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Trois rois de ce nom sont mentionnés dans l’Écriture, et le nom même de Darius qui signifie en persan un roi, semble indiquer que c’était une espèce de titre dynastique commun à tous les rois de ce pays, mais plus particulièrement porté par quelques-uns.
1°. Le premier dont la Bible nous parle est Darius le Mède fils d’Assuérus (Astyage) et connu dans les historiens grecs sous le nom de Cyaxare II (Josèphe Antiquités judaïques X, 41, 1.), d’Astyage dans l’apocryphe (Daniel 14.1). Ce fut lui qui avec le secours de Cyrus son neveu réunit à ses états l’empire babylonien (538 av. J.-C.), et commença la seconde monarchie annoncée par Daniel. Sur la fin de son règne, il se livra à la mollesse et aux plaisirs, et abandonna l’exercice de l’autorité royale à Cyrus dont il avait fait son gendre, et qui bientôt fut son successeur dans les empires réunis. Le trait principal de son règne est, à côté de son affection et de son estime pour Daniel, la faiblesse avec laquelle il signa le fol édit qui défendait à tous ses sujets d’adresser des vœux à un autre qu’à lui pendant l’espace de trente jours ; cette impie mesure qui flattait son orgueil, et qu’il n’avait pas examinée davantage, eut pour conséquence (comme elle avait eu pour motif chez les ambitieux ennemis du prophète) l’arrestation de Daniel et sa condamnation. Darius, esclave de sa parole et le jouet de ses courtisans, crut devoir livrer celui qu’il avait établi naguère gouverneur de toutes les satrapies du royaume, et le fidèle fut jeté aux lions. Au milieu de ces bêtes féroces et affamées, le vieillard passa une nuit plus tranquille que le malheureux monarque dans son palais et sur sa couche royale. Darius avait cependant quelque faible espérance ; un miracle ne lui paraissait pas impossible : Ton Dieu, lequel tu sers incessamment, sera celui qui te délivrera, avait-il dit à Daniel ; mais avec cette faible foi de païen, chargé d’ailleurs, dans sa conscience, d’un meurtre qu’il se reprochait à lui-même, parce qu’il eût pu le prévenir et l’empêcher, fatigué peut-être aussi de se voir la victime de ses insolents serviteurs, Darius ne put fermer l'œil de toute la nuit ; il se rendit à l’aube du jour, et en grande hâte, vers la fosse des lions, pour voir si Dieu avait, dans sa bonté, réparé le mal que lui, dans sa folie, avait ordonné ou laissé faire. Daniel était sauvé ; on ne trouva en lui aucune blessure, parce qu’il avait cru en son Dieu. Alors Darius, comme tous les esprits faibles qui passent promptement d’un extrême à l’autre, fit jeter aux lions les accusateurs du prophète et leurs familles, pensant, par sa cruauté, racheter sa faute et expier sa faiblesse. Il réintégra Daniel dans ses fonctions, et publia un édit remarquable qui semble prouver que la délivrance miraculeuse de son ministre favori avait produit une profonde impression sur son âme (Daniel 6).
2°. Darius fils d’Hystaspe, qui, à l’aide du hennissement frauduleusement obtenu de son cheval, monta sur le trône après le mage Smerdis, vers l’an 522 av. J.-C. La 2e année de son règne, et à la parole d’Aggée et de Zacharie, il confirma, malgré les nombreux ennemis des Juifs, la permission que Cyrus avait donnée de reconstruire le temple de Jérusalem, et qui avait été momentanément retirée sous le règne d’Artaxercès (Esdras 6.1-15 ; cf. 4.5-24 ; 6.1 ; Aggée 1.1 ; 2.1 ; Zacharie 1.1). Son royaume s’agrandit par plusieurs conquêtes : ce fut sous lui que se révolta Babylone, désireuse de retrouver son indépendance première, mais après un siège et des horreurs sans pareilles, et à la tête de toutes ses troupes, il fit rentrer cette ville dans la soumission, ayant accompli, sans le savoir, les prophéties juives d’Ésaïe (47.1 ; 48.14), et de Jérémie (50.8-9 ; 51.1-6, 9, 45 ; cf. Zacharie 2.7). On peut remarquer aussi que dans ces passages Dieu donna aux Juifs renfermés dans Babylone, le conseil pressant de quitter cette ville avant le siège redoutable dont elle est menacée. – Bossuet croît reconnaître en lui l’Assuérus du livre d’Ester ; mais voir cet article.
3°. Darius de Perse. Le roi ainsi nommé (Néhémie 12.22), est très probablement Darius Nothus fils d’Artaxercès Longuemain, dont le règne très agité dura dix-neuf ans, et qui mourut vers l’an 406 av. J.-C. Josèphe, Grotius et Leclerc ont cru qu’il s’agissait plutôt du règne de Darius Codoman, parce que le souverain sacrificateur Jadduah, qui semble indiqué dans ce verset comme contemporain de Darius, était à Jérusalem lorsqu’Alexandre le Grand s’approcha de cette ville, et l’on connaît le rôle qu’il joua dans cette circonstance. Mais on peut très bien admettre que son père Johanan ait seul été contemporain de Darius, et Néhémie peut avoir encore vu, avant de mourir, le jeune Jadduah commencer à exercer la charge de sacrificateur.