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Les devins, les magiciens, les Chaldéens et les enchanteurs avaient beaucoup de caractères communs ; tous ils s’adonnaient aux sciences occultes, tous ils ne craignaient pas d’user d’artifices pour suppléer à la faiblesse de leur art, tous enfin conduisaient à l’idolâtrie, et ils étaient tous en conséquence sévèrement proscrits par Moïse. Nous les voyons de bonne heure mentionnés dans l’Écriture ; la première fois que nous les voyons paraître, c’est dans l’histoire des magiciens d’Égypte (Exode 7 et 8, dont deux sont nommés Jannès et Jambrès, 2 Timothée 3.8), qui imitèrent les miracles de Moïse, jetèrent leurs verges qui devinrent des dragons, changèrent les eaux en sang, firent monter des grenouilles sur le pays, et ne reconnurent enfin le doigt de Dieu que lorsqu’ils y furent contraints par leur impuissance à imiter la création des poux.
Quelques théologiens nous expliquent comment les enchanteurs s’y sont pris pour contrefaire les miracles de Moïse et d’Aaron. Nous ne prétendons pas à la même sagacité. Tout ce que nous savons, c’est que l’Écriture prend les enchanteurs au sérieux. Le Pentateuque déjà renferme des directions positives contre ceux qui pourraient s’adonner aux arts occultes, ou les rechercher dans autrui (Exode 22.18 ; Lévitique 20.27 ; Deutéronome 18.10-11). Les termes employés pour désigner les diverses nuances du métier, sont ceux de devin, pronostiqueur, augure, sorcier et sorcière, enchanteur, homme qui consulte Python, homme qui consulte les morts, diseur de bonne aventure, etc. Cette funeste industrie, comme on le voit, avait déjà tous ses degrés et ses subdivisions. Les noms par lesquels sont caractérisés les enchanteurs de toutes espèces, sont, outre ceux que nous avons déjà marqués à l’art. Divination :
a. Mecasheph (Exode 7.11 ; Deutéronome 18.10 ; Daniel 2.2), ou Cashaph (Jérémie 27.9 ; cf. 2 Chroniques 33.6 ; Exode 22.18 ; 2 Rois 9.22 ; Michée 5.12 ; Nahum 3.4 ; Ésaïe 47.12). Quelques-uns entendent par là ceux qui sont habiles dans l’art de calculer les éclipses, et qui les annoncent pour certaines époques comme des effets de leur propre volonté (Virg. jen. 4, 489.). Il est plus probable cependant qu’il faut avec Rosenmuller prendre ce mot dans une acception tout à fait générale, et le dériver du mot syriaque correspondant qui signifie prier à voix basse, rendre un culte ; puis, adorer, et être idolâtre : l’enchanteur aurait reçu ce nom soit à cause de sa relation avec l’idolâtrie, soit parce qu’il murmure des formules au moyen desquelles il donne ou enlève les charmes.
b. Hhober hhabarim (Psaumes 58.5 ; Deutéronome 18.11 ; Ésaïe 47.13) et Ashaph (Daniel 1.20 ; 2.2-10 ; 4.6). On l’entend ordinairement des charmeurs de serpents (le verbe Hhabar signifie lier, associer, réunir), qui rendent doux et sociables des animaux en général farouches et sauvages ; voir Aspic. D’autres donnent à Hhabar la signification (arabe) de partager, couper, trancher, et l’entendent des astrologues qui, divisant le ciel en zones, vont chercher leurs horoscopes dans les positions relatives des astres dans ces différentes bandes. Les ashaph (mot parent de cashaph, voir plus haut) étaient essentiellement des conjureurs d’animaux, scorpions, serpents, etc.
c. Les Oboth, ou conjureurs de morts (Ésaïe 8.19), nécromanciens qui interrogent les tombeaux ; voir Python.
d. Latim est le nom que donne Moïse aux enchantements dont se servirent les magiciens hébreux pour contrefaire ses miracles (Exode 7.11-22 ; 8.7-18). Ce mot signifie secret, mystérieux, occulte, et se rapporte parfaitement aux procédés secrets par lesquels ils réussissaient à forcer la nature.
e. Les Onenim (Ésaïe 2.6 ; 57.3) ou Meonenim (Lévitique 19.26 ; Deutéronome 18.10 ; 2 Rois 21.6). Les Talmudistes font dériver ce mot, de On, ou plutôt Eyn, qui signifie œil, et ils le traduisent par : ceux qui enchantent avec l’œil ; on compare alors le mauvais œil si célèbre chez tous les peuples, cet œil qui jette des sorts fâcheux, que les Grecs redoutaient, et que presque toutes nos populations redoutent encore (Calmet, Winer). D’autres comparent le mot anan, nuage, et pensent à ces magiciens qui vont chercher dans le cours des nuages l’histoire des hommes et des événements. La forêt de chênes dont il est parlé en Juges 9.37, appartenait à des devins de cette catégorie.
Répétons encore, après ces énumérations, ce qu’on aura déjà pu voir a leur simple lecture, qu’il règne beaucoup d’incertitude sur l’exacte définition de plusieurs de ces artifices ; il est même évident que plus d’une fois un terme est employé pour un autre, et dans une acception tout à fait générale.
La règle que l’Écriture nous donne, pour distinguer les vrais miracles des faux, est la même que pour distinguer la saine de la fausse doctrine, à savoir les bonnes œuvres (Deutéronome 13.1-2 ; Jean 7.17).
Il est souvent parlé des charmeurs de serpents, soit dans la Bible (Psaumes 58.5 ; Job 40.24 ; Ecclésiaste 10.11 ; Jérémie 8.17), soit dans les auteurs profanes. Saint Augustin va même plus loin, bien loin, quand il raconte les métamorphoses orientales d’hommes changés en ânes, en chameaux, etc.
La musique a été employée quelquefois comme charme contre les maladies de l’esprit, et son influence n’est point douteuse, comme elle n’a rien non plus qui doive surprendre (1 Samuel 16.14-15) ; Gallien met en avant son autorité, qu’il appuie de celle encore plus grande d’Esculape.
Il paraît que le serpent d’airain, longtemps conservé en Israël, servit à favoriser le penchant du peuple juif pour le merveilleux, et le roi Ézéchias dut le mettre en pièces pour faire cesser l’abus (2 Rois 18.4).
À l’époque de notre Sauveur, la magie couvrait une partie de l’Orient ; enchanteurs vrais et faux spéculaient sur le peuple ; païens et juifs couraient cette carrière, et ces derniers prétendaient tenir leurs secrets des révélations du roi Salomon (Josèphe, Antiquités judaïques 8.2-5) ; Simon le mage et Bar-Jésus (Actes 8.9 ; 13.6-8), appartenaient à cette classe. Dans l’Asie mineure, Éphèse était le centre des enchantements et de la magie (Actes 19.19) ; on ne peut douter que les livres que les nouveaux convertis de cette ville brûlèrent en si grande abondance, ne fussent des livres traitant des sciences occultes.