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Ou Gessem, ou Gosen ; la terre de Gessem, canton de l’Égypte, que Joseph fit donner à son père et à ses frères, lorsqu’ils vinrent demeurer en Égypte (Genèse 47.6). C’était l’endroit le plus fertile du pays ; et il semble que ce nom vienne de l’hébreu Gessem, qui signifie la pluie ; parce que ce canton, étant tort près de la Méditerranée, était exposé à la pluie, qui est fort rare dans les autres cantons, et surtout dans la haute Égypte. Nous ne doutons pas que Gozen ou Gosen, que Josué attribue à la tribu de Juda (Josué 10.41 ; 11.16 ; 15.51), ne soit la même que la terre de Gessem, que Pharaon, roi d’Égypte, donna à Jacob et à ses fils (Genèse 46.28). Il est certain que ce pays devait être entre la Palestine et la ville de Tanis, et que le partage des Hébreux s’étendait du côté du midi, jusqu’au Nil (Josué 13.3).
La contrée de Gessen, dit Barbié du Bocage, était située au nord-est de la ville d’Héliopolis, entre le Nil à l’ouest, et l’isthme de Suez à l’est. Il paraît, dit le géographe de la Bible de Vence, que c’est la terre de Jessé, nommée dans Judith (Judith 1.9).
Dans ce pays, « les Hébreux, dit encore Barbié du Bocage, se livraient beaucoup à l’éducation du bétail ; et si les Égyptiens leur montrèrent autant d’aversion qu’ils le firent, il est très-probable qu’ayant en abomination les pasteurs de brebis, dit la Genèse, ils avaient fait porter aux Israélites le poids d’une haine qui rejaillissait sur tout ce qui menait une sorte de vie nomade, peu en rapport avec leurs habitudes et leurs institutions. Cette circonstance, réunie à la qualité d’étranger que l’Hébreu conservait sur la terre d’Égypte, dut en effet avoir une grande part dans la conduite que l’Égyptien tint vis-à-vis de lui. Cela devait être plus prononcé encore à son égard qu’à celui de tout autre peuple, puisque, indépendamment de ce que sa loi défendait à l’Israélite de s’allier avec aucun étranger, il conservait toujours sa langue, sa religion et ses coutumes particulières ; d’un autre côté sa population augmentait à tel point, qu’elle devait donner les plus grandes inquiétudes.
Des incrédules, considérant le grand accroissement de la population des Israélites, depuis leur entrée en Égypte jusqu’à leur sortie de ce pays sous la conduite de Moïse, ont prétendu que le chiffre auquel se montait cette population avait été exagéré, non, il est vrai, par l’écrivain sacré, niais par quelque autre. Nous avons réfuté, au mot Accroissement, leurs objections sur ce point, à l’exception de celle que nous allons examiner ici.
Ils disent que la province de Gessen n’était pas assez étendue pour contenir trois millions d’habitants ; car la population des Israélites, en y comprenant ceux qui n’étaient pas en état de porter les armes, et les femmes, pouvait monter à ce chiffre. Je ne vois pas d’inconvénient à dire qu’elle pouvait même monter au delà, sans qu’on eût motif de s’en étonner beaucoup (Voyez l’article Accroissement…). Mais quand les incrédules opposent le peu d’étendue de la province ou du canton de Gessen à ce chiffre, pour prouver qu’il a été exagéré, ils supposent que les Israélites étaient renfermés dans ses limites ; or cette supposition est fausse, et je vais le prouver.
Les textes qui ont donné lieu à ces critiques inconsidérées sont de l’Exode (Exode 12.37), etc. Or, dès le commencement de ce livre (Exode 1.5-7), il est dit que Joseph était en Égypte lorsque son père et ses frères y arrivèrent, qu’il y mourut, que les membres de cette famille s’y multiplièrent extrêmement, et que le Pays en fut rempli : impieverunt terrain. Quel pays ? l’Égypte, apparemment ; l’Égypte, la terre des Pharaons tout entière, et non pas une partie seulement de cette terre.
La suite confirme cette interprétation. Le nouveau roi, dont il est parlé au verset 8, et qui ne connaissait pas Joseph, est un usurpateur. Les Israélites, favorisés par les s haraons qui avaient connu ce grand et saint homme, demeurèrent attachés à la dynastie deçbue. Ils formaient, avec ceux des Égyptiens restés fidèles aussi à cette dynastie, un parti considérable, qui inquiétait l’usurpateur. Ce dernier entrevoyait une guerre civile ou étrangère, et disait : Les Israélites se joindront à nos ennemis. Il ne lui paraissait pas qu’ils pussent vivre dans le pays sans prendre part à une contre-révolution il pensait qu’ils aimeraient mieux quitter l’Égypte plutôt que de vivre sous un roi qui n’avait pas leur affection, et il disait à ses amis ou à ses conseillers : ils nous combattront ou sortiront du pays. Est-ce donc du canton de Gessen seulement qu’il s’agit ici ? Il s’agit de l’Égypte tout entière, comme en (Exode 6.1-13, 26, 7), où Dieu dit à Moïse qu’il saura bien forcer le roi à les faire sortir lui-même de sois pays. De même (Exode 7.2,4).
Le Pharaon oppresseur des Israélites ordonna que leurs enfants mâles fussent jetés dans le Nil. Un jour, sa fille, allant s’y baigner, trouva sur le bord, parmi les roseaux, un panier où était un enfant hébreu. Il venait d’y être déposé par sa mère, dans l’intention, sans doute, d’intéresser à son sort la princesse, puisqu’elle avait placé sa fille de manière à observer ce qui en arriverait (chapitres 2.3 et suiv). Cet endroit, où il paraît que la princesse avait l’habitude de venir se baigner, n’était pas éloigné de la capitale (Confer. 8.8), ni de la demeure de la famille israélite à laquelle appartenait l’enfant exposé. Or la capitale de l’Égypte n’était pas dans le canton de Gessen : d’où il suit qu’il y avait des Israélites ailleurs que dans ce canton.
Je vais négliger plusieurs passages qu’il me faudrait interpréter, pour en citer qui n’ont pas besoin de commentaire.
Chap. 7.« Je mettrai ma main sur l’Égypte, je ferai sortir mon peuple, mes armées, les enfants d’Israël du pays d’Égypte… 5. Les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel, lorsque je tendrai ma main sur l’Égypte, et que je ferai sortir les enfants d’Israël du milieu d’eux. 10.22-23… d’épaisses ténèbres couvrirent tout le pays d’Égypte pendant trois jours ; mais le jour luisait partout où habitaient les enfants d’Israël. 11.2. Que (les Israélites empruntent aux Égyptiens), chaque homme à son ami et chaque femme à sa voisine, des vases d’or et d’argent. 11.4-5…Je parcourrai l’Égypte, et tout premier-né des Égyptiens… et des animaux (qui leur appartiennent) mourra. 6.11 s’élèvera un grand cri dans toute l’Égypte (chez les Égyptiens)… 7. Mais chez les enfants d’Israël… on n’entendra pas seulement un chien gronder… 12.12-13. Je passerai… dans le pays d’Égypte,… le sang (mis) sur chaque maison où vous demeurez vous servira de signe ; je verrai ce sang et je passerai par-dessus vos maisons : la plaie de mort ne vous touchera point lorsque je frapperai le pays d’Égypte. 22, 23. Vous prendrez un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang (de l’agneau) qui (aura été reçu) dans un bassin, et de ce sang… vous aspergerez le linteau (de la porte) et les deux poteaux. Que nul d’entre vous ne sorte de la porte de sa maison jusqu’au matin. L’Eternel, passant pour frapper de mort les Égyptiens, verra le sang sur le linteau et les deux poteaux, passera par-dessus la porte, et ne permettra pas à l’ange exterminateur d’entrer dans vos maisons et de vous frapper. » Dieu passa ; et pendant qu’il exécutait ses terribles jugements sur toute l’Égypte, les Israélites, mangeant l’agneau pascal et chantant le cantique de la délivrance et du départ (Sagesse 18.9), Entendaient les voix confuses de leurs ennemis et les cris lamentables de ceux qui pleuraient la mort de leurs enfants (Ibid. 10).
Tous ces textes prouvent que les Israélites n’étaient pas confinés dans le territoire de Gessen, qu’ils demeuraient dans d’autres contrées, et que leurs maisons étaient parmi celles des Égyptiens.
Une des sept plaies de l’Égypte fut le changement de l’eau en sang. Les magiciens de Pharaon imitèrent ce miracle par un prestige (Ex. 7.32). « Saint Augustin, dit sur ce verset M. de Laborde, ainsi que le livre de la Sagesse (Sagesse 11.5), croient que les magiciens se servirent de l’eau du pays de Goshen (Gessen), qui avait été privée de la plaie générale. » Mais le livre de la Sagesse dit seulement que les Israélites, lorsque leurs ennemis manquaient d’eau, se réjouissaient d’en avoir abondamment. Voyez eaux changées en sang].