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Arbre fameux dans les Écritures.
Il y en a encore aujourd’hui sur le Liban, mais en assez petit nombre, au-dessus et à l’orient de Biblos et de Tripoli : on n’en voit point ailleurs dans ces montagnes ; mais il y a apparence qu’autrefois il y en avait beaucoup davantage, puisqu’on en employait à tant de grands ouvrages. Ces arbres sont d’une grosseur et d’une grandeur prodigieuses. Entre ceux qu’on voit aujourd’hui sur le Liban, on dit qu’il y en a qui ont trente-cinq et quarante pieds de grosseur. Le cèdre jette ses branches à dix ou douze pieds de terre : ses branches sont grandes et éloignées les unes des autres, ses feuilles sont assez semblables à celles du romarin ; il est toujours vert, et distille une espèce de gomme, à qui l’on attribue différents effets. Son bois est incorruptible, beau, solide, tirant sur le brun ; il porte une petite pomme semblable à celle du pin, si ce n’est que l’écorce en est plus délicate, plus unie et moins ouverte. [Voyez le Voyage en Orient, de M. de Lamartine, 23 avril 1833, tome 2 page 261 et suivants 265, et la Correspondance d’Orient, Lettr : CL, de M. Poujoulat, tome 6, page 2611-263.1]
Le cèdre aime les lieux froids et les montagnes, et si on lui taille la cime, il meurt. Les branches qu’il pousse d’espace en espace, et par certains intervalles, en diminuant toujours jusqu’en haut, forment comme une espèce de roue, et s’élèvent en forme de pyramide. Bruyn, dans son voyage de la Terre-Sainte ; dit que les feuilles du cèdre montent en haut, et que le fruit pend en bas. Ce fruit est fait, en pommes semblables à celles des Perses, mais plus longues, plus dures et plus nourries, et sont difficiles à détacher de leur queue ; elles contiennent une graine semblable à celle du cyprès, et jettent une résine grosse, épaisse, transparente, d’une odeur forte, qui n’est point coulante, mais qui tombe goutte à goutte. Cet auteur dit qu’ayant eu la curiosité de mesurer deux cèdres du Liban, de ceux qui lui parurent les plus gros, il trouva que l’un avait cinquante-sept paumes de tour, et l’autre quarante-sept. Il croit des cèdres non-seulement sur le Liban, mais aussi en quelques endroits de l’Afrique dans l’île de Cypre, et dans celle de Crête ou de Candie. Les naturalistes distinguent plusieurs sortes de cèdres ; mais nous nous bornons à celui du Liban, qui est le seul dont parle l’Écriture. On se servait de cèdres pour faire des statues qu’on voulait qui fussent d’une longue durée l’on se servait de ce bois non-seulement pour des poutres et pour des ais qui couvraient les édifices, et servaient de plafond aux appartements, on le mettait aussi dans le corps des murailles, et on les arrangeait avec la pierre, en sorte qu’il y avait, par exemple, trois rangs de pierre et un rang de bois de cèdre (1 Rois 6.36 ; 7.12 ; Esdras 6.3-4). Quelquefois ces bois étaient posés d’un parement de mur à l’autre, alternativement avec des rangées de pierres, qui allaient aussi d’un parement à l’autre, et qui faisaient à chaque parement, comme un échiquier. Le temple de Jérusalem et le palais du roi Salomon étaient bâtis de cèdres, et il y en avait une si grande quantité, que quelquefois le temple est appelé Liban (Zacharie 11.1), et que la maison où Salomon logeait, à Jérusalem, est nommée la maison du bois du Liban. Doms Jaltus Libani (1 Rois 7.2 ; 10.10). Le toit du temple de Diane d’Éphèse était aussi de cèdre, selon Pline. Josèphe dit que Salomon planta des cèdres dans la Judée, en si grande quantité, qu’on y en vit autant que de sycomores, qui sont des arbes très-communs dans ce pays-là.
On attribuait apparemment au cèdre une vertu purgative, puisque Moïse ordonne que dans la purification d’un lépreux, on emploie ce bois avec l’hysope pour faire un bouquet (Lévitique 14.4), avec lequel on arrose le lépreux. Voici comme était fait ce bouquet : on prenait une branche de cèdre et une branche d’hysope, avec un oiseau pur ; on liait le tout avec un ruban de pourpre ou cramoisi, de manière toutefois que l’oiseau avait la tête du côté du manche ; on trempait ce bouquet dans une eau où l’on avait fait couler, le sang d’un autre oiseau pur, on en arrosait le lépreux, puis on lâchait l’oiseau vivant, et on le mettait en liberté. On se servait aussi d’un pareil bouquet, à l’exception qu’on n’y tnettait point d’oiseau vivant, dans les aspersions qui se faisaient le jour de l’expiation solennelle, avec le sang de la vache rousse (Nombres 19.6).