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L’empereur Claude, dont il est parlé en quelques endroits de l’Écriture, succéda à Caïus Caligula, l’an de Jésus-Christ 41, régna treize ans, huit mois et dix-neuf jours, et mourut l’an 54. de Jésus-Christ. Le roi Agrippa contribua beaucoup à lui faire accepter et conserver l’empire qui lui avait été déféré par les soldats. Pour reconnaître ce service, il donna à Agrippa toute la Judéé, et à Hérode, son frère, le royaume de Chalcide Il finit le Procès qui était entre les Juifs d’Alexandrie et les autres bourgeois de la même ville, confirma les Juifs dans le droit de bourgeoisie qu’ils y avaient eu dès le commencement, et les maintint partout dans le libre exercice de leur loi et de leur religion ; mais il ne permit point qu’ils fissent d’assemblées à Rome.
Le roi Agrippa étant mort l’an 4. de Claude, de Jésus-Christ 44., l’empereur réduisit de nouveau la Judée en province, et y envoya Cuspius Fadus en qualité d’intendant. Ce fut vers le même temps qu’arriva la famine marquée dans les Actes des apôtres (Actes 11.28-30), et prédite par le prophète Agabus. Alors les chrétiens d’Antioche secoururent ceux de Jérusalem par les aumônes qu’ils leur envoyèrent par les mains de Saul et de Barnabé, l’an 44. de Jésus-Christ. Claude ordonna, l’année suivante, que l’habit pontifical du grand-prêtre demeurât au pouvoir des Juifs, au lieu que les intendants de la province voulaient en avoir la garde.
Dans le même temps, Hérode, roi de Chalcide, obtint de l’empereur d’avoir autorité sur le temple et sur l’argent consacré à Dieu, avec lé, pouvoir de déposer et d’établir les grands-pontifes. Enfin l’an 9 de Claude, et 49 de Jésus-Christ l’empereur fit chasser les Juifs de Rome (Actes 18.2). Il y a beaucoup d’apparence que les Chrétiens, que l’on confondait alors avec les Juifs, en furent aussi chassés ; et Suétone l’insinue assez, lorsqu’il dit que Claude chassa les Juifs de Rome à cause des troubles continuels qu’ils y excitaient à l’instigation de Chrestus. [Sur Chrestus, voyez Chrétien]. Voilà à-peu-près ce que l’on trouve sous le règne de Claude, qui puisse avoir plus de rapport aux affaires des Juifs et des chrétiens, et qui mérite de trouver place dans un dictionnaire de la Bible. Claude fut empoisonné par sa femme Agrippine, et il eut pour successeur Néron.
Tribun des troupes romaines, qui faisaient garde au temple de Jérusalem. Ayant vu le tumulte qui s’y était excité à l’occasion de Paul (Actes 21.27-28 ; 22.1-3), que les Juifs avaient arrêté et qu’ils voulaient faire mourir, il accourut et tira Paul de leurs mains. Il le fit lier de deux chaînes, et le mena dans la forteresse Antonia, où était la cohorte. Alors Lysias voulant connaître quel était le sujet de l’animosité des Juifs contre saint Paul, le fit étendre par terre, pour lui faire donner la question en le fouettant. Mais saint Paul ayant demandé s’il était permis de traiter ainsi un citoyen romain, Lysias eut peur et fit retirer ceux qui se disposaient à le fouetter.
Le lendemain, le tribun fit venir les pontifes et tout le conseil des Juifs, pour savoir au juste le sujet de l’émotion du jour précédent. Saint Paul leur parla, et sachant que l’assemblée était composée de pharisiens et de saducéens, il s’écria qu’il était pharisien et qu’il n’était accusé qu’à cause de la résurrection des morts. Il n’en fallut pas davantage pour mettre la division parmi ceux qui composaient l’assemblée. Les pharisiens prirent le parti de Paul, et comme le tumulte croissait, Lysias envoya des soldats pour enlever Paul du milieu de l’assemblée, et le ramener dans la tour Antonia, où il fut mis en prison.
Le jour d’après, plus de quarante Juifs ayant conjuré de faire mourir saint Paul, saint Paul en fut averti par son neveu, fils de sa sœur ; et le tribun l’ayant su par la même voie, fit préparer, la nuit suivante ; une bonne escorte, pour conduire Paul à Césarée. Voilà ce que nous connaissons de Lysias qui ait rapport à notre dessein.
Successeur de Cumanus dans l’intendance de la Judée. Félix fit solliciter Drusille, sœur du jeune Agrippa, à quitter Azize, roi des Emesséniens, son mari, pour l’épouser. Drusille y consentit et fit divorce avec Azize. Félix envoya à Rome Eléazar, fils de Dinée, chef d’une troupe de voleurs qui désolaient la Palestine. Félix fit aussi tuer le grand-prêtre Jonathas, qui se donnait quelquefois la liberté de lui représenter son devoir. Il dissipa une troupe de trois mille hommes qu’un Égyptien ; faux prophète, avait assemblés sur le mont des Oliviers. Enfin saint Paul ayant été amené à Césarée (Actes 23.26-27 ; 24.1-3), où Félix faisait sa résidence ordinaire., il le traita assez bien, et permit même que les siens le vissent et lui rendissent tous les services qu’ils voudraient, espérant que saint Paul se ferait racheter par une somme d’argent. Il ne jugea pas à propos ni de le condamner ni de le renvoyer en liberté, lorsque les Juifs l’accusèrent, il aima mieux remettre à juger l’affaire quand Lysias, qui commandait les troupes à Jérusalem et qui avait arrêté saint Paul, serait arrivé à Césarée.
Un jour Félix, étant avec sa femme Drusille, qui était juive de religion, fit venir saint Paul, et lui fit expliquer quelle était la religion de Jésus-Christ (Actes 24.24). Saint Paul parla avec sa hardiesse ordinaire, et comme il l’entretenait de la justice, de la chasteté et du jugement dernier, Félix en fut effrayé, et renvoya saint Paul dans sa prison. De temps en temps il l’envoyait ainsi quérir pour l’entendre, comme s’il eût voulu profiter de ses instructions ; mais il ne cherchait qu’à en tirer de l’argent. C’est ce qui fit qu’il laissa saint Paul pendant deux ans à Césarée, et qu’il ne voulut pas terminer son affaire, étant d’ailleurs bien aise de faire ce plaisir aux Juifs, qui étaient d’ailleurs extrêmement mécontents de lui. Il fut rappelé à Rome l’an 60 de Jésus-Christ, et plusieurs, Juifs y étant allés pour l’accuser des concussions et des violences qu’il avait commises dans la Judée, n’évita la mort que par le crédit de son rère Pallas, affranchi de l’empereur Claude. Félix eut pour successeur Porcius Festus.