A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
La principale étude des Hébreux a toujours été la loi du Seigneur. On en voit la pratique recommandée dans tout l’Ancien Testament. Moïse (Exode 13.9) veut que la loi du Seigneur soit dans leur bouche jour et nuit, qu’elle soit comme un avertissement devant leurs yeux, et un signe dans leurs mains. Il veut qu’ils la gravent dans leurs cœurs (Deutéronome 6.7), qu’ils l’apprennent à leurs enfants, qu’ils la méditent en tout temps, assis dans leurs maisons, marchant à la campagne, durant la nuit, pendant le sommeil, et le matin en s’éveillant ; qu’ils en fassent comme un bracelet sur leurs bras, et comme un pendant au milieu de leurs yeux, et qu’ils l’écrivent sur les montants de leurs portes : c’était là l’étude des prophètes, des patriarches et des bons Israélites.
Leur étude ne se bornait pas aux lois et aux cérémonies prescrites par Moïse. Ils étudiaient leurs histoires, et même les généalogies, en sorte que les enfants des Juifs, au rapport de saint Jérôme savaient sur le bout du doigt toutes les généalogies qui se trouvent dans les Paralipomènes. Dès leur Plus tendre jeunesse, ils s’accoutument à étudier les lois de Dieu, à les apprendre par cœur, à les pratiquer, et ils s’y affectionnent de telle sorte, qu’ils sont prêts à donner leur vie pour leur observation.
Depuis qu’ils eurent les écrits des prophètes, ils s’appliquaient très-sérieusement à connaître le sens des prophéties, et à en étudier les sens cachés. Nous le voyons par Daniel, qui s’appliquait avec tant de soin à développer le sens de ses propres révélations, et de celles du prophète Jérémie (Daniel 7.28 ; 9.2-3, 22-24), qui marquaient la fin de la captivité du peuple de Dieu. Jésus, fils de Sirach, nous est dépeint comme un vrai savant qui, après avoir étudié avec grand soin la loi, les prophètes et les autres livres qui avaient été écrits dans sa nation, s’appliqua lui-même àécrire quelque chose qui pût servir à la postérité. Et voici le portrait que le fils de Sirach lui-même nous fait d’un vrai savant à la manière des Hébreux (Ecclésiaste 39.1-3). « Le sage qui s’adonne à l’étude, et qui médite la loi du Seigneur, recherchera la sagesse de tous les anciens, et il fera son étude des prophètes ; il conservera dans son cœur les discours des hommes célèbres, et il entrera en même temps dans les mystères des paraboles ; il tâchera de pénétrer dans le sens des proverbes et des sentences obscures, et se nourrira de ce qu’il y a de plus caché dans les paraboles. Il entrera au service des grands, et il paraîtra devant les gouverneurs des provinces. Il passera dans les terres des nations étrangères, pour éprouver parmi les hommes le bien et le mal… Et s’il plaît au souverain Seigneur, il le remplira de l’esprit de l’intelligence ; et alors il répandra comme une pluie les paroles de la sagesse, etc. » L’apôtre saint Pierre nous apprend quelle était l’étude des prophètes (1 Pierre 1.11). ; ils recherchaient quel temps et quelles circonstances l’esprit de Jésus-Christ, qui parlait en eux, avait voulu marquer, en faisant prédire les souffrances du Sauveur et la gloire qui les devait suivre.
Depuis les conquêtes d’Alexandre le Grand, les Juifs qui se trouvèrent mêlés avec les Grecs dans la plupart des provinces d’Orient, commencèrent à prendre quelque goût pour leur langue et pour leur étude. À l’imitation des philosophes de la Grèce, ils se partagèrent en différentes sectes ; les uns, comme les pharisiens, donnèrent dans une partie des sentiments des stoïciens et des platonitiens ; les autres, comme les saducéens, embrassèrent quelque dogme des épicuriens ; les autres, comme les esséniens, méprisaient, dit Philon, la logique, la physique et la métaphysique, c’est-à-dire, ce qu’il y a d’inutile et de pure curiosité dans ces sciences ; ils ne s’appliquaient qu’à la morale et à la loi de Dieu, qu’ils expliquaient-d’une manière relevée et allégorique.
Du temps de Notre-Seigneur, il paraît que le fort des études des docteurs juifs roulait principalement sur les traditions de leurs pères. Jésus-Christ leur reproche en toute occasion d’avoir abandonné la loi de Dieu, et ses vrais sens, pour donner dans des explications contraires au sens des lois et à l’intention du législateur. Saint Paul, qui avait été dans ces principes, en fait voir aussi les inconvénients dans ses Épîtres, en rappelant toujours les lois à leur origine et à leur véritable sens. Mais tout cela n’a pas été capable de guérir l’esprit des Juifs sur cet article. Ils sont aujourd’hui plus entétés que jamais de leurs traditions : elles font le principal objet de leur étude. On peut voir ce que nous avons dit ci-devant sous le titre Écoles des Juifs, et ci-après sous les noms synagogues et tradition.