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1°. Premier fils de Jacob par sa concubine Zilpa (Genèse 30.14). Il eut sept fils nommés (Genèse 46.16), mais qui sont du reste inconnus. La tribu de ses descendants comptait, lors de la sortie d’Égypte, 45650 hommes en état de porter les armes ; après la débauche de Sittim elle n’en comptait plus que 40500 (Nombres 1.25 ; 26.18). Gad, recevant la bénédiction paternelle de Jacob mourant, put lire une partie de sa destinée dans ces brèves paroles : « Des troupes viendront le ravager, mais il ravagera à la fin » (Genèse 49.19), et Moïse dit de lui : « Il habite comme un vieux lion et déchire bras et tête. Il a pris pour lui-même l’entrée du pays, parce que c’était là qu’était cachée la portion (les restes) du législateur : Il est venu avec les principaux de son peuple, il a exécuté les jugements de Dieu avec Israël » (Deutéronome 33.20-21). Enfin nous trouvons (1 Chroniques 12.8) ce jugement porté sur les Gadites : « Leurs visages étaient comme des faces de lions, et ils semblaient des daims tant ils couraient légèrement ». La fable du testament des douze patriarches donne sur Gad une indication du même genre, en lui attribuant une force corporelle extraordinaire. On voit par l’histoire de l’Ancien Testament comment furent accomplies ces différentes prophéties. Les Gadites, avec les tribus de Ruben et de Manassé, riches en bétail, ayant vu combien les contrées de Jahzer et de Galaad possédaient d’excellents pâturages, désirèrent de s’y établir, et en obtinrent de Moïse la permission, à condition, toutefois, qu’ils aideraient les autres tribus à conquérir la terre promise, ce qu’ils firent de fort bonne grâce et en marchant à la tête des autres tribus (Josué 4.12). Puis craignant que plus tard on ne vînt à leur refuser le titre de fils d’Israël, les tribus transjourdaines élevèrent un autel de grande apparence sur les bords du Jourdain ; accusées de vouloir se faire un culte à part, elles se justifièrent devant les tribus, qui se réjouirent et bénirent Dieu de ce qu’une même foi continuait de les réunir autour du même trône (Josué 22 ; voir Hed). Quoiqu’elles eussent été autorisées par Moïse à s’établir en dehors des limites du pays de Canaan, ces tribus ne furent pas bénies, et se virent les premières emmenées en captivité (2 Rois 15.29.) Le pays de Gad (Josué 13.24-28), était situé au nord de Ruben, en Galaad (Nombres 32.26-29, 34), borné à l’est par le ruisseau d’Hammon, au nord par le Jabbok, à l’ouest par le Jourdain depuis la mer Morte jusqu’au lac de Génézareth : la prophétie (Genèse 49.19) fut accomplie dans la lutte entre les Ammonites et Galaad (Juges 10 et 11), qui se termina à l’avantage du peuple de Dieu. Torrent de Gad (2 Samuel 24.5 ; voir Aroër).
2°. Gad, prophète qui était le voyant de David (2 Samuel 24.14), resta toujours fermement attaché à son maître, et le suivit dans ses disgrâces sous Saül ; il lui conseilla de quitter le pays de Moab où il s’était retiré, et de revenir en Juda où il pourrait réunir quelques partisans (1 Samuel 22.5ss). Ce fut encore Gad qui vint trouver David après que celui-ci eut ordonné le dénombrement de son peuple ; et il lui offrit, de la part de Dieu, le choix entre trois fléaux, la famine pendant sept ans, la fuite pendant trois mois, ou la peste pendant trois jours. David choisit la peste ; Dieu abrégea encore le châtiment, mais envoya de nouveau Gad auprès de David, pour lui ordonner de dresser un autel dans l’aire d’Arauna (1 Samuel 24.11-18 ; 1 Chroniques 21.9-18). Gad fut, ainsi que Nathan, chargé de faire connaître à son roi les ordres divins sur le culte des lévites dans la maison de l’Éternel (2 Chroniques 29.25). On ne sait rien de plus sur l’activité de ce prophète, on ne connaît rien de sa personne, ni de son caractère, mais il paraît d’après 1 Chroniques 29.29, qu’il appartenait à la classe lettrée ; on y voit du moins qu’il écrivit une vie de David : on présume qu’il appartenait à l’école de Samuel.
3°. Le passage de Ésaïe 65.11, dont la fin doit se traduire : « Qui dressez une table à Gad, et qui versez des libations à Meni », mentionne deux divinités sur le rôle desquelles on n’est pas d’accord. Les Israélites leur rendaient un culte de lectisternia (tables dressées devant les idoles). Comme ces deux noms ne se trouvent que dans ce seul passage, il est très difficile de rien préciser sur les idoles qu’elles désignent, si même il s’agit d’idoles proprement dites. Gesenius et Winer prétendent que Gad, qui signifie fortune, bonheur, est ici la planète de Jupiter, Bel, ou l’astre de la fortune dans les religions astrolâtres de l’Asie antérieure (Rabbi Mose et tous les autres rabbins après lui) ; ce serait la fortuna major, voir Chaldée ; d’après les mêmes auteurs, Meni (de manah, compter, ranger, ordonner) serait la planète de Vénus, fortuna minor : d’autres pensent qu’il s’agit peut-être du zodiaque, d’autres du système planétaire en entier ; Calmet, enfin, traduit Gad par le soleil et Meni par la lune. Peut-être ne faut-il pas chercher un objet général et déterminé pour ces deux divinités ; le culte auquel le prophète fait allusion pouvait être un simple culte domestique, un hommage rendu au génie de la maison et de la famille ; Gad, chez les Juifs postérieurs, exprime ce que nous appellerions un génie, tandis que la planète de Jupiter a un nom particulier, Tsèdek ; on trouve mentionnée dans le Lexic. talmudic. de Buxtorf, f° 387, une habitude qui semble avoir tiré son origine de la même cérémonie contre laquelle le prophète adresse aux Juifs ces reproches : « Ils avaient anciennement, dit-il, dans leurs maisons, un lit splendide (pour se mettre à table), qui ne servait absolument à personne qu’au chef de la maison, ou à la constellation de la fortune, pour se la rendre favorable ; on l’appelait en conséquence lit de la bonne fortune ». Dans ces deux chapitres d’Ésaïe 65 et 66, le culte illicite reproché aux Juifs ne paraît pas être l’idolâtrie proprement dite, mais un culte extérieur de Jéhovah (66.1-3), entremêlé de cérémonies païennes, et un commerce avec les démons, défendu par la loi (65.3-4 ; 66.17) ; mais aucun de ces passages ne parle explicitement de fausses divinités ou idoles. D’après l’étymologie de Gad et de Meni, il paraîtrait donc que la meilleure traduction de ces deux mots serait la fortune et le destin. L’opinion de Calvin, du reste, est bonne à enregistrer comme toujours : traduisant Gad par troupes (cf. Genèse 30.11 ; dans Martin), il lit : Vous dressez la table à une multitude (de divinités), vous offrez des libations à un grand nombre ; c’est-à-dire, vos superstitions n’ont pas de fin, ceux qui abandonnent le vrai Dieu ne savent plus où s’arrêter. On voit la même chose chez les papistes, ajoute le réformateur.