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Roi d’Égypte (Jérémie 44.30), qui vivait du temps de Sédécias, roi de Juda, et du grand Nabuchodonosor, roi de Chaldée. Les Hébreux l’appellent Hophra, et Erodote Apries.
Sédécias, roi de Juda, las de porter le joug du roi de Babylone, fit alliance avec Ephrée, roi d’Égypte, et lui envoya à cet effet des ambassadeurs la septième année de son règne. Ézéchiel (Ézéchiel 17.15) lui en fit de grands reproches : Celui qui s’est adressé à l’Égypte, et qui lui a demandé des chevaux et des soldats, réussira-t-il et évitera-t-il le danger ? Celui qui a fait cette action et qui a faussé sa foi, en sera-t-il quitte pour cela ? Je jure par ma vie, dit le Seigneur, il mourra au milieu de Babylone, dans la ville du roi dont il a violé l’alliance, et faussé le serment.
Deux ans après, c’est-à-dire la neuvième année de Sédécias, Nabuchodonosor marcha contre Jérusalem (2 Rois 25.1 ; 2 Chroniques 36.17 ; Jérémie 39.1 ; 52.4), et prit toutes les villes de Juda, à l’exception de Lachis, d’Azecha et de Jérusalem. Pharaon Ephrée, voyant son allié dans la dernière extrémité, sortit de l’Égypte à la tête de son armée, pour venir à son secours. Nabuchodonosor leva le siège de Jérusalem, et marcha contre le roi d’Égypte ; et en même temps Jérémie (Jérémie 37.5-6) prédit à Sédécias que les Égyptiens s’en retourneraient dans leur pays, sans oser combattre contre les Chaldéens et que Nabuchodonosor prendrait la ville de Jérusalem, ce qui arriva en effet : Sédécias lui-même fut pris et mené à Babylone. Alors Jérémie (Jérémie 45.30) prédit que le roi d’Égypte serait livré entre les mains de ses ennemis, comme Sédécias l’avait été entre les mains de Nabuchodonosor ; et Ézéchiel (Ézéchiel 29.1-2) adressa sa parole à Ephrée, et lui dit : « Voici ce que dit le Seigneur : Je viens à vous, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon, qui vous couchez au milieu de vos fleuves, et dites : Le fleuve est à moi, et c’est moi-même qui me suis créé. Je mettrai un frein à vos mâchoires, et j’attacherai à vos écailles les poissons de vos fleuves ; je vous jetterai dans le désert avec tout le poisson de votre fleuve ; vous tomberez sur la face de la terre, on ne vous relèvera point, et on ne vous ensevelira point ; mais je vous donnerai en proie aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre, et tous les habitants de la terre sauront que je suis le Seigneur, parce que vous avez été à la maison disrael un appui aussi faible qu’un roseau. Lorsqu’ils ont voulu s’attacher à vous, et vous prendre avec la main, vous vous êtes rompu, et vous leur avez déchiré toute l’épaule, et lorsqu’ils pensaient s’appuyer sur vous, vous vous êtes éclaté en pièces, et vous leur avez rompu tous les reins. C’est pourquoi je vais faire tomber la guerre sur vous ; le pays d’Égypte sera réduit en solitude, et ils sauront que c’est moi qui suis le Seigneur, etc. ».
Les chapitres 30 et 31 du même prophète sont aussi contre le roi d’Égypte. Ézéchiel décrit la chute de l’Égypte, sa ruine, sa désolation, d’une manière très-pathétique. L’onzième année de Sédécias (Ézéchiel 30.20), le septième jour du premier mois, le Seigneur dit à Ézéchiel : « Fils de l’homme, j’ai brisé le bras du roi d’Égypte, et il n’a pas été enveloppé pour le guérir. On ne l’a pas enveloppé de linges et de bandes pour qu’il puisse reprendre ses forces, et tenir l’épée… Je briserai son bras dont il se tenait si fort, et je ferai tomber l’épée de sa main ; je disperserai l’Égypte dans les nations, et je la jetterai au vent par les pays ; j’affermirai le bras du roi de Babylone, et je lui mettrai en main mon glaive ; et le bras du roi d’Égypte sera abattu, et tombera ; et ils sauront que je suis le Seigneur, lorsque j’aurai mis mon glaive entre les mains du roi de Babylone.
Quelques mois après (Ézéchiel 31.1-2) Ézéchiel prophétisa de nouveau contre Ephrée, roi d’Égypte, et le Seigneur lui dit : « Fils de l’homme, dites à Pharaon et à son peuple : À qui ressemblez-vous dans votre grandeur ? Considérez Assur : il était comme un cèdre du Liban. Ses branches étaient belles et bien couvertes de feuilles, il était fort haut, et son sommet s’élevait au milieu d’une belle verdure… un grand nombre de nations habitaient sous ses rameaux… Tous les arbres du jardin de délices lui portaient envie. Mais parce qu’il s’est élevé d’orgueil, je l’ai livré entre les mains du plus puissant d’entre les peuples, qui le traitera comme il lui plaira… Et vous, Pharaon, vous serez aussi précipité avec tous les arbres délicieux au fond de la terre ; vous dormirez au milieu des incirconcis, avec ceux qui ont été tués par l’épée ; tel sera le sort de Pharaon et de tout son peuple, dit le Seigneur notre Dieu.
Le prophète continue au chapitre suivant, et fait un cantique lugubre sur la chute de Pharaon Ephrée (Ézéchiel 32.1-3) : Vous avez été semblable au lion des nations, et au dragon qui est dans la mer (à la baleine) : vous frappiez de la corne tout ce qui était dans vos fleuves, vous en troubliez les eaux avec les pieds, et vous renversiez tous les fleuves. C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur notre Dieu : J’assemblerai contre vous une multitude de peuples, j’étendrai sur vous mon rets, et je vous entraînerai dans mon filet, je vous jetterai sur la terre, et je vous laisserai au milieu des champs, et j’abandonnerai votre cadavre aux oiseaux du ciel et aux animaux de la terre. J’obscurcirai le ciel à votre mort, je ferai noircir les étoiles ; je couvrirai le soleil d’une nuée, et la lune ne répandra plus sa lumière : je ferai pleurer votre mort à toutes les étoiles du ciel… L’épée du roi de Babylone viendra fondre sur vous : je renverserai vos troupes si nombreuses par les armes des braves. Tous ces peuples sont des peuples invincibles : ils détruiront l’orgueil de l’Égypte, et toute la multitude de ses gens sera dissipée ; et lorsque j’aurai ainsi détruit l’Égypte et tous ses peuples, alors ils sauront que je suis le Seigneur.
Ces prédictions ne tardèrent pas d’avoir leur exécution, premièrement contre la personne d’Apriès, ou Ephrée, ou Hophra, par les mains d’Amasis, et ensuite contre le royaume d’Égypte et les Égyptiens, par l’armée de Nabuchodonosor. Hérodote dit que Ephrée était fils de Psammis, et petit-fils de Néchos ou Néchao, roi d’Égypte et qu’il fut pendant longtemps considéré comme un des plus heureux princes du monde. Il fit la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens avec assez de succès : mais ayant équipé une flotte pour réduire ceux de Cyrène, il perdit presque toute son armée. Les Égyptiens, chagrins de ce mauvais succès, se soulevèrent contre lui, prétendant qu’il n’avait èxposé ses troupes contre les Cyrénéens, que pour se défaire de ses sujets, et afin que ce qui lui en restait, lui demeurât plus soumis. Il députa vers les séditieux un de ses officiers, nommé Amasis, pour essayer de les ramener : mais ils le prirent, le déclarèrent roi, et marchèrent sous sa conduite contre Apriés, qui perdit toute son armée, et fut pris lui-même prisonnier. Amasis le traita assez bien : mais le peuple l’ayant demandé, le fit étrangler. Ainsi mourut Apriès, selon Hérodote [« Il fut ensuite, par les soins d’Amasis, sans doute inhumé dans les tombeaux royaux de sa famille. Hérodote dit queces tombeaux existaient dans l’enceinte de l’Hiéron de Néith, auprès du principal édifice, le temple proprement dit, à main gauche en entrant… Il parait que la haine publique s’attacha à la mémoire du Pharaon Ephrée, que l’humanité d’Amasis ne put pas l’en préserver ; et l’on a cru en reconnaître les preuves trop évidentes sur quelques monuments, notamment sur une stèle où, parmi plusieurs rois nommés, on trouve, immédiatement avant le nom d’Amasis, celui d’un prince qualifié de Réntesto, mot qui emporte étymologiquement l’idée de lutine profonde. Le même cartouche se retrouve sur une statue naophore du Vatican ; et, comme la stèle est d’une époque postérieure au règne même d’Amasis, et date du règne de Darius, on a présumé que ce cartouche outrageant pour le roi Apriès avait été substitué au cartouche consacré durant sa prospérité, et adopté dans les inscriptions publiques… » Champollion-Figeac, Précis de l’histoire de l’Égypte, dans l’Univers pittoresque, publié par F. Didot, pages 372].
Après la mort d’Ephrée, Nabuchodonosor prit et ruina Jérusalem, puis il attaqua la ville de Tyr, et la prit après un siège de treize ans. Il souffrit pendant ce long siège de grandes incommodités, et pour le dédommager en quelque sorte, Dieu dit à Ézéchiel :
Fils de l’homme (Ézéchiel 29.18-20 ; 30.1-19), Nabuchodonosor, roi de Babylone, m’a rendu avec son armée un grand service au siège de Tyr ; toutes les têtes de ses gens en ont perdu les cheveux, et toutes leurs épaules en sont écorchées, et néanmoins, ni lui ni son armée n’ont point reçu de récompense pour le service qu’ils m’ont rendu à la prise de Tyr ; c’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur Dieu : Je vais donner à Nabuchodonosor le pays d’Égypte, il en prendra tout le peuple, il en fera son butin, il en partagera les dépouilles, et son armée recevra ainsi sa récompense, et il sera payé du service qu’il m’a rendu dans le siège de Tyr ; je lui ai abandonné l’Égypte, parce qu’il a travaillé pour moi, dit le Seigneur. »
En effet, Nabuchodonosor marcha contre l’Égypte, et la subjugua depuis Migdol, ou Magdol, qui est à l’entrée de ce royaume, jusqu’à Sienne, qui est à t’autre extrémité vers les frontières d’Éthiopie (Ézéchiel 30.6). Il y fit partout d’étranges ravages (Ézéchiel 20.30-32), tua un grand nombre d’habitants, remporta de grandes victoires, et réduisit la terre à une si grande solitude, qu’elle ne put se rétablir de quarante ans (Ézéchiel 29.13). Nabuchodonosor accorda à Amasis des conditions de paix. Il laissa ce prince dans l’Égypte avec le titre de roi, mais soumis et tributaire : après quoi il se retira à Babylone chargé de riches dépouilles de tant de provinces assujetties.