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Le mot éclipse ne se lit pas dans l’Écriture. Les Hébreux ne paraissent pas avoir beaucoup philosophé sur les éclipses. Ils les considéraient comme des effets miraculeux et comme des marques sensibles de la colère de Dieu. Job semble dire que l’éclipse est causée par l’interposition de la main de Dieu entre nous et l’astre éclipsé (Job 36.52). Il dit ailleurs (Job 9.7) que Dieu fait défense au soleil de se lever, et qu’il ne se lève point ; qu’il enferme les étoiles, et les met comme sous le sceau. Ézéchiel parle d’une manière plus populaire (Ézéchiel 32.7), lorsqu’il dit que Dieu couvre le soleil de nuages, lorsqu’il nous en dérobe la lumière par une éclipse.
L’éclipse qui arriva à la mort de notre Sauveur (Matthieu 27.45) est un miracle incontestable, puisque la lune, étant alors dans son plein, ne pouvait naturellement causer d’éclipse. De plus les éclipses ne durent d’ordinaire qu’environ une heure. Celle-ci en dura trois. Origène, suivi de plusieurs autres, a cru que cette obscurité ne fut que pour la Judée, qui est assez souvent désignée sous le nom de toute la terre d’autres croient que tout notre hémisphère fut alors couvert de ténèbres. Jules Africain, Eusèbe et saint Jérôme ont cité Phlégon, affranchi de l’empereur Adrien, qui dit qu’en la quatrième année de la deux cent deuxième olympiade, qui est celle de la mort de Jésus-Christ, il y eut une éclipse du soleil, la plus grande que l’on eût encore vue, puisqu’en plein midi on découvrait les étoiles dans le ciel. Tertullien renvoie les païens aux archives publiques pour y trouver la nuit arrivée en plein midi.
Rufin fait dire à saint Lucien, prêtre d’Antioche, martyrisé en 312, parlant aux païens : Consultez vos annales, et vous trouverez que lorsque Jésus-Christ mourut le soleil cessa de paraître, et le jour fut interrompu par des ténèbres extraordinaires. Thallus, auteur ancien, est aussi nommé par Jules Africain comme ayant marqué les ténèbres de la passion de notre Sauveur. Le faux Denys l’Aréopagite dit qu’étant à Héliopolis en Égypte, il remarqua l’éclipse arrivée dans cette occasion ; et comme il savait que, selon les règles de l’astronomie, elle ne pouvait arriver en ce temps-là, Allophanes, qui étudiait alors dans cette ville avec lui, s’écria : Ce sont là, mon cher Denys, des changements surnaturels et divins ; ou, ce sont là des changements des choses divines. Suidas fait dire à saint Denys même : Ou la divinité souffre, ou elle compatit à celui qui souffre. Voyez notre dissertation sur les ténèbres arrivées à la mort de Jésus-Christ. Recueil de dissertations, t. 3 p.295. [Voyez aussi Huet, Démonstr. évangél., prop. 3.§ 8 ; Buffler, Exposition des preuves de la religion, n° 95 et 96 ; Addison, De la religion chrétienne, sect. 2, § 1, notes du traducteur : ouvrages qui font partie de la collection des Démonstrations publiée par M. Migne, tome 5 col. 56, et tome 9 col. 143 et 921. Voyez encore les Annal de philos chrét., la table générale des douze premiers volumes, au mot Éclipse].