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Corneille
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Ou Cornelius, centenier d’une cohorte de la légion surnommée Italienne (Actes 10.1-6). Il était du nombre des gentils, mais il craignait Dieu, priait incessamment, et faisait beaucoup d’aumônes. Toute sa maison servait Dieu comme lui. Il avait apparemment appris ces pratiques de piété des Juifs, qui étaient en grand nombre à Césarée, où il était en garnison. Étant un jour à jeun, et en prières, vers les trois heures après midi, il vit clairement en vision entrer dans sa chambre un ange de Dieu, sous la forme d’un homme revêtu d’une robe éclatante, qui l’appela par son nom, et lui dit : Vos prières et vos aumônes sont montées jusqu’à Dieu, et il s’en est souvenu. Envoyez donc présentement à Joppé, et faites venir Simon Pierre ; il vous dira ce qu’il faut que vous fassiez pour vous sauver, vous, et toute votre maison. Après cela, l’ange lui enseigna où Pierre demeurait, et se retira.

Quand l’ange se fut retiré, Corneille appela deux de ses domestiques, et un soldat craignant Dieu ; il leur raconta ce qui lui était arrivé, et les envoya à Joppé, prier saint Pierre de venir. Ils partirent en même temps, et arrivèrent le lendemain à Joppé, sur le rnidi, ou un peu après. Or, avant qu’ils arrivassent, Pierre était monté sur la terrasse de la maison où il logeait ; et pendant qu’il y priait, il eût un ravissement d’esprit, dans lequel il vit comme une grande nappe, tenue par les quatre coins, qui descendait du ciel jusqu’à lui. Il y avait dans cette nappe toute sorte de bêtes, de reptiles et d’oiseaux, et il ouïe une voix, qui lui dit : Levez-vous, Pierre ; tuez, et mangez. Ces paroles voulaient dire qu’il n’y avait rien d’impur, de ce que Dieu déclarait pur. Il s’excusa d’y toucher, parce qu’il n’avait jamais rien goûté de souillé. Mais la voix lui répondit : N’appelez pas impur ce que Dieu a purifié. La même chose se fit par trois fois : puis la nappe fut retirée dans le ciel.

Dans ce même temps, les trois hommes envoyés par Corneille à Joppé arrivèrent ; et le Saint-Esprit dit intérieurement à Pierre que c’était lui qui les avait envoyés, et qu’il ne fit point de difficulté d’aller avec eux. Ainsi Pierre les reçut, les retint ce jour-là, et le lendemain il partit avec eux ; et ils arrivèrent à Césarée le jour d’après, vers les trois heures après midi. Corneille attendait saint Pierre avec tous ses parents, et ses plus intimes amis qu’il avait fait assembler pour cela. Dès qu’il sut qu’il était proche, il vint au devant de lui et se jeta à ses pieds, mais saint Pierre le releva, en lui disant : Je ne suis qu’un homme, non plus que vous. Ils entrèrent dans la maison, en s’entretenant ensemble. Corneille lui fit le récit de ce qui lui était arrivé, et lui dit que lui et tous ceux qui étaient dans sa maison attendaient qu’il leur déclarât ce que Dieu devait leur apprendre par sa bouche.

Alors Pierre leur dit, en peu de mots, que Jésus-Christ avait été envoyé de Dieu pour le salut de tous les hommes, pour être le Juge des vivants et des morts, et pour accorder la rémission des péchés à quiconque croirait en lui : Que les Juifs l’avaient injustement crucifié ; mais que Dieu l’avait ressuscité, el que ses disciples avaient bu et mangé avec lui depuis sa résurrection.

Durant que saint Pierre parlait de la sorte, le Saint-Esprit, qui avait purifié leurs cœurs par la foi, descendit sur tous ceux qui l’écoutaient ; et ils commencèrent à parler diverses langues, et à glorifier Dieu : ce qui surprit extraordinairement les Juifs fidèles qui étaient venus de Joppé avec saint Pierre. Alors il dit : Peut-on refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont déjà reçu le Saint-Esprit comme nous ? Et il commanda qu’on les baptisât au nom de Jésus-Christ. Corneille pria saint Pierre de demeurer quelques jours avec eux ; et il n’en fit point de difficulté. La nouvelle de ce baptême donné à un homme incirconcis, ayant été portée à Jérusalem, y causa un grand scandale parmi les fidèles (Actes 11.1-2). car jusqu’alors la porte de la foi n’avait point encore été ouverte aux gentils. Mais saint Pierre étant de retour à Jérusalem, et leur ayant raconté ce qui s’était passé, ils s’apaisèrent, et glorifièrent Dieu, qui avait aussi fait part aux gentils du don de la pénitence, pour leur donner la vie éternelle.

Usuard et les autres Latins font saint Corneille évêque de Césarée en Palestine. Les Constitutions apostoliques mettent aussi un Corneille pour évêque de cette ville, après Zachée ; mais elles ne disent pas que ç’ait été le centenier dont nous parlons ici. Eusèbe, qui était évêque de cette Église, ne le compte pas parmi ses prédécesseurs. Les Actes que l’on a de saint Corneille ne sont point une pièce originale, ni authentique. Les nouveaux Grecs le font évêque, les uns d’Illium, et les autres de Scepsis, qui n’en est pas loin. Les Grecs, dans leurs Ménologes, le traitent de martyr. Ils font sa fête le 13 de septembre ; et les Latins, le 2 février. Saint Jérôme (c) témoigne que la maison que Corneille avait à Césarée, l’ut depuis changée en église, que sainte Paule visita par dévotion, l’an de Jésus-Christ 385.

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