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C’est-à-dire, la Ville du Soleil. Il en est parlé dans la Genèse (Genèse 41.45 ; 46.20) et dans Ézéchiel (Ézéchiel 30.17). Elle est appelée On dans l’hébreu. Putiphar, qui donna sa fille Aseneth pour femme à Joseph, était prêtre d’Héliopolis. Cette ville était située sur le Nil à une demi-journée de Babylone d’Égypte, vers le nord. Strabon parle des anciens temples et des obélisques qu’on y montrait de son temps, et des grandes maisons des prêtres qu’on y voyait, quoique la ville fût entièrement déserte.
Outre la ville d’Héliopolis, nommée On dans l’hébreu, il y en avait une autre dans l’Égypte, située entre le Caire, la ville de Copte et la mer Rouge. M. d’Herbelot assure que les écrivains arabes nomment la ville de Coos Ain-al-Schams, c’est-à-dire, Fontaine du Soleil, ou Héliopolis, la Ville du Soleil. Il croit que c’est l’ancienne et la fameuse ville de Thèbes dans la haute Égypte. Il dit que les géographes arabes lui donnent soixante et un degrés trente minutes de longitude, et vingt-trois degrés trente minutes de latitude. Dapper met Héliopolis à sept mille pas du Caire vers l’orient, et auprès du village de Matarès, et par conséquent elle est fort différente de la fameuse Thèbes, capitale de la Thébaïde. [Voyez Matharée].
Héliopolis est maintenant ruinée, et ne conserve plus que quelques restes de son ancienne grandeur. On dit que le nom d’Héliopolis lui fut donné à cause d’un temple qui était dédié au soleil, et où il y avait un miroir placé de telle manière, que pendant tout le jour il réfléchissait les rayons de cet astre, de sorte que tout le temple eu était illuminé. On voit parmi les ruines de cette ville un obélisque dressé au milieu d’une place, avec des emblèmes hiéroglyphiques des quatre côtés, et une colonne appelée l’aiguille de Pharaon.
C’est dans cette ville d’Héliopolis qu’Onias, fils d’Onias troisième, s’étant retiré en Égypte, et ayant gagné les bonnes grâces de Ptolémée Philométor et de Cléopâtre, sa femme, obtint la permission de bâtir un temple semblable à celui de Jérusalem, à l’usage des Juifs qui étaient en Égypte. Ce temple subsista jusqu’au temps de Vespasien, qui le fit fermer par Lupus, préfet d’Égypte. Joseph de Bello, livre 7 chapitre 37 page 995, 996. Paulin, qui succéda quelque temps après à Lupus, fit ôter tous les ornements et les richesses qui y étaient, en fit fermer toutes les portes, et ne permit pas qu’on y fit aucun exercice de religion. Voyez Onion. C’est le nom qu’on avait donné à ce temple.
Sur Héliopolis d’Égypte, voyez une lettre très-intéressante de M. Michaud, datée du Caire et du mois d’avril 1831, dans la Correspond d’Orient, lettre 141, tome 6. pages 56 et suivants, avec une suite, pages 61 et suivants Je vais en extraire ce qui suit (pages 6267).
M. Jomard, qui a décrit l’emplacement d’Héliopolis, a parcouru toutes les campagnes voisines ; il a trouvé des ruines eu plusieurs endroits, surtout dans le bourg d’Hélioud, situé vers le Nil ; ce bourg renferme plusieurs restes de la ville antique ; le nom d’Hélioud est lui-même un reste ou un souvenir d’Héliopolis. C’est ainsi que dans la Troade l’antiquité vit successivement l’ancienne Ilion, la nouvelle Ilion, puis la Troie d’Alexandre ; la seconde fut bâtie avec les ruines de la première, la troisième aveu les débris des deux autres. La même chose a pu arriver à plusieurs villes d’Égypte, et le bourg d’Hélioud fut sans doute une nouvelle Héliopolis, qui aura été construite par les Grecs plus près du fleuve.
Des traditions sacrées et profanes, des souvenirs de plusieurs époques et de diverses croyances, se rattachent à la ville et au territoire d’Héliopolis ; cette ville est souvent mentionnée dans la Bible, qui l’appelle On, motqui signifiait Ville du Soleil dans la langue des vieux Égyptiens. Putiphar, dont le patriarche Joseph fut l’intendant, habitait Héliopolis, et son nom même de Putiphar annonce qu’il était un des grands prêtres du dieu Soleil. [Voyez Joseph]. Comme Héliopolis était près du pays de Gessen, habité par les Hébreux, elle leur était beaucoup plus connue que Memphis et Thèbes. On croit même que les Juifs furent employés à construire, ou tout au moins à réparer quelques édifices de la cité égyptienne. Ce fut là sans doute que Moïse, qui est appelé dans l’Écriture l’élève de l’Égypte, vint apprendre les hautes sciences qu’enseignait l’école des prêtres, les sciences dont il avait besoin pour étonner, pour convaincre Pharaon, et remplir la mission que lui avait donnée Jéhovah. Quand les Hébreux furent les maîtres de Chanaan, leurs pensées se tournèrent encore quelquefois vers Héliopolis, et, dans les mauvais jours d’Israël, ceux qui avaient à redouter la persécution vinrent y chercher un asile. Les traditions saintes nous apprennent que la famille de Jésus-Christ vint à Héliopolis lorsqu’elle fuyait les poursuites d’Hérode, et ces traditions, fort répandues au moyen-âge, attirèrent dans ce lieu un grand nombre de pèlerins ; on nous a montré, à quelques centaines de pas de l’obélisque, une fontaine qui fut longtemps l’objet de la vénération des chrétiens, et qu’on nomma longtemps la Fontaine de Marie.
Une opinion s’était accréditée, que la vierge Marie avait lavé dans cette fontaine les langes de l’enfant Jésus, et depuis ce temps l’eau qu’on y puisait avait opéré quantité de miracles. Dès les premiers temps du christianisme, les fidèles bâtirent en ce lieu une église ; quand les musulmans furent maîtres de l’Égypte, ils construisirent à leur tour une mosquée près de la source miraculeuse. Les disciples des deux croyantes venaient demander à la fontaine de Marie la guérison de leurs maux ; les Cophtes, les Grecs et quelques musulmans du pays y viennent encore aujourd’hui en pèlerinage ; mais le nombre des prodiges a beaucoup diminué. La chapelle chrétienne et la mosquée ont eu le sort du temple du soleil ; on n’en trouve plus de vestiges. Nous n’avons vu, auprès de la fontaine révérée, qu’une machine hydraulique, à laquelle quatre bœufs sont attelés, et qui élève l’eau au niveau du terrain.
Une autre trace de là sainte famille attirait aussi les pèlerins : non loin de la fontaine on ndus a fait entrer dans un enclos planté d’arbres ; un musulman qui nous conduisait nous a fait arrêter devant un sycomore et nous a dit : Voilà l’arbre de Jésus et de Marie. Les Cophtes nous disent que, dans un moment où la sainte famille fuyait devant des brigands, le tronc de cet arbre s’ouvrit tout à coup pour la recevoir ; heureusement que nous ne sommes pas obligés de croire à ce que disent ici les Cophtes et même les disciples du Coran, car la seule vue du sycomore suffirait pour démentir leurs assertions et nous disposer à l’incrédulité ; d’abord le tronc de l’arbre ne surpasse pas en grosseur celui des arbres les plus ordinaires, et ne laisse donc guère aux spectateurs l’idée du prodige qu’on suppose. J’ai remarqué de plus que le sycomore devant lequel nous nous sommes arrêtés ne ressemble pas même à celui qui est décrit par les voyageurs du seizième siècle ; comment se persuader qu’un arbre à qui on enlève chaque jour, son écorce et ses branches pour en faire des reliques, soit resté le même depuis le temps d’Hérode ? Vansleb, curé de Fontainebleau, nous rapporte que l’ancien sycomore était tombé de vieillesse en 1656 ; les pères cordeliers du Caire conservaient pieusement dans leur sacristie les derniers débris de l’arbre miraculeux. Il ne restait dans le jardin qu’une souche d’où est venu sans doute l’arbre que nous avons vu.
Le jardin où nous sommes entrés renfermait une autre plante qui obtint aussi le respect des pèlerins ; c’est l’arbuste qui produit le baume : « La vigne du baume, dit Jacques de Vitri, qui ne se trouvait que dans la terre sainte et dans le lieu appelé Jéricho, fut transportée très-anciennement dans la plaine de Babylone (la plaine d’Eléliopolis). Elle y est cultivée par les disciples du Christ qui vivent captifs sous la domination des Sarrasins ; ces derniers ont jugé par expérience, et ils en convienvent, que lorsque la vigne du baume est cultivée par des mains musulmanes, elle demeure stérile, comme si elle dédaignait de produire des fruits pour des infidèles. »
Telle est l’opinion qu’on avait sur le baume d’Héliopolis au treizième siècle ; le siècle suivant ne trouva point cette narration assez merveilleuse ; le seigneur d’Englure, que nous avons souvent cité et qui passa par la plaine de Babylone, nous parle ainsi de toutes les merveilles visitées par les pèlerins de son temps, et surtout du jardin où croissait la vigne du baume : « Quand notre dame, mère de Dieu, nous dit-il dans son vieux langage, eut passé les déserts et qu’elle vint en cedit lieu, elle mit notre Seigneur à terre, et alla cherchant eaue par la campagne, mais point n’en peut tiner (trouver) ; si s’en retourna moult dolente à son cher enfant, qui gisoit estendu sur le sable, lequel avait feru des talons en terre, tant qu’il en sourdit une fontaine d’eaue moult bonne et douce ; si fust nostre dame moult joyeuse de ce, et en remercion notre Seigneur ; illec recoucha notre dame son cher enfant et lava les drapelets de notre Seigneur de l’eaue d’icelle fontaine, et puis estendit iceux drapelets par dessus la terre pour les essuyer (les faire sécher), et de l’eaue qui dégoutoit d’iceux drapelets, ainsi comme ils essuyoient (séchaient), par chaque goutte naissoit un petit arbrisseau, lesquels arbrisseaux portent le baume, et encore à présent y a grant planté (quantité) de ces arbrisseaux qui portent le baume, et en autre lieu du monde, fors (excepté) en paradis terrestre, vous ne trouverez qu’il naisse baume hors en cedit jardin. » Je cite ici le texte de notre vieux pelerin, parce qu’on ne peut imiter le charme de sa narration. Quelle simplicité naïve, quel naturel plein de grâce dans ce petit tableau ! Ce que dit Virgile de l’arbre de Polidore, tout ce que dit le Tasse de la forêt enchantée, ne me paraît pas plus poétique ; combien il me serait doux de partager toutes les illusions de nos voyageurs du moyen-âge, et de regarder comme paroles d’Évangile tout ce qu’ils nous racontent) Notre raison superbe et les tristes conseils qu’elle nous donne valent-ils le bonheur de croire à cette innocente poésie des légendes ! Du reste, la plante du baume, ainsi célébrée, n’existe plus dans la plaine ; elle a péri comme tant d’autres merveilles du pays, sans qu’on sache dans quel temps elle a disparu et quelle a été sa fin. » Voyez Marie, note.
Ville de la Célé-Syrie, entre le Liban et l’Anti-Liban, entre Laodicée et Abila, nommée autrement Balbec, ou Malbech. Il y avait un temple fameux dédié au Soleil, ou au dieu Balanius, dont on voit encore à présent de magnifiques restes. Je crois que c’est cette ville que le prophète Amos a voulu marquer en disant (Amos 1.5) : J’exterminerai les habitants du camp de l’Idole l’hébreu : J’exterminerai l’habitant de Bekathaven, ou de la vallée d’iniquité. Il donne le nom de Bekath-aven à la ville que les païens nommaient Bekath-Baal, et que l’on nomme encore aujourd’hui Baal-bech la vallée de Baal [Sur Héliopolis de Célé-Syrie, voyez Lamartine, Voyage d’Orient, tome 2 pages 141-159 ; Poujoulat, Correspond d’Orient, lettre 150, du mois de mai 1831, tome 6 pages 243 et suivants]