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Ville et montagne dans la tribu de Benjamin (Josué 15.7 ; 18.18). Les uns la mettent au midi et les autres au sententrion de Jéricho. S’il est vrai qu’on ait passé par Adommim pour venir de Jérusalem à Jéricho, Comme on le croit ordinairement, il faut qu’Adommim ait été au couchant de Jéricho. On veut que le voyageur dont parle Jésus-Christ dans saint Luc (Luc 10.30), qui tomba entre les mains des voleurs, en venant de Jérusalern à Jéricho, ait été attaqué à Adommim, entre ces deux villes [Adommim s’écrit indifféremment Adoumim, Adumim et autrement encore. C’est le pluriel du mot Adom, qui est le même que Adam, et qui comme lui signifie rouge (terre zouge). Adom ou Adam est identique à dom ou dam, qui signifie sang, parce que le sang est rouge. D. Calmet dit qu’Adommim était une ville. Rien n’indique que ce fût autre chose que des montagnes où il y avait un chemin, et où étaient arrivés des accidents qui leur ont fait donner un nom de sang. Barbié du Bocage dit que c’était un « passage dans les montagnes, entre Jéricho et Jérusalem, vis-à-vis de Galgala. » Il ajoute : « Il paraîtrait, d’après le témoignage de saint Luc, que ce lieu était, de son temps, un repaire de voleurs et de brigands. On y trouve aujourd’hui un karavansérail. » Non pas en ce lieu même, ajoutons-nous, mais à quelque distance. Cela n’empêche pas qu’il ne soit encore aujourd’hui le théâtre de brigandages. M. Poujoulat, qui l’a visité récemment, nous raconte son état actuel : Il se rendait de Jérusalem à Jéricho. Écoutons-le. « Trois quarts d’heure après (avoir passé Béthanie), on s’arrête, dit-il, pour boire à la fontaine des Apôtres, et puis vous ne trouvez plus ni source, ni cabane, ni village, jusquà Jéricho. Le seul homme que nous ayons rencontré est un pâtre de Béthanie, portant un fusil au lieu d’une houlette ; il m’a offert de me vendre une perdrix rouge qu’il venait de tuer. Combien voulez-vous de cotre perdrix ? Dix balles de plomb. Voilà de ces réponses, de ces mots qui caractérisent à eux seuls la physionomie d’un pays. Pour aller de Jérusalem à Jéricho, il faut marcher sept heures à travers les pierres et les rochers, montant et descendant sans cesse au milieu de collines incultes et grisâtres. À partir de Béthanie, la verdure cesse et le désert commence : ce sont des vallons arides, des gorges profondes qui forment comme des abîmes. C’est surtout en approchant de Jéricho que le voyageur remarque partout les traces du feu et de la destruction ; le regard s’arrête quelquefois avec horreur sur ces grandes roches aux flancs noirs qui sont là comme des géants foudroyés. On m’a montré un khan appelée khan du Samaritain, et près de là, la place où fut Adomin (lieu de sang), dont le nom seul épouvante encore le pauvre pèlerin. Que de meurtres ont été commis dans ces défilés solitaires ! combien de fois ont été teintes de sang les pierres de ces étroits sentiers I On m’a fait remarquer aussi des monceaux de pierres qui marquent la place où sont ensevelis des cadavres inconnus, trouvés dans ces vallons. À une heure au delà du khan du Samaritain, j’ai reconnu sur une hauteur les restes d’un château franc du moyen-âge ; ce château servait sans doute à protéger les pèlerins qui allaient au Jourdain pour y renouveler leur baptême. » Revenant de Jéricho à Jérusalem, « avant d’entrer dans la première gorge des montagnes, sur un beau et large plateau qui domine la plaine, nous voyons, dit M. de Lamartine, des traces évidentes d’antiques constructions, et nous supposons que c’est là le véritable emplacement de l’ancienne Jéricho… C’est dans cette gorge que la parabole touchante du Samaritain place la scène du meurtre et de la charité. Il paraît que, dès le temps de l’Évangile, ces vallées étaient en mauvaise renommée. »]