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Jeune fille israélite de la tribu de Benjamin, fut, dans la main de la providence, un instrument pour sauver d’une complète destruction une grande partie de ceux de ses compatriotes qui, au lieu de retourner en Judée après la captivité de Babylone, étaient restés en Perse. Sa beauté fit tomber sur elle le choix du roi Assuérus. Elle devint son épouse, et lorsque les Juifs du royaume furent sur le point d’être sacrifiés à la vengeance de l’orgueilleux Haman, elle s’exposa pour eux de la manière la plus généreuse : elle profita de sa haute position pour intercéder en leur faveur, quoiqu’elle sût bien que sa démarche pouvait lui coûter le trône et même la vie. La conduite d’Ester, en cette circonstance, est un beau commentaire de 1 Jean 3.16. C’est le récit de cette délivrance remarquable qui forme le sujet du livre de l’Ancien Testament qui porte le nom de l’héroïne, et le souvenir en fut consacré chez les Israélites par la fête de Purim.
Les détails que nous trouvons dans le livre d’Ester sur les mœurs, les lois, la constitution du royaume de Perse, sont confirmés par les historiens profanes ; ainsi nous lisons (2.18), qu’Assuérus diminua les impôts à l’occasion de son mariage, et Hérodote (3.66) nous apprend que c’était, en effet, un usage des rois de Perse en de semblables occasions. Nous voyons (4.11 ; 5.2), que toute personne qui paraissait devant le roi sans y être appelée, était punie de mort, à moins que le roi n’étendît vers elle son sceptre d’or en signe de pardon, et Hérodote confirme ce fait (1.96, etc.). L’ouvrage de Brisson, De regio Persarum principatu, fournit matière à beaucoup de rapprochements semblables ; et le grand historien Heeren a été tellement frappé du caractère de vérité empreint sur les pages du livre d’Ester, qu’il le considère comme l’une des principales sources pour l’histoire de ce temps (Ideen I, p. 65). La fête de Purim, qui est mentionnée (2 Maccabées 15.37), est encore un témoignage vivant de la crédibilité de ce récit ; car il fallait de bien puissants motifs pour engager les Juifs à ajouter une nouvelle fête nationale à celles qui étaient instituées par le Pentateuque.
Quelques auteurs, et même des chrétiens, ont remarqué avec étonnement l’absence complète du nom de Dieu dans ce livre ; mais cette circonstance s’explique si, comme cela est très probable, l’ouvrage a été composé d’après des matériaux tirés des annales du royaume de Perse. D’ailleurs, si le nom de Dieu n’y paraît pas, l’action de la providence y est tellement sensible d’un bout à l’autre, on y voit avec tant d’évidence que tous les événements sont disposés par la souveraine sagesse, et que ce que les hommes appelleraient hasard, circonstance fortuite, sont les moyens que Dieu a choisis, qu’on pourrait dire que ce livre lui-même est un nom perpétuel de Dieu ; c’est le livre de la justice distributive par excellence ; on pourrait lui donner pour épigraphe (2 Pierre 2.9) : « Le Seigneur sait délivrer de la tentation ceux qui l’honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement ». L’auteur est inconnu, mais l’on a supposé avec beaucoup de vraisemblance que ce pouvait être Mardochée lui-même, le parent et tuteur de Esther.