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Chroniques
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

On donne le nom de Chroniques aux deux livres que nous appelons Paralipomènes, et les Hébreux Dibrei-Haiamim, ou Paroles des jours. Voyez Paralipomenes.

Les Juifs ont en leur langue des chroniques ou histoires, mais elles sont peu correctes et assez modernes. Nous avons parlé, sous le titre de Joseph, fils de Gorion, de l’histoire de cet auteur. Il y a outre cela sept Chroniques ou livres historiques parmi les Juifs, dont il est bon de dire un mot en cet endroit.

1° Seder-olam-Rabba, c’est-à-dire la grande Chronique, ou le grand ordre du siècle, ainsi nommée pour la distinguer de la petite Chronique, nommée Seder-olam-Seutalt, parce que celle-ci est plus courte et plus récente. On croit que Rabi José, fils de Chalipta, est l’auteur du Seder-olam-Rabba : il a vécu un peu après le commencement du second siècle, et a été, à ce que l’on dit, le maître de Rabi Juda le Saint, qui a composé la Misne. Mais le rabbin Azariar, dans la troisième partie de son Meor-enaim, dit en avoir vu un manuscrit où l’on avait marqué que l’auteur vivait sept cent soixante-deux ans après la destruction du temple de Jérusalem, ce qui revient à l’an de Jésus-Christ 832. Il est bien certain qu’il n’a écrit que depuis le Talmud de Babylone, car il y a quantité de fables et de rêveries que l’on voit clairement qui en sont tirées l’auteur ne parle guère que des événements qui sont contenus dans l’Écriture. Buxtorf dit qu’elle descend jusqu’au temps d’Adrien, et de la victoire remportée par cet empereur sur Barchocheba : ce qui prouve que le rabbin José n’en est pas l’auteur, c’est qu’il y est cité en plusieurs endroits l’auteur avance que le prophète Élie, après son enlèvement, a écrit dix lettres au roi Joram ; qu’il écrit dans le lieu de sa demeure l’histoire du monde ; que Job est le père de Balaam ; que Josué, après le passage du-Jourdain, écrivit la Loi en sept langues sur les douze pierres qu’il fit tirer du Jourdain.

La seconde Chronique des Juifs est intitulée : Jesu Both R. Serira Gaon : Les Réponses du R. Serira, le docteur sublime. C’est un traité historique écrit par demandes et par réponses : l’ouvrage est fort court l’auteur fut président à Babylone, et chef de toutes les écoles et des académies de ce pays-là. Il entra en charge en 967, et fut trente ans en possession de cette dignité, qu’il résigna à son fils le rabbin Haia, le dernier de ceux qui ont porté le nom de Gaon, ou docteurs sublimes. Ce fut de son temps, en 1037, que le roi de Babylone, qui était mahométan, chassa tous les Juifs de ses États, de sorte que toutes leurs écoles furent abandonnées. Serira avait écrit l’histoire de ces académies, et avait donné la succession des rabbins qui y avaient paru depuis le Talmud jusqu’à son temps.

La troisième Chronique a pour titre : Seder-olam-Zutha, ou la petite Chronique, à la distinction de Seder-olam-Rabba, dont on a parlé. La petite Chronique a été écrite mille cinquante-trois ans après la destruction du temple, c’est-à-dire l’an de Jésus-Christ 1123. Ou ignore qui en est l’auteur : il donne une histoire très-abrégée depuis la création du monde jusqu’à l’an 522 de Jésus-Christ. Depuis ce temps elle donne encore huit générations, mais il n’y a que les noms.

La quatrième Chronique est intitulée : Sepher Cabbala R. Abraham Levitoe Ben-Dior : le livre de la Tradition composé par le rabbin Abraham le Lévite, fils de Dior. Le principal dessein de.cet ouvrage est de donner la succession de ceux par les mains de qui ont passéles traditions des Juifs de génération en génération, depuis Moïse jusqu’à l’auteur, qui vivait l’an de Jésus-Christ 1160. Il suit beaucoup Joseph fils de Gorion, et est un de ceux qui lui ont donné plus de vogue.

La cinquième Chronique est le Sepher Juchasin, ou le livre des généalogies. Cet ouvrage est plus gros qu’aucun des quatre qu’on vient de nommer. Il commence à la création, et conduit l’histoire jusqu’à l’an de Jésus-Christ 1500 l’auteur est Abraham Jachuz, qui le publia à Cracovie, en Pologne, en l’an 1580. Il a soin de marquer la succession de la tradition des Juifs depuis le mont Sinaï, et les noms des docteurs qui les ont enseignées jusqu’à son temps.

La sixième Chronique a pour titre : Schalschelesh Hakabala, ou la Chaîne de la tradition. C’est un livre historique de même espèce que le précédent : l’auteur est Rabi Gedalia, fils de Jéchaia, qui le publia à Venise en 1587.

La septième Chronique est le Semach-David, ou Rejeton de David. Elle commence à la création, et descend jusqu’à l’an de Jésus-Christ 1592, qu’elle a paru à Prague en Bohême. Le sujet est le même que des deux précédents l’auteur est David Ganz, Juif de Bohême. Guillaume Henri Vorstius, fils de Conrade Vorstius, la traduisit en latin, et la fit imprimer à Leyde en 1644.

Chronique du prophète Moïse, intitulée en hébreu Dibrei-Hajamina-Schel-Mosé ; c’est un livre fabuleux de la vie de Moïse, imprimé à Venise en 1544., traduit en latin par M. Gaulmin.

Chronique des Samaritains ; elle a été publiée par M. Bernard, et communiquée aux journalistes de Leipsick. M. Basnage l’a insérée avec des remarques dans son Histoire des Juifs. Elle commence à la création du monde, et continue jusqu’à la prise de Samarie par Saladin en 1187 : elle est très-courte et très-peu exacte. Voyez l’article Samaritains.

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