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Ælia Capitolina : c’est le nom qu’on donna à Jérusalem, lorsque l’empereur Adrien, vers l’an 184 de Jésus-Christ, y établit une colonie romaine, et en chassa entièrement les Juifs, leur défendant même sous peine de la vie d’y demeurer.
Il y en a même qui prétendent qu’on leur défendit de donner la circoncision à leurs enfants. Saint Jérôme dit que de son temps les Juifs venaient acheter des soldats romains la liberté de voir Jérusalem, et de répandre des larmes sur sa disgrâce. Ainsi ceux qui avaient acheté Jésus-Christ à prix d’argent étaient obligés d’acheter jusqu’à leurs propres larmes : on voyait les femmes, des vieillards chargés de haillons et d’années, et fondant en larmes, se rendre sur la montagne des Oliviers, et de là déplorer la ruine du temple. On leur faisait acheter fort cher la vue de ce lieu et la liberté de répandre des parfums sur une pierre qui était là. Le nom d’Ælia devint si commun, que l’on oublia presque celui de Jérusalem. Ce dernier nom ne se conserva que parmi les Juifs, et ceux des chrétiens qui étaient plus instruits : elle porta ce nom jusqu’au temps de l’empereur Constantin, qu’elle reprit celui de Jérusalem.
Le nom d’Ælia ne fut pas aboli, on le lui donna encore longtemps depuis, comme on le voit dans les auteurs grecs, latins et mahométans. Ce nom lui fut donné à cause qu’Ælius était le nom de la famille d’Adrien, et celui de Capitolina, à cause de Jupiter Capitolin, auquel la ville fut consacrée. On lui bâtit un temple au lieu de la résurrection de Jésus-Christ ; on mit une Vénus de marbre au Calvaire, sur la roche de la croix, on plaça un pourceau de marbre sur la porte qui regardait Bethléem, et à Bethléem on planta un bois en l’honneur de Thamuz ou d’Adonis, et on lui dédia la caverne où Jésus-Christ était né. Tout cela ne put empêcher que ces lieux consacrés par la naissance, par la mort et par la résurrection de Jésus-Christ, ne fussent honorés par les chrétiens, et ne demeurassent célèbres même parmi les païens. L’ordre d’Adrien qui défendait aux Juifs d’entrer à Jérusalem, n’en excluait pas les chrétiens : ils y demeurèrent et y eurent des évêques. Jusque-là cette Église n’avait guère été composée que de Juifs convertis, qui gardaient les observances légales avec la liberté de l’Évangile ; mais alors il n’y eut plus que des gentils convertis, qui y abolirent les restes d’observances judaïques. On assure que l’empereur Adrien se servit pour rétablir Jérusalem d’un nommé Aquila, natif de Sinope, dans le Pont, qui embrassa d’abord le christianisme ; puis, ayant été chassé de l’Église, reçut la circoncision, se fit juif et devint célèbre par la traduction qu’il fit en grec des livres de l’Ancien Testament. Voyez ci-devant l’article d’Aadrien, et ci-après celui d’Aquila.