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Geth
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Ville célèbre des Philistins, et une de leurs cinq satrapies (1 Samuel 6.17). Elle est fameuse, pour avoir donné naissance à Goliath (1 Samuel 17.4). David en fit la conquête au commencement de son règne sur tout Israël (2 Samuel 8.1) ; et cette ville demeura soumise aux rois ses successeurs, jusqu’à la décadence ou l’affaiblissement du royaume de Juda. Roboam la rebâtit, ou la fortifia (2 Chroniques 11.8). Le roi Ozias la reconquit ; Ézéchias la réduisit encore une fois sous le joug. Josèphe l’attribue à la tribu de Dan : mais Josué ne la marque pas dans la distribution des villes qu’il donna aux tribus d’Israël. Nous croyons que Melon, marquée dans Moïse (Nombres 33.28), est la même que Meteg, marquée (2 Samuel 8.1), et qu’il faut traduire : David prit Meteg et sa mère, au lieu de : Il prit le frein du tribut ; ce qui est expliqué dans les Paralipomènes (1 Chroniques 18.1) par : Il prit Geth et ses filles. Geth était la mère ; Meteg était la fille. Selon cette hypothèse la ville de Geth des Philistins, mère des géants (2 Samuel 20.20-22), devait être assez avancée dans l’Arabie Pétrée, et vers l’Égypte ; ce qui est aussi confirmé par ce qui est dit dans les Paralipomènes (1 Chroniques 7.21), que les fils d’Ephraïrn, étant encore en Égypte, attaquèrent la ville de Geth, et y furent taillés en pièces.

Saint Jérôme dit qu’il y avait un gros bourg, nommé Geth, sur le chemin d’Eleuthéropolis à Gaza, et Eusèbe parle d’un autre lieu de même nom, à cinq mille d’Eleuthéropolis, sur le chemin de Lidda, et par conséquent différent de celui dont parle saint Jérôme. Le même Eusèbe met encore un lieu, nommé Geth, ou Gettha, entre Jamnia et Antipatris. Aussi saint Jérôme, en parlant de Geth-Opher, patrie du prophète Jonas, dit qu’on la nomme Geth-Opher, ou Geth du canton d’Opher, pour la distinguer des autres Geth que l’on montrait de son temps aux environs d’Eleuthéropolis et de Diospolis : Ad distinctionem aliarum Geth urbium, quoe juxta Eleutheropolim, sive Diospolim hodie quoque monstrantur.

Geth était la plus méridionale des villes des Philistins, comme Accaron était la plus septentrionale, en sorte qu’Accaron et Geth sont mises comme les deux termes de la terre des Philistins (1 Samuel 7.14 ; 17.52). Geth était voisine de Marésa. Voyez (2 Chroniques 11.8 ; Michée 1.14), dans l’Hébreu. Ce qui revient assez à ce que dit saint Jérôme, qui met Geth sur le chemin d’Eleuthéropolis à Gaza. Eleuthéropolis est au voisinage de Marésa, ou Morasthi, et avant Eusèbe et saint Jérôme, Eleuthéropolis n’est guère connue dans la géographie. Geth était puissante sous les prophètes Amos (Amos 6.2 Michée 1.10-14) et Michée, et indépendante des rois de Juda. Mais, comme nous l’avons déjà remarqué, elle fut prise par Ozias, roi de Juda, sous le prophète Amos, et ensuite par Ézéchias, sous le prophète Michée. Gethaim, marquée (2 Samuel 4.3 ; Néhémie 11.33), est sans doute la même que Geth. David avait une compagnie de garde géthéenne, dont Ethaï était le capitaine. Geth, ou Gath, signifie un pressoir. Ainsi il n’est pas étonnant que l’on trouve dans la Palestine plus d’un lieu du nom de Geth.

Michée appelle Geth ville de mensonge. Geth, au moyen-âge,était nommée lbelim : on l’appelle aujourd’hui Ibna. Ce n’est plus qu’un village situé sur une colline, et composé de pauvres cabanes. Les croisés, avec les ruines de Geth, construisirent une forteresse. Bonaparte, dans sa course de Gaza à Joppé, s’arrêta à Ibna. M. Poujoulal s’y arrêta aussi au mois d’avril 1831, en se rendant de Joppé à Gaza, et il eut « pour hôte le fils de l’hôte de Bonaparte. » Il visita ce village. Ibna, dit-il, situé à une heure et demie de la mer, à quatre heures au sud de Jaffa, à trois heures à l’ouest-quart-sud de Ramla, renferme une centaine de familles. Les maisons sont bâties les unes en pierres, les autres en terre sèche ; leur toit est formé du feuillage d’un arbrisseau du territoire d’Hébron, appelé ab-resser ; une double couche de terre ou de boue recouvre ce feuillage. La colline d’lbelim est naturelle, et non point factice, comme le dit Volney ; un simple coup d’œil suffit pour s’en convaincre.

Les débris de la forteresse d’Ibelim, bâtie en 1142 sous le roi Foulques 1er, ont été employés à la construction du village d’Ibna. L’église où priait le seigneur Balian et ses chevaliers subsiste presque tout entière, consacrée au culte de Mahomet ; l’iman m’a lui-même accompagné dans ce sanctuaire dépouillé, où je respirais à la fois la majesté du Dieu qui l’habita jadis, et le parfum des vieux souvenirs de nos croisades. Un des angles de l’édifice est surmonté d’une tour bien conservée, construite en petites pierres de taille ; des restes d’anciens murs touchent au monument. Au sommet de la tour qui sert aujourd’hui de minaret, on a incrusté une pierre carrée, chargée d’une inscription arabe prise dans le Coran.

Quelques heures m’ont suffi pour visiter Ibna, les jardins et les champs d’oliviers qui l’entourent.

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