A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Ce terme vient du grec diabolos (calumniator, accusator), qui signifie un calomniateur. Il se trouve assez rarement dans l’Ancien Testament. Quelquefois il répond à l’hébreu Bélial (1 Rois 21.13) et d’autres fois, au nom Satan (Psaumes 109, 6). Le premier signifie un homme qui ne vaut rien, un libertin ; et le second, un adversaire, un accusateur en justice. L’auteur de la Vulgate a mis aussi diabolus dans Abacuc (Hébreux 3.5) : Egredielur diabolus ante pedes ejus ; au lieu de l’hébreu rescheph, qui signifie un charbon. Ainsi il faudrait traduire : La mort, ou la peste marchera devant sa face, et le charbon ira devant lui. Dans les livres de l’Ancien Testament qui sont écrits en grec, diabolus se prend pour le démon (Sagesse 2.24 Ecclésiaste 21.30), ou simplement pour ennemi (1 Machabées 1.38) : mais dans le Nouveau Testament, il signifie toujours le démon, le grand ennemi du genre humain.
Nous avons parlé assez au long dans l’article démon, de la chute de Lucifer et des siens. Nous y avons vu qu’Eblis, selon les Mahométans, était celui que nous nommons Lucifer. Il est bon d’ajouter encore ici un mot de cet Eblis, dont le nom approche de celui de diabolas. Les Musulmans l’appellent aussi Azazel, qui est le nom que l’Écriture donne au bouc émissaire (Nombres 16.5-7) et c’est apparemment aussi le même qu’Azazel, que le livre d’Énoch donne à un des chefs des anges révoltés. Ils tiennent qu’Eblis fut nommé de ce nom, qui signifie réfractaire, à cause de sa révolte contre Dieu, et qu’ayant reçu ordre de se prosterner devant Adam, il n’en voulut rien faire, sous prétexte qu’étant de la nature du feu, il ne devait pas fléchir le genou devant Adam, qui n’était formé que de terre. Ils disent que les anges avaient été créés plusieurs milliers d’années avant Adam, et que le feu dont ils étaient composés était d’une activité bien plus grande que celle du feu ordinaire ; qu’il était de la nature de la foudre.
Nous avons déjà remarqué qu’ils étaient capables d’engendrer, et qu’en effet ils avaient engendré d’autres génies de même nature qu’eux, et imitateurs de leur désobéissance et de leur révolte. Ils croient qu’Eblis demanda à Dieu un délai pour n’être pas tourmenté dans l’enfer. Dieu lui accorda ce délai, mais sans lui en marquer le terme. Ils ajoutent qu’il durera jusqu’au temps de la première trompette qui sonnera avant le jour du Jugement ; qu’alors Eblis mourra, et demeurera mort pendant quarante ans, c’est-à-dire, jusqu’au temps de la seconde trompette ; et alors il ressuscitera avec tous les hommes. Ils ne prononcent pas le mot d’Eblis, sans y ajouter le maudit de Dieu, ou alregim, le lapidé, le chassé à coups de pierres.
Dans les livres de l’Ancien Testament diabolus signifie tantôt le démon, comme dans cet endroit (Sagesse 2.24) : Invidia diaboli mors introivit in orbem terraram : C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde. Tantôt pour un accusateur, un adversaire qui nous poursuit devant les juges ; par exemple (Psaumes 8.6) : Diabolus stet a dextris ejus ; qu’il paraisse en jugement ; que son accusateur soit à sa droite, et que lorsqu’il sera jugé, il soit condamné. Et ailleurs : (Ecclésiaste 21.30) Dum maledicit impius diabolum, maledicii ipse animam suam : Lorsque le méchant maudit son adversaire, il se maudit lui-même : il s’est attiré cet ennemi par sa mauvaise conduite ; s’il eût été sage, il n’aurait point en d’ennemi. D’autres le prennent comme signifiant le démon. Celui qui maudit le démon qui le tente, et qui le fait tomber dans le péché, ne doit se plaindre que de soi-même, il n’est tombé que parce qu’il l’a voulu.
Quelquefois diabolos se prend pour un méchant, un libertin, un homme sans foi et sans loi ; un enfant de Bélial : par exemple (1 Rois 21.13) : Adductis duobus viris filiis diaboli : on fit venir deux faux témoins, deux enfants du diable, deux faussaires, deux fils de Bélial. Enfin dans le premier livre des Machabées (1 Machabées 1.38) il est dit que les étrangers mirent une garnison dans la citadelle de Jérusalem, et que cela fut un piège, et un mauvais diable dans Israël ; c’est-à-dire, ce fut une occasion de divisions, de querelles, de guerres, de profanations ; ce fut comme un piège, et un sujet de chute à plusieurs.
Il est dit dans quelques endroits que Satan, l’esprit de mensonge, ou le diable, se tenait devant le Seigneur avec les anges. Voyez dans l’article Job une note sur ces endroits].