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Le mont Garizim ou Guérizim et le mont Ébal, sont deux sommets des montagnes d’Éphraïm, situés vis-à -vis l’un de l’autre en demi-cercle, et formant l’étroite vallée au fond de laquelle se trouve la ville de Sichem ou Naplouse. Le mont Ébal, le plus septentrional, est un rocher désert et aride, d’un aspect triste et sévère ; aucune herbe ne croît sur ses flancs désolés, et les sombres cavernes y abondent. Le Garizim, qui s’élève au midi, est au contraire fertile, d’un aspect riant, riche en verdure, émaillé de fleurs et abondant en fruits de toute espèce. Ces deux montagnes avaient été choisies par le législateur mourant pour y célébrer la fête sérieuse et solennelle de l’alliance de l’Ancien Testament (Deutéronome 11.29 ; 27.12). Sur le mont Ébal, dont le front portait déjà l’empreinte sinistre de la ruine, six tribus durent répondre : Amen ! aux malédictions qui devaient être prononcées contre les transgresseurs de la loi ; ce fut aussi là qu’on érigea l’autel et qu’on offrit les holocaustes et les sacrifices, sur la même montagne où le péché devait être montré et représenté avec ses terribles conséquences ; le remède devait se trouver à côté du mal et les promesses à côté de la transgression, à côté de grandes malédictions un grand sacrifice. Une scène bien différente aurait dû se passer au même moment sur le mont Garizim dont déjà la nature avait fait un emblème de bénédiction ; là , les six autres tribus auraient dû répondre : Amen ! aux promesses de bénédiction faites à ceux qui auraient accompli les exigences de la loi divine. Cette bénédiction sur le mont Garizim n’a jamais été rapportée par l’Ancien Testament. L’ordonnance de la solennité de cette grande fête était comme le sommaire de la législation mosaïque, le point dans lequel se trouvait concentrée et le plus fortement prononcée la profonde signification de cette ancienne économie, le cadre, le miroir dans lequel se reflétait par avance le but de tout ce système préparatoire.
Il y a entre le texte hébreu et le texte samaritain, au sujet de la célébration de cette fête nationale, une différence de version sur laquelle on a beaucoup écrit et beaucoup discuté. Dans le samaritain de Deutéronome 27.4, on lit Garizim, tandis que l’hébreu, appuyé de toutes les anciennes versions, porte Ébal. Mais les Samaritains sont à juste titre suspects d’avoir altéré sciemment le texte sacré pour le mettre d’accord avec leurs coutumes ; en effet, après le retour de l’exil, ils bâtirent sur le mont Garizim un temple qui fut détruit deux siècles plus tard par Jean Hyrcan ; cet endroit n’en continue pas moins d’être regardé par eux comme sacré et béni ; et le petit reste de Samaritains qui sont encore actuellement à Naplouse, l’appellent toujours le mont sacré, et y tournent leur visage quand ils font leur prière. Il y a plusieurs autres traditions sur ce sujet : quelques-uns disent que les Samaritains, outre le vrai Dieu, adoraient des idoles qu’ils tenaient cachées sur cette montagne (cf. 2 Rois 17.33). Les Samaritains prétendent aussi que Jacob construisit des autels sur le Garizim, et que c’est là qu’Abraham se rendit pour sacrifier Isaac ; mais voir Morija.
Eusèbe et saint Jérôme placent ces deux montagnes beaucoup plus loin, à l’orient de Jéricho et de Guilgal ; et Epiphane va jusqu’à les mettre au-delà du Jourdain ; ces opinions ne sont pas soutenables ; Garizim était si près de Sichem que Jotham, fils de Gédéon, parla du haut de la montagne aux Sichémites assemblés dans la vallée (Juges 9.7).