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Vestis, Vestilus. Moïse défend aux Hébreux de se déguiser (Deutéronome 22.5) ; l’homme ne prendra pas les habits de la femme, ni la femme les habits de l’homme. Le législateur a voulu par là précautionner les Hébreux contre les abus qui sont les suites ordinaires, de ces déguisements. Une femme revêtue d’un habit d’homme ne sera plus si fort retenue par la pudeur qui est propre à son sexe ; et un homme vêtu d’un habit de femme pourra pénétrer sans crainte et sans honte dans des lieux où sans cela la pudeur et la crainte l’empêcheraient d’entrer et d’y paraître l’importance et la sagesse de ces lois est encore plus sensible dans les mœurs des Orientaux, où les femmes demeurent toujours cachées dans des appartements où les hommes étrangers n’ont point d’accès. Tout le monde sait l’éclat que fit à Rome l’action de Claudius, qui se travestit en femme pour se glisser parmi les dames romaines qui célébraient une fête en l’honneur de la bonne déesse.
Quelques interprètes croient que Moïse, par cette défense, voulait principalement interdire aux Hébreux les superstitieuses cérémonies qui se commettaient dans certaines fêtes des divinités païennes. Dans les fêtes de Bacchus, par exemple, les hommes se travestissaient en femmes. On en usait de même dans les fêtes de Vénus et de Mars : dans les premières, les hommes prenaient des habits de femmes, et dans les secondes, les femmes prenaient des habits d’hommes. Dans l’Orient, les hommes sacrifiaient ordinairement à la lune en habits de femmes, et les femmes en habits d’hommes, parce qu’on adorait cet astre sous le nom de dieu et de déesse, et qu’on lui donnait les deux sexes. On observait la même cérémonie dans les sacrifices de Vénus de Chypre, au rapport de Servius.
D’autres veulent que Moïse ait seulement défendu aux femmes, l’usage des armes, et aux hommes les exercices des femmes, comme s’il avait voulu dire que, dans la nation des Hébreux, il n’y aurait point de ces femmes guerrières, comme les Amazones et Sémiramis, et qu’on ne verrait point de ces sortes de gens parmi les soldats, à cause de l’indécence et des inconvénients qui en peuvent arriver. Le texte hébreu est assez favorable à cette opinion ; et elle est soutenue par plusieurs habiles interprètes l’hébreu porte à la lettre : Les vases (les instruments, les armes) de l’homme ne seront point sur la femme, et l’homme ne se revêtira point des habits de la femme.
Albéric Gentil, savant jurisconsulte, a jugé que Moïse a voilé sons ces paroles une impudicité abominable, qu’il craignait de faire trop connaître en la nommant par son nom. Ces crimes n’étaient alors que trop connus, surtout dans la terre de Chanaan. Et ce qui fait croire que Moïse a voulu défendre quelque chose de plus qu’un simple changement d’habits, c’est qu’il dit que celui qui fait cela est abominable aux yeux de Dieu.
étaient des cérémonies usitées pour se disposer à quelque action sainte, et qui demandait une pureté particulière. Jacob, quelque temps après sen retour de Mésopotamie (Genèse 35.2), dit à ses gens de jeter les dieux étrangers, qui étaient dans leurs maisons, de changer d’habits, et de venir avec lui Sacrifier à Bethel. Moïse (Exode 19.19) ordonne au peuple de se disposer à recevoir la loi du Seigneur en se purifiant et en lavant ses habits. Cela se voit en plusieurs endroits de l’Écriture.
Dans le deuil, est une coutume marquée en une infinité d’endroits des livres saints : Jacob, ayant appris que son fils Joseph avait été dévoré par une bête farouche, déchira ses habits ; se revêtit d’un cilice, et fut longtemps inconsolable (Genèse 37.34). Celui qui apporta au grand prêtre Héli, à Silo (1 Samuel 4.12), la triste nouvelle de la prise de l’arche d’alliance, parut avec ses habits déchirés et la tête couverte de poussière. Voyez deuil ou funérailles des Hébreux.
était défendu par la loi (Lévitique 19.19). Les Juifs observent encore aujourd’hui cette défense, et même ils ne cousent pas un habit de laine avec du fil ; ni un habit de toile avec de la laine ; etc.
(Matthieu 22.11). Il est ordinaire, chez toutes les nations policées, de prendre, aux jours de noces et de cérémonies semblables, des habits de fête, comme au contraire de prendre des habits de deuil aux cérémonies lugubres. Cicéron reproche à Vatinius d’avoir paru avec un habit de deuil à un repas de joie ou à une fête que donnait Quintus Arius, pendant que celui-ci et les autres conviés étaient vêtus de blanc. Les Esséniens, chez les Hébreux, se baignaient et prenaient des habits fort blancs lorsqu’ils devaient manger ensemble. Dans le sens moral, l’habit nuptial marque la charité agissant par les bonnes œuvres, ou la grâce et les dons du Saint-Esprit.
Dont il est parlé dans Sophonie (Sophonie 1.8), peut marquer les habits singuliers que prenaient les Hébreux qui suivaient les modes des étrangers ; qui ne se contentaient pas des étoffes, des toiles, des couleurs, des teintures de leurs pays ; qui en cherchaient chez les étrangers, dans la Babylonie, la Chaldée, l’Égypte, Tyr, etc. Quelques-uns croient que les Hébreux ne se contentaient pas d’imiter le culte et les superstitions des idolâtres, qu’ils prenaient aussi leurs habits dans leurs cérémonies impies et sacrilèges. D’autres entendent les habits étrangers de ceux qu’ils avaient pris à gage chez le pauvre et le malheureux, et qu’ils s’appropriaient injustement contre la défense expresse de la loi (Exode 26.27), qui veut qu’on les rende aux pauvres lorsque la nuit est venue.
La tapisserie que la femme forte s’est faite, en hébreu marbadim (Proverbes 22.22-26), signifie plutôt des couvertures, des tapis de lit, des courtes-pointes ou des tapis relevés des deux côtés.
Vestis poderis, dont il est parlé dans la Sagesse (Sagesse 18.24), dans l’Ecclésiastique (Ecclésiaste 27.9) et dans l’Apocalypse (Apocalypse 1.13), signifie à la lettre un habit qui descend jusqu’aux pieds, un habit long et traînant, un habit de cérémonie. Dans la Sagesse, il marque le manteau sacerdotal du grand prêtre, nommé en hébreu mehil, qui était de lin couleur de bleu céleste, ayant au bas des pommes de grenades faites avec des laines couleur d’hyacinthe de pourpre et de cramoisi, et des sonnettes d’or entrelacées. Dans l’Apocalypse, il marque l’habit dans lequel Jésus-Christ apparut à saint Jean : il était vêtu d’un habit long et ceint d’une ceinture d’or. Dans l’Ecclésiastique, il marque un habit d’honneur, de distinction ; un ornement qui ne se donne qu’aux personnes constituées en dignité.
Les anciens conservaient souvent un grand nombre d’habits ; comme on ne les taillait pas, ils pouvaient servir presque indifféremment à toutes sortes de personnes. Les rois hébreux avaient des magasins d’habits (1 Rois 10.25 ; 2 Rois 22.14 ; 10.22), et souvent ils faisaient des présents d’habits. Cet usage est encore ordinaire dans l’Orient, surtout parmi les Arabes.
Nous nous sommes étendus sur la matière des habits des Hébreux, dans une dissertation particulière et sur l’article vêtement. Voici encore quelques remarques sur ce sujet, tirées de Léon de Modène. Les Juifs d’aujourd’hui s’abstiennent de porter des habits tissus ou même cousus de deux matières différentes, et de se déguiser ou travestir comme nous l’avons déj à dit. De plus, ils se croient défendues toutes actions efféminées, le fard, les dépilatoires ; et de même les femmes ne se permettent rien à cet égard de ce qui est propre aux hommes. Cet auteur semble croire que Moïse a défendu aux hommes de se couper tout le poil de la barbe (Lévitique 17.17), de peur de se rendre en cela semblables aux femmes qui n’ont pas de poil au menton.
Pour ce qui est de la manière de se vêtir, ils n’imitent pas volontiers les autres nations, si ce n’est pour s’empêcher d’être tournés en ridicules : il ne leur est pas permis de couper leurs cheveux en rond ou en couronne, ni d’y laisser des touffes, comme font les Turcs ; mais ils aiment en tous lieux d’aller en habits longs ou en robes. Les femmes se vêtent à la mode du pays où elles sont, excepté que le jour de leurs noces elles couvrent leurs cheveux d’une perruque ou d’une coiffure qui ressemble à des cheveux naturels, gardant la mode du pays à l’extérieur ; mais elles évitent sur toutes choses de laisser voir leurs propres cheveux.
Les hommes, chez les Juifs, tiennent pour une action indécente d’avoir la tête découverte, parce qu’ils ne croient pas que cela marque du respect ; aussi ne le pratiquent-ils pas, même dans la synagogue, ce qu’ils ont conservé des mœurs orientales. Toutefois, comme parmi les chrétiens on se découvre devant les personnes de qualité, ils s’en acquittent de même.
Chaque habit qu’ils portent doit avoir quatre pans, et à chacun un cordon pendant en forme de houppes, qu’ils nomment zizith. Voyez Zizith.
Ce précepte ne regarde que les hommes, Moïse n’ayant rien réglé sur l’habit des femmes, peut-être parce qu’elles ne doivent pas paraître au dehors. Présentement même les Juifs, pour ne se pas rendre ridicules, se contentent de porter sous leurs habits un morceau d’étoffe carré avec les quatre houppes ou cordons dont on a parlé ; mais dans la synagogue, au temps de leurs prières, ils se couvrent d’un voile de laine carré qui a ses quatre houppes aux coins : c’est ce qu’ils appellent taled. Voyez l’article Taled.
Les hommes devraient aussi toujours avoir sur le front ce que l’Écriture appelle totaphoth et dont nous avons parlé ci-devant sous le nom de frontaux ; mais pour n’être pas raillés du peuple en une chose qu’ils tiennent comme sacrée, ils se contentent de mettre leur totapholh dans le temps de leurs prières.
Ils croient de plus qu’il est de la bienséance de porter une ceinture sur leurs habits, ou quelque autre chose qui fasse séparation de la partie supérieure d’avec l’inférieure.