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Fils d’Abraham et d’Agar. Saraï, épouse d’Abraham, voyant que Dieu ne lui avait point donné d’enfants (Genèse 16.1-3), pria son mari de prendre Agar, sa servante, afin qu’au moins par son moyen elle pût avoir des enfants. C’était une manière d’adoption dont on voit encore des exemples dans la conduite de Rachel et de Lia, qui donnèrent aussi leurs servantes pour femmes à Jacob, leur mari, afin qu’elles leur donnassent des enfants (Genèse 30.3-9). Agar, ayant donc conçu, commença à mépriser Saraï, sa maîtresse. Celle-ci s’en plaignit à Abraham, et Abraham lui dit qu’elle pouvait traiter sa servante comme elle jugerait à propos. Saraï l’ayant donc maltraitée, Agar s’enfuit l’ange du Seigneur lui apparut dans le désert, et lui dit : Retournez à votre maîtresse, et humiliez-vous sous sa main ; vous avez conçu, et vous enfanterez un fils, que vous nommerez Ismaël, c’est-à-dire : Le Seigneur a écouté ; parce que le Seigneur vous a exaucée dans votre affliction. Ce sera un homme fier et farouche, dont la main sera élevée contre tous, et contre qui tout le monde aura la main levée. Il dressera ses tentes vis-à-vis de ses frères, et il occupera le pays voisin du leur. Agar revint donc à la maison d’Abraham, et elle enfanta un fils, qui fut appelé Ismaël.
Quatorze ans après, le Seigneur ayant visité Sara, et Isaac étant né à Abraham (Genèse 21.1-3), Ismaël, qui jusqu’alors s’était regardé comme l’unique héritier d’Abraham, se vit déchu de ses espérances. Un jour, Isaac étant âgé d’environ cinq ou six ans, Ismaël se jouait avec lui d’une manière qui déplut à Sara ; et elle dit à Abraham : Chassez cette servante avec son fils ; car Ismaël ne sera point héritier avec mon fils Isaac. Abraham trouva cela dur. Mais le Seigneur lui ayant dit d’écouter Sara, il renvoya Agar avec son fils, en leur donnant quelques provisions pour leur voyage. Agar, étant partie avec son fils, allait errant dans le désert de Bersabée ; et l’eau qui était dans le vaisseau qu’elle portait ayant manqué, elle mit son fils sous un arbre qui était là, et s’éloigna de lui à la longueur d’un trait d’arc, disant : Je ne verrai point mourir mon enfant. Alors Agar ouït une voix du ciel, qui lui dit : Ne craignez point ; le Seigneur a écouté la voix de l’enfant du lieu où il est. Levez-vous, pre nez-le ; car je le rendrai père d’un grand peuple. Elle se leva ; et Dieu lui ayant fait voir un puits, elle en tira de l’eau, en donna à son fils, et le mena plus avant dans le désert de Pharan, où il demeura. Il devint habile à tirer de l’arc, et sa mère lui fit épouser une femme égyptienne, dont il eut douze fils (Genèse 25.13-14) ; savoir :
Il eut aussi une fille nommée Maheleth ou Basemath (Genèse 36.3), qui épousa Ésaü ; (Genèse 28.9). Nous avons parlé de chacun des fils d’Ismaël sous leurs articles.
Des douze fils d’Ismaël sont sorties les douze tribus des Arabes, qui subsistent encore aujourd’hui. Saint Jérôme dit que de son temps les Arabes nommaient les cantons de l’Arabie des noms des diverses tribus qui les habitaient. Les profanes donnent aux chefs des tribus des Arabes le nom de Phi-largues, et les Arabes leur donnent le nom de Scheich-El-Kebir. Les descendants d’Ismaël habitèrent le pays qui est depuis Hévila jusqu’a Sur Hévila est vers la jonction de l’Euphrate et du Tigre, et Sur est du côté de l’isthme qui sépare l’Égypte de l’Arabie. On connaît dans l’histoire les descendants d’Ismaël sous le nom général d’Arabes et d’Ismaélites. On connaît en particulier les Nabathéens, les Cédaréniens, les Agaréniens, etc. [V. le calendrier des Juifs, au 25 de Sivan]. Depuis le septième siècle, ils ont presque tous embrassé la religion de Mahomet, et nous les appelions Turcs, ou Musulmans. Ismaël mourut en présence de tous ses frères, dit la Vulgate ; ou, suivant une autre traduction, il eut son partage vis-à-vis de tous ses frères (Genèse 16.12). On ignore l’année de sa mort. [Voyez Arabes, Bédouins, et la Correspond d’Orient, lettre 141, de M. Michaud, tome 6 pages 70 et suivantes].
Les mahométans veulent qu’Ismaël ait été le fils le plus favorisé d’Abraham, et celui en faveur de qui Dieu fit à ce patriarche des promesses si magnifiques. Ils croient qu’Abraham ayant voulu immoler. Ismaël, l’ange Gabriel l’empêcha par ordre de Dieu, et substitua en sa place un bélier que le père et le fils immolèrent au Seigneur, au lieu même où ils bâtirent depuis le temple de la Mecque. Ce temple ne fut bâti qu’après la mort d’Agar ; il porta d’abord le nom de Caabah, ou Maison carrée, à cause de sa forme, et ensuite celui de Beith-Allah, ou Maison de Dieu. Les Arabes du temps d’Abraham attachèrent les cornes du bélier immolé par Abraham à la gouttière du toit de ce temple, d’où Mahomet les ôta dans la suite, pour ôter à ces peuples tout sujet d’idolâtrie.
Ismaël, après avoir demeuré quelque temps à Jathreb, nommée aujourd’hui Médine, se retira dans l’Iémen, où il s’établit et se maria. Outre les douze fils d’Ismaël dont il est parlé dans la Genèse, les Arabes lui en donnent encore un nommé Thor, ou Thour, qui a donné son nom à la montagne de Sinaï qu’ils appellent encore Thour, et Thour-Sinat, aussi bien qu’à la ville qui est au pied de cette montagne, sur les bords de la mer Rouge l’Arabie était peuplée d’Arabes anciens, avant que les fils d’Ismaël s’y établissent, et ce ne fut qu’après de longues disputes avec les Giorhamides, premiers possesseurs de ce pays, qu’ils s’accordèrent enfin sur le temple de la Mecque. La race des anciens Arabes n’est pas éteinte dans ce pays. Elle subsiste mêlée avec celle des Ismaélites. On peut voir ci-devant ce.que nous avons dit des Arabes. Ce qui déplaît dans ces histoires des mahométans, c’est que, sans se mettre en peine des règles de l’histoire et de la bonne foi, ils déguisent, renversent, détruisent les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament, pour y substituer leurs rêveries et leurs traditions qui n’ont aucun fondement dans l’antiquité, et qui ne roulent que sur l’ignorance de leur faux prophète ; cet homme ayant ouï parler des histoires saintes des Juifs et des chrétiens, les a racontées à sa manière ; ses sectateurs y ont encore ajouté de nouvelles fables et de nouvelles circonstances ; et, quand on veut les rappeler aux Écritures anciennes et authentiques, ils les traitent de supposées et corrompues.
La religion des Ismaélites se peut considérer dans quatre temps différents.
1° Sous Ismaël et ses successeurs immédiats, lesquels probablement suivirent la religion qu’ils avaient apprise d’Abraham et d’Ismaël.
2° Sous les successeurs de ces premiers qui, s’étant mêlés avec les anciens Arabes habitants du pays, imitèrent leur idolâtrie et corrompirent la pureté du culte de leurs pères par le mélange des cérémonies étrangères.
3° Plusieurs Arabes embrassèrent le christianisme dans les premiers siècles de l’Église. On ne connaît pas distinctement par quel canal le christianisme passa dans ce pays ; mais on connaît des martyrs d’Afrique, et on sait qu’en 24.9 il se tint un concile dans ce pays contre des hérétiques, qui disaient que 16 corps et l’âme mouraient et ressuscitaient ensemble.
4° Enfin Mahomet ayant paru dans ce pays, y séduisit une infinité de personnes, et y fit recevoir ses erreurs, partie par force, et partie par adresse.
On peut voir ci-devant l’article Arabes, pour la religion des anciens Arabes, que nous ne distinguons pas des Ismaélites, depuis que ces deux peuples se sont mêlés et confondus. Quant à la religion des mahométans, elle ne regarde pas notre sujet, puisqu’elle est si nouvelle, et qu’il n’en est pas parlé dans l’Écriture.
Le prophète Baruc (Baruch 3.25) nous parle de la science et des études des enfants d’Agar. Ils se piquaient de sagesse, et encore aujourd’hui les Arabes affectent un grand sérieux et des manières pleines de gravité. La reine de Saba vint éprouver si la sagesse de Salomon était telle que la renomée le publiait. Les Agaréniens et les Ismaélites sont nommés parmi les peuples qui firent la guerre aux Israélites sous le règne de Josaphat (Psaumes 82.7) et sous les juges du temps de Gédéon. Du temps du roi Saül les tribus de Ruben, de Gad, et la demi-tribu de Manassé firent la guerre aux Agaréens, et les défirent. Ces Agaréens demeuraient dans l’Arabie Déserte, à l’orient des montagnes de Galaad.
L’Écriture désigne aussi les Arabes par un autre caractère, c’est qu’ils coupaient leurs cheveux en rond (Lévitique 19.27). Moïse défend aux Hébreux d’imiter en cela les Arabes, qui le pratiquaient, disaient-ils, en l’honneur de Bacchus et à son imitation. Jérémie menace de la colère de Dieu les peuples qui portent les cheveux coupés en rond (Jérémie 9.23-26 ; 25.23), et il désigne en particulier Édom, Ammon et Moab, Dedan, Théma et Euz, tous peuples d’Arabie, entre lesquels Théma était fils d’Ismaël. Les Turcs se coupent encore les cheveux de la tête, et ne laissent qu’un bouquet au-dessus. Je ne sais si cette pratique est aussi ancienne que Moïse. Les Septante appellent zizoë la manière de se faire les cheveux dont Moïse parle ici : or zizoë est un bouquet de cheveux qu’on laisse derrière ou dessus la tête, quand on a coupé tout le reste en rond. Voyez les articles de Nabath, Cédar, Thema, Agar, etc.
Fils de Nathantas, de la race de Juda, tua en trahison Godolias que Nabuchodonosor avait établi sur les restes du peuple qui était demeuré dans la Judée après la ruine de Jérusalem. Voyez ci-devant Godolias. Mais Jean ou Johanan, fils de Carée, ayant poursuivi Isaac [lisez Ismaël] et sa troupe, et l’ayant atteint près de la piscine d’Hébron, le chargea et l’obligea de prendre la fuite. Il se retira vers Baalis, roi des Ammonites.
Ismaël I souverain sacrificateur des Juifs, fils de Phabi ou Phabée, eut un frère nommé aussi Ismaël, qui fut comme lui grand sacrificateur. Le premier Ismaël succéda à Ananus, et fut établi par Valerius Gratus, gouverneur [procurateur] de Judée, l’an du monde 4027, de l’ère vulgaire 24. Il fut déposé l’année suivante, et Eléazar, fils d’Ananus, lui succéda.
Ismaël II frère du premier, succéda à Ananias, fils de Nébédée, par la faveur du roi Agrippa. Les grands pontifes dépotés s’étant joints à lui prétendirent se rendre maitres des décimes et des oblations qui étaient destinées à la nourriture des simples prêtres. Ceux-ci, appuyés des principaux du peuple, se soulevèrent contre les pontifes ; et on vit entre eux, jusque dans le temple, une espèce de guerre. Ismaël fut obligé d’aller à Rome avec Chelcias et dix des principaux de Jérusalem, pour demander à Néron qu’il leur fût permis de rétablir un mur que Festus, gouverneur [procurateur] de Judée avait fait abattre, parce qu’il empêchait que les troupes romaines ne vissent dans le temple, et qu’il bornait la vue du palais d’Agrippa. Ce fut en leur considération que Josèphe l’historien fit le voyage de Rome pour les défendre. Ils obtinrent ce qu’ils demandaient, par le crédit de Poppée, qui favorisait les Juifs. Ismaël ne revint plus à Jérusalem ; et Agrippa lui ôta la grande sacrificature pour la donner à Joseph, fils de Simon, surnommé Cabéi.
Ismaël. Voyez Aser,.
Ismaël, descendant de Pheshur, prêtre, renvoya sa femme après la captivité, parce qu’elle était étrangère (Esdr. 10.22).