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Fer
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Ferrum. Moïse défend d’employer à l’autel du Seigneur des pierres qui aient été touchées par le fer (Deutéronome 27.5), comme si le fer leur imprimait quelque souillure. Il dit que les pierres de la Palestine sont du fer (Deutéronome 8.9) ; c’est-à-dire qu’elles sont d’une dureté égale au fer, ou qu’étant fondues, elles forment le fer [voyez blé, paragraphe 8]

La servitude des Hébreux dans l’Égypte est nommée en plus d’un endroit (Deutéronome 4.20 ; 1 Rois 8.51), une fournaise de fer, ou plutôt une fournaise, une forge de forgeron. Un joug de fer (Deutéronome 28.48) marque un joug, une domination dure et insupportable. Le fer perça l’âne de Joseph (Psaumes 105.18), lorsqu’il fut injustement mis en prison. Le fer aiguise le fer, dit le Sage (Proverbes 27.17) ; ainsi l’homme aiguise la face de son ami : la présence d’un homme, d’un ami, nous rend plus assurés, plus hardis. Dieu menace son peuple ingrat et infidèle, de rendre à son égard le ciel de fer, et la terre d’airain (Lévitique 26.19), de rendre la terre stérile, et l’air sec et sans pluie. Des chariots de fer (Josué 17.16-18) sont des chariots armés de fer, de pointes, de faux. Voyez Chariots. Le faux prophète Sédécias se fit des cornes de fer (1 Rois 22.11 ; 2 Chroniques 18.10), pour persuader à Achab qu’il battrait la Syrie. Gouverner avec la verge ou le sceptre de fer (Psaumes 2.9 ; Apocalypse 2.27 ; 12.5), se met pour gouverner avec une autorité absolue ; et cela ne se dit pas d’un règne dur et cruel, mais du règne du Messie. Votre cou est un nerf de fer (Isaïe 48.4), vous êtes aussi dur et aussi inflexible que le fer. Dieu dit qu’il rendra Jérémie aussi raide qu’une colonne de fer (Jérémie 1.18) [Le fer est un des métaux que les savants ont considérés par rapport à l’histoire de l’homme ; ils ont trouvé que l’usage du fer chez un peuple révélait que ce peuple était dans un haut degré de civilisation. Aussi, M. Dureau de la Malle, après avoir savamment exposé une suite d’observations et d’études sur l’emploi des métaux chez les peuples anciens, conclut-il qu’on peut déterminer a priori le degré de civilisation d’un peuple d’après la seule connaissance de l’espèce de métal, or, cuivre, argent ou fer, qu’il emploie pour ses armes, ses outils ou sa parure. Il établit par des faits que l’or est le premier des métaux précieux qui ait dû être employé dans l’enfance de la civilisation, et qui l’ait été en effet longtemps avant l’argent ; que l’usage de l’or en ustensiles ou en bijoux peut très bien s’allier avec un état de choses voisin de la barbarie, tandis que l’emploi de l’argent à ces mêmes besoins dénote par lui seul un état social assez avancé ; que l’emploi du cuivre, de même que celui de l’or, s’allie très-bien avec un état voisin de la barbarie ; enfin, que l’usage du fer prouve une civilisation encore plus avancée que celle où l’on trouve l’emploi de l’argent. Que dire de l’usage de l’airain ? Annonce-t-il un état social tenant le milieu entre la civilisation déj à perfectionnée que suppose l’emploi de l’argent, et la civilisation encore plus perfectionnée que suppose l’usage du fer ? C’est ce qu’on pourrait penser, peut-être, car, bien que déjà mentionné dans les poèmes d’Homère, le fer y parait d’un usage très-rare au prix de l’airain, cet alliage de cuivre, de zinc ou d’étain, dont les sociétés grecque et romaine se servirent si longtemps, même pour la fabrication des haches et des rasoirs ; mais je crois qu’il n’y a pas de nécessité à admettre l’état social intermédiaire qui est en question : diverses causes pouvaient priver de fer les sociétés grecque et romaine dans le temps où chez elles l’usage de l’airain était si général.

M. Dureau de la Malle fait cette remarque : Hésiode, au commencement de son poème sur l’agriculture, dit que dans les anciens temps la terre fut travaillée avec l’airain, parce que le fer n’avait pas encore été découvert. Il ajoute : Lucrèce confirme cette idée juste et vraie de l’antique poèle d’Ascrée par un vers. J’admets cette tradition comme vraie, mais je dis que l’état social où l’on sait faire l’airain n’est pas moins avancé que celui où l’on emploie le fer. Ainsi, de même qu’il ne paraît pas y avoir de différence entre la société qui fait usage de l’or et celle qui se sert de cuivre, je n’y en vois pas non plus entre les sociétés qui emploient, l’une l’airain, et l’autre le fer.

La barbarie étant l’état social d’un peuple, voici donc les degrés de civilisation par lesquels il a passé :

1- degré, marqué par l’usage de l’or ou du cuivre ;

2- degré, marqué par l’usage de l’argent ;

3- degré, marqué par l’usage de l’airain ou du fer.

Mais la barbarie est l’état d’un peuple dégénéré ; ce n’est pas celui de l’humanité à son origine. La société humaine a commencé par le plus haut de ces degrés de civilisation : la Bible le prouve en disant que Tubal-Caïn, le septième descendant du premier homme, était habile à travailler en toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer (Genèse 4.22), et les savants ne font que confirmer cette vérité quand ils établissent par des faits que l’état social qui emploie l’airain ou le fer est le plus avancé dans la civilisation.

Il faut remarquer en outre que l’airain et le fer sont les premiers métaux travaillés dont la Bible parle. La tradition rapportée par Hésiode et rappelée par Lucrèce appartient évidemment a ce premier des monuments historiques, où l’airain est nommé avant le fer. Si le fer fut découvert après la manière de faire l’airain, l’Écriture ne le dit pas, et je l’ignore ; le poèle, qui probablement ne le savait pas davantage, dit qu’il fut découvert avant. Cette supposition, qui ne peut être fondée que sur la tradition biblique, où l’airain est nommé avant le fer, loin d’infirmer mon assertion touchant le degré de civilisation du premier âge, contribue encore à la confirmer].

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