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Moïse (Exode 28.33-34 Ecclésiaste 45.10-11) avait ordonné que le bas de la tunique couleur d’hyacinthe, que le grand-prêtre portait dans les cérémonies, serait orné de pommes de grenade et de sonnettes d’or, entremêlées également et à distances égales. Les pommes de grenade étaient de laine de couleur d’hyacinthe, de pourpre et de cramoisi, et les sonnettes étaient d’or. Moïse ajoute : Aaron se revêtira de cette tunique dans l’exercice de son ministère, afin qu’on entende le son de ses sonnettes, lorsqu’il entrera dans le sanctuaire, en la présence du Seigneur, ou qu’il en sortira, et qu’il ne soit point puni de mort. Quelques Hébreux croient que ces sonnettes étaient rondes, comme nos grelots ; d’autres les représentent comme les sonnettes ordinaires.
On dit que les rois de Perse avaient le bord de leurs robes orné, comme celui du grand-prêtre des Juifs, de pommes de grenade et de sonnettes d’or. Les dames arabes qui sont auprès de la personne du roi, qui le servent et le divertissent, ont des grelots d’or aux jambes, au cou et au coude, et lorsqu’elles dansent, le mouvement de ces sonnettes fait une harmonie fort agréable. Les princesses arabes portent aux jambes de gros anneaux d’or creux, que l’on remplit de petits cailloux, qui sonnent comme des grelots lorsqu’elles marchent ; ou bien ce sont de gros cercles garnis de petits anneaux qui pendent à l’entour et qui font le même effet. Ces anneaux sont ouverts en un endroit en forme de croissant, par où elles passent le plus menu de la jambe. Elles ont outre cela quantité de pendeloques plates attachées au bout de leurs cheveux nattés en long par derrière, qui font du bruit lorsqu’elles se remuent, et qui avertissent que la maîtresse du logis passe, afin que les domestiques se tiennent en respect, et que les étrangers se retirent pour ne pas voir la personne qui passe.
C’était donc apparemment pour avertir que le grand-prêtre passait, qu’il portait aussi des sonnettes au bas de sa robe ; ou bien c’était comme une espèce d’avertissement qu’il entrait dans le sanctuaire. Dans la cour des rois de Perse, on n’entrait point dans les appartements qu’on n’avertît, et on n’avertissait pas en heurtant, ou en frappant, ou même en parlant, mais par le son de quelque chose (Judith 14.8-9). Ainsi, le grand-prêtre, par respect, ne frappait pas en entrant dans le sanctuaire ; mais par le son des sonnettes qui étaient au bas de sa robé, il demandait en quelque sorte permission d’entrer, afin qu’on entende le son des sonnettes, et qu’il ne soit point puni de mort, dit Moïse.
On n’est pas d’accord sur le nombre des clochettes que portait le grand-prêtre. Les uns en mettent douze, les autres cinquante, les autres soixante-six, les autres soixante-douze, et les autres quatre-vingts. Rien de certain, cela dépend de la grosseur dont on les faisait ; car si c’étaient de petits grelots, on en pouvait mettre un assez grand nombre pour garnir le bas de la tunique du grand-prêtre [Ces sonnettes étaient au nombre de cinquante, suivant saint Prosper ; de soixante-douze, suivant saint Jérôme ; mais Clément d’Alexandrie dit qu’il y en avait autant que de jours à l’année, c’est-à-dire, trois cent soixante-six. Elles étaient une figure symbolique ; elles faisaient partie du vêtement du grand-prêtre, afin, dit saint Cyrille d’Alexandrie, de marquer la prédication de l’Évangile qui devait retentir par toute la terre ; afin, dit saint Jérôme, que le grand-prêtre entrant dans le Saint des Saints, comprit qu’il devait être tout voix, que toute sa vie il devait parler, sans quoi il mourrait aussitôt ; afin, dit encore le même saint, que tous ses pas, ses mouvements, toutes les facultés de son âme et les parties de son corps portassent les hommes à penser à Dieu, et qu’il donnât des preuves de sa science, de son érudition et de la vérité dont son esprit était rempli ; afin, dit saint Grégoire le Grand, de faire voir qu’un prêtre est obligé de se faire entendre par la voix de la prédication, de peur que son silence n’offense le souverain Juge qui le regarde].
Il est souvent parlé dans l’Écriture de sonnettes, ou de clochettes, dont on se servait quelquefois dans le temple. Nous n’en savons pas la figure l’Hébreu (1 Chroniques 15.19) les nomme mizelotht, ou mizlothaim. Elles étaient de cuivre et rendaient un son aigu et que l’on entendait de loin. Le prophète Zacharie parle des sonnettes qu’on mettait à la bride des chevaux de bataille pour les accoutumer au bruit (Zacharie 14.20). Le temps viendra, dit ce prophète, qu’on écrira sur les brides des chevaux ces mots : Consacré au Seigneur. On appelait, parmi les Grecs, un cheval qui n’a point oui le bruit de la sonnette, celui qui n’était point aguerri, et à qui on n’avait pas fait porter la clochette. On avait mis une sonnette d’or à chaque mâchoire des mulets qui conduisaient le convoi d’Alexandre le Grand.