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Dieu, par un effet de sa sagesse, avait établi plusieurs fêtes parmi les Juifs pour plusieurs raisons.
1° Pour perpétuer la mémoire des grands événements et des merveilles qu’il avait faites en faveur de son peuple : par exemple, le sabbat rappelait la création du monde ; la Pâque, la sortie d’Égypte ; la Pentecôte, la Loi donnée à Sinaï, etc.
2° Pour attacher le peuple à sa religion par la vue des cérémonies et par la majesté du service divin.
3° Pour lui procurer certains plaisirs et certains repos permis : car les fêtes étaient accompagnées de réjouissances, de repas de charité, de divertissements honnêtes.
4° Pour leur donner des instructions ; car dans les assemblées de religion on lisait et on expliquait la loi de Dieu.
5° Pour renouveler les connaissances, les liaisons, l’amitié des tribus et des familles entre elles, lorsque des différentes villes du pays elles venaient et se rencontraient trois fois l’année dans la ville sainte. [Voyez Festins, et Loi, paragraphe 11]
Les Hébreux avaient un grand nombre de fêtes. La première et la plus ancienne de toutes était le Sabbat, ou le septième jour de la semaine, institué pour conserver la mémoire de la création du monde (Genèse 2.3). Le Seigneur bénit le septième jour, et il le sanctifia, dit Moïse, parce qu’en ce jour-là il avait cessé l’ouvrage de la création. Quelques anciens Pères et quelques rabbins ont cru que le sabbat avait été observé parmi les justes dès le commencement du monde. Mais le sentiment le plus universel est qu’on ne commença à le chômer que depuis le commandement que le Seigneur en donna aux Israélites, au campement de Mara, quelque temps après leur sortie d’Égypte (Exode 15.25-26).
L’année sabbatique, qui revenait tous les sept ans et qui était toute destinée au repos, et l’année du jubilé, qui arrivait au bout de sept fois sept ans, ou la quarante-neuvième année, étaient encore des espèces de fêtes, qu’on peut regarder comme une suite de celle du Sabbat.
La pâque était instituée en mémoire de la sortie d’Égypte et de la grâce que le Seigneur avait faite à son peuple, en épargnant ses premiers-nés, lorsqu’il passa dans l’Égypte, et y faisant mourir tous les premiers-nés des Égyptiens (Exode 12). On la célébrait le quatorzième ou plutôt le quinzième du premier mois de l’année sainte, qui était le septième de l’année civile. La fête commençait après midi du quatorze, et se célébrait proprement le quinzième de Nisan. Elle durait sept jours ; mais il n’y avait que le premier et le dernier jour de l’octave qui fussent chômés. Voyez l’article pâque.
La fête de La Pentecôte se célébrait le cinquantième jour après la Pâque, en mémoire de ce que la Loi fut donnée à Moïse sur le mont Sinaï cinquante jours après la sortie d’Égypte. On comptait sept semaines de jours depuis Pâque jusqu’à la Pentecôte, à commencer au lendemain de la Pâque (Exode 23.14 ; Lévitique 23 ; Nombres 29). Les Hébreux l’appellent pour cela la Fête des Semaines, et les chrétiens Pentecôte, qui signifie le cinquantième jour.
La fête des Trompettes se célébrait au commencement ou au premier jour de l’année civile, auquel on sonnait de la trompette, pour annoncer le commencement de l’année, qui était au mois de Tizri répondant à notre mois de septembre. C’était plutôt une fête civile qu’une solennité sacrée. On ne connaît aucune cause religieuse de son établissement. Moïse ordonne de la chômer et d’offrir ce jour-là certains sacrifices (Lévitique 23.24-25 ; Nombres 29.1-2). Les rabbins veulent que l’on sonne de la trompette en réjouissance de ce qu’Isaac fut délivré, lorsqu’il était sur le point d’être immolé.
Les Néoménies, ou les premiers jours de chaque mois étaient en quelque sorte une suite de la fête des Trompettes. La loi n’obligeait pas au repos ce jour-là, mais elle ordonnait simplement d’offrir certains sacrifices particuliers (Nombres 28.11). Il parait que ces jours-là on sonnait aussi de la trompette (Nombres 10.10), et que l’on faisait quelque espèce de fête et de festin (1 Samuel 20.5-18). Voyez Néoménies.
La fête de l’Expiation, ou du Chippur, ou du Pardon, se célébrait au dixième jour de tizri, qui était le premier jour de l’année civile (Lévitique 22.27-28 ; Nombres 29.7). Elle était instituée pour l’expiation de tous les péchés, des irrévérences et souillures que tous les Israélites, depuis le grand prêtre jusqu’au dernier du « peuple, avaient pu commettre pendant l’année. On y jeûnait rigoureusement, et on y offrait divers sacrifices. Voyez ci-devant Expiation.
La fête des tentes, ou des Tabernacles, dans laquelle tous les Israélites étaient obligés de se trouver au temple, et de demeurer pendant huit jours sous des tentes faites de feuillages, en mémoire de ce que leurs pères, dans le désert, avaient demeuré pendant quarante ans dans des tentes, comme des voyageurs. Elle se célébrait le 15 du mois de tizri, qui était le premier de l’année civile. Le premier et le septième jour de cette fête étaient très-solennels (Lévitique 23.34-35 ; Nombres 29.12-13). Mais pour le reste de l’octave, on pouvait travailler. Au commencement de la fête, on portait au temple, en cérémonie, deux vases d’argent, l’un plein d’eau, et l’autre plein de vin, que l’on répandait, tous les sept jours de la fête, au pied de l’autel des holocaustes (Misna).
L’octave des trois grandes fêtes de l’année, qui sont Pâque, la Pentecôte et les Tabernacles, c’est-à-dire, le septième jour après ces fêtes, était chômée comme le jour même de la fête, et tous les mâles étaient obligés de se trouver au temple dans ces trois têtes (Exode 23.14 ; Deutéronome 16.16). Mais la loi ne les obligeait pas d’y demeurer pendant toute l’octave : ils pouvaient s’en retourner dès le lendemain de la solennité (Deutéronome 16.7), si ce n’est dans la fête des Tabernacles, ou il semble qu’ils devaient demeurer pendant tous les sept jours.
Outre ces fêtes marquées dans Moïse, on trouve aussi la Fête des Sorts, ou Purim, instituée à l’occasion de la délivrance des Juifs, qu’Aman voulait faire périr, sous le règne d’Assuérus (Isaïe 9.29-30). Voyez Esther, Mardochée, Assuérus.
La mort d’Holopherne, marquée dans Judith. Voyez Judith.
Ou plutôt du renouvellement du temple, qui avait été profané par Antiochus Épiphane (1 Machabées 4), se célébrait pendant l’hiver, et on croit que c’est cette fête, qui est nommée Encoenia dans l’Évangile (Jean 10.22). Voyez ci-devant dédicace. Josèphe dit qu’on l’appelait Fête des lumières. Voici ce qui en est dit dans les livres des Machabées : Judas et ses frères ayant défait l’armée de Gorgias, se rendirent au temple de Jérusalem, qu’ils trouvèrent profané et abandonné, en sorte que les parvis étaient pleins de ronces et de halliers, les portes étaient brûlées, l’autel profané, et les bâtiments ruinés. Après avoir répandu bien des larmes, ils commencèrent à nettoyer la place, et employèrent les prêtres à démolir l’autel qui avait été profané. Ils en mirent les pierres dans un lieu propre, en attendant qu’il vînt un prophète qui leur dît ce qu’il en faudrait faire. Ils en érigèrent un autre de pierre brute, rétablirent le Saint et le sanctuaire, y mirent le chandelier, la table des pains de proposition et l’autel des parfums. Ils allumèrent les lampes, mirent les pains sur la table sacrée, firent brûler l’encens, offrirent des hosties et des holocaustes, et firent la dédicace du temple pendant huit jours, avec toute la solennité que les circonstances purent permettre. Josèphe ajoute qu’on donna à cette fête le nom de Fête des lumières, apparemment parce que ce bonheur leur était arrivé lorsqu’ils l’attendaient le moins, et qu’ils l’avaient regardé comme une nouvelle lumière qui se levait sur eux.
Léon de Modène entre en un plus grand détail sur la manière dont on célébrait cette fête. Il dit que les anciens sages ont ordonné la célébration de cette fête en mémoire de la victoire que Judas Machabée remporta sur les Grecs. « On allume une lampe le premier jour, deux au second, et ainsi en continuant jusqu’au dernier, qu’on en allume huit. Cela est fondé sur ce que les ennemis étant maîtres de la ville et du temple, et l’ayant profané, Jocanan et ses enfants les en chassèrent et les défirent ; et comme au retour il ne se trouva point d’huile pure pour allumer les lampes du chandelier à sept branches, il s’en rencontra dans un petit vase ciselé assez pour brûler une nuit ; mais cette huile dura huit nuits, par miracle, ce qui obligea, en mémoire de cet événement, d’allumer autant de lampes que nous avons dit.
On célèbre aussi dans cette fête l’entreprise de Judith sur Holopherne, quoiqu’elle ne se soit pas exécutée dans la même saison, à ce que disent quelques-uns.
Pendant ces huit jours, on peut négocier et travailler ; car tout ce qu’il y a d’extraordinaire consiste dans l’ordre d’allumer ces lampes, et en ce qu’on ajoute aux prières une louange pour cette victoire, et tous les matins le psaume 114 et les suivants avec le 30. Il y a aussi quelque petite différence pour le manger. On appelle cette fête Hanucha, c’est-à-dire, Exercice, ou Renouvellement, parce qu’on commença à y renouveler les exercices interrompus dans ce temps-là. »
Le vingt-unième de septembre, les Juifs font une fête, qu’ils appellent des Rameaux, en mémoire de la prise de Jéricho. Dans le même mois, ils ont la fête des Collectes, parce que ce jour-là on fait une cueillette pour la dépense des sacrifices.
Ils ont encore la fête pour la mort de Nicanor (1 Machabées 7.48-49 ; 2 Machabées 15.37).
La fête pour la découverte du feu sacré, sous Néhémie (2 Machabées 1.18).
La fête de la Xylophore, dans laquelle on portait le bois au temple.
Dans l’Église chrétienne, nous ne voyons point de fête distinctement instituée par Jésus-Christ ni par les apôtres. Toutefois Jésus-Christ nous ayant ordonné de manger son corps et de boire son sang, et de faire mémoire de sa passion toutes les fois que nous célébrerions ses mystères, a semblé instituer dans son Église une fête et une mémoire perpétuelle de sa passion. Les chrétiens ont toujours célébré la mémoire de sa résurrection, et ne se contentant pas d’en faire la fête une fois chaque année, ils l’ont faite tous les dimanches ; et nous voyons dans l’Apocalypse que ce jour était déj à communément nommé le jour du Seigneur (Apocalypse 1.10). Saint Barnabé dit que nous célébrons le huitième jour dans la joie, parce que c’est le jour auquel Jésus-Christ est ressuscité. On voit la même chose dans saint Ignace le martyr, dans saint Justin, dans saint-Irénée, dans Tertullien, dans Origène. [Voyez Dimanche, une note tirée de l’Encyclopédie moderne].