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Les anciens Hébreux ne partageaient pas le jour par heures. Le jour se partageait en quatre parties : le matin, le haut du jour ou midi, la première vêpre, et la dernière vêpre ; et nuit se partageait en trois parties le soir (Lamentations 2.19), minuit (Juges 7.19), et la garde du matin (Exode 24.14). Si l’on trouve quelquefois le nom d’heures dans les Septante, c’est pour marquer les saisons, de même que dans Homère et dans Hésiode.
Le nom d’heures se trouve souvent dans l’Écriture, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament ; par exemple, pluam cras hac ipsa hora grandinem (Exode 9.28). Et : Liberi qui eadem hora nati sunt, etc. (Deutéronome 28.57). Et : Hac eadem hora, ego tradam omnes istos vulnerandos in conspectu Israël, etc. (m). Et dans Daniel (Daniel 2.15) Quacumque hora audieritis sonitum, etc. Dans Tobie (Tobie 11.14) : Quasi dimidiam fere horam. Et (Tobie 12.22) : Prostrati per horas tres. Et Judith (Judith 7.18) : Per multas horas una voce clamaverunt ad Deum, etc. Mais dans les livres de Moïse, et dans les autres écrits en hébreu, hora se met pour le temps précis, ou pour la saison. Dans Daniel on trouve le nom de schaata, que l’on traduit par une heure, et qui peut dériver du verbe schaah, qui signifie cesser, se reposer.
Les livres de Daniel, de Tobie et de Judith sont les premiers où l’on trouve le nom d’heure marqué d’une manière expresse dans le sens que nous lui donnons, ou plutôt dans le sens que lui donnaient les anciens qui ont employé ce terme en grec ou en latin, pour signifier une partie du jour ou de la nuit. Daniel (Daniel 4.16), dit qu’il fut environ une heure à penser ce que signifiait la vision du roi Nabuchodonosor. Tobie (Tobie 11.14), dit qu’il demeura environ une demi-heure dans une très-grande douleur, après quoi la taie tomba de dessus ses yeux. Le même Tobie (Tobie 12.22), raconte qu’après que l’ange Raphael lui eut déclaré et au jeune Tobie, son fils, qui il était, ils se prosternèrent et demeurèrent en cet état pendant environ deux heures. Judith (Judith 7.18), raconte que le peuple de Béthulie, assemblé dans la synagogue, fut plusieurs heures à crier au Seigneur, pour le prier de les délivrer de la main d’Holopherne. Le texte hébreu ne parle pas précisément d’heures, mais seulement de lignes ou de degrés (2 Rois 20.9-11), en parlant de l’horloge d’Achaz, ou de la rétrogradation du soleil dans cette horloge ou dans ce cadran. Mais de quelque manière que le texte s’exprime, il est toujours certain qu’il s’agit là d’heures et du partage du jour en plusieurs parties. Or Achaz est beaucoup plus ancien que ni Daniel, ni Tobie, ni Judith.
Mais quelles étaient les heures dont parlent ces livres ? C’est ce qu’il est fort malaisé de dire avec certitude. Les auteurs sacrés ne nous en instruisent pas ; il ne nous reste aucun auteur chaldéen ni syrien d’une assez grande antiquité pour nous en dire des nouvelles ; et les Grecs, qui sont à notre égard les dépositaires de la plus profonde érudition et de la plus haute antiquité, après les livres saints, ignorent l’origine des heures chez les nations étrangères, et ne la font remonter chez eux qu’au temps d’Anaximènes, ou d’Anaximander qui vivaient sous le règne de Cyrus, vers la fin de la captivité de Babylone. Cet auteur avait voyagé en Chaldée et pouvait bien en avoir appris la manière de partager le jour par heures. Hérodote, qui vivait sous Xerxès, dit expressément que les Grecs ont reçu des Babyloniens l’usage de l’aiguille solaire et des horloges. Et Xénophon, qui a suivi le jeune Cyrus dans son expédition, fait dire à Euthydème que le soleil, qui est lumineux, nous découvre les heures du jour, et que les étoiles nous découvrent les heures de la nuit. Aristophanes, qui vivait du temps de Socrate, parle aussi de l’aiguille solaire et des heures. Il fait demander à un de ses acteurs : Quelle heure l’aiguille du cadran marque-t-elle ? On peut voir ce que nous avons remarqué sous le nom d’horloges.
De tout ce qu’on vient de dire, il résulte que l’usage des horloges, ou des cadrans solaires, et la distribution du jour en plusieurs heures, est plus ancien chez les Orientaux que chez les Grecs ; que l’auteur de cette invention n’est pas connu, et que le premier monument que nous connaissions, qui en parle d’une manière expresse, est le quatrième livre des Rois, chapitre 20 où est raconté le miracle de la rétrogradation du soleil au cadran d’Achaz ; et qu’enfin on ignore la manière dont les anciens Babyloniens, Chaldéens et Hébreux partageaient leurs heures du jour et de la nuit, si elles étaient égales ou inégales.
Dans les livres du Nouveau Testament on voit distinctement le jour partagé en douze heures égales (Jean 11.9 ; Matthieu 20.3-5), à la manière des Grecs et des Romains. Ces heures étaient toujours égales entre elles, mais inégales par rapport aux différentes saisons. Les douze heures des grands jours d’été étaient beaucoup plus longues que celles des plus courts jours d’hiver. La première heure était celle qui suivait le lever du soleil, et réponlait à nos six heures du matin dans l’équinoxe ; et aux autres temps, à proportion de la longueur ou de la briéveté des jours. La troisième heure répondait à neuf heures du matin dans l’équinoxe ; la sixième heure en tout temps répondait à midi ; et ainsi des autres. Dans le Nouveau Testament (Matthieu 14.23 Marc 6.48 ; 13.35), nous remarquons aussi la nuit partagée en quatre veilles ; usage que les Juifs avaient emprunté des Romains.