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Cestius-Gallus
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Gouverneur de Syrie de la part des Romains. Ce fut sous son gouvernement que commença la révolte des Juifs. Florus, gouverneur de Judée ; avait poussé à bout la patience de ce peuple par ses injustices, ses vexations, ses cruautés. Il ne désirait rien tant que de voir la rébellion et la guerre s’allumer dans le pays, sachant que si jamais On venait à rechercher sa vie, il ne pourrait éviter les derniers châtiments. Ainsi il n’oubliait rien pour mettre les Juifs eux-mêmes dans leur tort, en les forçant en quelque sorte à prendre les armes contre les Romains. Cestius étant venu à Jérusalem, l’an 66 de Jésus-Christ, à la fête de Pâque, les Juifs lui firent de grandes plaintes de Florus. Il leur fit espérer que Florus changerait de conduite ; mais Florus se moqua de tout cela, et dès que Cestius s’en fut retourné, il recommença à tourmenter les Juifs, ce qui les réduisit au désespoir.

Pendant que Cestius était à Jérusalem, comme il voyait la province toute disposée à la révolte, il voulut savoir le nombre des Juifs qui étaient venus à la fête de Pâque, afin qu’il pût mander à Néron que cette nation n’était point aussi méprisable qu’il le croyait. Il pria donc les pontifes de compter les agneaux que l’on immolait pour la Pâque, depuis trois heures du soir jusqu’à cinq. Il n’y avait que les Juifs seuls qui en immolassent, et il n’y avait parmi les Juifs que ceux qui étaient purifiés qui en mangeassent : Un agneau servait quelquefois pour vingt personnes et jamais pour moins de dix. On compta donc les agneaux, et on en trouva deux cent cinquante-cinq mille six cents ; ce qui, à ne prendre que dix personnes pour chaque agneau, faisait deux millions cinq cent cinquante-six mille personnes. Peu de temps après le retour de Cestius, les Juifs se révoltèrent et prirent les armes.

Cestius en étant informé, s’avança vers la Palestine avec une puissante armée. Il réduisit d’abord la Galilée par Cesennius Gallus, qu’il y envoya, il prit Lidda et Joppé en chemin faisant, et vint camper près de Gabaon, à deux lieues de Jérusalem. Les Juifs quittèrent la fête des tabernacles qu’ils célébraient alors, et vinrent fondre sur Cestius avec tant de vigueur et d’impétuosité, qu’ils ébranlèrent l’armée romaine et faillirent de la rompre. Cestius demeura trois jours en cet endroit, et à Béthoron, environné de Juifs et en danger de n’en pas sortir sans perte. Mais Agrippa ayant envoyé de sa part offrir aux Juifs la paix et le pardon, s’ils voulaient quitter les armes, cela mit lit : division parmi eux, et Cestius, profitant de l’occasion, les poussa si vivement, qu’il les rompit et les poursuivit jusqu’à Jérusalem.

Il demeura trois jours campé en un lieu nommé Scopos, ou la Guérite, à un grand quart de lieue de la ville, sans l’attaquer néanmoins ; comme s’il eût cru que les Juifs se rendraient d’eux-mêmes. Le quatrième jour, qui était le 30 d’octobre, il s’avança en bataille, et donna un tel effroi aux séditieux, qu’ils se renfermèrent dans la dernière enceinte de la ville, et dans le temple, lui abandonnant le reste où il mit le feu. On convient que s’il eût donné ressaut à l’heure même, il aurait emporté la ville, et aurait fini la guerre dès ce jour-là. Mais il en fut détourné par plusieurs de ses officiers, qui av, aient été gagnés par Florus, comme le croit Josèphe.

Les cinq jours suivants, il chercha quelque endroit des murailles qu’il pût forcer ; mais il n’en trouva point, les séditieux faisant bonne garde partout. Le sixième jour, qui était le 5 de novembre, il fit donner un grand assaut contre une des portes du temple ; ce qui remplit les séditieux d’un tel efroi, qu’ils étaient prêts à abandonner la ville et à se retirer, et que le peuple, qui désirait la paix, se disposait à ouvrir la porte aux Romains. Mais tout d’un coup Cestius, qui ne connaissait point son avantage, fit cesser l’assaut ; et, sortant de la ville, s’en retourna à son camp de Scopos. Les séditieux le poursuivirent et lui tuèrent dans sa retraite beaucoup de gens de pied et de cheval.

Le lendemain il décà mpa de Scopos, pour regagner son premier camp de Gabaon ; mais il fut toujours suivi par les Juifs, qui, le prenant en queue et en flanc, lui tuèrent un grand nombre de soldats, et lui prirent la plus grande partie de son, bagage. Il demeura deux jours à Gabaon, sans savoir à quoi se résoudre. Enfin le troisième, qui était le 8 de novembre, voyant que le nombre des Juifs croissait toujours, il se mit en chemin, abandonnant le bagage, et faisant tuer toutes les bêtes de somme, à la réserve de celles qui portaient les machines, et les javelots. Les Juifs le poursuivirent, mais assez faiblement, jusqu’à une descente fort étroite, où ils l’attaquèrent de front et de tous côtés. Le combat dura jusqu’à la nuit. Les Romains y perdirent quatre mille hommes de pied, et près de quatre cents chevaux. La nuit donna lieu aux Romains de se retirer à Béthoron.

Mais Cestius se voyant environné par les Juifs de tous côtés, ne jugea pas à propos d’attendre le jour pour décamper ; il partit la nuit même, et laissa dans Béthoron quatre cents hommes, avec ordre de monter sur les plates-formes des maisons, et de crier par reprises, comme les sentinelles, durant la nuit, afin que les Juifs crussent que toute l’armée y était encore. Le lendemain au matin, les Juifs tombèrent sur ces quatre cents hommes, les taillèrent en pièces et se mirent à poursuivre Cestius. Mais il avait fait tant de diligence, qu’ils ne le purent atteindre. Il leur abandonna ses machines, dont ils firent dans la suite grand usage durant le siège de Jérusalem. Cestius ne survécut guère à cette déroute. Il mourut l’année suivante, 67 de Jésus-Christ.

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