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Sorte d’ornement des prêtres hébreux. Ephod vient du verbe aphad, qui signifie lier, attacher, ceindre ; et l’usage de cet habillement revenait fort bien à cette signification, puisque l’éphod était une espèce de ceinture qui, prenant derrière le cou, et par-dessus les deux épaules, venait descendre par devant, se croisait sur la poitrine, et servait ensuite à ceindre la tunique, en faisant le tour du corps. Elle avait quelque rapport à l’étole de nos prêtres, avec cette différence, que nous laissons pendre les deux bouts de l’étole, après l’avoir croisée sur la poitrine ; au lieu que l’éphod faisait deux fois le tour du corps, ceignait la tunique ; et après cela ses extrémités tombaient par devant jusqu’à terre.
Il y avait deux sortes d’éphod, l’un, de simple lin pour les prêtres, et l’autre, de broderie pour le grand-prêtre. Comme celui des simples prêtres n’avait rien de particulier, Moïse ne s’est point arrêté à le décrire. Mais il nous décrit au long celui du grand-prêtre. Voici ce qui le distinguait (Exode 28.6-9) : il était composé d’or, d’hyacinthe, de pourpre, de cramoisi, de coton retors ; c’est-à-dire c’était un tissu de différentes couleurs très-riche. Il y avait sur les épaules de l’éphod, ou plutôt à l’endroit de l’ephod qui venait sur les deux épaules du grand prêtre, deux grosses pierres précieuses, qui étaient chargées du nom des douze tribus d’Israël, six noms sur chaque pierre.
À l’endroit où l’éphod se croisait sur la poitrine du grand prêtre, il y avait un ornement carré, nommé le rational ; en hébreu choschen, dans lequel étaient enchâssées douze pierres précieuses, où l’on avait gravé les noms des douze tribus d’Israël ; un sur chacune des pierres. Enfin, l’éphod retournait par derrière, ceignait la tunique, et venait se nouer par devant, à la manière de ces grandes ceintures des Orientaux, dont les extrémités descendent presque jusqu’à terre.
L’éphod des simples prêtres, qui n’était que de lin, avait la même étendue et le même usage ; mais il était moins précieux et moins orné. Cet ornement était propre aux prêtres ; et saint Jérôme dit qu’on ne le trouve dans l’Écriture que quand il s’agit des prêtres. On ne croyait pas que le culte, vrai ou faux, pût subsister sans sacerdoce et sans éphod. Gédéon fit un éphod des dépouilles des Madianites (Juges 8.27), et cet ornement fut un sujet de chute à Israël. Micha, ayant fait une idole (Juges 17.5), et l’ayant mise dans sa maison, ne manqua pas d’y faire un éphod. Dieu prédit aux Israélites, dans Osée (Osée 3.4), qu’ils seront longtemps sans rois, sans princes, sans sacrifices, sans autel, sans éphod, sans téraphim ; enfin Isaïe (Isaïe 30.22), parlant des faut dieux que les Israélites adoraient, leur attribue des éphods. Vous souillerez les lames d’argent de vos idoles, et l’éphod de vos dieux couverts de lames d’or.
L’éphod se met souvent pour le rational et pour l’urim et thummim qui y étaient attachés, parce que tout cela tenait à l’éphod, et ne faisait qu’un avec lui.
Quoique l’éphod fût un ornement propre aux prêtres, on ne laissait pas de le donner quelquefois à des laïques. David portait cet ornement dans la cérémonie du transport de l’arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem (2 Samuel 6.14). Samuel, quoiqu’il ne fût que lévite, et enfant, portait l’éphod dans le tabernacle (1 Samuel 12.18).
Les lévites, régulièrement, ne devaient pas porter l’éphod. Leur habit ne différait pas de celui des laïques ; du moins Moïse ne fait aucun règlement particulier sur le sujet de leur habillement. Toutefois, à la cérémonie de la dédicace du temple de Salomon, les lévites et les chantres, qui n’étaient pas de l’ordre des prêtres, étaient revêtus d’habits de fin lin (2 Chroniques 5.12) : Vestiti byssinis de même que David, à la cérémonie du transport de l’arche de la maison d’Obédédom dans le palais du roi (1 Chroniques 15.27). Josèphe remarque que, du temps du roi Agrippa, et un peu avant la prise de Jérusalem par les Romains, les lévites prièrent ce prince de faire assembler le Sanhédrin, pour qu’on y fît un règlement qui leur permît de porter l’étole de lin, de même que les prêtres. Ils flattèrent Agrippa, en lui disant que cela contribuerait à la gloire de son règne. Agrippa leur accorda leur demande ; mais l’historien remarque que c’était une innovation contraire aux lois du pays, auxquelles on n’a jamais donné atteinte impunément.
Spencer et Cunœus ont prétendu que les rois des Juifs avaient droit de porter l’éphod, et de consulter le Seigneur par l’Urim et Thummim. Ils se fondent principalement sur ce qui est dit dans le premier livre des Rois (1 Samuel 30.7), que David, arrivant à Siceleg, et trouvant que les Amalécites avaient pillé la ville, et emmené ses femmes et celles de ses gens, dit au grand prêtre Abiathar : Appliquez-moi l’éphod, et Abiathar appliqua l’éphod à David. La suite favorise ce sentiment. Verset 8 : David consulta le Seigneur, en disant : Poursuivrai je ces brigands, et les prendrai-je, ou ne les prendrai-je pas ? Et le Seigneur lui dit : Poursuivez-les, car indubitablement vous les prendrez. On lit aussi (1 Samuel 28.9) que Saül consulta le Seigneur, et que le Seigneur ne lui répondit ni par les songes, ni par les prophètes. Il consulta donc le Seigneur par l’Urim ; par conséquent il se revêtit de l’éphod.
Mais la plupart et les plus savants com.mentateurs croient que ni David, ni Saül, ni Josué, ni aucun autre prince d’Israël, ne se revêtit de l’éphod du grand prêtre, pour consulter par lui-même le Seigneur, et que les passages que nous avons rapportés ne signifient autre chose, sinon : Revêtez vous de l’éphod, et consultez pour moi le Seigneur ; à la lettre : Approchez pour moi l’éphod, et Abiathar fit approcher l’éphod pour David. Grotius croit que le grand prêtre tourna l’éphod ou le pectoral du côté de David, afin que ce prince pût voir par ses yeux ce que Dieu lui répondrait par les pierres du rational. Dans ces rencontres Dieu rendait des oracles, et découvrait l’avenir par la bouche des grands prêtres, auxquels seuls appartenait le droit de porter l’éphod avec le rational, et de consulter le Seigneur sur les événements importants qui concernaient le bien public de la nation.
On peut voir Urim et Thummim, pour savoir de quelle manière on consultait le Seigneur.