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Jechonias
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Jechonias (1)

Fils de Josias (Matthieu 1.11). Il n’est appelé Jéchonias qu’en cet endroit et 3 Esdras 1.34. C’est le second des enfants de Josias, appelé Joachim (1 Chroniques 3.15), Eliacim et Joachim (2 Rois 23.34-35). Néchao l’établit roi à Jérusalem à la place de Joachas, son frère. Il y régna onze ans sous la domination de Nabuchodonosor, qui, étant venu à Jérusalem, le fit enchaîner pour l’emmener à Babylone ; mais il le laissa et se contenta d’en emporter tous les vases et tous les meubles précieux (2 Rois 23.36 ; 24.4 ; 2 Chroniques 36.5-8). Ce roi fut un très méchant prince : c’est lui qui jeta au feu les prophéties de Jérémie que lisait Baruch ; c’est de lui que Jérémie annonça qu’il aurait la sépulture de l’âne mort et qu’il serait traîné par terre hors des portes de Jérusalem. Il cessa de payer au roi de Babylone le tribut qu’il lui devait ; mais Nabuchodonosor envoya contre lui des troupes, vint lui-même en Judée, et mit le siège devant Jérusalem. Jéchonias ou Joachim, dans une sortie contre lui, tomba mortellement frappé, hors des portes de la ville ; abandonné aux assiègeants, on le traîna avec d’autres morts sur le bord de la route ; on l’y laissa, et il eut la sépulture de l’âne mort, comme l’avait prédit Jérémie (Jérémie 22.18).

Cet article m’a été indiqué et fourni en partie par Huré, qui compte, avec raison, deux rois de Juda nommés Jéchonias. Il résulte de là un éclaircissement pour la généalogie de Jésus-Christ donnée par saint Matthieu (Matthieu 1.11-12) : « Josias engendra Jéchonias et ses frères, vers le temps de la transmigration de Babylone. Et depuis la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel. » On a cru généralement qu’il s’agit ici du même Jéchonias ; et cette opinion a prévalu. Mais il faut faire attention que Jéchonias, père de Salathiel, ne peut être celui dont il est dit qu’il avait des frères, puisqu’il n’en avait qu’un, Sédécias ; il faut remarquer eu outre que ce même Jéchonias n’était que le petit-fils de Josias (1 Chroniques 3.15-16). Les frères de Jéchonias ou Joakim, second fils de Josias, sont Johanan, l’aîné ; Sédécias ou Mathanias, le troisième, et Sellum ou Joachaz le quatrième (1 Chroniques 3.15).

Le Joakim de ce texte ne peut être que le Jéchonias de (Matthieu 1.11). Il faut donc, dans cette généalogie, suppléer un nom et lire : Josias engendra Jéchonias ou Joakim et ses frères ; Jéchonias ou Joakim engendra Jéchonias ou Joachim, appelé aussi Chonias, vers le temps de la transmigration de Babylone. Et depuis la transmigration de Babylone Jéchonias, fils du premier Jéchonias, engendra Salathiel. Voir Phadaia et Salathiel.

Jechonias (2)

Fils de Joakim [ou du premier Jéchonias dont l’article précède (Matthieu 1.12 ; 1 Chroniques 3.16). « C’est lui qui fut transporté à Babylone avec tous les grands seigneurs de Judée (Jérémie 22.24-28 ; Isaïe 2.6 ; 11.4). Il est appelé Joachin (2 Rois 24.8-12, 15 ; 2 Chroniques 36.9) » Huré], roi de Juda, et petit-fils de Josias, ne régna que trois mois sur la maison de Juda (2 Rois 24.8 ; 2 Chroniques 36.9). On croit qu’il naquit vers le temps de la première captivité de Babylone, l’an du monde 3398, lorsque Joakim ou Joachim, ou Eliacim, son père, fut pris captif et emmené à Babylone. Joakim revint de Babylone, et régna jusqu’en 3405, qu’il fut tué par les Chaldéens, la onzième année de son règne. Jéchonias, autrement Joachin ou Conias, lui succéda, et ne régna que trois mois dix jours seul ; mais il avait régné dix ans conjointement avec son père. C’est ainsi que l’on concilie (2 Rois 24.8 ; 2 Chroniques 36.9). Dans le deuxième livre des Rois il est dit qu’il avait dix-huit ans lorsqu’il commença à régner ; et dans les Chroniques, il est dit qu’il n’avait que huit ans. C’est qu’il n’avait que huit ans, quand il commença à régner avec Joakim, son père, et qu’il en avait dix-huit lorsqu’il commença à régner seul.

Les livres des Rois et des Chroniques (2 Rois 26.8-9 ; 2 Chroniques 36.9-10) insinuent que le peuple l’établit (Ces livres rapportent seulement que Jéchonias fut établi roi sans dire par qui et de quelle manière), ou du moins le reconnut pour roi en la place de son père. Mais Josèphe dit que ce fut Nabuchodonosor qui lui donna le royaume, et que quelques mois après, craignant qu’il ne se portât à quelque révolte pour venger la mort de son père Joachim, il se repentit de lui avoir donné le titre de roi, et envoya contre lui une armée qui l’assiègea dans Jérusalem. Mais Jéchonias, qui était bon et juste, ne voulut pas exposer la ville au danger à son occasion ; il envoya pour otages à ceux qui commandaient au siège, sa mère et ses plus proches parents, après avoir tiré parole et serment des généraux dont on a parlé qu’ils ne feraient aucun tort ni à la ville, ni aux otages ; mais on ne lui tint pas parole, et avant la fin de l’année Nabuchodonosor envoya des ordres à ses généraux de prendre Jéchonias et de le lui envoyer à Babylone, avec sa mère, ses amis, et la jeunesse, avec tous les gens de métier de la ville ; ce qui fut exécuté. On emmena à Babylone dix mille huit cent trente-deux hommes, du nombre desquels fut le roi Jéchonias, sa mère Notusta [lisez Nohesta] et ses principaux conseillers, que Nabuchodonosor retint en prison. C’est ce que dit Josèphe.

Le texte des livres des Rois est plus court, et diffère de Josèphe en quelque chose. Il dit que Jéchonias fil le mal devant le Seigneur ; que le roi de Babylone envoya d’abord son armée avec ses généraux pour assièger Jérusalem ; qu’il se rendit ensuite lui-même au siège ; que le roi Jéchonias sortit de la ville, avec sa mère, ses princes, ses serviteurs et ses officiers, et se rendit à Nabuchodonosor ; que ce prince enleva tous les trésors du temple et ceux du palais du roi, et mit en pièces tous les vases d’or que Salomon avait faits pour l’usage du temple, et fit emporter le tout à Babylone ; qu’il enleva tous les bons bourgeois de Jérusalem, les princes et les gens de guerre au nombre de dix mille hommes, tous les bons ouvriers du pays, n’y laissant que les plus pauvres des habitants. Il y transféra aussi le roi, la reine sa mère, les femmes du roi, ses eunuques, les juges du pays, sept mille hommes de guerre, mille bons ouvriers, et tout ce qui se trouva de gens capables de porter les armes.

On ne sait si dans ce nombre de dix mille hommes, dont il a parlé d’abord, il faut comprendre les huit mille, dont il est parlé ensuite. Il est très-croyable que l’empressement qu’on remarque ici dans Nabuchodonosor de transporter à Babylone, tous les bons ouvriers en fer, en or, en argent, en bois, etc., était pour peupler et remplir la ville de Babylone qu’il avait beaucoup embellie et agrandie ; c’est à quoi butaient aussi ces transmigrations de peuples entiers, qu’il tirait de leur pays pour les faire habiter à Babylone ou dans la Babylonie, qu’il voulait rendre le plus florissant et le plus beau pays du monde.

Jérémie (Jérémie 22.24) parle de Jéchonias comme d’un méchant prince, et qui avait encouru l’indignation de Dieu par ses crimes : Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que quand Jéchonias, fils de Joachim, serait comme un anneau dans ma main droite, je ne laisserais pas de l’arracher de mon doigt, et de le livrer à ceux qui en veulent à sa vie, à Nabuchodonosor et aux Chaldéens, dont vous redoutez si fort le visage et la présence. Je vous enverrai, vous et votre mère, dans une terre étrangère, où vous mourrez… qu’est-ce que Jéchonias, sinon un vase de terre brisé et foulé aux pieds ? Terre, terre, terre, écoutez la parole du Seigneur ; écrivez que cet homme sera stérile, que rien ne lui réussira dans la vie, et qu’il ne sortira point d’héritier de sa race qui soit assis sur le trône de David. Tout cela fut exécuté à la lettre. Jéchonias ne réussit dans aucun de ses projets. Il fut pris et mené captif à Babylone, où il mourut. Mais on croit qu’il y fit pénitence, et que Dieu le traita avec miséricorde ; car nous lisons que le roi Evilmérodach, successeur de Nabuchodonosor, le traita avec honneur, le tira de prison, lui parla avec bonté, et mit son trôné au-dessus des trônes des autres princes qui étaient à sa Cour (2 Rois 27 ; Jérémie 52.31).

Et à l’égard de ces paroles : Écrivez que cet homme sera stérile, on ne peut pas les prendre à la lettre, puisqu’on sait que Jéchonias fut père de Salathiel et de plusieurs autres enfants, dont on voit le dénombrement dans les Chroniques (1 Chroniques 3.17-18 ; Matthieu 1.12). Mais le terme hébreu, qui est traduit par stérile, se met aussi pour un homme qui a perdu ses enfants, qui n’a point de suite, ni d’héritiers. En ce sens, Jéchonias, fils de roi, et roi lui-même, était regardé comme un homme sans lignée, dès qu’il n’avait point de fils qui lui succédât au royaume, comme en effet il n’en eut point ; car ni Salathiel, qui naquit et qui mourut dans la captivité, ni Zorobabel, qui revint de Babylone, ni aucun des descendants de Jéchonias, Jusqu’à Jésus-Christ, n’a porté le sceptre et n’a été assis sur le trône de Juda. Jésus-Christ ne fut pas roi dans l’idée des hommes (bien qu’il le soit réellement). On ne sait pas l’année de la mort de Jéchonias.

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