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Déesse célèbre du paganisme, qui était principalement honorée à Éphèse. Elle était du nombre des douze grands dieux. On lui donnait aussi les noms de Hébé, Trivia, Hécate. C’était la Lune dans le ciel. On l’appelait Diane sur la terre, et Hécaté dans l’enfer. On l’invoquait sous le nom de Lucine dans les accouchements. On la dépeignait avec un croissant sur la tête, et un arc à la main, en habit de chasseuse. Elle passait pour vierge ; et c’est pour cela que les abeilles lui étaient consacrées. Diane, adorée à Éphèse, était représentée d’une autre sorte. Sa statue était couverte de mamelles quelquefois depuis la tête jusqu’aux pieds ; et quelquefois elle avait seulement le sein et le ventre couverts de mamelles ; et tout le reste était une espèce de piédestal, orné de distance en distance de têtes de cerfs, de chiens, et de bœufs à demi-corps. Les mamelles étaient un emblème de sa fécondité, et marquaient qu’elle était la nourrice des hommes et des animaux. Les têtes de chiens et de cerfs désignaient qu’elle était la déesse de la chasse.
On disait que Diane était fille de Jupiter et de Latone, et sœur utérine d’Apollon. Elle était adorée dans la Palestine dès le temps d’Isaïe et de Jérémie, sous le nom de Méni, c’est-à-dire, la déesse des mois, ou la Lune. On lui offrait des pains et des liqueurs sur des autels, au coin des rues, au commencement du mois (Isaïe 65.11). Elle était reconnue pour la déesse des rues, avec Apollon son frère, qui passait pour le dieu de la bonne fortune. On l’adorait aussi sous le nom de la reine du ciel, et on lui offrait des gâteaux sur les plates-formes ou sur les toits, au coin des rues, et aux portes des maisons. Les enfants amassent le bois, les pères allument le feu, et les mères mélent la graisse avec la farine, pour faire des gâteaux à la Reine du ciel ; dit Jérémie (Jérémie 7.18 ; 11.13 ; 44.17-18 ; Ézéchiel 16.25). [Voyez reine du ciel].
On a vu ci-devant, sous l’article de Démetrius, ce qui arriva à Éphèse, à l’occasion de la prédication de saint Paul, qui y prouvait la vanité des idoles, et allait ruinant le culte de Diane et des autres faux dieux. Démétrius, qui gagnait sa vie à faire de petits temples d’argent, ou des niches, ou même des médailles, où était représentée Diane d’Éphèse avec son fameux temple, y excita un tumulte, qui faillit de causer une sédition dans la ville. Voyez (Actes 19.24), et les suivants [Diane avait-elle un temple à Éphèse ? On en pourrait douter, d’après ces paroles de M. Michaud : « M. Fauvel (ex-consul d’Athènes) a voué une espèce de culte à l’antiquité ; il ne pardonne pas volontiers à ceux qui commettent sur ce point quelque hérésie ; il ne pardonne pas même à saint Paul d’avoir pris Cybèle pour Diane dans son Épître aux Éphésiens. » Il n’est pas inutile, à ce propos, de remarquer que saint Paul ne parle pas de ces déesses dans son Épître aux Éphésiens ; mais qu’aurait donc dit M. Fauvel, si saint Paul ou saint Luc (Actes 19.24-40) eussent pris Diane pour Cybèle ? Diane était adorée à Éphèse ; elle y avait un temple. « Cléopâtre obtint d’Antoine, dit Josèphe (Antiquités judaïques 15, chapitre 4), de faire tuer Arsinoé, sa sœur, lorsqu’elle était en prière à Éphèse, dans le temple de Diane. » « Je parlerai d’abord, dit M. Michaud, de notre course aux bains de Diane (aux environs de Smyrne). Un voyageur du dix-septième siècle avait reconnu là les vestiges d’un temple ; M. Fauvel a distingué un pilastre et des tronçons de colonnes à travers les joncs et les roseaux. On croit que ce sont les ruines d’un temple élevé à Diane par une colonie venue d’Éphèse. » Et M. Poujoulat, qui a visité Éphèse : « Je n’étais pas loin d’Éphèse, dit-il, et je me trouvais tout à coup sur d’antiques ruines ; ne pouvais-je pas croire que mon cheval foulait quelques restes de l’ancienne capitale de l’Ionie, et qu’il marchait peut-être sur un dernier débris de ce fameux temple de Diane, dont Éphèse ne garde plus aucun vestige ? » Et plus loin : « Je ne parlerai pas des débris d’une grande muraille et d’un aqueduc, que j’ai vus dans un vallon, avant d’arriver à Echelle-Neuve ; cet aqueduc, qui portait autrefois les eaux de Néopolis à Éphèse, est si ruiné, qu’on n’y reconnaît plus rien. C’est là que les auteurs placent l’ancienne Phygéla, petite cité dont l’histoire ne parlerait point si elle n’avait eu la gloire de posséder un temple de Diane, bâti par Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie. » Et ailleurs : « Plein des souvenirs du fameux temple de Diane, tel que nous l’ont représenté Vitruve, Pline et Strabon, vous êtes impatient sans doute d’apprendre ce qui subsiste encore de ce grand monument. C’est ici surtout que ma science est en défaut. J’interroge en vain les lieux et les livres, je ne trouve partout que des doutes, des conjectures hasardées, des suppositions vagues, des systèmes qui n’expliquent rien. Au milieu d’un amas confus de ruines, je demande aux colonnes, aux blocs de marbre, à chaque pierre, s’ils n’ont point appartenu au temple le plus célèbre qui fût jamais, et toutes les pierres sont muettes, et les ruines n’ont point de voix. Les voyageurs qui ont visité Éphèse ont placé, chacun dans une position différente, le temple de la grande déesse. Les uns ont cru en trouver des vestiges au sud-est du mont Prion, les autres au nord, d’autres à l’ouest ; quelques-uns, tels que Chandler, plus raisonnables peut-être, ont déclaré n’avoir rien reconnu de positif sur l’emplacement du monu ment. Ceux qui regardent les souterrains voisins des marais ou du port comme des ruines du temple (et ceux-là sont en assez grand nombre) oublient évidemment que ces souterrains se trouvent dans l’enceinte de la ville, et que le temple était éloigné de plusieurs stades des murailles d’Éphèse.
Le culte de Diane à Éphèse remonte aux premiers âges ; ce furent, dit-on, les Amazones qui, les premières, sous le règne de Thésée, sacrifièrent à la déesse sur les rives du Caystre ; elles déposèrent dans le tronc d’un ormeau une Diane de cèdre ou d’ébène, grossièrement taillée. Ainsi commença le culte de la grande déesse ; un tronc d’arbre fut son premier temple ; plus tard elle eut un sanctuaire qui devint la merveille de l’univers… Personne n’ignore quel fut le sort de ce monument : un fou, qui cherchait â tout prix l’immortalité, voulut associer son nom à la destruction du temple de Diane. Le second temple bâti à l’honneur de la déesse, ne le cédait en rien à la magnificence du premier. Telle était la vénération des peuples pour la grande Diane, que la guerre, elle-même respecta toujours les trésors placés sous la sauvegarde de la déesse ; l’histoire a cité Néron comme étant le seul qui eût osé toucher à ce sanctuaire… Quand les rois et les peuples accouraient à l’envi sur les bords du Caystre pour déposer leurs offrandes sur les autels de Diane, qui eût osé dire qu’un touriste voyageur chercherait en vainia place du temple ? »
Dom Calmet, dans sa Dissertation sur l’origine des Philistins, insérée dans la Bible de Vence, suppose que la Diane d’Éphèse est la même que la Diane de Perse, que la déesse d’Hiéropolis en Syrie, dont Lucien a tant parlé, que Dercéto, Atergatis, Vénus la céleste, Dagon, Astaroth, Astarté, et la déesse des bois dont il est parlé si souvent dans l’Écriture (2 Rois 21.7). [Voyez Bel, paragraphe 8]
Il existe au musée de Leyde quatre pierres portant des inscriptions phéniciennes ou puniques ; M. Hamaker, professeur de langues orientales à Leyde, composa une dissertation pour les expliquer ; M. Étienne Quatre-mère examina ces explications, et en proposa de différentes, dans un Mémoire inséré dans le Journal asiatique de janvier 1828. Voici en quels termes M. Quatremère a interprété la première inscription : Dominoe nostroe Thalath, et domino nostro, hero nostro, Baal Hamman, hoc quod vovit Ebedaschtoret (servus Astartes) scribe filius Ebedmilkar. Tholath ou Thalath est, selon M. Quatremère, le nom d’une divinité phénicienne qui répond à la Diane des Grecs. Baal-Hamman rappelle certaines dénominations fort en usage dans la Bible.
Thorlacius a publié à Copenhague, en 1829 (Voyez Dansk Literat. Tidende, 1829, n°6), une petite dissertation sur une terre cuite antique, provenant de la Sicile, représentant une figure analogue à celle de la Diane d’Éphèse, et de plus contenant une inscription grecque de quatorze lignes ; cette inscription est une invocation à la déesse qui facilite les accouchements. Dans la première section, l’auteur prouve par les attributs que la figure représente réellement Diane, adorée en Asie et en Sicile sous le nom d’Artémis ; dans la seconde section, il prouve que cette terre cuite était une table votive suspendue dans le temple de Diane par quelque femme qui désirait obtenir des couches heureuses et faciles.
À Kangovar, dans la Perse, Aucher-Eloy a vu les restes d’un temple de Diane ; la base de ses colonnes est encore en place, dit-il ; et M. Texier ajoute en note que le sous-bassement occidental est encore parfaitement conservé. Voyez Aucher-Eloy, Relations de voyages en Orient, tome 1, pages 247.