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Denys
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Bost

Denys l’aéropagite

Nous lisons dans les Actes des Apôtres (Actes 17.14) que saint Paul ayant été obligé de sortir de la ville de Bérée en Macédoine, de peur de tomber entre les mains des Juifs, qui étaient venus de Thessalonique soulever le peuple contre lui, passa en Achaïe et vint à Athènes. Pendant qu’il y attendait Sylas son compagnon, et Timothée son disciple, son esprit se sentait ému et comme irrité en lui-même, voyant une ville si célèbre, passionnée pour l’idolâtrie. Il y ent plusieurs conférences sur des matières de religion avec divers philosophes, surtout avec des épicuriens et des stoïciens ; les nus se moquèrent de ses discours, les autres dirent qu’il semblait vouloir introduire une religion nouvelle, et annoncer de nouveaux dieux, parce qu’il leur prêchait Jésus-Christ et la résurrection. Ils le prirent donc et le menèrent à l’aréopage, en disant : Vous nous annoncez des choses si nouvelles et si extraordinaires, que nous voulons savoir ce que cela veut dire ; car les Athéniens n’étaient occupés qu’à dire ou à apprendre des choses nouvelles.

Paul étant donc parvenu à l’aréopage, il leur dit que, passant au milieu de leur ville, et considérant les statues de leurs dieux, il y avait remarqué un autel [Voyez autel d’Athènes] avec cette inscription : Au Dieu inconnu. Je viens donc vous annoncer ce que vous ne connaissez pas, ce Dieu qui a fait l’univers et tout Ce qu’il renferme, étant le Seigneur du ciel et de la terre. Il n’habite point dans les temples bâtis par les hommes ; il n’est point honoré par les ouvrages de la main des hommes, comme s’il avait besoin de ses créatures, qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses. Il a fait naître d’en seul mot toute la race des hommes ; il leur a donné la terre dans toute son étendue pour leur demeure, ayant déterminé l’ordre des temps et des saisons, et marqué les bornes de l’habitation de chaque peuple : c’était afin qu’ils le cherchassent et qu’ils le reconnussent par les choses mêmes qui leur tombaient sous les sens ; n’étant d’ailleurs pas loin de chacun de nous ; car c’est en lui et par lui que nous avons la vis, le mouvement et l’être, et, comme quelques-uns de vos poètes l’ont dit, nous sommes les enfants de la race de Dieu.

Puis donc que nous sommes ses enfants et sa race, nous ne devons pas croire que sa divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent et à de la pierre, dont l’art et l’industrie des hommes ont fait des figures. Mais Dieu ayant laissé passer ces temps d’ignorance dans sa colère, fait maintenant annoncer à tous les hommes et en tous lieux qu’ils fassent pénitence, parce qu’il a ordonné un jour auquel il doit juger le monde selon la justice, par celui qu’il a destiné pour en être le juge, et dont il a donné à tous les hommes une preuve certaine en le ressuscitant d’entre les morts.

Lorsqu’ils l’entendirent parler de la résurrection des morts, quelques-uns s’en moquèrent ; et les autres dirent qu’ils l’entendraient une autre fois sur ce point. Ainsi, Paul sortit de leur assemblée. [Voyez Aréopage]. Quelques-uns néanmoins se joignirent à lui et embrassèrent la foi, entre lesquels fut Denys, sénateur de l’aréopage ; une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.

C’est ce que nous raconte saint Luc dans les Actes, et c’est presque tout ce que l’on sait de saint Denis l’Aréopagite. Quelques-uns ont cru que Damaris était sa femme, mais on n’en a aucune preuve certaine. Saint Chrysostome témoigne que saint Denys était citoyen d’Athènes, ce qui est fort croyable, puisqu’on ne prenait pas ordinairement d’ailleurs les juges de l’aréopage. D’autres ont écrit qu’il était de Thrace, ce dont on ne cite qu’un seul témoin peu capable de persuader. La grande réputation de justice, d’intégrité et de sagesse que l’on attribue aux juges de l’aréopage, est un grand préjugé pour la vertu et le mérite de saint Denys. Depuis sa conversion, il fut fait premier évêque d’Athènes, et après avoir beaucoup travaillé pour la propagation et la défense de l’Évangile, et avoir beaucoup souffert pour le même sujet, il couronna sa vie et sa confession par un glorieux martyre. On dit qu’il fut brûlé à Athènes vers l’an 95 de Jésus-Christ. Les Grecs ont marqué sa fête au troisième jour d’octobre. [Voyez Athènes].

Les Latins, depuis le temps de Louis le Débonnaire, se sont persuadé que saint Denys l’Aréopagite, premier évêque d’Athènes, était le même que saint Denys, premier évêque de Paris. On a beaucoup écrit sur ce sujet dans le dernier siècle, et il semble qu’à présent les disputes sont cessées, et que la distinction des deux saints Denys est bien reconnue. Je ne parle pas ici des ouvrages attribués à saint Denys l’Aréopagite ; ils ne regardent pas mon sujet, et d’ailleurs ils passent aujourd’hui parmi les savants pour entièrement supposés [D’autres savants, M. de Fortia d’Urban, membre de l’académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et les Bénédictins de Solesmes ont entrepris séparément de réhabiliter les écrits de saint Denys l’Aréopagite. On a annoncé, en 1835, que M. de Fortia s’en occupait, et, quelques mois après, dans la même année, on imprimait que les Bénédictins se proposaient de donner une traduction des livres aréopagites, à laquelle seraient jointes de nombreuses notes, ayant pour but d’éclaircir tous les textes et de faire concorder, ou de comparer la science avec la théologie des Églises orientale et occidentale, et aussi avec la théologie mystique, et avec les écoles et les idées philosophiques de ces premiers siècles].

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