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Prophète israélite, que Dieu appela à exercer son ministère sous le règne de l’impie Achab, dans un temps où, sans une intervention divine, le peuple tout entier semblait près de tomber dans l’idolâtrie. La Bible ne nous dit rien sur sa famille, ni sur la première partie de sa vie. Nous savons seulement qu’il était originaire de Thishbé, en Galilée (1 Rois 17.1 ; cf. Jean 7.52). Dieu l’ayant chargé d’un message qui devait lui attirer la colère d’Achab, la prédiction d’une grande sécheresse, lui ordonna ensuite de se retirer dans une partie reculée du pays, au bord du Kérith, où il fut nourri d’une manière miraculeuse, par des corbeaux, parce que le lieu de sa retraite devait être ignoré. Cependant, au bout d’un an, le Kérith ayant été mis à sec par cette sécheresse qui ravageait le pays, Élie reçut l’ordre de se rendre à Sarepta en Phénicie, où une veuve devait pourvoir à son entretien ; il fallait de la foi certainement pour se hasarder ainsi à entrer dans le pays de Jézabel, mais la foi d’Élie avait été affermie par les expériences qu’il venait de faire auprès du torrent, et son espérance ne fut point trompée : non seulement il trouva un sûr asile dans la maison de cette femme, mais il devint pour elle un instrument de bénédiction ; il la sauva de la famine, rendit la vie à son fils et lui fit connaître le Dieu d’Israël (1 Rois 17, 2ss ; cf. Luc 4.25). Vers la fin de la quatrième année depuis le commencement de la famine, Élie se rendit auprès du roi, et lui offrit de lui prouver par une épreuve solennelle que ce malheur devait être considéré comme un juste châtiment de l’idolâtrie. Plusieurs centaines de prêtres de Baal furent rassemblés sur le promontoire de Carmel, en présence du roi et de sa cour, et là le prophète commença par représenter au peuple l’inconséquence dont il se rendait coupable en cherchant à allier le service de Baal avec celui du vrai Dieu, et la nécessité de prendre parti pour l’un ou pour l’autre.
L’événement devait déterminer ce choix. Les faux prêtres prient, crient, sacrifient, et se font des incisions dans la chair ; mais aucun dieu n’est là pour répondre. Élie supplie l’Éternel de se manifester, et sa prière est exaucée ; le feu du ciel, que les prêtres idolâtres n’ont pu obtenir par toutes leurs processions et leurs macérations, descend sur l’autel, et le peuple entier tombe à genoux en s’écriant : « C’est l’Éternel qui est Dieu, c’est l’Éternel qui est Dieu » (1 Rois 18).
Ce chapitre peut être appelé l’Histoire de la Réformation d’Israël ; on y trouve chez les idolâtres et chez le prophète les caractères qu’on a remarqués dans le mouvement du seizième siècle. Cependant Élie ne devait pas s’enorgueillir de ce triomphe ; le Seigneur le fit bientôt après passer de nouveau par de grandes tentations qui devaient le maintenir dans l’humilité ; c’est ainsi qu’il agit toujours avec ses plus illustres serviteurs. Forcé de fuir devant une nouvelle persécution de Jézabel, Élie se rend dans le désert de Sinaï, où il est saisi d’un profond découragement ; mais le Seigneur le relève par une action symbolique, et lui ordonne d’oindre Hazaël pour roi de Syrie, Jéhu pour roi d’Israël, et de choisir Élisée pour son successeur dans l’office prophétique ; ces ordres impliquaient la promesse que ces trois personnages seraient les instruments de la miséricorde comme de la justice divine envers son peuple (1 Rois 19.1ss).
Un peu plus tard, nous trouvons encore le prophète chargé de la pénible tâche d’annoncer à l’impénitent Achab les châtiments nouveaux qu’il s’est attiré par le meurtre de Naboth ; il s’en acquitte avec une entière fidélité, (1 Rois 21.17ss). Sous le règne d’Achazia, il sort de la retraite qu’il s’était choisie, et fait annoncer au monarque malade et à moitié idolâtre, l’issue fatale de la maladie dont il est atteint : c’est dans cette occasion qu’à sa prière le feu du ciel consuma les gens de guerre envoyés pour le saisir (2 Rois 1.3ss). Élie agit en cela comme exécuteur de la justice divine ; agent d’une théocratie, il frappe de peines ecclésiastiques sévères ceux qui l’outragent, comme fit plus tard Élisée ; c’est l’esprit de la loi ; les paroles de Jésus (Luc 9.55), ne font rejaillir aucun blâme sur Élie, elles déclarent seulement ces peines, ce zèle, ce mode d’agir incompatible avec l’esprit de la nouvelle économie. Peu après la mort d’Achazia, Élie fut aussi appelé à quitter ce monde ; mais Dieu, voulant ratifier et glorifier de nouveau son ministère, le retira à lui avec des circonstances surnaturelles, et sans le faire passer par la mort. Élisée, son disciple et son successeur, fut cependant le seul témoin de son enlèvement (2 Rois 2.4ss).
Cette ascension était le chant de l’immortalité. Neuf siècles plus tard, ce même homme glorifié, le représentant de la prophétie, s’entretenait avec son Sauveur sur le mont Thabor, de même que Moïse le représentant de la loi : ils parlaient de la Rédemption.
L’Ancien et le Nouveau Testament sont pleins de la gloire d’Élie : celui qui devait annoncer aux hommes la venue prochaine du Messie, Jean Baptiste, porte par avance le nom du grand prophète (Malachie 4.5), voir encore Jean 1.21 ; Luc 1.17 ; Romains 11.2 ; Jacques 5.17 ; et ailleurs.