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Fils d’Amos, le premier des quatre grands prophètes, était, dit-on, de race royale, s’il est vrai qu’Amos son père, fût fils du roi Joas et frère d’Amasias, roi de Juda. Saint Jérôme dit qu’Isaïe avait donné sa fille en mariage à Manassé, roi de Juda ; ce qui n’est pas aisé à croire, puisque Manassé ne commença à régner que soixante ans après qu’Isaïe eut commencé à prophétiser. Nous mettons le commencement des prophéties d’Isaïe immédiatement après la mort d’Ozias (An du monde 3246, Avant. Jésus-Christ 754, Avant l’ère vulgaire 758), et nous plaçons la mort de ce prophète sous le règne de Manassé, qui commença à régner l’an du monde 3306, avant Jésus-Christ 694, avant l’ère vulgaire 698. Les Juifs croient qu’Amos, père d’Isaïe, était prophète aussi bien que son fils, suivant cette règle, qui passe pour certaine parmi eux, que lorsque l’Écriture marque le nom du père d’un prophète, c’est une preuve que ce père est aussi prophète. Mais cette règle n’est certainement rien moins que certaine. Saint Augustin a soupçonné que le prophète Amos, dont nous avons les écrits, était le père d’Isaïe : mais outre que son nom est écrit d’une manière différente du père d’Isaïe, ces deux prophètes, Amos et Isaïe, étaient contemporains, ayant vécu l’un et l’autre sous Osias. Il est vrai qu’Amos commença à prophétiser la vingt-troisième année d’Ozias, du monde 3215, et Isaïe, selon notre hypothèse, ne commença à prophétiser qu’après la mort de ce prince, en 3246, et, par conséquent, trente et un ans après Amos : de sorte qu’il n’y aurait de ce côté-là aucun inconvénient à dire qu’Amos était père d’Isaïe, si l’on en avait d’ailleurs quelques bonnes preuves. Mais nous avons montré dans l’article d’Amos que ce prophète n’était ni de qualité, ni de la tribu de Juda. Ainsi il ne peut être père d’Isaïe.
La femme d’Isaïe est nommée prophétesse (Isaïe 8.5), et les rabbins en concluent qu’elle avait l’esprit de prophétie. Mais il est très-croyable que l’on appelait prophétesses les femmes des prophètes, comme on appelait prêtresses les femmes des prêtres, simplement à cause de la qualité de leurs maris l’ nous parle de deux fils d’Isaïe, l’un nommé Sear-Jasub : Le reste reviendra » ; et l’autre, Chas-Bas : Hâtez-vous de ravager ». Le premier marquait que les captifs qui devaient être menés en Babylone en reviendraient après un certain temps, et le second que les royaumes d’Israël et de Syrie seraient bientôt ravagés.
On peut partager les prophéties d’Isaïe en trois parties. La première partie comprend six chapitres, qui regardent le règne de Joathan. Les six chapitres suivants regardent le règne d’Achaz. Tout le reste est du règne d’Ézéchias. Le grand et principal objet des prophéties d’Isaïe est la captivité de Babylone, le retour de cette captivité, et le règne du Messie. C’est pour cela que les écrivains sacrés du Nouveau Testament l’ont cité plus qu’aucun autre prophète, et que les Pères disent qu’il est plutôt un évangéliste qu’un prophète.
Dans les six premiers chapitres, qui ne contiennent qu’un seul discours Isaïe invective fortement contre les désordres de Juda, et les menace de très-grands malheurs. Dans les six chapitres suivants il parle du siège de Jérusalem formé par Phacée et Rasin. Il promet à Achaz la naissance du Messie sous le nom d’Emmanuel, et prédit les maux qui menacent les royaumes de Syrie et d’Israël ; il invective contre l’Assyrien, qui est la verge dont Dieu se sert pour châtier les méchants. Il conclut, dans les chapitres 11 et 12 en promettant un monarque juste, sage, vaillant, qui rétablira toutes choses. Au commencement du règne d’Ézéchias (qui commença à régner en l’An du monde 3278, Avant. Jésus-Christ 722, Avant l’ère vulgaire 726), il prononça plusieurs prophéties fâcheuses (Isaïe 13-19) contre Babylone, contre les Philistins, contre Moab, contre Damas, contre Samarie et contre l’Égypte. Assez longtemps après il prophétisa de nouveau (Isaïe 20-24) contre l’Égypte, contre Babylone, contre Cédar, contre l’Arabie, contre Jérusalem, contre Tyr et contre toute la Judée.
La guerre de Sennachérib contre Ézéchias donna occasion à plusieurs prophéties d’Isaïe (Isaïe 24-36). Il prédit ce siège, il en fut témoin, il en annonça la fin, et menaça les auteurs des maux de Juda de la vengeance du Seigneur l I promet à Ézéchias et à tout le peuple de Juda un règne heureux, et une parfaite liberté. Ce règne et cette paix dont la Judée jouit, après la défaite de Sennachérib, est décrite d’une manière qui ne peut se vérifier à la lettre que dans le règne de Jésus-Christ sur son Église.
Les chapitres (Isaïe 40-45) contiennent un long discours, qui est une démonstration de l’existence de Dieu, de la vérité de la religion des Hébreux et de la vanité de l’idolâtrie. Dans les quatre chapitres suivants Isaïe prédit le règne de Cyrus, la délivrance de son peuple, la ruine des idoles, la chute de Babylone et le retour des Juifs. Depuis le chapitre (Isaïe 49-56.9), Isaïe, comme représentant le Messie, nous apprend qu’il a été destiné de Dieu dès le sein de sa mère pour annoncer le retour de Jacob de sa captivité et la conversion des gentils. Il dépeint ensuite les persécutions et les traverses du Messie. Enfin le reste de son livre a pour objet la venue du Messie, la vocation des gentils, la réprobation des Juifs, et l’établissement de l’Église. Voilà en gros l’économie du livre d’Isaïe ; et voici ce que nous savons de sa vie.
Il nous dit que le Seigneur l’a appelé dès le sein de sa mère (Isaïe 49.1-3), qu’il s’est souvenu de son nom, qu’il lui a donné une langue comme un glaive tranchant, qu’il l’a caché sous l’ombre de sa main, et qu’il l’a mis comme une flèche choisie dans son carquois. Et ailleurs (Isaïe 50.4), que Dieu lui a donné une langue savante, et capable de consoler ceux dont le courage est abattu ; que, quand il reçut sa mission pour la prophétie (Isaïe 6.1-3), il vit le Seigneur assis sur un trône élevé, environné de chérubins, et ayant toute la terre pour marche pied. Alors il dit : Malheur à moi, parce que je me suis tu ; j’ai les lèvres souillée !, et je demeure au milieu d’un peuple qui a aussi les lèvres impures ! j’ai vu de mes yeux le Seigneur des armées. En même temps, continue-t-il, un des séraphins qui étaient devant le Seigneur, vola vers moi, tenant une pincette avec une pierre brûlante qu’il avait tirée de l’autel ; il en toucha ma bouche, et me dit : Voilà qui a touché vos lèvres, et votre iniquité sera effacée. Alors j’ouïs une voix qui disait : Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? Et je répondis : Me voici ; envoyez-moi. Il me dit donc : Allez ; dites à ce peuple : Écoutez sans entendre, et voyez sans connaître. Aveuglez le cœur de ce peuple, rendez ses oreilles sourdes et ses yeux aveugles, afin qu’il ne voie pas de ses yeux et n’entende pas de ses oreilles, de peur qu’il ne se convertisse, et que je ne lui rende la santé. » Cela voulait dire qu’il leur prêcherait, qu’il leur parlerait, qu’ils n’écouteraient pas et ne se convertiraient pas.
Pendant le cours de sa prédication, il eut une infinité de contradictions à essuyer de la part des Juifs. Il s’en plaint en divers endroits (Isaïe 49.1) ; mais Dieu le rassure et le soutient. La quatorzième année d’Ézéchias (An du monde 3291, Avant. Jésus-Christ 709, Avant l’ère vulgaire 713), Sennachérib, roi d’Assyrie, étant venu faire la guerre en Judée, envoya Rabsacès, son échanson, sommer Ézéchias de se soumettre à sa domination. Rabsacès dans sa harangue, parla d’une manière pleine d’insolence et de blasphème. Ézéchias, ayant entendu le rapport que lui firent ses officiers, déchira ses vêtements, alla au temple du Seigneur, et envoya dire à Isaïe ce qui s’était passé. Isaïe lui répondit (Isaïe 36-37) : Voici ce que dit le Seigneur : Ne craignez point les paroles de blasphème, dont les serviteurs du roi d’Assyrie m’ont déshonoré ; je vais envoyer un esprit contre lui, et il n’aura pas plutôt entendu une nouvelle, qu’il retournera promptement en son pays, où je le ferai mourir d’une mort sanglante.
Peu de temps après, Sennachérib, ayant appris que le roi Tharaca marchait contre lui, alla à sa rencontre, et envoya de nouveau Rabsacès à Jérusalem, où il proféra à-peu-près les mêmes blasphèmes qu’il avait dits la première fois.
Alors Isaïe envoya dire ceci à Ézéchias (Isaïe 37.21-22) : « Voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre Sennachérib : Il t’a méprisée et insultée, fille de Sion ; il a secoué la tête derrière toi, fille de Jérusalem. À qui pense-tu avoir insulté ? Qui crois-tu avoir blasphémé ? Contre qui as-tu haussé ta voix, et élevé tes yeux insolents ? C’est contre le saint d’Israël. Tu as outragé le Seigneur par tes serviteurs, et tu as dit : Je suis monté avec mes chariots sur le haut des montagnes, sur le mont Liban ; j’ai coupé ses grands cèdres, et ses hauts sapins ; j’ai épuisé les sources, et j’ai séché par la multitude de mes gens de pied toutes les rivières. Ne sais-tu pas que c’est moi qui ai disposé toutes ces choses, et qui les ai ordonnées dès l’éternité ? J’ai su d’où tu sortais, où tu étais, et j’ai connu ton insolence contre moi. C’est pourquoi je te mettrai un anneau aux narines, et un mors à la bouche, et je te ramènerai par le même chemin, par lequel tu es venu. Pour vous, Ézéchias, rassurez-vous. Mangez en cette année ce qui naîtra de soi-même, vivez encore de fruits l’année d’après ; mais la troisième année, semez et moissonnez : car alors vous serez entièrement hors d’inquiétude. Voici ce que dit le Seigneur : Le roi des Assyriens n’entrera point dans cette ville, il n’y jettera point de flèches, il n’élèvera point de terrasses autour d’elle, il n’entrera point dans Jérusalem ; mais il s’en retournera par le même chemin qu’il est venu. » En effet le Seigneur fit périr par la main de l’ange exterminateur cent quatre-vingt mille hommes de l’armée de Sennachérib ; et ce prince fut obligé de se sauver à Ninive, où il fut tué par ses propres fils.
En ce temps-là (An du monde 3291, Avant. Jésus-Christ 709, Avant l’ère vulgaire 713), Ézéchias tomba dans une maladie mortelle (Isaïe 38.1-3), et Isaïe l’étant venu trouver, lui dit : « Voici ce que dit le Seigneur ; Donnez ordre aux affaires de votre maison, car vous mourrez et vous n’en échapperez point. » Alors Ézéchias fit sa prière au Seigneur et répandit beaucoup de larmes. Mais à peine Isaïe était sorti de la présence du roi, que le Seigneur lui dit : « Allez, dites à Ézéchias : Voici ce que dit le Seigneur : J’ai entendu vos prières et j’ai vu vos larmes ; j’ajouterai encore quinze années à votre vie, je vous délivrerai de la puissance du roi des Assyriens et je garantirai cette ville de ses armes. Et voici le signe que je vous donnerai pour vous assurer de la vérité de ses promesses : Je ferai retourner de dix degrés en arrière l’ombre du soleil à l’horloge d’Achaz. » Alors Isaïe fit mettre une masse de figues sur le mal d’Ézéchias, et il fut guéri si parfaitement que, dans trois jours, il fut en état d’aller au temple du Seigneur.
Peu de temps après cela, et au commencement du règne d’Assaradon, successeur de Sennachérib, Isaïe reçut ordre du Seigneur(Isaïe 20.1-3) de marcher pendant trois ans nu-pieds et sans habits, pour marquer d’une manière plus expresse la captivité prochaine de l’Égypte et du pays de Chus, qui s’étendait dans l’Arabie Pétrée, et qui est ordinairement traduit par l’Éthiopie.
La tradition constante des Juifs et des chrétiens est qu’Isaïe fut mis à mort par le supplice de la scie, au commencement du règne de Manassé, roi de Juda. On dit que ce prince impie prit prétexte, pour le faire mourir, de ce qu’Isaïe avait dit (Isaïe 6.1) : J’ai vu le Seigneur assis sur un trône ; ce qu’il prétendait être contraire à ce qui est dit dans Moïse (Exode 32.20) : Nul homme ne me verra sans mourir. On dit que son corps fut enterré près de Jérusalem, sous le chêne du foulon, près de la fontaine de Siloé, d’où il fut transféré à Panéade, vers les sources du Jourdain, et de là à Constantinople, sous le règne de Théodose le Jeune, l’an 442 de Jésus-Christ. Il prophétisa fort longtemps.
Ceux qui le font commencer à la vingt-cinquième année d’Ozias lui donnent quatre-vingt-cinq ans de prophétie. Mais nous ne croyons pas pouvoir lui en donner plus de soixante, puisqu’il ne commença qu’au commencement de Joathan, en 3246, étant mort la première année de Manassé, du monde 3306, avant Jésus-Christ 694, avant l’ère vulgaire 698.
Isaïe passe pour le plus éloquent des prophètes. Saint Jérôme dit que ses écrits sont comme l’abrégé des saintes Écritures, un amas de toutes les plus rares connaissances dont l’esprit humain soit capable ; qu’on y trouve la philosophie naturelle, la morale et la théologie : Grotius compare Isaïe à Démosthène. On trouve dans ce prophète toute la pureté de la langue hébraïque, de même que dans cet orateur toute la délicatesse du goût attique l’un et l’autre est grand et magnifique dans son style, véhément dans ses mouvements, abondant dans ses figures, fort, impétueux quand il s’agit de relever des choses indignes, odieuses, difficiles. Isaïe avait par-dessus Démosthène l’honneur d’une naissance illustre et l’avantage d’appartenir à la famille royale de Juda. On peut lui appliquer ce que dit Quintilien de Corvinus Messala, qu’il parle d’une manière aisée et coulante, et d’un style qui sent son homme de qualité. Gaspard Sanctius trouve qu’Isaïe est plus fleuri et plus orné, et en même temps plus grave et plus fort qu’aucun autre écrivain que nous ayons, soit historien, poète ou orateur ; et qu’il est tel dans tous les genres de discours, qu’il n’y a aucun auteur, ni grec ni latin, qu’il n’ait laissé derrière lui.
Outre les écrits d’Isaïe que nous avons, ce prophète avait écrit un livre des Actions d’Ozias, qui est cité dans les Chroniques, et que nous n’avons plus (2 Chroniques 26.22). Origène, saint Épiphane et saint Jérôme parlent d’un autre livre intitulé : l’Ascension d’Isaïe. Quelques Juifs lui attribuent les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques et le livre de Job. Saint Ambroise cite une particularité de la vie d’Isaïe, qui est que ce prophète étant en prison et en grand danger de mourir, le démon lui apparut et lui dit : Dites que vous n’avez pas parlé par l’Esprit de Dieu, et je vous délivrerai et je changerai les cœurs de ceux qui vous haïssent. Mais Isaïe aima mieux mourir que de manquer à dire la vérité l’auteur de l’Ouvrage imparfait sur saint Matthieu dit que ce prophète étant allé voir Ézéchias qui était malade, ce prince fit venir Manassé, son fils, et lui donna de bonnes instructions en présence d’Isaïe. Mais le prophète lui dit : Je crains que ce que vous dites n’entre pas dans son cœur, car je dois moi-même être mis à mort par son ordre. Ce qu’Ézéchias ayant ouï, il voulait tuer son fils Manassé ; mais Isaïe le retint et lui dit : Dieu rende inutile cette résolution. Enfin on lit dans le Talmud un long dialogue entre Isaïe et Ézéchias au temps de la maladie de ce prince, lorsque le prophète le vint trouver. Mais comme ces choses ne viennent que de sources apocryphes et incertaines, nous n’y faisons aucun fond l’auteur de l’Ecclésiastique (Ecclésiaste 48.25-27) fait de lui un grand éloge en ce peu de mots : Isaïe fut un grand prophète et fidèle aux yeux du Seigneur. De son temps le soleil retourna en arrière, et il ajouta plusieurs années à la vie du roi. Il vit la fin des temps par un grand don de l’Esprit, et il consola ceux qui pleuraient en Sion. Il prédit ce qui devait arriver jusqu’à la fin des temps, et il découvrit les choses secrètes avant qu’elles arrivassent.
Les chrétiens orientaux écrivent dans leurs histoires que le prophète Isaïe perdit le don de prophétie pendant vingt-huit ans, pour ne s’être pas opposé au roi Ozias, lorsqu’il voulut entrer dans le sanctuaire où était l’autel des parfums. Les mêmes auteurs lui donnent plus de cent vingt ans de vie.
Lévite, descendant de Moïse par Gersom, était fils de Rahabias et père de Joram (1 Chroniques 26.25).
Fils d’Athalia, descendant d’Alam ou Élam, est un des chefs de famille qui revinrent de la captivité avec Esdras (Esdras 8.7).
Lévite mérarite, revint de la captivité avec Esdras (Esdras 8.19).
Benjamite, père d’Ethéel (Néhémie 11.7).