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Ce terme vient du grec airésis, et signifie en général une secte, un choix. Il se prend plus ordinairement en mauvaise part, dans le style ecclésiastique, pour une erréur fondamentale en fait de religion, à laquelle on s’attache avec opiniâtreté. Ainsi on appelle l’hérésie des Ariens, des Pélagiens, des Novatiens, etc. Saint Paul dit qu’il faut qu’il y ait dans l’Église des hérésies (1 Corinthiens 11.9), afin que ceux qui sont éprouvés soient manifestés. Il veut que Tite évite et fuie même la compagnie d’un hérétique, après une première et une seconde admonition (Tite 3.10). Saint Luc, dans les Actes, parle de l’hérésie des Saducéens (Actes 5.17), et de celle des Pharisiens (Actes 15.5).
Or il est visible que parmi les Juifs ces hérésies ou ces sectes, surtout celle des Pharisiens, n’étaient nullement odieuses, puisque saint Paul, même depuis sa conversion, déclare qu’il est de la secte des Pharisiens (Actes 23.6 ; 26.5 ; Philippiens 3.5). Le même apôtre dit que l’on donnait au christianisme le nom de secte, ou d’hérésie (Actes 24.14) ; et en effet dans les commencements on ne considérait guère parmi les étrangers la religion chrétienne que comme une secte ou une réforme du judaïsme ; et les premiers Pères n’ont point fait difficulté de donner quelquefois à notre religion le nom de secte divine. Tertulle, avocat des Juifs, accuse saint Paul devant Félix (Actes 24.5) d’être le chef de l’hérésie des Nazaréens. Saint Paul déclare qu’il a vécu sans reproche dans l’hérésie des Pharisiens, qui était la plus autorisée de sa nation (Actes 26.5). Les Juifs de Rome, étant assemblés auprès de saint Paul, lui dirent qu’ils souhaiteraient savoir ses sentiments sur ce qui concernait le christianisme (Actes 28.22) : que pour eux, ils ne savaient autre chose de cette hérésie, sinon qu’elle était combattue partout.
Je ne parle pas ici des sectes ou hérésies des philosophes païens, qui ont donné occasion aux sectes qui ont paru parmi les Juifs ; car de même que les païens distinguaient leurs philosophes en Stoïciens, Platoniciens, Péripatéticiens, Epicuriens, etc., ainsi les Hébreux, depuis le règne des Grecs en Orient, se partagèrent en Saducéens, Pharisiens, Esséniens ou Assidéens, et Hérodiens, etc. On peut à proportion montrer dans la religion chrétienne des sectes ou hérésies à-peu-près pareilles à celles des Juifs, non-seulement dans les écoles de philosophie, mais aussi dans celles de théologie, où l’on trouve des partages de sentiments sur des matières problématiques, et non décidées, qui ne portent aucun préjudice au fond de la religion ni à l’unité qui doit joindre tous les membres du corps de l’Église, dans la subordination aux mêmes chefs, dans la communion des mêmes sacrements, et dans la confession des mêmes principes essentiels de la créance.
Dès le commencement de l’Église chrétienne il y eut des hérésies très-dangereuses, et on peut même assurer que jamais on n’en vit de plus pernicieuses, puisqu’elles attaquaient les dogmes les plus essentiels de notre religion, comme la divinité de Jésus-Christ, sa qualité de Messie, la réalité et la vérité de son incarnation, la résurrection des morts, la liberté et l’affranchissement des cérémonies de la loi, et autres points de cette nature. Le plus ancien de ces hérésiarques est Simon le Magicien, qui voulut acheter le don de Dieu à prix d’argent, et qui voulut ensuite se faire passer pour le Messie et pour le Dieu créateur et tout-puissant (Actes 8.9-10). Cérinthe et les faux apôtres, contre qui saint Paul invective si souvent dans ses Épîtres (Galates 4.12-17 ; 5.10 ; 6.12 ; Philippiens 3.18), voulaient que les fidèles reçussent la circoncision, et se soumissent à toutes les observances de la loi.
Les Nicolaïtes permettaient la communauté des femmes, et ne se faisaient aucun scrupule des actions les plus honteuses, ni des superstitions du paganisme. Ils passèrent dans la secte des Caïnistes, qui reconnaissaient une vertu supérieure à celle du Créateur. Saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 2.15), parle des Nicolaïtes comme d’une secte d’hérétiques subsistante, et qui faisait de grands ravages dans les Églises d’Asie. On voyait dans le même temps de faux christs et de faux prophètes (Apocalypse 2.20 1 Jean 2.18-22 ; 4.3 ; 2 Jean 1.7). Saint Paul parle d’Hyménée et d’Alexandre, qu’il avait été ob : igé de livrer à Satan (1 Timothée 1.20), pour les empêcher de dogmatiser. Il parle aussi d’Hyménée et de Philète (2 Timothée 2.16), qui s’étaient égarés de la vérité, en disant que la résurrection des morts était déjà arrivée. Il prédit que dans les derniers temps-il y en aura qui abandonneront la foi (1 Timothée 4.1), pour se livrer à l’esprit d’erreur et à la doctrine du démon. Saint Pierre (2 Pierre 2.1 ; 3.5) et saint Jude (Jude 1.18) font les mêmes prédictions, et ils ne font que suivre ce que Jésus-Christ lui-même avait dit dans l’Évangile (Matthieu 24.4-24 ; 7.15), qu’il viendrait de faux christs et de faux prophètes, qui séduiraient les simples par leurs prodiges et leur fausse doctrine. On peut voir les articles particuliers de Nicolas, de Simon, de Cérinthe, etc.