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Ou Jeddoa (Néhémie 12.11), Ou Jaddus. Souverain pontife des Juifs du temps d’Alexandre le Grand (Il fut grand prêtre de 3665 à 3682 pendant 17 ans selon Eusèbe). Josèphe raconte qu’Alexandre étant occupé au siège de Tyr, envoya demander au grand prêtre Jaddus des vivres et du secours, et exigea qu’il le reconnût et lui rendit la même obéissance qu’il rendait auparavant aux Perses. Jaddus s’en excusa sur la fidélité qu’il devait à Darius, qu’il reconnaissait toujours pour son souverain. Alexandre fut indigné de sa réponse ; mais il dissimula son ressentiment, pour en tirer vengeance après la réduction de Tyr. Alors il marcha contre Jérusalem ; et le pontife ne se sentant pas assez fort pour lui résister, eut recours à Dieu par des sacrifices, par des jeûnes et des prières publiques, qu’il ordonna au peuple. Le Seigneur lui apparut la nuit, et le rassura, lui disant qu’il n’avait qu’à ouvrir les portes de la ville à Alexandre, aller au-devant de lui avec les ornements de sa dignité, faire paraître les prêtres et le peuple en habits blancs, et couronnés comme dans un jour de fête, et que, par là, il adoucirait le cœur du roi, et le rendrait favorable aux Juifs.
Jaddus, dès le lendemain, rendit compte au peuple de la vision qu’il avait eue, et le disposa à recevoir Alexandre. Lorsque ce prince fut assez près de la ville, Jaddus, à la tête de ses prêtres et de son peuple, sortit de Jérusalem et se présenta devant Alexandre. Tout le monde s’attendait que le roi chargerait le pontife de reproches, et ferait ressentir au peuple les effets de sa colère. Mais il en arriva tout autrement. Alexandre se jeta aux pieds du grand prêtre, comme s’il eût vu Dieu en sa personne ; et comme Parménion lui demandait la cause d’une conduite si extraordinaire, il répondit que dans le temps qu’il délibérait s’il passerait en Asie, Dieu lui avait apparu sous la forme de ce pontife, et l’avait exhorté à ne rien craindre et à poursuivre hardiment son entreprise, lui disant qu’il lui donnerait toute sorte de secours ; que l’honneur qu’il avait paru rendre au grand prêtre, il l’avait rendu à Dieu même, dont il était l’image. Après cela, il entra dans la ville, offrit des sacrifices à Dieu dans son temple, accorda aux Juifs, tant à ceux de la Palestine, qu’à ceux qui étaient au delà de l’Euphrate, le droit de se conduire selon leurs lois, et l’exemption du tribut pour la septième année, dans laquelle les Juifs ne cultivaient pas leurs terres et ne faisaient aucune récolte. Voyez l’article d’Alexandre le Grand. Il y a des critiques qui croient que ce que Josèphe raconte d’Alexandre et de Jaddus est une pure fable [Et sur quoi est fondée l’opinion de ces critiques-là? sur des apparences. « L’autorité de Josèphe, dit M. Poujoulat, n’est pas toujours inattaquable ; et comme il est le seul auteur qui ait parlé du passage d’Alexandre à Jérusalem, on a cru pouvoir révoquer le fait en doute. Quant à nous, il nous paraît difficile de trouver de bonnes raisons pour contester la vérité du fait. Quoi de plus simple que le premier refus des Juifs d’abandonner la cause des Perses, leurs vieux protecteurs ! et quoi de plus naturel que la marche des Macédoniens contre une cité dont la résistance les irrite ! Nous comprenons ensuite le saisissement pieux du Jeune Alexandre à la vue de cette phalange de prêtres et de tant de peuple, vêtus de blanc, venant au-devant de lui ; à la vue du nom de Jéhovah resplendissant sur le front du pontife, vêtu de l’éphod d’azur. Le héros avait une vive imagination qui le rendait sensible aux spectacles poétiques ; lui qui ne voulut pas traverser le pays d’Ilion sans couronner de fleurs le tombeau d’Achille, et qui prit Homère pour son poète chéri, comment se fût-il trouvé sans émotion, au milieu de ce spectacle, si grave et si nouveau, d’une troupe de prêtres en habits de fête, attachés au temple d’un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, et souhaitant au triomphateur de longues prospérités ? Ce souvenir jette à la fois de l’éclat sur Alexandre et sur la ville des prophètes ; il est trop beau pour que l’historien de Jérusalem en laisse dépouiller son livre. » Poujoulat, Histoire de Jérus chapitre 14 tome 1 page 318].
Jaddus eut pour successeur Onias 1, son fils. Il avait un frère nommé Manassé, ayant épousé Nicaulis, fille de Sanaballat, chutéen ou samaritain de nation, fut obligé de se retirer auprès de son beau-père, et obtint d’Alexandre la permission de bâtir un temple sur le mont Garizim, dont il fut le premier grand-prêtre.