent la fuite.
Alors Jonathas et Simon emportèrent le corps de Judas, leur frère, et le mirent dans le sépulcre de leur famille à Modin. Tout Israël fit un grand deuil à sa mort ; et ils disaient : Comment cet homme invincible est-il tombé, lui qui sauvait le peuple d’Israël ? Les autres guerres de Judas, les actions extraordinaires qu’il a faites et la grandeur de son courage sont en trop grand nombre pour pouvoir être toutes rapportées. Joseph Ben-Gorion dit que Judas eut des enfants, mais qu’ils moururent jeunes. L’Écriture n’en dit rien ; et Judas étant mort la même année de son mariage, il est fort croyable qu’il mourut sans lignée. Ce grand homme a été une des plus expresses figures du Messie, vrai Sauveur d’Israël ; et nous croyons que c’est à lui, comme figure de Jésus-Christ, que l’on doit rapporter les éloges marqués dans Isaïe, chapitre 63 : Qui est celui-ci, qui vient d’Édom ? Qui est ce conquérant, qui vient de Bosra avec sa robe teinte de sang ? etc [« Judas Machabée est un de ces personnages qui, dans notre imagination, marchent avec la main de Dieu sur leur tête, et nous nous étonnons que le trépas puisse les atteindre. Nous répétons ces paroles que la terre de Judée entendit au loin : Comment est tombé cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? Judas Machabée est l’Achille des Hébreux ; et si un Homère chrétien se saisissait de cette figure, que de divins tableaux il aurait à nous retracer ! Judas vécut dans le siècle des Scipions ; aussi grand qu’eux par la vaillance, il fut plus admirable. Il ne combattit point pour asservir des peuples et dans l’espoir de monter au Capitole ; mais il se dévouait, l’épée à la main, à ses frères d’Israël, menacés dans leurs lois et leurs croyances ; il se dévouait au salut de sa nation, et parvint à l’accomplir. » Poujoulat, Histoire de Jérus chapitre 15 suite, t. 1, page 349].
C’est le nom que l’on donne au quatrième des sept frères Machabées, qui souffrirent le martyre à Antioche ou à Jérusalem sous Antiochus Épiphane. Mais ce nom ne se trouve dans aucun auteur authentique.
Ayant été choisi par Jésus-Christ pour être mis au nombre de ses apôtres et pour être le dépositaire des aumônes que l’on offrait à Jésus-Christ et aux apôtres pour leur entretien, il se corrompit de telle sorte, qu’il trahit son Dieu et son Seigneur, et qu’il le livra à ses ennemis pour le faire mourir. Marie, sœur de Lazare, ayant répandu un parfum précieux sur les pieds du Sauveur, Judas fut un des apôtres qui en murmura le plus haut ; et bientôt après il alla trouver les prêtres pour leur livrer Jésus-Christ. Ils lui promirent trente sicles, qui font environ quarante-huit livres douze sols, à prendre le sicle sur le pied de trente-deux sols cinq deniers. Avant la fin de la dernière cène, il sortit de la salle et alla avertir les prêtres que cette nuit il leur livrerait Jésus, parce qu’il savait le lieu où il se retirait pendant la nuit.
On forme sur son sujet plusieurs questions.
1° On demande d’où lui vient le nom d’Ischarioth. Eusèbe et saint Jérôme croient qu’il était de la tribu d’Éphraïm, et natif du bourg d’Ischarioth dans cette tribu d’autres veulent qu’il ait été de la tribu d’issachar et que de là l’on ait formé Issachariothes, d’où, par abréviation, on a fait Ischarioth d’autres veulent que ce nom dérive du bourg de Carioth, dans la tribu de Juda. Isch Carioth signifie en hébreu l’homme de Carioth.
2° On demande s’il participa au corps de notre Sauveur, dans le dernier souper qu’il fit avec ses apôtres. Plusieurs anciens, comme l’auteur dos Constitutions apostoliques, saint Hilaire, Innocent 3.Victor d’Antioche, l’abbé Rupert, Théophylacte et quelques autres ont cru qu’il n’avait point assisté à l’institution de l’eucharistie, et qu’aussitôt que Jésus-Christ l’eut désigné comme étant celui qui le devait trahir, il sortit et s’en alla. Mais la plupart des anciens et des modernes tiennent qu’il assista à l’institution de l’eucharistie : ce qui est confirmé par saint Luc (Luc 22.21), qui, ayant raconté ce que Jésus-Christ dit en instituant ce divin sacrement, dit que Jésus prononça ces paroles : La main de celui qui me doit trahir est avec moi à cette table. Quelques-uns ont cru que le morceau trempé dans la sauce que Jésus présenta à Judas était l’eucharistie ; d’autres, qu’en trempant ce pain il lui ôta la consécration. Origène, sur saint Jean, rapporte trois opinions sur la communion de Judas, et il ne se déclare pour aucune des trois :
1° Que Judas avait reçu le corps de Jésus-Christ ;
2° Que le démon l’en avait empêché ;
3° Qu’il n’avait reçu que du pain, et non pas le corps de Jésus-Christ.
3° On demande quand il reporta aux prêtres l’argent qu’il avait reçu d’eux pour leur livrer son Maître. Il y en a qui croient que cela n’arriva qu’après la mort de Jésus-Christ ; d’autres croient que ce fut avant que Jésus-Christ eût été condamné par Pilate, et dans le temps que les prêtres et les scribes insistaient auprès de ce gouverneur afin qu’il le leur abandonnât pour le crucifier ; enfin d’autres prétendent qu’il ne reporta son argent aux prêtres que quand il vit que la sentence de mort était prononcée contre Jésus. Alors il alla les trouver dans le temple, et leur dit : J’ai péché en trahissant le sang innocent. Mais ils lui répondirent : Que nous importe ? c’est votre affaire. Alors, jetant cet argent dans le tempe et s’étant retiré, il s’alla pendre. Quelques Pères semblent louer la pénitence de Judas ; mais les autres la regardent comme très-défectueuse et très-inutile, puisqu’il désespéra de la miséricorde de son Dieu. Origène et Théophylacte, écrivant sur saint Matthieu, disent que Judas, voyant que son Maître était condamné et qu’il ne pouvait plus obtenir de lui le pardon en cette vie, se hâta de le prévenir et de l’aller attendre en l’autre monde, pour le prier de lui faire miséricorde.
4° On forme quelques difficultés sur la manière dont Judas mourut. Saint Matthieu dit simplement qu’il se pendit ; mais saint Luc, dans les Actes (Actes 1.18), dit de plus, que Judas, s’étant précipité, se creva et répandit tous ses intestins. Théophylacte dit que s’étant d’abord pendu ; comme le dit saint Matthieu, le poids de son corps fit pencher l’arbre auquel il s’était attaché ; et qu’ayant été secouru, il vécut encore quelque temps ; mais qu’ayant gagné une hydropisie, il en creva et mourut. Euthyme dit que comme Judas ne venait que de se pendre, quelqu’un le détacha et le mit en un endroit où il vécut encore quelque temps ; mais qu’ensuite, étant tombé d’un lieu élevé, il se creva dans sa chute et répandit ses entrailles. Papias, cité dans Œcuménius, sur les Actes, disait que le lien qui l’attachait à l’arbre s’étant rompu ; il vécut encore quelque temps et creva enfin par le milieu d’autres croient qu’ayant été jeté à la voirie après sa mort, il y creva, comme il arrive aux cadavres ainsi abandonnés, et répandit toutes ses entrailles. Plusieurs nouveaux croient que le texte grec de saint Matthieu peut marquer simplement que Judas fut étouffé de douleur, de désespoir, ou même d’esquinancie, et que dans l’excès de son mal il tomba sur son visage, creva et expira ; ou que, pressé par son désespoir, il se précipita et se creva. Voilà à-peu-près ce que l’on dit sur ce sujet. On peut voir l’article d’Haceldama, pour le champ que l’on acheta avec l’argent que Judas reporta aux prêtres.
Les anciens Pères parlent d’un faux Évangile, sous le nom d’Évangile de Judas, qui avait été composé par les caïnites pour autoriser leurs opinions extravagantes. Ils reconnaissaient une vertu supérieure à celle du Créateur, et qui lui était contraire ; que ceux que nous regardons comme les plus grands scélérats qui eussent jamais été, Caïn, Coré, les Sodomites, Judas le Traître, avaient connu ce premier principe et lui avaient prêté leur ministère contre la vertu du Créateur du monde. Judas, seul d’entre les apôtres, savait, disent-ils, ce mystère ; et, pour procurer plus promptement le salut à Israël, se hâta de livrer Jésus-Christ, qui avait déclaré plusieurs fois qu’il devait être mis à mort pour le salut du monde.
Il fut envoyé de Jérusalem, avec Paul et Barnabé, à l’Église d’Antioche, pour lui faire connaître la résolution qui avait été prise au concile de Jérusalem sur le sujet des observances légales (Actes 15.32-33). Il y en a qui croient que ce Jude était le frère de Joseph, surnommé aussi Barsabas, qui fut proposé avec saint Matthias pour remplir la place de Judas le Traître (Actes 1.13). Saint Luc nous dit que Jude Barsabas était prophète et des premiers d’entre les frères. On croit qu’il était du nombre des septante disciples. Après avoir été quelque temps à Antioche il s’en retourna à Jérusalem (Actes 15.32-33). On ne sait rien davantage de sa vie, de sa naissance, ni de sa mort.
Surnommé Thadés ou Lebée, et le Zélé, est aussi quelquefois appelé le frère du Seigneur (Matthieu 12.55), parce qu’il était, à ce qu’on croit, fils de Marie, sœur de la sainte Vierge, et frère de saint Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem. Il fut marié et eut des enfants, puisque Hégésippe parle de deux martyrs ses petits-fils. Nicéphore donne à sa femme le nom de Marie. Dans la dernière cène (Jean 14.12), il demanda à Jésus pourquoi il devait se manifester à ses apôtres, et non pas au monde. Saint Paulin dit qu’il prêcha dans la Libye ; et il semble dire que son corps y était demeuré. Saint Jérôme, sur saint Matthieu, chapitre 10 verset 4 (Matthieu 10.4) dit qu’après l’Ascension il fut envoyé à Edesse, vers le roi Abgare. Les nouveaux Grecs avancent de même qu’il a prêché dans la ville d’Edesse et dans toute la Mésopotamie. On veut qu’il ait aussi prêché dans la Judée, la Samarie, l’Idumée, la Syrie, et surtout dans l’Arménie et dans la Perse. Mais on ne sait aucunes particularités bien certaines de sa vie.
Nous avons de lui une Épître canonique, qui n’est adressée à aucune Église particulière, mais à tous les fidèles qui sont aimés du Père, et appelés du Fils Notre-Seigneur. Il parait par le verset 17 de cette Épître, où il cite la seconde Épître de saint Pierre, et par tout le corps de la lettre, où il imite les expressions de ce prince des apôtres, comme déjà connues à ceux à qui il parle, que son dessein a été d’écrire aux Juifs convertis, qui étaient répandus dans toutes les provinces d’Orient, dans l’Asie Mineure et au delà de l’Euphrate. Il y combat les faux docteurs, qu’on croit être les gnostiques, les nicolaïtes et les simoniens, qui corrompaient la saine doctrine et jetaient le trouble dans l’Église.
On ignore en quel temps elle a été écrite, mais elle l’est certainement depuis les hérétiques dont on vient de parler ; et saint Jude y parle des apôtres comme de personnes mortes déjà depuis quelque temps (Jude 17). Il y cite la seconde Épître de saint Pierre et fait allusion à la seconde Épître de saint Paul à Timothée (2 Timothée 3.1 ; Jude 18) : ce qui fait juger qu’elle n’est que depuis la mort des apôtres saint Pierre et saint Paul, et par conséquent après l’an 63 de Jésus-Christ. Il est même assez croyable qu’il ne l’écrivit qu’après la ruine de Jérusalem.
Quelques anciens ont douté de sa canonicité et de son authenticité. Eusèbe témoigne qu’elle a été peu citée par les écrivains ecclésiastiques ; mais il remarque en même temps qu’on la lisait publiquement dans plusieurs Églises. Ce qui a le plus contribué à la faire rejeter par plusieurs, c’est que l’apôtre y cite le livre d’Énoch, ou du moins sa prophétie. Il y cite aussi un fait de la vie de Moïse qui ne se trouve point dans les livres canoniques de l’Ancien Testament, et qu’on croit avoir été pris d’un ouvrage apocryphe intitulé : L’Assomption de Moïse. Les autorités qu’il tire de ces deux livres apocryphes ont fait balancer pendant quelque temps à mettre cette Épître dans le Canon des Écritures ; mais enfin elle y est reçue communément depuis plusieurs siècles. Saint Jude pouvait savoir d’ailleurs ce qu’il cite des livres apocryphes ; ou il pouvait, étant inspiré du Saint-Esprit, discerner dans ces livres les vérités de l’erreur à laquelle elles étaient mêlées. On peut voir nos Dissertations sur le livre d’Hénoch et sur la mort de Moïse.
Grotius a cru que cette Épître n’était pas de saint Jude apôtre, mais de Judas, quinzième évêque de Jérusalem, qui vivait sous Adrien, un peu avant que Barchochéba parût. Il croit que ces mots, frater autem Jacobi, qui se lisent au commencement de cette Épître, ont été ajoutés par les copistes ; et que saint Jude n’aurait pas oublié de s’y qualifier apôtre, ce qu’il ne fait pas ; qu’enfin toutes les Églises auraient reçu cette Épître dès le commencement, si l’on eût cru qu’elle eût été d’un apôtre. Mais cet auteur ne donne aucune preuve de l’addition prétendue faite de ces mots : Frater autem Jacobi. Saint Pierre, saint Paul et saint Jean ne mettent pas toujours leur qualité d’apôtres à la tête de leurs lettres. Enfin le doute de quelques Églises sur l’authenticité de cette Épître ne doit pas plus lui préjudicier que le même doute sur tant d’autres livres canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament.
On a attribué à saint Jude un faux Évangile, qui a été condamné par le pape Gélase. Nous avons déjà remarqué que saint Jude avait eu deux petits-fils martyrs sous Domitien. Ils furent accusés et menés à Rome, comme descendus de David, et parents de Christ. Ceux qui ont dit que notre saint Jude avait prêché à Edesse et dans la Mésopotamie semblent l’avoir confondu avec saint Thadée, un des septante disciples, fort différent de l’apôtre saint Jude. Saint Thadée fut en effet envoyé à Abgare par saint Thomas, comme le témoigne Eusèbe en plus d’un endroit. [Voyez Abagare et Thadée]. Abdias, Fortunat, Bède et les martyrologes latins portent que saint Jude souffrit le martyre, et fut enterré dans la Perse. Quelques Grecs disent qu’il est mort en paix à Bérythe. Leurs Ménologes, qui mettent sa fête au 19 juin, disent qu’il fut tué à coups de flèches à Arara, apparemment dans l’Arménie, où l’on trouve le mont Ararát et la ville d’Ariarathe. Les Arméniens tiennent par tradition qu’il a souffert le martyre dans leur pays.
Ou Joïada, grand prêtre des Juifs depuis la captivité de Babylone. Il fut fils d’Eliasib, et père de Jonathan. Voyez (Néhémie 12.10).
Ce Judas, dont le nom se lit au chapitre 1 v. 10, du second livre des Machabées, était peut-être Judas l’Essénien, ou Judas fils d’Hircan, et surnommé Aristobule, dont nous allons parler. On ne le connaît que parce que son nom se lit à la tête d’une lettre du sénat de Jérusalem à Aristobule, précepteur du roi Ptolémée, écrite vers l’an du monde 3880, avant Jésus-Christ 120, avant l’ère vulgaire 124.
Surnommé l’Essénien, est connu dans Josèphe par le don de prophétie dont il était rempli. Il avait prédit qu’Antigone, Asmonéen, frère du roi Aristobule, serait tué en un certain jour dans la tour de Straton. Le même jour qu’il devait être mis à mort, selon sa prophétie, ce jeune prince arriva à Jérusalem, tout glorieux d’une victoire qu’il venait de remporter. Judas, le voyant, dit à ses disciples : Je voudrais être mort, puisque je vois aujourd’hui que mes prédictions seront trouvées fausses. Comment Antigone pourrait-il être mis à mort aujourd’hui à la tour de Straton, qui est éloignée d’ici de plus d’une journée de chemin ? Mais il ignorait que l’Esprit qui parlait en lui, avait voulu désigner, non la tour de Straton, sur la Méditerranée, où l’on bâtit depuis Césarée de Palestine, mais une autre tour de Straton, qui était dans le palais, et où Antigone fut effectivement tué peu de temps après, par les ordres du roi Aristobule.
Autrement Aristobule, fils aîné de Jean Hircan. Voyez Aristobule.
Fils de Sarifée, s’étant joint à Matthias, fils de Margalothe, il persuada à ses écoliers d’arracher une aigle d’or, qu’Hérode le Grand avait fait mettre sur une des portes du temple (Joseph. Antiq).
De Gaulan, ou Gaulanite, s’opposa au dénombrement que fit Cyrénius dans la Judée (Luc 2.1), et y excita un très-grand soulèvement, prétendant que les Juifs étaient libres, et ne devaient reconnaître aucune autre domination que celle de Dieu. Ainsi les sectateurs de Judas aimaient mieux souffrir toutes sortes de supplices que de donner le nom de Maître ou de Seigneur à quelque puissance de la terre que ce fût. Le même Judas est nommé Judas le Galiléen dans les Actes des apôtres (Actes 5.37). Gamaliel en parle eu ces termes : Après Theudus, Judas de Galilée s’éleva dans le temps du dénombrement du peuple, et attira à lui beaucoup de monde. Mais il périt, et tous ceux qui étaient de son parti furent dissipés. Judas était Galiléen, natif de la ville de Gamala, dans la Gaulanite ; d’où vient qu’il est nommé indifféremment Judas Galiléen, et Judas Gaulanite. Et comme ce pays était de la domination d’Hérode, au lieu que la Judée était soumise aux Romains, les Juifs donnaient aux sectateurs de Judas de Gaulan le nom d’Hérodiens ; c’est sous ce nom qu’ils sont connus dans l’Évangile. Voyez ci-devant l’article Hérodiens.
Quant à ce que dit Gamaliel, que Judas périt avec tous ceux qui étaient de son parti, il faut qu’il ait été mal informé de l’état du parti de Judas, puisqu’il est certain qu’il subsista longtemps après Juda, et longtemps après Gamaliel lui-même. La secte des Hérodiens ne différait pas beaucoup de celle des Pharisiens. Il n’y avait que son amour excessif pour la liberté qui la distinguât. Elle produisit les sicaires et les zélés, qui, après avoir allumé le feu de la révolte dans toute la Judée, furent la cause de la ruine de Jérusalem et de tout le pays. Voyez Josèphe Antiquités judaïques On ne sait ni le temps, ni le genre de la mort de Judas le Gaulanite.
Hôte de saint Paul à Damas (Actes 9.9-11). On ne sait aucunes particularités de sa vie.