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Le prophète Jéhu fils d’Hanani, fut envoyé par le Seigneur vers l’an 3073 ou 3074, avant Jésus-Christ 927 ou 926, avant l’ère vulgaire 931 ou 930 vers Basa, roi d’Israël, pour lui dire (1 Rois 16.1) : Je vous ai élevé de la poussière, et je vous ai établi chef de mon peuple d’Israël ; et après cela vous avez marché dans les voies de Jéroboam, et vous avez fait pécher mon peuple. C’est pourquoi je retrancherai votre postérité de dessus la terre, et je ferai de votre maison ce que j’ai fait de celle de Nabat. Celui de la race de Basa qui mourra dans la ville, sera mangé par les chiens ; et celui qui mourra à la campagne, sera mangé par les oiseaux du ciel. Le texte de la Vulgate ajoute que Basa, irrité de la liberté de Jéhu, fils d’Hanani, le fit mourir : mais le texte hébreu met simplement : Jéhu, ayant déclaré à Basa que le Seigneur avait prononcé contre lui, et que le Seigneur traiterait sa maison comme il avait traité celle de Jéroboam. Que pour cela il le fit mourir. On ne dit pas si c’est Basa qui fit mourir Jéhu, ou si c’est le Seigneur qui fit mourir Basa.
Ce qui pourrait faire croire que c’est plutôt ce dernier, c’est que l’an du monde 3107, environ trente ans après la mort de Basa, on voit de nouveau Jéhu, fils d’Hanani, qui vient faire des reproches de la part du Seigneur à Josaphat, roi de Juda (2 Chroniques 19.1-2) : Vous donnez, lui dit-il, du secours à un impie, et vous faites alliance avec un ennemi du Seigneur ? Vous vous êtes rendu digne de la colère du Seigneur ; mais parce qu’il s’est trouvé de bonne œuvres en vous, le Seigneur vous a épargné. Certainement, si Jéhu eût été mis à mort par Basa, il n’aurait pu se présenter si longtemps après à Josaphat. Quelques-uns veulent qu’il y ait eu deux Jéhu, fils d’Hanani. Mais j’aimerais mieux dire que, dans le premier passage que nous avons proposé, il s’agit de la mort de Basa, et non de celle de Jéhu, que de multiplier les personnes sans nécessité. Au reste, on ne sait rien davantage de la vie de Jéhu. Hanani, son père, était aussi un prophète dont on a parlé sous son titre.
Fils de Josaphat (2 Rois 9.2) et petit-fils du Namsi, capitaine des troupes de Joram, roi d’Israël, fut destiné par le Seigneur pour régner sur Israël, et pour venger les crimes de la maison d’Achab. Le Seigneur avait donné ordre à Élisée de sacrer Jéhu (1 Rois 19.16) ; mais cet ordre ne fut exécuté que par un des enfants des prophètes, qu’il y envoya en sa place (2 Rois 9.1-5) ; apparemment afin que la chose se fit dans un plus grand secret. Le Seigneur parla à Élisée et lui déclara sa volonté sur Jéhu, l’an du monde 3097, avant l’ère vulgaire 907, et Jéhu ne fut sacré roi qu’en 3120, avant l’ère vulgaire 884, et vingt-trois ans après que l’ordre en eut été donné àÉlisée. Jéhu était à Ramoth de Galaad, et assiègeait la citadelle de cette ville avec l’armée de Joram, roi d’Israël, lorsqu’on vit arriver un jeune prophète, qui le tira à part du milieu des officiers de l’armée, parmi lesquels il était assis ; et lorsqu’ils furent seuls dans une chambre, le prophète lui répandit de l’huile sur la tête, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Je vous ai sacré aujourd’hui roi sur Israël. Vous exterminerez la maison d’Achab, et vous vengerez le sang des prophètes qui a été répandu par Jezabel. J’exterminerai par votre main la maison d’Achab, et je la traiterai comme j’ai traité celle de Jéroboam, fils de Nabat et celle de Basa, fils d’Ahiu. Jezabel sera mangée des chiens dans Jezrahel, et personne ne lui rendra les derniers devoirs.
Le prophète n’eut pas plutôt dit cela, qu’il tira la porte et se sauva, de peur qu’on ne le reconnut ; et Jéhu étant rentré au lieu où étaient les autres officiers du roi, ils lui demandèrent de quoi il s’agissait, et le pressèrent de leur dire ce que cet homme était venu faire. Il leur déclara ce qui s’était passé, et que c’était un prophète envoyé du Seigneur pour le sacrer roi. Ils se levèrent aussitôt ; et chacun prenant son manteau, ils en firent une espèce de trône à Jéhu ; et sonnant de la trompette, ils crièrent : Vive le roi Jéhu ! Or Joram, roi d’Israël, était alors à Jezrahel où il se faisait traiter de quelques blessures qu’il avait reçues au siège de Ramoth. Jéhu ordonna donc qu’on ne laissât sortir personne de la ville, et en même temps il partit pour aller surprendre le roi à Jezrahel. Comme il approchait de la ville, la sentinelle avertit qu’il voyait une troupe qui venait en grande hâte. Joram envoya un officier avec un chariot de guerre, pour reconnaître qui c’était : mais Jéhu, sans répondre à cet officier, lui dit de le suivre. Joram y en envoya un second, à qui Jéhu fit le même commandement. Enfin Joram y vint lui-même, monté sur son chariot, accompagné d’Ochozias ; roi de Juda, qui était aussi monté sur son chariot ; et ils rencontrèrent Jéhu sur le champ de Naboth de Jezrahel.
Joram demanda à Jéhu : Apportez vous la paix ? Jéhu lui répondit : Quelle paix pouvez-vous attendre, pendant que les fornications de Jezabel, votre mère, et les sorcelleries subsistent en tant de manières ? Joram aussitôt tournant bride, et prenant la fuite, dit à Ochozias : Nous sommes trahis, Ochozias. En même temps, Jéhu banda son arc, frappa Joram entre les deux épaules, lui perça le cœur, et le tua dans son chariot (An du monde 3120, Avant. Jésus-Christ 880, Avant l’ère vulgaire 884, 2 Rois 9.25). Alors Jéhu ordonna que l’on jetât son corps dans le champ de Naboth de Jezrahel, pour accomplir la parole du prophète Élie, qui l’avait ainsi prédit. Ochozias, prenant aussi la fuite, fut blessé à mort par l’ordre de Jéhu, mais il se sauva dans son chariot jusqu’à Mageddo, où il mourut.
Jéhu vint ensuite à Jezrahel, où Jezabel était. Comme il entrait dans la ville, Jezabel, qui était à sa fenêtre, lui dit : Celui qui a tué son maître peut-il espérer quelque paix ? Jéhu levant la tête, et la voyant, commanda à deux ou trois eunuques qui étaient en haut de la précipiter par la fenêtre. Ce qu’ils firent aussitôt, et elle fut foulée aux pieds des chevaux qui entraient, et les chiens la mangèrent, en exécution des menaces d’Élie ; en sorte que quand Jéhu envoya pour la faire enterrer, on ne trouva que ses os. Après cela, Jéhu envoya dire à ceux de Samarie (2 Rois 10.1-3) qui nourrissaient les soixante et dix fils d’Achab, qu’ils pouvaient choisir celui d’entre ces enfants qu’ils jugeraient à propos, pour le mettre sur le trône. Mais ces gens, saisis de frayeur, répondirent qu’ils étaient à Jéhu, et qu’ils lui obéiraient en toutes choses ; de sorte que Jéhu leur ordonna de faire mourir tous les enfants du roi, et de lui en envoyer les têtes ce qu’ils exécutèrent dès le lendemain. Alors il fit mourir tous les parents d’Achab, ses amis, les grands de la cour et les prêtres qui étaient à lui dans Jezrahel.
Après cela, il vint à Samarie ; et en chemin il trouva les parents d’Ochozias, roi de Juda, qui allaient à Jezrahel pour saluer les enfants du roi et de la reine, dont ils ne savaient pas encore la mort. Jéhu les fit arrêter au nombre de quarante-deux qu’ils étaient, et les fit tous massacrer. Un peu plus loin il trouva Jonadad, fils de Réchab ; et l’ayant fait monter sur son chariot, il lui dit : Venez avec moi, et vous verrez mon zèle pour le Seigneur. Et quand il fut entré à Samarie, il fit mourir tous ceux qui restaient de la maison d’Achab, sans en épargner un seul. Puis ayant assemblé le peuple de Samarie, il leur dit : Achab a rendu quelques honneurs à Baal ; mais je veux lui en rendre de plus grands qu’on fasse donc venir tous les ministres, les prêtres et les prophètes de Baal, pour une grande fête que je veux célébrer en son honneur. Lorsqu’ils furent tous venus et assemblés dans le temple de Baal, il ordonna qu’on leur donnât à tous des habits, et leur dit de prendre bien garde qu’il n’y eût parmi eux aucun étranger. Après quoi il dit à ses gens de faire main basse sur eux, et de n’en épargner pas un seul. Ainsi ils furent tous égorgés dans le temple de Baal. On arracha de là la statue de Baal, on la brisa et on la brûla ; puis on détruisit ce temple, et on en fit une place destinée à satisfaire aux besoins de la nature.
Le Seigneur, satisfait de la vengeance que Jéhu avait exercée contre la maison d’Achab, lui promit que ses enfants seraient assis sur le trône d’Israël jusqu’à la quatrième génération. Mais en même temps l’Écriture (2 Rois 10.29-32) l’accuse de ne s’être point retiré des péchés de Jéroboam, fils de Nabat, qui avait fait pécher Israël, et qui y avait introduit le culte des veaux d’or.
Le prophète Osée (Osée 1.4-5) le menace de la vengeance du Seigneur en ces termes : Dans peu de temps je vengerai le sang répandu à Jezrahel, sur la maison de Jéhu, et je ferai cesser le règne de la maison d’Israël. Je briserai l’arc d’Israël dans la vallée de Jezrahel. Jéhu avait à la vérité exercé la vengeance du Seigneur sur la maison d’Achab, mais il avait aussi vengé ses injures particulières, ou plutôt il l’avait fait dans un esprit d’animosité et d’ambition. Il avait suivi sa passion plutôt que la volonté du Seigneur. Il n’était pas demeuré dans les justes bornes. Dieu récompense son obéissance, mais il punit son injustice, et son ambition ; il punit son idolâtrie et le sang qu’il avait injustement répandu. Il régna vingt-huit ans sur Israël, et Joachaz, son fils, régna en sa place (2 Rois 10.35-36).
Les quatre descendants de sa race qui régnèrent sur Israël furent Joachaz, Joas, Jéroboam II et Zacharie. Le règne de Jéhu fut traversé par la guerre que lui fit Hazael, roi de Syrie (2 Rois 10.33-34). Ce dernier prince ravagea toutes les frontières ou les extrémités du royaume d’Israël, et tailla en pièces tout ce qu’il y trouva. Il désola surtout le pays de delà le Jourdain et les tribus de Manassé, de Gad et de Ruben, qui y demeuraient. On ne sait pas le temps de cette guerre. Il est probable qu’elle est du commencement de Jéhu, et qu’Hazael, ayant appris que Jéhu avait quitté Ramoth de Galaad, se jeta dans ce pays et le subjugua.
Quatrième fils de Roboam, roi de Juda et d’Abihaïl (2 Chroniques 11.19).
Fils d’Obed, père d’Azarias (1 Chroniques 2.38).