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Première plaie dont Dieu frappa l’Égypte. Le Pharaon avait résisté à l’évidence d’un miracle de grâce, celui du bâton changé en serpent : les miracles de punition devaient suivre. Sur l’ordre de Dieu, Aaron leva son bâton, frappa le Nil, et toutes les eaux de l’Égypte, celles dont usaient les Égyptiens, furent changées en sang. L’historien sacré ajoute que les magiciens imitèrent ce miracle (Exode 7.20-22) ; de manière que le Pharaon, qui ne voulait pas que les Hébreux s’en allassent, put dire à Moïse et à Aaron : Vous le voyez, ils font ce que vous faites. Mais, puisque toutes les eaux avaient été changées, où donc les magiciens en prirent-ils pour faire leur opération ? « Ceci, dit M. Léon Delaborde, ne s’applique qu’à une imitation en petit et pour ainsi dire en échantillon. Il n’y avait plus d’eau pure dans le pays que celle retirée péniblement par les habitants dans des trous où elle arrivait filtrée, c’est sur cette eau que les magiciens opérèrent… Saint Augustin, ainsi que le livre de la Sagesse, croit que les magiciens se servirent de l’eau du pays de Gessen, qui avait été préservée de la plaie générale. »
C’est sans doute d’après cette opinion de saint Augustin que quelques commentateurs, notamment le Père de Carrières, disent que les magiciens envoyèrent chercher de l’eau dans la terre de Gessen. En admettant, dans mon Histoire de l’Ancien Testament (Tome I, p.102 col 2), qu’ils opérèrent sur l’eau apportée exprès de cette province, mais croyant, d’après le verset 24 (Exode 7.24) comme chose plus vraisemblable, j’ai ajouté : ou sur l’eau des puits que les Égyptiens creusèrent le long du fleuve, etc. ; car il était plus urgent d’en avoir pour remédier au mal de la soif chez les hommes et chez les animaux, que pour l’opération des magiciens, et il n’est guère possible d’admettre que de toutes les parties de l’Égypte on soit allé chercher de l’eau dans le canton de Gessen. Cette réflexion, indépendamment du 24e verset, me parait assez juste pour qu’on ne croie pas nécessaire d’envoyer au loin les Égyptiens chercher de l’eau pour boire, voyage dans lequel plusieurs seraient morts de soif. Il n’est pas dit dans le livre de la Sagesse que les magiciens envoyèrent chercher de l’eau dans ce canton, mais seulement que les Israélites, lorsque leurs ennemis n’en trouvaient point, se réjouissaient d’en avoir abondamment. Or les Israélites n’étaient point renfermés dans les limites de la province de Gessen ; ils étaient répandus dans d’autres parties de l’Égypte, et avaient leurs habitations parmi celles des Égyptiens (Voyez Gessen), comme il y avait de ces derniers qui demeuraient parmi eux dans la terre de Gessen. On peut se demander si les Égyptiens amis des Israélites n’étaient pas préservés des maux dont Dieu frappa le pays ; quoi qu’il en soit, on peut croire que beaucoup d’Égyptiens, amis on ennemis, voisins des Israélites, puisèrent de l’eau dans leurs puits, et que celle sur laquelle opérèrent les magiciens venait de là et des trous creusés le long du fleuve, plutôt que de la province de Gessen.
Que l’on faisait boire aux femmes soupçonnées d’adultère (Nombres 5.17-18), et suivants. Voyez ce que j’ai dit sous l’article Adultère.
Cette épreuve marquée d’une manière si circonstanciée dans Moïse, et tolérée parmi les Juifs, est une des choses les plus extraordinaires qu’on puisse s’imaginer, et qui ne pouvait s’exécuter que par un miracle perpétuel dans Israël. On ne peut douter que les sages de la nation n’en aient toujours fort désapprouvé l’usage, et que Moïse ne l’ait accordée qu’à la dureté du cœur des Hébreux, accoutumés apparemment à voir de pareilles épreuves chez les Égyptiens, ou chez les autres peuples qui leur étaient connus [emprunt non prouvé], et capables de se porter aux dernières extrémités, et aux plus grandes violences, si on la leur avait refusée [Longtemps après Moïse il y eut aussi chez les Athéniens une épreuve analogue à celle des eaux de jalousie. La femme accusée d’adultère, dit M. Albert du Boys (Hist du droit criminel des peuples anciens, chapitre 5 paragraphe 3, pages 184, in-8 ; Paris, 1845), pouvait être admise, dans certains cas, à se disculper par un serment inscrit sur une tablette que l’on suspendait à son cou. Elle s’avançait alors dans l’eau jusqu’à mi-jambe ; si elle était innocente, l’onde restait paisible dans son lit ; si au contraire elle était coupable, l’onde s’élançait tout à coup comme pour engloutir jusqu’aux traces du faux serment et les dérober aux regards du soleil (Achil. Pat. Antiquités grecques de Robinson, tome 1 pages 400). Ce sont là des épreuves à ajouter à celles du feu, mentionnées dans Sophocle. L’épreuve imposée à la femme adultère était vraisemblablement une invention miséricordieuse des prêtres ou des magistrats athéniens, destinée à l’arracher à une condamnation imminente].
Ceux d’aujourd’hui ne pratiquent plus cette manière d’épreuve depuis la ruine du temple par les Romains. [Voyez Jalousie]. Mais si un mari conçoit quelque soupçon contre sa femme, il lui défend de voir celui qui lui fait ombrage ; si elle continue à le voir, qu’on les trouve ensemble, et que les indices soient forts contre elle, alors il est contraint par les rabbins de la répudier, quand même il ne le voudrait pas, et de s’en séparer pour toujours.
Il est certain que, depuis très-longtemps, les peuples d’Orient sont dans l’usage de faire subir des épreuves de différentes sortes à ceux qui sont soupçonnés de quelques crimes qu’on ne peut découvrir par les voies ordinaires. Les plus communes des épreuves sont celles du fer chaud, et des eaux bouillantes. Elles sont à présent communes dans la Chine. Lorsqu’un homme est accusé d’un crime qui mérite la mort, on lui demande s’il est disposé à subir l’une ou l’autre de ces deux épreuves ; s’il s’y soumet, on lui met sur la main sept feuilles d’un certain arbre, et par-dessus les feuilles un fer rouge. Il le tient pendant quelque temps, puis le jette par terre. Aussitôt on lui enferme la main dans une poche de cuir, qui est en même temps cachetée avec le sceau du prince. Au bout de trois jours, si sa main se trouve saine et entière, il est déclaré absous, et son accusateur condamné à payer un marc d’or envers le prince. L’épreuve de l’eau se fait en jetant un anneau dans une chaudière d’eau bouillante. Si l’accusé l’en retire sans souffrir de brûlure, il est reconnu innocent.
Cette épreuve est connue dans Sophocle, et elle a été fort longtemps en usage parmi les chrétiens de la plus grande partie de l’Europe. On prétendait même la faire passer pour bonne et religieuse, puisqu’on trouve des messes et des prières qu’on disait dans ces occasions. Les Indiens sont encore aujourd’hui dans ces pratiques. Les Cafres obligent ceux qui sont soupçonnés de quelques crimes capitaux, à avaler du poison, à lécher un fer chaud, on à boire de l’eau bouillante, dans laquelle on a fait cuire des herbes amères ; les nègres de Loango et de Guinée, les Siamois, et d’autres Indiens ont la même superstition, et sont très-persuadés que ces épreuves ne font jamais de mal aux innocents.
Ce sont les eaux de la mer, des rivières, les eaux cachées dans les réservoirs qui sont sous la terre. On les appelle aussi les eaux inférieures, pour les distinguer des eaux du ciel, des nuées, des pluies, de la rosée, qui sont appelées les eaux supérieures, séparées des inférieures, par ce qu’on appelle le firmament (Genèse 1.6, 7), c’est-à-dire, l’air ou le ciel. L’Écriture dit que le Seigneur a mis les abîmes dans ses trésors, qu’il leur a fixé des bornes qu’elles ne peuvent outrepasser.
Voyez eaux de l’abîme.
Moïse (Nombres 20.2-3) raconte que les Israélites étant arrivés à Cadès [Voyez Marches et campements], et venant à manquer d’eau, ils se soulevèrent contre lui et contre Aaron son frère, en disant : « Plût à Dieu que nous fussions morts avec nos frères devant le Seigneur ! Pourquoi nous avez-vous fait sortir de l’Égypte, pour nous faire venir dans ce désert, ou l’on ne peut ni semer ni moissonner, et où l’on ne peut avoir ni vignes, ni figues, ni amandiers, et où l’on ne trouve pas même d’eau pour boire ? Moïse et Aaron, ayant renvoyé la multitude, entrèrent dans le tabernacle du Seigneur, et s’étant prosternés en terre, ils crièrent au Seigneur, et lui dirent : Seigneur, écoutez les cris de ce peuple, et ouvrez-leur votre trésor, une fontaine d’eau vive, afin qu’ils soient désaltérés, et qu’ils cessent de murmurer. Alors le Seigneur dit à Moïse : Prenez la verge, et assemblez le peuple, vous et votre frère Aaron, et parlez à la pierre devant eux, et elle vous donnera de l’eau.
Moïse, ayant donc pris la verge, assembla le peuple devant le rocher, et leur dit : Écoutez, rebelles et incrédules, pourrons-nous tirer de l’eau de cette pierre ? Alors Moïse leva la main, et ayant frappé deux fois la pierre avec la verge, il en sortit de l’eau en abondance, en sorte que le peuple et tout son bétail eurent à boire. En même temps le Seigneur dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, et que vous ne m’avez pas sanctifié devant les enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer ce peuple dans le pays que je leur ai promis. C’est là l’eau de contradiction où les enfants d’Israël se mutinèrent contre le Seigneur, et où il fut sanctifié au milieu d’eux. »
Au lieu d’eaux de contradiction, l’Hébreu lit : eaux de meribah, eaux de querelle, de contestation, de murmure du peuple contre Moïse et contre Dieu. [Voyez Josué, § 31]
On demande en quoi consiste le péché que Moïse commit en cette occasion, et qui déplut si fort à Dieu, qu’il le priva de l’honneur de faire entrer son peuple dans la terre promise ? Le psalmiste nous dit (Psaumes 106.32-33) que Moïse fut aigri et troublé par les murmures du peuple, et qu’il témoigna du doute par ses paroles. Il témoigna quelque doute aux promesses du Seigneur. Dieu, lui avait promis absolument qu’il tirerait de l’eau du rocher ; Moïse en douta en quelque sorte : Pourrons-nous tirer de l’eau de cette pierre ? Il frappe deux fois le rocher, et Dieu lui avait dit simplement de lui parler ; il craint que dans cette rencontre, Dieu, irrité contre le peuple, ne lui refuse ce qu’il avait promis ; le prophète Zacharie dit (Zacharie 11.8) ; leur âme, fut flottante, incertaine, douteuse.
Ils ne sanctifièrent pas le Seigneur : ils ne lui rendirent pas l’honneur qui lui est dû, par une obéissance exacte, fidèle, ferme et constante à ses paroles, ils ne le sanctifièrent pas devant le peuple, ils donnèrent à ce peuple une idée trop basse du pouvoir ou de la bonté de Dieu ; ils déshonorèrent en quelque sorte sa puissance par une conduite si peu assurée. Enfin le Seigneur fut sanctifié en eux, il fit éclater sur Moïse et Aaron sa justice et sa majesté. Il apprit au peuple en leur personne, et par le châtiment qu’il exerça contre eux, de quelle manière il veut être servi. Et en effet, rien n’est plus propre à nous inspirer de la terreur, et à nous faire connaître jusqu’à quel point Dieu est jaloux de sa gloire, que la punition de Moïse et d’Aaron, dans une chose qui nous paraît si peu considérable.
Voyez Mara
C’est ainsi que les Hébreux appellent l’urine ; (Isaïe 36.12)
Marquent aussi souvent la postérité. Vous êtes sortis des eaux de Juda (Isaïe 48.1). L’eau coulera de son seau (Nombres 24.7). Buvez l’eau de votre citerne, et faites couler vos eaux dans les places publiques, etc. (Proverbes 5.15-16).
(Josué 11.5-7). Plusieurs croient que ce sont les eaux du lac Séméchon, situées entre les sources du Jourdain, et le lac de Tibériade : mais il est plus probable que Mérom, ou Méromé, était dans le Grand-Champ, et, comme dit Eusèbe, à douze milles de Sébaste, vers Dothaïm. Débora dit que Zabulon et Nephthali combattirent contre Sisara dans le canton de Méromé (Juges 5.18). Or, il est certain qu’ils combattirent au pied du mont Thabor, et sur le torrent de Cison.
Les grandes eaux désignent souvent les peuples nombreux, dans le style des prophètes (Apocalypse 17.15).
(Isaïe 33.16). Ce sont des eaux qui ne manquent jamais, des eaux de source, qui ne tarissent point, opposées aux eaux menteuses (Jérémie 15.18). Ainsi une maison fidèle (1 Samuel 2.35) signifie une maison qui subsistera toujours. Et de même (2 Samuel 7.16) une récompense certaine et assurée. Et encore : Je le ficherai comme un clou dans un lieu fidèle (Isaïe 22.23), dans un lieu ferme et inébranlable.
Eaux de source, eaux coulantes, eaux de fontaine, par opposition aux eaux de citerne, aux eaux mortes, aux eaux d’étang et de lac.
Comme le pain, dans l’Écriture, se prend pour toute sorte de nourriture, ainsi l’eau se prend pour toute sorte de boisson. On reproche aux Moabites et aux Ammonites de n’être pas venus au-devant des Israélites dans le désert (Deutéronome 23.4), avec du pain et de l’eau, c’est-à-dire avec les rafraîchissements convenables. Nabal dit avec insulte aux gens de David (1 Samuel 25.2) : Je prendrai mes pains et mes eaux, et je les donnerai à des gens que je ne connais point. Le faux prophète de Jéroboam vient dire au prophète du Seigneur (1 Rois 13.18) : Un ange m’a dit : Ramenez-le avec vous dans votre maison, afin qu’il mange du pain et qu’il boive de l’eau.
(Proverbes 9.17) Ces eaux étrangères, furtives et dérobées, marquent les plaisirs illicites avec des femmes étrangères. On reproche aux Israélites d’avoir abandonné la source d’eau vive, pour chercher à se désaltérer dans des citernes percées, etc. (Jérémie 2.13), c’est-à-dire, d’avoir quitté le culte de Dieu, pour adorer des divinités ridicules.
Elles marquent quelquefois les afflictions, les malheurs, comme le dit le Psalmiste (Psaumes 69.2) : Sauvez-moi, Seigneur, car les eaux sont entrées jusqu’au fond de mon aine. Voyez aussi (Psaumes 124.4-5) etc.
Les eaux marquent aussi quelquefois les larmes et la sueur : (Ézéchiel 21.7 ; 7.17)